Il dort depuis plus de trente ans dans un tiroir… je le sors quelquefois, y ajoute une page, quelques mots, quelques larmes.
Parfois, juste un sourire devant l’idée saugrenue de ce qui aurait pu être et qui n’est pas.
Il est là, dans un cahier qui n’appartient qu’à toi, tout comme cette robe-là que j’ai gardée aussi, en attente…
Un jour, je sais bien que je devrai y mettre le point final, comme tu l’auras fait de ta presque vie.
J’aurai gardé les mots, les rares photos de ton album, les films pris par ton père.
Mais plus encore en moi les sons que je ne sais pas décrire, les gémissements de l’enfant malade, de l’adulte condamné à une perpétuité non méritée.
Je ferai un baluchon de tes derniers vêtements, ceux dont tu fais de la dentelle et que nul ne pourra porter.
Je viderai ta chambre, mais garderai-je ce tableau qui te ressemble tant ?
Je ne sais pas…
Nous sommes de plus en plus dans l’attente insupportable de ce qui est depuis longtemps annoncé, de l’inévitable.
De toutes ces journées passées ensemble, que restera-t-il de toi ?
Comment se limiter au meilleur de tes jours, à ces tout premiers mois, l’avant de la conscience, ces jours où tout était encore possible et où tu étais encore le plus joli bébé que j’aie jamais tenu entre mes bras ?
Comment ne pas te voir aujourd’hui, dans ton carcan de souffrance, dans notre propre abandon…?
Nous avons fait au mieux mais nous devons admettre notre impuissance.
L’hôpital où tu es aujourd’hui sous oxygène sera-t-il ta dernière prison ?… et pour combien de temps ?
Ton hortensia, cette année, refleurira peut-être sans toi.
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Les commentaires sont fermés pour cette page… j’espère de tout cœur que vous comprendrez.
Ceux qui veulent me laisser un coucou peuvent le faire sur ma page blanche.
Merci.
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