Hollywood

Hier, c’était la fête…

Une fête comme il doit y en avoir des milliers, une fête de la joie, des retrouvailles annuelles entre personnes partageant la même vie, ou presque.

Il fallait suivre le chemin, un chemin d’étoiles…

120630_Fete_2Sur chacune, une main, mains fragiles, inertes parfois, déformées par les années d’inactivité…

Leur donner une un semblant de vie, pourtant, malgré ce qui peut faire leur différence.

120630_Fete_3Et puis… les oublier et rentrer dans le jeu proposé.

Et si ?

Et si nous étions là… aussi ?

120630_Fete_10On dirait que tu serais star, invitée à la fête, sur Hollywood boulevard.

Ils auraient préparé pour toi la plus belle des tables…

120630_Fete_7Non pas celle-ci… Là-bas, plus loin, un grand enfant attend, son nounours dans les bras. Il mettra un peu de temps à s’en défaire. Il était des premiers à s’aventurer hors de ses repères habituels.
Je préfère celle-ci.

120630_Fete_4Même si ce n’est pas là que je me suis assise avec Lui devant moi, auréolé de verdure, souriant.

Même si ce n’est pas là que tu étais, Toi, refusant obstinément toute nourriture, toute boisson. Te contentant de te lover comme un petit animal qui ne demande qu’à retrouver la paix de son terrier.

Il y aurait bientôt la foule des grands jours, la bousculade, les cris que la musique couvre, ce « Non » mille fois répété du plus âgé, celui qui n’aime pas qu’on le bouscule, qui ne veut pas être contraint à s’asseoir parmi d’autres, des inconnus dont il n’a rien à faire…

Il a l’âge de mon petit-frère, il pourrait être centenaire. J’aime ce « NON » majuscule, celui qui dit qu’il est conscient, même s’il ne peut pas vivre seul, même s’il a besoin des autres pour chaque geste de la vie.

J’aime ce « Non » que peu disent ici, parce qu’ils ne peuvent pas, parce qu’ils ne savent pas… ou parce qu’ils savent qu’ils n’ont pas d’autre choix.

La musique se prépare, ce sera le générique d’un grand film dont il me faudra ensuite oublier les images. Effacer… pour pouvoir continuer à vivre.

120630_Fete_6S’approcher de la table, comme tous, pour faire semblant que tout va bien, prendre le verre où je voudrais pouvoir noyer mon chagrin.

120630_Fete_5Et puis disparaître, dans un rêve où tu ne serais pas maquillée à outrance, où tu aurais choisi toi-même ton déguisement, où tu pourrais danser heureuse et fière, et où tu pourrais même m’envoyer au diable…

C’était hier, chez toi.

© Quichottine, 1 juillet 2012

22 commentaires à propos de “Hollywood”

  1. Les lieux, décorés mais vides, reflètent la solitude, la tienne, la sienne, la leur.
    Quichottine, je t’embrasse très fort, je pense à vous.

    • C’était lorsque nous sommes arrivés, très en avance comme toujours.

      Je n’aurais pu montrer les images sinon.

      Merci, Midolu.

  2. Difficile mais il faut le dire, le partager, je pense à toi, à vous, je t’embrasse affectueusement,
    MIAOU !!!!

    • Non, je crois que j’ai tort de le faire.

      Mais un grand merci d’être là, Mistigris.

      Je t’embrasse fort.

  3. Le chagrin noyé dans un verre de fête, ça te fait toujours si mal…
    Je pense à vous trois, là-bas, dans ces artifices qui semblent dérisoires et qui pourtant peuvent juste un chouïa faire croire qu’ils ne sont pas si différents.
    Les émotions doivent être les mêmes que pour nous.
    Je suppose…
    On ne peut que supposer.

    Je t’ambrasse ma Quichott’.

    • Je devrais m’y faire depuis le temps.

      Je suis navrée, c’est de l’égoïsme pur.

      Je t’embrasse fort, ma Polly. Merci d’être ici.

  4. La solitude et l’isolement des stars, qui nous regardent comme des intrus dans leur monde…
    Alors, nous en souffrons…
    Mais, nous devons aussi être là, car notre regard est ce que les stars captent le mieux…
    Oserais-je dire « bravo » à ceux qui les accompagnent au quotidien, et qui les aident à se mettre en lumière, même si cela peut vous sembler si dur…
    Je t’embrasse…

    • Bien sûr… Il faut les féliciter, je les admire pour ce qu’ils font, pour leur foi, leur patience, leurs attentions quotidiennes.

      Je serais incapable d’en faire autant.

      J’ai tort d’en parler ici.

      Merci, Yvon, pour ta présence et tes mots.
      Merci.

  5. Dis moi,
    Ici, c’est bien « ton jardin secret » ?

    Alors, si tu ne peux pas parler ici de ce qui te tient à coeur, où pourras-tu le faire ?
    Et si tu n’en parles pas avec nous, qui nous croyons tes amis, avec qui vas-tu en parler ?

    Je crois, en ce qui me concerne, que si tu ne nous en parles pas, cela sera encore plus difficile et tu auras une toute petite voix, qu’on n’aime pas entendre…

    Bises

    • C’est vrai… c’est mon jardin à moi, et seuls mes amis y ont accès. Vous êtes peu nombreux à vous y risquer.

