Le quichottinier de Pierre

Je regarde le nom de cet arbre magnifique… et je souris. Je vous imagine dans ma bibliothèque alors que je vous racontais le onzième chapitre de Don Quichotte.

Vous aviez le droit d’imaginer, mais pas la possibilité de voir le quichottinier de Pierre.

– Un quichottinier en pierre ? Créé par le vent-sculpteur ou par un véritable artiste, un tailleur de pierre qui ne serait pas ivre du matin au soir ?

Mais non ! Le quichottinier que m’a offert Pierre, sans m’en informer.

Depuis que je l’ai aperçu sur ses pages, je le garde précieusement, je l’ai dans les fenêtres qui s’ouvrent chaque jour dans mon navigateur… en attendant que je m’occupe d’elles.

C’est vrai… Pierre – un copain marmotte d’Annie – m’avait fait, ce jour-là, un cadeau magnifique.

Un arbre, mais pas tout à fait comme les autres. Un arbre millénaire, un arbre qui aurait pu accueillir dans son ombre les chevriers tandis que don Quichotte leur racontait son monde, son « Âge d’Or ».

100125_FMarmotte5_quichottinier.jpg

Vous me direz que c’est un arbre… un arbre comme il y en a certainement beaucoup d’autres ici ou là, et que ce n’est pas parce qu’il est en Espagne, aux sources du Guadalquivir, que je dois en faire tout un fromage…

Mais pourquoi pas ? C’est un lieu magique, là-bas, un endroit qui m’est inconnu, sauf à travers quelques poèmes, quelques textes…

– Quelques textes ? Quelques poèmes ? Ne pourrais-tu pas être plus précise ? On dirait qu’une fois de plus tu vas te défiler !

Non… Mais il faudrait que je revienne de nombreuses années en arrière, encore une fois.

– Ben… Nous, ça nous plaît quand tu montres des souvenirs.

Souvenirs… de ceux qui se ramassent à la pelle quand vient l’automne de la vie ?

– Si ça doit te rendre triste, ce n’est pas la peine !

Mais non, ne vous en faites pas…

Cette année-là, j’étais en quatrième au Lycée français de Barcelone. La moité des cours était donnés en castillan… Je suppose qu’aujourd’hui ils le seraient, le sont peut-être, en catalan. Nous avions des cours en français, nous apprenions de longs poèmes de Victor Hugo, de Musset… des tirades extraites des pièces de théâtre de Molière ou de Racine… de Corneille. Cette année-là, j’ai appris une tirade du Cid…

– Les « stances » de Rodrigue ?

Non, pas du tout, celle de Don Diègue…

(…)
Ce bras, qu’avec respect, toute l’Espagne admire,
Ce bras qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de ses rois,
Trahit donc ma querelle et ne fait rien pour moi ?

Corneille, Le Cid, (I, 4)

Ce doit être ce qui me parlait le plus, ce dont je me souviens, bien plus que de cette rage, de ce désespoir, que j’imaginais si fort que je voyais très bien ce vieillard s’arrachant les cheveux…

Mais je digresse encore, je pars dans un ailleurs où vous ne voudrez certainement pas me suivre.

Là-bas, j’avais aussi des cours de littérature espagnole, on nous présentait les grands auteurs, les incontournales. J’ai appris des poèmes de Quevedo, de Unamuno, de Garcia Lorca.

Lorca… j’ai aimé, sans jamais l’avoir lu en français.

Le Guadalquivir, ce fleuve qui traverse son Romancero Gitano, qui serpente au milieu de son Cante Jondo, celui dont je rêve, au coin du feu, que j’écoute, que j’entends, perdue dans des pensées impossibles à raconter, tandis que sous mes paupières closes une femme danse comme si sa vie en dépendait, en défendant ses croyances, sa foi en sa liberté de vivre et d’aimer, de se donner ou non.

Dulcin-e_Pivoine.jpg

(Aquarelle de Pivoine)

Le Guadalquivir… Antoñito el Camborio… Cette année-là, c’est le poème que j’ai mis le plus de temps à apprendre, mais il est resté caché dans un coin de ma mémoire, longtemps.

Muerte De Antoñito El Camborio

Voces de muerte sonaron
cerca del Guadalquivir.
Voces antiguas que cercan
voz de clavel varonil.
Les clavó sobre las botas
mordiscos de jabalí.
En la lucha daba saltos
jabonados de delfín.
Bañó con sangre enemiga
su corbata carmesí,
pero eran cuatro puñales
y tuvo que sucumbir.
Cuando las estrellas clavan
rejones al agua gris,
cuando los erales sueñan
verónicas de alhelí,
voces de muerte sonaron
cerca del Guadalquivir.

