Un jour, je vous parlerai de ce poète, de ce que je garde de lui dans ma mémoire. Aujourd’hui, je voulais seulement vous rapporter ce qu’il a dit lorsque le reporter des tranchées lui a demandé de lui donner ses images de Don Quichotte.
Il y a deux pages de texte, je ne vous montrerai pas tout… quoique, qui sait ? Un jour peut-être…
Là, seulement une anecdote. Vous vous souvenez ? Nous sommes en 1916 lorsque paraît le recueil de Ventura García Calderón. C’est la guerre, et, justement, Apollinaire est là-bas, dans les tranchées, lorsqu’il répond à l’enquête.
Aussitôt votre questionnaire reçu, je l’ai montré aux brigadiers et aux sous-officiers de ma batterie. Je dois dire qu’aucun d’entre eux ne connaissait ni Cervantès, ni Don Quichotte. Néanmoins, plusieurs Picards matois savaient ce qu’était une Dulcinée, et, ma foi, avaient entendu parler de Sancho Pança auquel on pourrait assez bien les comparer pour le bon-sens et la façon de s’exprimer… Comme le Don Quichotte est un livre que j’aime infiniment, je voulus le leur faire lire et en manière de divertissement, je leur fis honte de ne point connaître un livre aussi parfait et aussi répandu. Ils prirent la plaisanterie du bon côté et ils me mirent au défi de leur apporter un exemplaire de Don Quichotte avant l’heure de la soupe, soit dix-huit heures trente. Il était environ quatorze heures. On paria trois bouteilles de Champagne pour corser la chose. Il faut dire que nous demeurons sur la ligne de feu, juste derrière les tranchées des fantassins, dans une forêt épaisse, et située loin, non seulement des villes, mais même de tout village.
Ayant du loisir, je m’en allai alors à 220m jusqu’au premier de nos villages, village abandonné de ses habitants. Les Boches y ont passé et des troupes françaises y cantonnent maintenant. Peu de maisons sont debout, aucune n’est intacte, mais dans la première maison où jentrai, je trouvais Don Quichotte de la Manche traduit par Florian et je gagnai mon pari.
Demain, je rapporterai le livre où je l’avais pris et son propriétaire le retrouvera pour le relire…
Quoi de plus « parlant » que ces lignes ? Il aime, il veut faire partager cette lecture, il trouve le livre alors qu’il n’y a que fort peu de chances qu’il soit encore à disposition quelque part au milieu des décombres, et… il remettra le livre en place après lecture, pour que celui qui l’avait puisse le « relire » comme Apollinaire l’a fait lui même, à plusieurs reprises.
Cette fois-là, avec les hommes de sa tranchée, ce fut sans doute la dernière. Blessé par un éclat d’obus en 1917, il rentre à Paris.
Guillaume Apollinaire affaibli par sa blessure, est mort, en 1918, d’une grippe espagnole. Il avait 38 ans.
je te confesse que je n’ai jamais lu ce livre mais qu’est-ce-que tu m’en donnes envie !
Merci Eli
Magnifique, l’entrée de ton blog ! J’adore ce genre de dessin, et la fenêtre qui s’ouvre sur Don Quichotte, rien ne manque. C’est un accueil des plus charmants, qui nous invite à explorer ce blog. Guillaume Apollinaire, je l’ai beaucoup lu fut une époque, il est… dans ma bibliothèque avec tant d’autres. Merci pour tes nombreux commentaires, ça me fait toujours plaisir de recevoir ta visite. Bonne journée Quichottine, encore bravo pour ce dessin qui va bien avec le contenu littéraire de ton blog, et gros bisous… et à bientôt.
Merci pour ta visite, Thaddee. Elle me fait plaisir.
Terrible epoque et que de talent ont disparues.Le texte n’est pas de moi,merci de ton passage @+
Merci de me l’avoir dit… Et merci pour ce passage chez moi.
Je ne connais aps bien apollinaire… à part quelques poèmes.. Passe une bonne fin de semaine. Bizz Céline.
Je suis loin d’avoir tout lu ! Bonne fin de semaine à toi aussi.
Le contraste est fort, quasi aucun compagnon d’Appolinaire ne conait Don Quichotte, alors que celui-ci attend sagement à quelques mètres de là ! Il ne pouvait que l’y remettre. De plus, en pleine guerre, la version de Florian, elle-même écrite sous les feux de la Révolution Française, tout y etait pour passioner les compagnons de tranchées.
Comme tu dis… J’ai bien aimé aussi cette version.
une grandiose et belle anecdote
besos
tilk
Gracias, Tilk !
Etonnant !……..où as-tu pris ça ???
Je parle de cette enquête dans « ils ont dit »… il suffit de suivre le lien.
J’aime l’idée de remettre le livre. Comme j’aime qu’on me rende mes livres pour que je puisse les relire. J’aime relire certains livres. J’y trouve toujours du nouveau.
Poéteusement
Tu es comme moi pour ça… Je découvre chaque jour.
C’est à pleure de joie … la culture, la vraie sauvera l’humanité et tirera les hommes de la fange …
Ainsi le poète a « tranché » …il est un héros mort au combat de l’inculture pour le salut de nos âmes d’ignares …
Bises des farfadets
Merci à toi, Luquiaud, pour ta visite.
Superbe cet exemple d’Appolinaire !
En fait, tu ne fais que le suivre…
Parle nous des poètes et des livres à lire, raconte nous des histoires de lutins, fais parler les tableaux, écris des poèmes où dansent les mots…mais, s’il te plaît, continue à lire avec nous Don Quichotte !
Gros bisous de la nuit, amie Quichottine
Je ferai ce que je pourrais, ma Dame de l’Océan…
Bonsoir Dame Quichottine!