       

      Merci d’être revenu.

  6. coucou, je suis d’accord avec Yvon, et je trouve que c’est bien que tu puisses en parler, et partager avec nous, et j’admire en effet toutes ces personnes qui aident, s’occupent, de tout coeur avec toi, Bisous, Bisous, MIAOU !!!

    • Elles font un travail formidable, que je serais incapable de réaliser, et elles le font chaque jour. C’est un sacerdoce.

      Merci, Mistigris.

      Bisous et douce journée à toi.

  7. Mystère des mots qui cachent les angoisses mais qui les révèlent à qui veut bien les lire. Mystère de ces photos prises parce que vous étiez arrivés en avance mais qui montrent l’absence des êtres, leur immatérialité devant la vie. Ce « non » que les voix prononcent sont-ils une défense, leur défense devant l’ouverture au monde ou leur refus de correspondre avec la vie ? Pour toi, dire tes souffrances, c’est déjà les partager, merci, Quichottine, de nous les donner pour que nous comprenions mieux, si c’est possible, les tiennes. Je t’embrasse.
    Gabrielle

    • Je ne sais pas, Gabrielle.

      Dire « non » alors que deux personnes vous empoignent pour vous forcer à vous asseoir parmi des inconnus, est-ce une défense ? Je crois que c’est le seul mot dont il dispose, le seul que je lui ai entendu prononcer.

      Ce n’est qu’une impression, mais, chaque fois que je vais là-bas, une question lancinante s’impose à moi : « S’ils étaient ‘normaux’ seraient-ils traités ainsi ? Les obligerait-on à rester là aussi, alors qu’ils ne le veulent pas ? Voudraient-ils être là ? »

      J’ai beau faire, j’ai du mal à répondre oui.

       

      Le temps passe, mon amie, le temps passe… et moi, je ne suis que le témoin d’une vie différente que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi.

      Merci pour ta présence et tes mots.

      Demain sera de nouveau un autre jour à construire, autrement.

      Je t’embrasse.

  8. Ce matin, pour la première fois, je suis venue ici.
    J’ai lu, tout ce que j’ai trouvé, et j’ai pleuré.
    Non, ne regrette surtout pas ce que tu écris, c’est la vie comme certains, comme toi, y sont confrontés.
    C’est bien de dire. Si je suis venue, ce n’est pas par voyeurisme, puisque je savais un peu.
    C’est formidable de pouvoir dire de façon si belle toute cette souffrance pas toujours assez partagée en mots.
    A la fin de juillet, j’ai eu très envie d’écrire en souvenir, mais je me suis sentie perdue devant ceux qui me liraient. Ce n’était certainement pas encore le moment de le faire. Pourtant j’en ai fait une histoire de vie orale et j’ai osé la partager avec le public. Alors, va comprendre. Cette histoire, je l’ai donnée une fois, je n’ai pas pu recommencer.
    Ta photo ratée me plait beaucoup. Ce flou va très bien avec tes écrits d’ici.
    Le flou des larmes qui broillent la vue, la vue nette derrière, celle qu’il faut avoir pour continuer.
    Je t’embrasse.
    Je ne veux pas me relire.

    • Je ne sais pas… Il m’arrive de m’interroger sur ce vécu, sur ces pensées qui me traversent trop souvent et que j’efface en créant un monde différent, plein de douceur, de beautés, de fleurs…

      Il y a un moment je crois, pour tout.

       

      Merci d’avoir pris le temps nécessaire pour la lecture, pour le partage, pour ces mots offerts.

      Je ne relis jamais lorsque j’écris pour Emmanuelle. Je ne peux pas.

      Passe une douce journée. Je t’embrasse très fort.

  9. J’ai lu… ton billet si émouvant et aussi tes réponses… Ne dis surtout pas que tu as eu tord! J’approuve Yvon. Ici tu peux dire ce que tu as sur le coeur et personne ne te dira: tu n’aurais pas dû. Alors, toi non plus.
    Je t’embrasse Quichottine

    • Merci, Marie.

      Le temps passe et j’ai souvent du mal quand je suis mise face à une réalité qui me dépasse.

       

      Je t’embrasse. Passe une douce journée.

  10. Il y a déjà longtemps que j’ai lu ici, et je ne t’avais laissé de mot… Pourtant, tant de mots passent en moi à cette lecture…

    « Voudraient-ils être là ? »
    J’ai beau faire, j’ai du mal à répondre oui. « 

    Le problème est que l’on reste sans réponse, sans LEUR réponse, qui en fait, nous ferait tant bien… à nous… comme pour justifier cette interrogation…
    Comme l’on aimerait, un non!! (mais alors, oui, le prendre en compte ce non!!) ou un oui..ou seulement un sourire…Que se passe-t-il dans leur tête…Si dure cette incertitude…
    Je pense fort à Toi!

    • Merci… Je crois que je commence à réussir à changer de regard… Pourtant, je n’en suis pas encore certaine.

      C’est ce qui est difficile…

      Merci pour tes pensées, Mahina.

      Je t’embrasse fort.