Martine Martin-Cosquer, Je dis ça mais je ne dis rien

Si vous ne connaissez pas encore Martine, il est grand temps de la rencontrer. Vous pourrez vous faire une idée de son style, de son humour, de son talent, sur son “Quai des rimes”, son blog écriture.

On m’a toujours dit que c’est en forgeant qu’on devient forgeron… je crois aussi que c’est en écrivant qu’on devient écrivain. La plume s’affine, le caractère s’affirme au fil des pages.

C’est le cas pour Martine et je ne doute pas que d’autres romans agrémentent bientôt mes étagères et celles des libraires.

Lorsque je l’ai rencontrée, il y a déjà très longtemps, elle habitait ma ville, à quelques centaines de pas de chez moi. Depuis, elle a déménagé, mais elle restera une amie très chère dont je découvre chaque jour de nouveaux aspects.

Martine, donc, au début, tenait un blog citoyen… vous savez ? Ce sont des blogs consacrés à un lieu, un village, une ville. Le sien donnait tant d’informations sur ma ville que j’en avais fait mon guide, ma référence, mieux que le site de ma mairie.

C’est peut-être ce qui l’a conduite à écrire son premier livre…

– Il y a du vécu dans son roman ?

– Je n’irai pas jusque là… quoique…

Nous sommes à la veille d’élections municipales, comme aujourd’hui, mais Troulaville est un lieu tout à fait imaginaire et si nous reconnaissons dans ses personnages l’un ou l’autre de nos voisins, ce n’est que pure coïncidence.

D’ailleurs, elle pourrait me reprocher de mettre la charrue avant les bœufs si je ne commençais pas ma lecture, et donc la vôtre, par le commencement.

Le prologue est écrit par Esther Delille, blogueuse de Mémoire de Trou, le 2 septembre 2018.

– Tiens donc ! Une blogueuse… un blog citoyen ?

– Chut… c’est une chroniqueuse, évidemment. Elle nous parle de son village, le présente avec poésie.

“J’habite Troulaville. C’est un joli village du Maine et Loire lové à l’intérieur d’une boucle du Layon et bordé par les champs et les vignes. Vu du ciel, on dirait un croissant de lune avec le bois de Trou à la chevelure verte en été, rousse en automne et qui disparaît en hiver. Il abrite huit cents Troulavillais.” (p.2)

Ce pourrait être le début d’un roman champêtre, même celui d’un roman à l’eau de rose. Mais non !

Très vite, la blogueuse annonce les municipales et ce corbeau qui semble surgir de nulle part mais qui troublera durablement la vie du village qui semblait tellement paisible.

“Dans mon village d’adoption, le temps semblait s’écouler, paisible et serein, traversant les années au rythme des saisons agricoles et des travaux de fertilisation, semis, irrigations, récoltes et moissons. Troulaville doit son nom à une légende qui raconte qu’autrefois, il y a bien longtemps, il y avait un trou qui emprisonnait à jamais tous ceux qui y tombaient. Troulaville est mal nommée, ce n’est ni un trou, ni une ville. C’est un beau village animé où des fêtes sont organisées régulièrement par la mairie et l’association des habitants qui donnent de leur temps bénévolement pour le bien-être de tous.

[…]

Hélas, aujourd’hui un vent de folie vient balayer son apparente sérénité, dévoilant au grand jour des rancœurs tues. Un anonyme pervers et machiavélique révèle les secrets et inconduites des habitants, semant dans le village la zizanie, la suspicion et la peur.” (p.3-4)

Nous voilà donc en pleine intrigue, posée de façon originale par l’auteure.

Une affiche placardée, des prospectus distribués dans les boîtes à lettres des habitants… et tout va changer dans le village.

Nous voilà prévenus, et il ne nous reste plus qu’à découvrir ceux que le corbeau accuse, ceux qui colporteront ses dires…

– Calomnie ?

– Tu penses à Beaumarchais, à Rossini… au Barbier de Séville… Je pourrais même évoquer Bourvil… Non ?

Calomnie ou pas, chaque lettre du corbeau aura les effets qu’il escomptait, tout en donnant de quoi secouer l’ensemble du village. Qui est ce “Trublion”, quels sont ses véritables desseins ?

Chacun s’interroge, les commères s’en donnent à cœur joie, ça papote, ça discute, ça murmure… mais la rumeur ne suffirait pas.