Antonio Torres Heredia,
Camborio de dura crin,
moreno de verde luna,
voz de clavel varonil:
¿Quién te ha quitado la vida
cerca del Guadalquivir?
Mis cuatro primos Heredias
hijos de Benamejí.
Lo que en otros no envidiaban,
ya lo envidiaban en mí.
Zapatos color corinto,
medallones de marfil,
y este cutis amasado
con aceituna y jazmín.
¡Ay Antoñito el Camborio
digno de una Emperatriz!
Acuérdate de la Virgen
porque te vas a morir.
¡Ay Federico García,
llama a la Guardia Civil!
Ya mi talle se ha quebrado
como caña de maíz.

Tres golpes de sangre tuvo
y se murió de perfil.
Viva moneda que nunca
se volverá a repetir.
Un ángel marchoso pone
su cabeza en un cojín.
Otros de rubor cansado,
encendieron un candil.
Y cuando los cuatro primos
llegan a Benamejí,
voces de muerte cesaron
cerca del Guadalquivir.

Federico García Lorca

   La mort de Antoñito El Camborio

Des voix de mort retentirent
auprès du Guadalquivir.
Des voix antiques enveloppant
une voix prenante d’oeillet viril.
Il leur cloua sur les bottes
des morsures de sanglier.
Dans la lutte, il faisait des sauts
de dauphin tout savonnés.
Il baigna de sang ennemi
sa cravate cramoisie,
mais il y avait quatre poignards,
et il lui fallut succomber.
Quand les étoiles fichent
des javelots dans l’eau grise,
quand les taurillons rêvent
à des véroniques de giroflée,
des voix de mort retentirent
auprès du Guadalquivir.

Antonio Torres Heredia,
Camborio au crin dur,
peau brune de verte lune,
voix prenante d’oeillet viril,
qui t’a ôté la vie
auprès du Guadalquivir?
– Mes quatre cousins Heredia,
enfants de Benameji.
Ce que chez d’autres ils n’enviaient pas.
ils l’enviaient en moi.
Des souliers raisin de Corinthe,
des médaillons d’ivoire
et cette peau pétrie
avec olive et jasmin.
– Ah! Antonito el Camborio,
digne d’une impératrice!
Souviens-toi de la Vierge,
car tu vas bientôt mourir.
-Ah! Federico Garcfa,
appelle donc la Garde Civile !
Vois, ma taille s’est brisée
comme une tige de maïs.

Il perdit trois flots de sang
et il mourut de profil.
Monnaie vivante que jamais
l’on ne refrappera.
Un ange aux gestes précieux
arrange sa tête sur un coussin.
D’autres, au teint rouge passé,
ont allumé un chaleil.
Et quand les quatre cousins
arrivèrent à Benameji,
les voix de mort se turent
auprès du Guadalquivir.

(traduction d’Albert Henry, 1958)

Je ne dirai pas que c’est mon poème préféré de Lorca… disons que c’est celui que j’ai appris cette année-là.

J’évoquerai plus tard Federico García Lorca, c’est aussi l’un de mes incontournables. Aujourd’hui, je voulais seulement vous montrer le quichottinier de Pierre, Celui qui attend patiemment des visiteurs, pour leur raconter l’arbre de don Quichotte.

Entre chênes lièges et eucalyptus, au-delà des oliveraies à perte de vue de la Sierre de Cazorla le « Quichottinier millénaire » des sources du Guadalquivir dispense encore son ombre bienfaisante dans le silence de sa fraîcheur, un murmure à peine audible semble dicter encore des mots de sagesse au Cervantès en herbe qui daigne s’asseoir à son pied pour un songe de tantôt caniculaire.

FMarmotte5, 25 janvier 2010

Merci, Pierre, de l’avoir déposé chez toi et d’avoir si bien expliqué sa présence en Quichottinie.

68 commentaires à propos de “Le quichottinier de Pierre”

  1. « Oh, cruels souvenirs…. »! Je connais cette tirade par coeur, encore bien des années après. J’ime les arbres-sièges, les arbres-escaliers, tous ceux qui invitent à voir le ciel d’un peu plus près. Merci aussi de m’avoir montré un peu de Garcia Lorca. Reste au chaud cette nuit, amie.