Sais-tu que je me suis achetée le livre de Don Quichotte (en fait, y’en a deux) après avoir lu un de tes articles, il y a une quinzaine de jours… J’attends un peu qu’il murisse pour m’y plonger dedans… Ou alors je vais le déguster, par petits bouts…
Je trouve assez extraordinaire ce passage d’Apollinaire… D’ailleurs cela me donne envie de le découvrir d’avantage aussi…
Bonne soirée
;O))
Tu as les deux tomes … cool ! Alors, prends ton temps pour les lire, il faut grappiller… Enfin, c’est comme ça que je le sens, sauf si tu entres dedans d’un coup (auquel cas, ne t’y noies pas !)… J’aime bien le côté « dégustation ».
Si tu savais combien de passages « extraordinaires » j’ai découverts dans l’enquête dont je parle… ! Je n’en revenais pas moi-même.
Il y a une phrase qui m’a interpellé dans le recit d’Apollinaire : « Ayant du loisir… » Une pensée bien curieuse pour l’époque. Et dans une tranchée… c’est assez irréel de penser que l’oisiveté faisant partie de ces heures de guerre. J’ai aimé…
Un livre on peut le relire à loisir par contre. Une bibliothèque recèle de trésors insoupçonnés, mille fois lus…
Il est mort bien jeune…
A travers tes lectures je découvre bien des choses…
C’est vrai que ça m’avait fait bizarre… mais, après tout, ils vivaient à un autre rythme autrefois. Peut-être que la guerre leur laissait un peu de temps.
Aujourd’hui, il n’aurait pas pu le faire.
J’aime imaginer qu’Apollinaire était peut-être au fond d’une tranchée avec mon grand père…
Pourquoi cette idée en te lisant ?
Je n’en sais rien…elle vient c’est tout, par ton intermédiaire…et c’est déjà beaucoup
Sourire… Il y a des idées, comme ça, qui nous viennent…
J’espère toujours que les souvenirs que je fais remonter à la surface sont bons.
Merci d’être là, Lmvie !
Elle est très belle cette histoire ! Trouver un livre dans les décombres de la folie des hommes et le remettre en place dans la poussière de l’espoir … Un vrai trésor ta bibliothèque ! LIZAGRECE
Merci, Liza… Tu traduis bien !
Bon mercredi bises
Bon mercredi à toi aussi, Fancri
Hors propos : pardonne-moi je n’ai pas trop l’envie de lire en ce moment …La Censure dont a été victime nôtre ami Hervé me préoccupe ; Défenseur des animaux en danger , luttant contre tous les viandards et trafiquants , son blog sur LE MONDE a été fermé ! ni plus ni moins , sur plainte d’un viandard…l’applatissement est courant au Monde il semblerait . Il faut dénoncer cette ATTEINTE GRAVISSIME AU DROIT D’EXPRESSION ! Hervé est venu à Canalblog et je donne le lien , si tu peux et tes ami(e)s lui rendre visite , voilà un soutien important pour lui et pour son combat en faveur de la VIE .
http://taomugaia.canalblog.cm/   Merci chère Quichottine.
J’ai fait ce que je pouvais, à la mesure de cette bibliothèque.
Hervé n’est malheureusement pas le premier qui cela arrive, sans doute pas le dernier non plus. Je crois qu’il faudra un jour légiférer sur ce monde des blogs pour montrer à tous que la loi s’applique ici aussi. Un hébergeur ne peut pas fermer un blog qui n’a rien publié d’illégal.
Mais pour l’instant, qui peut l’en empêcher ?
je ne savais pas ,
Apollinaire etait tres tourmenté non ,
j’en ai des souvenirs d’études que je trouvais difficiles et tristes au lycée
bisous d’Iris
merci pourtesgentils com , j’ai viré les méchants et je garde les gentils selon ton conseil
Je crois que c’est bien, Iris. merci pour ta visite.
Je me suis penchée tant de fois sur son visage…. la plaque de cuivre me renvoyait son reflet….et après tant d’effort, la pointe du burin a rippé sur l’arête de son nez! J’ai tout lâchée consternée! qu’avais je fait! les traits de son visage étaient terminés, j’avais bien aimé l’idée d »esquisser les traits de Lou dans sa tête fracassée…
Alors Raùl me consola et me dit »on fera le tirage quand même! Guillaume en a vu d’autre! »
J’adore Apollinaire!
Si cela te dit
http://www.ionard.com/article-4504965.html
Dany
Merci Dany… j’ai vu ton article, il est magnifique !
http://ionard.over-blog.org/article-4504965.html
Bonjour Quichottine, tu me réjouis avec ce texte d’Apollinaire sur Don Quichotte.. j’adore Apollinaire .. et c’est mon grand-père qui m’a appris à l’aimer.. lui aussi avait vécu les tranchées.. Parles nous d’Apollinaire tant que tu veux…:
« Sous le Pont Mirabeau coule la Seine
« Et nos amours
« Faut-il que je m’en souvienne
« La joie vient toujours après la peine »;
Parles nous de Verlaine, Rimbaud.. tu sais si bien le faire
Je te fais plein de bisous en attendant la suite.
Une bonne soirée dans ta bibliothèque assise au fond d’un coussin..
je t’embrasse
chantal
Merci Chantal… tes compliments, même si je ne suis pas sûre de tous les mériter, me font très plaisir.
Passe une belle soirée…
En même temps , j’aurais bien aimé Voir Dorgelès et Appolinaire, nous parler de Don Quichotte, une musique à quatre mains….
( de passage en fouillant ton blog, comme d’habitude….silencieux, mais là ça me demangeait…)
Merci d’être passé, Bill.
(De temps en temps, les mots font du bien aussi.)
Je pense que certains échanges vaudraient la peine…