Ce roman est construit comme une pièce de théâtre, un film, où l’on verrait chaque nouveau fait examiné par différents protagonistes. Le corbeau qui s’érige en procureur, la blogueuse qui diffuse l’accusation, mine de rien, en acceptant de se rendre complice tout en le niant, les commères qui rêvent de découvrir l’auteur de tous ces dires et qui, l’une après l’autre, seront aussi accusées… Voilà de quoi se régaler, passer un bon moment de lecture sans que les indices donnés nous permettent de découvrir avant l’heure l’identité du corbeau.

Je dis ça, bien sûr, mais je ne dis rien… pour ne pas vous empêcher de découvrir une histoire que vous auriez pu vivre aussi, un jour ou l’autre, chez vous.

C’est un roman choral passionnant, au dénouement surprenant.

À lire, absolument.

Martine Martin-Cosquer
Je dis ça mais je ne dis rien
Éditions Anovi, mars 2020
ISBN : 9782380670363

39 commentaires à propos de “Martine Martin-Cosquer, Je dis ça mais je ne dis rien”

  1. Bonjour Martine… côté corbeau un malheureusement « célèbre » fut bien celui de l’Affaire du petit Grégory, dont nous n’avons pas mis de nom sur son meurtrier ! Ah Bourvil, pas qu’un comédien, chanteur musicien, merci à toi et bon vent à ce roman de Martine… bises

    • Tu as raison, il y a eu de nombreuses affaires non résolues, et les corbeaux sont nombreux, hélas !
      Merci pour tout, jill.
      Bisous et douce journée à toi aussi.

    • T’en fais pas… 🙂
      Cela m’arrive aussi…

  2. C’est un livre que j’ai lu sur ma liseuse pendant le confinement et que j’ai beaucoup aimé. Bises et bonne journée

    • Je suis heureuse qu’il t’ait plu.
      Bises et douce journée à toi aussi.

  3. Un livre que j’ai dévoré , j’ai adoré l’histoire de ce corbeau.
    Je lui souhaite une belle continuation.
    Biz Quichottine

    • Merci de confirmer mes impressions… j’espère que ce livre aura un grand succès malgré son départ confiné. 🙂
      Bises et douce journée.

  4. Pour un dénouement surprenant ah ça il l’est ! le suspens est gardé jusqu’au bout ! 🙂 un corbeau bien particulier et qui n’a pas la langue dans sa poche…heu sa plume…. quoiqu’il en dise et même pas il ne va à confesse , faut dire que le curé…la suite c’est dans le livre !

    bisous

    • Tu me fais rire… j’ai adoré.
      Je suis sûre que M’âme Églantine aurait aussi beaucoup à dire. 🙂
      Bisous tout plein et douce journée à vous deux.

  5. Les « corbeaux » occupent bien les langues bien pendues et pas bien intentionnées. Ils ne sont pas en voie de disparition ceux là. Ils se sont mêmes réveillés en différents endroits durant le confinement ;-(
    Merci pour ce partage.
    Bises et bonne journée Quichottine

    • Hélas, les mauvaises langues n’étaient pas confinées…
      En tout cas, je me suis régalée avec ce livre.
      Bises et douce journée à toi aussi.

  6. Merci ma Quichottine de nous parler du premier roman de Martine que j’ai dévoré… Elle a beaucoup de talent la copinaute.
    Bises et bon jeudi

    • Un énorme talent. 🙂
      Merci d’avoir donné ici aussi ton ressenti.
      Bises et douce journée.

  7. Merci pour ton excellente présentation, j’attends avec impatience le sms de ma librairie , je l’ai commandé et j’ai vraiment hâte de le lire .
    Bonne journée
    Bises

  8. Je pense surtout à Pierre Fresnay dans le film qui m’avait beaucoup impressionnée. Aujourd’hui les corbeaux sont rares dans les villages mais nous avons les réseaux sociaux sans aucun doute plus virulents et dangereux…

  9. Bonjour Quichottine. C’est une belle chronique qui donne envie de découvrir le livre de Martine, ce que je n’ai pas encore fait. Bisous

  10. Un livre que j’ai lu avec beaucoup de plaisir, Martine écrit vraiment bien et je ne m’attendais vraiment pas à la chute!
    Bonne journée, bises

  11. Je suis aussi une de ses lectrices charmées.
    Je l’ai lu un peu vite comme un thriller au début, pour peu à peu me rendre compte qu’il s’agissait d’un roman. De quelque chose de profond. Je lui souhaite tout le succès possible. Merci de nous en avoir parlé. Bises

  12. Je l’ai lu aussi avec beaucoup de plaisir et j’aime ta façon de le présenter ici. Le suspense est gardé jusqu’au bout et je suis bien certaine moi-aussi qu’il y a du vécu dans cette histoire, mais chut…ne disons rien de plus ! bisous et profite bien de tes retrouvailles en famille (hi hi les commères sont toujours au courant de tout….je viens de lire ton com chez Eglantine !)