    • Certains textes nous restent bien longtemps après…

      Merci pour tes mots, tu as raison, c’était une nuit à rester au chaud. Il neige, ici.

      Je t’embrasse fort.

  2. el libro que siempre tengo con migo es « el poéta en nueva york »
    para mi Lorca es un ejemplo no unicamente como poéta pero tambien
    como hombre….
    besos
    tilk

  3. rhoaaaa je me suis régalée de ce billet
    particulièrement l’aquarelle
    par contre, moi visiteur, je n’arrive pas à faire comme si elle n’avait jamais existé
    j’ai aussi mis en gris…
    ça se fond avec la barre d’outil…
    mais bon…

    belle nuit à toi
    bisou et ptit soupir

    • Je considère qu’il n’y a plus de barre chez moi…

      Et, en attendant de savoir si je vais payer ou non pour la faire totalement disparaître, j’espère que personne ne s’en servira.

      Comme tu dis… « mais bon »…

      J’ai eu mal en voyant les débats sur le forum…

      J’espère que tout cela se règlera bientôt au mieux.
      Passe une belle journée. Bisous.

  4. Tu es riche en « arbre  » et en amis (es).

    Bonne journée Quichottine avec bises de nous deux.

    • Je suis riche en arbres… et je pense que nous partageons de nombreux amis.

      Bonne journée à toi aussi, Patriarch. Bises affectueuses pour vous deux.

  5. Un très bel arbre qui t’a permis de rêver…. et de te souvenir de ce poème….. Bises

    • Merci, Michka. Ta visite me touche beaucoup. Merci de ton mot sur mon fil du forum…

      Tu as raison, il faut sans doute rester « zen ».

      Plein de doux bisous pour toi, mon Pirate.

  6. De retour parmi vous mes premiers mots seront pour toi…
    Un merveilleux poème, un arbre qui incite au rêve, quel joie de me retrouver ici ce matin. Ce sera pour peu de temps mais c’est un vrai bonheur.
    Je pars demain à Toulouse retrouver ma petite famille pour une ou deux semaines .
    Je pense à toi et t’embrasse très fort mon amie.
    Sophie

    • Merci ma Sophie ! C’est vraiment gentil !

      Fais bon séjour à Toulouse. Je penserai à toi.

      Je t’embrasse très fort.

  7. C’est l’arbre du savoir, de la sagesse, des souvenirs et de l’avenir, il correspond bien à ma citation (en bas des pages de mon blog) :
     « Si tu veux voir l’étendue de la forêt, monte au sommet de l’arbre »

    Gros bisous

    • C’est tout à fait ça, Bruno…

      Tu sais, je n’ai pas oublié tes arbres… je les garde encore un peu mais, quand ils seront prêts, je te le dirai.

      Je ne voudrais pas que tu t’en ailles tout à fait…
      Gros bisous à toi.

  8. Arbre centenaire… quelles histoires il pourrait nous conter !!!
    Je crois n’avoir appris aucun poème de Garcia Lorca, pourtant celui dont je me souviens est « La femme adultère ».
    Belle journée Quichottine.
    BISOUS neigeux.

    • C’est un très beau poème…

      L’as-tu écouté dit par Jean Prévost ?

      Merci, Marité, j’ai passé une bonne journée malgré le froid et la neige… j’espère que tu n’es pas trop frigorifiée !

      Bisous.

  9. Bonjour Quichottine,
    Un arbre, un sage, que j’ai découvert en janvier lors d’une escapade dans la quichottineraie …
    Lui aussi m’inspire des parfums, et des histoires, de celles qu’on lit entre les lignes du bois. Les émotions sont fortes, comme celles que m’évoque la lecture de ton billet d’aujourd’hui.
    Merci pour tout, et merci à Pierre.
    Amicalement, bises, d’un Berry couvert d’une étoffe blanche.

    • Décidément, il neigeait partout aujourd’hui… Ici aussi.

      J’ai bien aimé lire chez Pierre.

      Merci à toi pour ce partage.

  10. c’est un arbre imposant  qui doit en avoir vu passer des gens sous son ombre bienfaisante!
    Il t’a menée bien loin  cet bel arbre..
    Superbe poème qui, écrit en espagnol ,a plus de « prestance « qu’en français!
    Merci pour la traduction  car je ne comprends pas tous les mots.
    Le Cid , une de mes tragédies préférées: j’ai aimé relire ces lignes; il m’est resté en mémoire des tirades entières que je récite parfois à mes petits-enfants (qui se demandent si je n’ai pas perdu la tête!!)
     merci pour ces bons moments passés chez toi; bisous

    • Très loin, mais comme souvent quand je voyage en Quichottinie.

