Les moutons avaient fui l’alpage. Ils couraient là-haut dans le ciel sans nulle autre raison de suivre le vent.
Clément avait quitté le lac, nouvelle fuite éperdue qui, cette fois, ne devait plus rien à son premier chagrin.
Clément cherchait. Sa quête resterait-elle à jamais inutile ? Le voyage sans fin de l’homme qu’il ne serait pas ?
Il marchait, le regard vide, comme s’il avait définitivement perdu l’esprit avec sa dernière raison d’exister.
Il montait vers les cols désormais. L’eau ne l’attirait plus. Plus haut, toujours plus haut, et, de temps à autre, il se retournait pour contempler le chemin parcouru.
Alors, il s’asseyait, pour ne pas franchir le dernier pas qui l’entraînerait vers le vide.
Le chemin ne menait nulle part, il en prenait conscience, simplement. Il l’admettait sans plus lutter.
Il ne serait jamais le héros d’aucun roman, d’aucune histoire. La destinée, un peu moqueuse, lui avait donné le don de raconter mais pas l’envie de le faire. Il préférait retourner dans le néant, vers l’inconnu, l’anonymat qu’il n’aurait jamais dû quitter.
Il se mit à fuir les autres promeneurs qu’il aurait pourtant pu croiser sur les sentiers caillouteux, août attirait les randonneurs.
Au lieu de cheminer aux moments les plus propices, il se mit à marcher au soleil de midi, ou le soir, quand les autres faisaient halte. Il passait le jour à se cacher, la nuit à éviter de s’endormir.
Il avait déconstruit sa vie, s’était égaré dans la montagne au lieu de s’y retrouver.
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