Fernando Pessoa

Je parlais d’un recueil de poèmes… En fait, il faudrait que je vous parle d’un auteur, un poète bien particulier dont le nom signifiait « personne » en portugais.

Si l’on en croit le dictionnaire, Fernando Pessoa est né à Lisbonne en 1888 et mort au même endroit en 1935.

Mon Petit Larousse le présente ainsi :

Poète portugais. Il publia, à travers des « hétéronymes », ou personnes fictives représentant ses divers moi, une oeuvre lucide et somptueuse, qui exerça après sa mort, une grande influence sur le lyrisme portugais (« Poésies d’Alvaro de Campos », « Poèmes d’Alberto Careiro », « Odes de Ricardo Reis », « Livre de la tranquillité de Bernardo Soarès »).

La présentation est brève, mais suffisante pour ceux qui ne cherchent pas l’encyclopédisme…

Je voulais seulement savoir qui c’était.
L’inventeur du mot « hétéronyme« . Le mot a été créé pour lui et je  me dis qu’il a fait avant nous ce que nous faisons tous plus ou moins, derrière des pseudonymes auxquels nous attribuons des modes de pensée et d’agir différents.

Qui y a-t-il derrière un pseudo ? un avatar ?
Qui accepte volontiers de se montrer au grand jour ? Qui au contraire décide de parcourir notre monde artificiel  (mais qui ne l’est pas tant !) sous des tenues d’Arlequin ?

Je crois qu’il y a dans chacun de nous trop de personnages  que nous bridons dans notre quotidien … Oui, parce que c’est absolument impossible d’être un jour blanc et l’autre noir, de s’envoler comme un aigle ou de fendre les flots comme un dauphin tout en musardant au soleil comme un lézard et en galopant à travers la plaine comme le ferait le zèbre, en acceptant d’être tour à tour l’un ou l’autre, au gré de notre humeur, sans tenir compte de notre entourage.

L’écriture seule permet de libérer nos « moi« , même les plus secrets.

Après, libre à nous de la faire partager, de dire que l’on se sent plus proche de tel ou tel, de rêver à ce que nous aurions pu être si…

Avec des « si » il y a bien longtemps que l’on aurait mis Paris en bouteille et moi, voyez-vous, je serais à l’Académie Française… j’aurais été la première femme sous la coupole !

Ah … c’est vrai… Marguerite m’a rafflé la vedette !

Alors, je ne le serai pas… je serai la première femme à refuser d’y entrer !

Je plaisante. L’Académie, c’est le rêve de tout écrivain, enfin, je le suppose.

Fernando Pessoa, lui, avait de nombreux rêves, et comme de nombreux poètes, il lui arrivait de se sentir un peu « autre ». Il l’écrivait. il devenait l’un de ses personnages, le temps de mettre en mots l’un des moments que les autres n’auraient pas pu vivre.

Je vous en parlais… l’autre jour.

Lorsque Cervantès veut se moquer de Dulcinée, la ramener à la presque réalité, il ne fait parler ni Don Quichotte ni  son créateur, il s’invente un autre auteur… Quelqu’un d’un peu lointain, un mécréant… qui pourra donc blasphémer et dire que Dulcinée n’est pas une noble dame… Il invente Cid Hamet Ben Engeli…

Ce n’est pas si facile de faire dire aux autres les mots qu’on ne dit pas.

Fernando Pessoa… J’y reviens. j’ai longtemps gardé en moi un poème, en portugais, que j’avais découvert alors que j’étudiais cette langue, en première année de licence.

Álvaro de Campos :
Na Casa Defronte

    Na casa defronte de mim e dos meus sonhos,
    Que felicidade há sempre!
    Moram ali pessoas que desconheço, que já vi mas não vi.
    São felizes, porque não sou eu.

    As crianças, que brincam às sacadas altas,
    Vivem entre vasos de flores,
    Sem dúvida, eternamente.

    As vozes, que sobem do interior do doméstico,
    Cantam sempre, sem dúvida.
    Sim, devem cantar.

    Quando há festa cá fora, há festa lá dentro.
    Assim tem que ser onde tudo se ajusta –
    O homem à Natureza, porque a cidade é Natureza.