      Nos petits-enfants auront moins de souvenirs que nous… mais ils se souviendront peut-être des poèmes et des chansons que leur grand-mère fredonnait.

      Merci à toi… Tu es loin d’avoir perdu la tête !

  11. J’ai bien aimé ton récit d’aujourd’hui et le poème que je ne connaissais pas, ta façon de raconter qui nous amène à plusieurs lieux à la fois.Un arbre qui fera belle figure dans ta quichottineraie.

  12. Je viens me balader dans ta forêt, toujours un régal, et c’est vrai qu’en Extramadure j’y ai vus de magnifiques arbres et je trouve trés belle cette aquarelle, puisque même ici en Hérault il fait gris et trés froid, moins deux à l6 h c’est pas possible çà !!!alors je t’écris en bleu pour voir le ciel, aujourd’hui il est gris mais çà ira quand même, puisqu’une balade en Quichottine nous emmène toujours à rêver et aimer !
    MIAOUUUUUUUUUUU!!!!!!!!!!!!!!!!!

    • Pour voir le ciel… C’est vrai qu’il était bien gris…

      Merci, Mistigri, pour tes mots… et pardon de te répondre aussi tard.
      Passe une belle journée.

  13. Que dire de plus? merci .J’avais espagnol en deuxième langue et c’est un bon professeur d’espagnol qui m’a fait aimé le pays,la langue et les gens. Lorca je l’ai lu plus tard mais c’est Antonio Machado et son « campos de Soria » qui me revient en mémoire.
     ¡Soria fría, Soria pura,
    cabeza de Extremadura,
    con su castillo guerrero
    arruinado, sobre el Duero;
    con sus murallas roídas
    y sus casas denegridas!

    • Machado… bien sûr…

      Une autre de mes lectures… si liées à mon Don Quichotte… aussi.

      Merci, Pierre.

  14. En lisant le début du billet, j’ai cru que tu allais nous raconter une histoire qui s’est passée il y a fort longtemps là-bas en Quichottinie avec des fées et des lutins…
    Dans mes souvenirs du collège point d’auteurs catalans mais bien français et j’ai étudié le Cid aussi,un grand classique.
    Cette magnifique Dulcinée de Pivoine me fait rêver avec sa robe vaporeuse, qui est-elle au juste? encore le début d’une histoire.
    Bonne soirée
    Bises Quichottine 

    • Plein d’histoires encore dans mes possibles…

      Nous verrons bien.

      Merci infiniment, Santounette, pour cette présence.
      Bonne journée et bises à toi.

  15. Juste un petit coucou pour te signaler que je t’ai envoyé mon Quichottinier par mail. Je ne sais si tu l’as reçu.
    Bisous amicaux Quichottine ! 

    • Je l’ai bien reçu, mais j’avais tardé à t’en accuser reception. Pardon !

      Bisous amicaux à toi.

  16. Que de beaux arbres en ces lieux, un plaisir de les découvrir et tu les présentes toujours aussi bien… T’embrasse Quichottine, douce journée à toi 🙂

    • Merci, Joëlle. Je sais que j’ai eu beaucoup de chance de recevoir tant de si beaux arbres…

      T’embrasse fort. Douce journée à toi aussi.

  17. mais quichottine, ça existe les arbres à fromage! on les nomme les fromagers mais ils n’ont pas de camembers qui pendent! alors tu ne peux pas en faire un fromage, c’est sûr!

  18. Magnifique photo!
    je vois que tu as supprimé ta barre OB!!!lol
    je viens de faire de même « sur les escaliers » on peut les grimper sans rampe!!!lol
    bonne soirée bises!

    • Merci, Fancri…

      Sourire… il y avait une barre quelque part ?
      Le lutin vert a dû passer par là…

      J’aime autant sans… puisqu’il n’y a pas moyen de faire autrement.

      Bonne soirée à toi aussi.

  19. Je réitère un envoi, car en effet, il y avait erreur sur l’adresse du blog. Merci pour l’ appréciation sur le portrait de Don Quichotte dont une copie est à votre disposition.