  13. Coucou ma douce Quichottine, tu as fait une belle description du livre de Martine que j’ai beaucoup aimé. Humour, suspens tout y est et une fin surprenante! J’attends son second livre avec impatience.
    Merci pour la vidéo de Bourvil je ne connaissais pas son interprétention et je suis surprise par sa belle voix!
    Douce fin de semaine et des bisous tout plein
    chatou

  14. Lu aussi et c’est vrai que c’est savoureux cette lecture et la fin on en tombe sur le cul….Impatiente de lire le 2. Bisous Quichottine

  15. Bon ben voilà ! Je t’ai lue, j’ai lu les commentaires, je n’ai plus qu’à m’y mettre ! Surtout que ta présentation me rappelle un livre que j’ai beaucoup aimé : « Les pavés du diable » d’Hubert Monteilhet. Toujours sur la brèche, notre vaillante bibliothécaire !

  16. Merci Quichottine, un livre que je vais me procurer étant un fidèle lecteur du blog de Martine tout comme ton blog of course !

  17. Ta présentation donne bien envie . A mon prochain passage en librairie je le commanderai. Quel dommage qu’on ait donné à ces personnes détestable, le nom de corbeau – oiseau si attachant et si intelligent!
    Je t’embrasse Quichottine.

  18. Comme dit ABC, yapluka….
    Tu me donnes envie daller voir ce livre de plus près!!
    Bisous Quichott

  19. Je vais me le procurer , merci pour ton ressenti , il me donne envie de le lire.
    Douce soirée, bises Quichottine

  20. J’ai noté les références du livre. Je connais Martine de par son blog et aussi pour l’avoir rencontrée avec son mari au détour d’une escapade dans ma région notamment à Soissons (02).
    J’ai découvert son blog-citoyen sans doute parce que nous sommes de même tendance politique. Son investissement dans sa ville était remarquable.
    Ensuite, je l’ai suivie, un moment, sur quai des Rimes pour la perdre un peu de vue et la retrouver sur facebook. Ses écrits très francs m’ont toujours impressionnés.
    Merci de la mettre ainsi en lumière !
    Bises et bonne continuation Quichottine !

  21. En découvrant ton article j’ai été très émue. Ton temoignage d’amitié me touche beaucoup et je suis d’autant plus heureuse qu’il t’ait plu compte tenu que nous avons des thèmes d’écriture tellement différents. Par modestie ce que tu ne dis pas c’est que tu as aussi contribué à la qualité de ce livre en en faisant les corrections. Tu pourrais vraiment être correctrice pour un éditeur. Merci encore pour tout. Gros bisous.

  22. Lorsque tu décris ta ville/village j’ai l’impression que tu décris la mienne
    « ni une ville. C’est un beau village animé où des fêtes sont organisées régulièrement par la mairie et l’association des habitants qui donnent de leur temps bénévolement pour le bien-être de tous. »
    Nous ne sommes pas 800 habitants mais 2000 et quelques.
    Lorsque je suis allé à la librairie il y a 10 jours ils n’avaient pas son roman et me l’ont commandé.
    J’ai hâte de le lire.
    Passe un bel après midi
    Je t’embrasse
    Maryse

  23. Tu me donnes vraiment envie de le lire.
    Je vais voir avec ma gentille belle fille qui travaille à la médiathèque de poitiers.
    Merci pour cette découverte !
    Gros bisoux doux, ma quichottine ♥

  24. Bonjour Quichottine,

    Ta présentation me met la curiosité aux yeux….Un roman à ajouter à ma Pal…!!

    Le thème du corbeau au sein d’un village me fait penser inévitablement à Agatha Christie qui s’en est servi plusieurs x dans ses livres…

  25. Je ne connaissais pas Bourvil avec ce genre de musique. !
    J’ai lu le livre de Martine.Elle manie la plume avec aisance ;j’ai bien aimé son roman avec le dénouement surprenant.
    Elle a du talent . Bisous

  26. Tu donnes envie de lire ce livre, merci Quichottine pour cette présentation
    Douce soirée et gros bisous

  27. Coucou Quichottine
    Et merci bcp pour cette belle présentation du livre de Martine… Je vais le commander, car très intéressée !
    Bisous