    Bonne soirée

    Charles

     

    • Merci vraiment, Charles. C’est quand même mieux quand on veut pouvoir d’un clic vous joindre.

      Très bonne journée à vous.

  20. j’aurai bien cru que c’était toi qui avait traduit ce poème. il est trés joli

  21. Je ne connais Federico García Lorca que de nom … Bien ignare que je suis… mais très beau poème même si ce n’est pas le genre que j’affectionne.

    La barre d’OB, c’est d’un ridicule… Si encore elle servait à quelque chose…
    Tu as raison, il faut l’oublier… oui s’en aller ailleurs

    Bonne journée.

    • Non, ce n’est pas être ignare…

      Tu sais, dans les livres de classe, il y a très peu de poèmes de lui.

      Il y en a que j’aime beaucoup.

      Tu peux écouter là, même si tu ne comprends pas ce qui est raconté.

      http://www.youtube.com/watch?v=pyMr_SAK0Go

      Les poèmes de Lorca, en musique, c’est superbe.

      Et puis… peut-être pour voir ce qu’a fait un lycéen en Espagne sur l’un des rares poèmes que l’on trouve dans les manuels scolaires français du primaire…

      http://www.youtube.com/watch?v=1b7ZSUi_0Hw

      La guitare

      Commencent les larmes
      de la guitare.
      Se brisent les coupes
      du petit jour.
      Commencent les larmes
      de la guitare.
      Inutile
      de l’arrêter.
      Impossible
      de l’arrêter.
      Elle pleure, monotone
      comme pleure l’onde
      comme pleure le vent
      sur la neige.
      Impossible
      de l’arrêter.
      Elle pleure pour des choses
      lointaines.
      Sable du Sud brûlant
      qui appelle des camélias blancs.
      Elle pleure la flèche égarée,
      le soir sans lendemain,
      et le premier oiseau mort
      sur la branche.
      Ô guitare !
      Cœur blessé
      par cinq épées.

      Federico Garcia Lorca (1899-1936), Poèmes du Cante Jondo (Traduction de A. Bélamich, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade).

      C’est celle que l’on connaît le plus… mais j’aime l’image de ce cœur-là.
      Merci, Petite Elfe.

      Il faut oublier.

  22. Malheureusement j’ai lu et joué Lorca mais en Français seulement… J’aime ses poèmes bien sûr mais particulièrement son théâtre ..Tous les mots de Lorca ont une résonnance espagnole même dans notre langue.

    • J’en ai mis deux à écouter en espagnol dans ma réponse à Petite Elfe…

      C’est dans son théâtre que je l’ai d’abord rencontré, regardé à la télévision espagnole l’après-midi.

  23. Juste un mot: je viens de prendre une décision: j’ai supprimé « Regards »… plus qu’assez  de tous ces bugs et changements. Je verrai pour la suite.

    • J’aimerais te dire que tu as eu tort… mais je ne le peux pas. Tu as eu raison.

      Mais, s’il te plaît, ne supprime rien d’autre pour l’instant.

      Merci de m’avoir prévenue.

  24. Tu roulais les « r »  au Lycée Français de Barcelone, je sifflais les « th » à celui de Londres. Tu entendais Le Cid, et j’ai joué (fort mal)  dans Macbeth. 

    Quand les arbres sont ils rentrés réellement dands ma vie ?  Non, pas ceux où on grimpe pour dénicher un nid de pie, pas celui qui sert de cabane au fond du jardin ! Mais celui qu’on considère comme un ami, presque un parent éloigné.

    Je crois qu’il m’a fallu attendre 40 ans pour m’attacher un l’un d’eux en particulier.   Non, je n’avais pas sculpté un coeur et sa flèche pour une St Valentin. C’était un banal frêne, tout ce qui a de plus ordinaire, bien fait de sa personne.  Aussi, je comprends mieux Pierre qui offre comme un présent un arbre qui avait déja 500 ans quand on a découvert l’Amérique ! 

    Bises du grillon

    • J’ai appris à les rouler à ce moment-là, ce n’était pas si facile au début.

      Je souris… Tant de choses à partager, Christian.

      Merci infiniment…

      Bises à toi.

  25. Coucou douce Quichottine, cette fameuse barre qui a fait bugger plein de fonctions de OB, ça a l’air d’aller mieux maintenant.

    Un bel arbre millénaire, mais non ce n’est pas qu’un arbre car de si vieux ils n’en restent plus guère.. on les coupe pour faire des routes ou les élargir, construire.. toujours plus, et on replante de petits plants qui ne résisteront pas à la pollution.
    Comme j’aimais apprendre par coeur, Le Cid etc.. et ce que  j’aimais beaucoup c’était Athalie… dans l’oeuvre de Racine. pour moi c’était le bon temps ..

    L’aquarelle de Pivoine est magnifique.. je te souhaite une bonne fin d’après-midi et je t’envoie mille baisers
    chantal

    • Non, ça ne va pas vraiment mieux… mais bon, on fait avec.

      Merci pour tes mots, Chantal. Je suis heureuse que cet article t’ait plu.

      Mille baisers pour toi.

  26. Ohhh, Quichottine… Françoise est une passionnée de l’Espagne en général et de Federico Garcia Lorca en particulier… Moi, forcément, vu mon vrai nom (Donna del Lago)… j’aimerais bien que tu écrives jolimentbiencommetusaisfaire sur l’Italie… hein ?!??? tu le feras, dis… un jour ?…. Grosses léchouillettes et bisous de Françoise

    • Sur l’Italie ? Oui, je le ferai aussi… un jour sans doute, peut-être ailleurs.

      Une caresse pour toi, Donna, et un énorme bisou à Françoise.

      Merci.

  27. de bons souvenirs littéraires que je partage, surtout le Cid…La grandeur du ton m’a tjs impresssionnée. Bises   VITA

  28. Oh Merci.
    J’adore « La guitare » . Quel beau poème et la musique du concerto d’Aranjuez ne pouvait mieux aller. Musique qui me rappelle tant de souvenirs… Je ne comprends pas l’espagnol mais j’aime cette langue. Elle me touche beaucoup.
    Et avec tout ça, j’ai un peu oublié le quichottinier de Pierre. Merci à lui aussi.

    Tu vois, je crois qu’aujourd’hui j’avais besoin de ce poème « La guitare ». En fait, j’ai besoin de poésie tout court, parce que ça me manque énormément en ce moment.
    Bonne nuit.

    • Je trouve que ce montage est très réussi. Je suis contente qu’il t’ait plu.

      Un besoin de poésie, c’est une bonne maladie.

      Merci, Petite Elfe. Bonne journée à toi…

  29. … »Oh cruels souvenirs de ma gloire passée,
    Oeuvre de tant de jours en un jour effacée… » (De mémoire! Je ne suis même pas certaine que ce soit exactement ça…), ah, cette tirade, comme je l’ai aimée et comme je l’aime encore…
    Et Federico Garcia Lorca… Ton article est vivant, superbe: on a tout de suite envie de se replonger dans les bouquins de nos vieux amis…
    J’ai beaucoup aimé l’arbre de Pierre, aussi.
    Nouvellement débarquée, je ne suis pas encore certaine d’avoir compris ce qu’est un « quichottinier », mais m’en vais de ce pas combler mes lacunes…
    Quel blog enchanteur, ma foi!
    Amitiés respectueuses, Quichottine. (Même ton pseudo, avec un Cervantes à la clé, et des moulins aussi?)
    Hélène.

    • Nous partagons des goûts littéraires, et sans doute bien d’autres choses encore.

      Merci, Hélène.

      J’ignore si tu as trouvé sa définition… mais ils sont tous rangés dans ma quichottineraie.

      Un pseudo, un auteur préféré… et les moulins à la clef, tu as tout à fait cerné le personnage.

      Bonne soirée Hélène. Merci encore.

  30.   Votre site est vraiment enchanteur, cet excellent article me rappelle de bons souvenirs. Je n’ai malheureusement pas de textes, de livres, à partager avec vous mais seulement quelques oeuvres picturales personnelles qui se rapportent à ce thème.

     La première est une aquarelle « Sierra de Cazorla  » ou « Sources du Guadalquivir », la seconde est un pastel de l’ingénieux hidalgo ou « Chevalier de la triste figure ».

     Ces modestes oeuvres figurent dans les blogs suivants :

    http://kaco.over-blog.com/ et  http://kako.artblog.fr/  (dans collection particulière)

    • J’ai regardé avec plaisir vos aquarelles sur les deux blogs que vous me signalez… Mais l’adresse que vous avez notée dans votre formulaire de commentaire est erronée.

      On atterrit sur une page publicitaire, c’est bien dommage.

       

      Votre portrait de don Quichotte est splendide… Me le prêterez-vous ?