    Que grande felicidade não ser eu!

    Mas os outros não sentirão assim também?
    Quais outros?  Não há outros.
    O que os outros sentem é uma casa com a janela fechada, 
    Ou, quando se abre,
    É para as crianças brincarem na varanda de grades, 
    Entre os vasos de flores que nunca vi quais eram. 
    Os outros nunca sentem.

    Quem sente somos nós,
    Sim, todos nós,
    Até eu, que neste momento já não estou sentindo nada.

    Nada!  Não sei…
    Um nada que dói  …

 
… ça ne vous dit sans doute pas grand chose… Je dois dire, qu’après de nombreuses années pendant lesquelles je repensais de temps à autre à ce « rien » qu’il ressentait et qui faisait pourtant si mal, j’ai voulu en retrouver la magie, relire, si possible en V.O., mais avec une traduction… fiable ? Je ne sais pas… D’un « vrai » traducteur.

Je n’ai pas trouvé d’édition bilingue, mais j’ai trouvé les poèmes traduits chez Gallimard… édition « sérieuse » donc.

Voilà ce que ça donne, en français.

16 juin 1934

Dans la maison qui fait face à moi et à mes rêves,
quel bonheur règne toujours !

Là habitent des gens que je ne connais pas, que j’ai vu
          sans les voir
Ils sont heureux, parce qu’ils ne sont pas  moi.

Les enfants, qui jouent sur les hauts balcons,
vivent parmi des vases de fleurs,
sans doute éternellement.

Les voix, qui montent de l’intérieur des communs,
chantent toujours, sans nul doute,
oui, elles doivent chanter.

Quand il y a fête ici dehors, il y a fête là-dedans.
Ainsi doit-il en être là où tout s’ajuste –
l’homme à la Nature, parce que la ville est Nature.

Quel grand bonheur de n’être pas moi !

Mais les autres n’auraient-ils pas le même sentiment ?
Quels autres ? Les autres n’existent pas.
Ce que les autres sentent est une maison à fenêtre close,
ou bien, lorsqu’elle s’ouvre,
c’est pour permettre aux enfants de jouer sur la véranda
          grillagée,
entre des vases de fleurs dont je n’ai jamais rien vu.
Jamais les autres ne sentent.

Ceux qui sentent, c’est nous,
oui, nous tous,
jusqu’à moi, qui en ce moment ne sens déjà plus rien.

Rien ? Je ne sais…
Un rien qui fait mal…

Fernando Pessoa,
Le Gardeur de troupeau
et les autres poèmes d’Alberto Caeiro

avec Poésies d’Alvaro de Campos
préface et traduction d’Armand Guibert,
NRF, Poésie, Gallimard, 2005.

NB : Pour rebondir sur un commentaire de Clerval, un autre poème est disponible ici.

50 commentaires à propos de “Fernando Pessoa”

  1. Article très intéressant : tu me donnes envie de le découvrir …après Cervantès. Mon poète favori est René Char que je place au sommet de mon Panthéon !

  2. Mon endroit préféré à Paris, où je pourrais rester des heures, c’est sur le pont des Arts, face à l’Institut. C’est peut-être le seul endroit où je me sente petit…

    • Tu ne m’étonnes pas… Ce doit être très impressionnant d’y entrer un jour, en habit vert !

      (D’ailleurs il faudra que j’analyse un jour le pourquoi du pourpoint vert de mon troubadour…)

  3. Iaorana (bonjour en tahitien) Quichottine ! Je vois que tu connais aussi le portuges. J’apprends beaucoup en lisant tes articles, moi la pas mais pas du tout littéraire !!! Bonne soirée et au plaisir. Nana (Au revoir en tahitien) !!

    • Non, je ne connais pas le portugais, je le comprends à peu près, à l’écrit… à l’oral, ça m’arrive aussi d’écouter ceux qui parlent… mais je suis bien incapable de leur répondre !

      Bonne soirée, Christine

  4. Un bref passage, Quichottine, pour prendre, en te lisant, des forces à galèrer dans mes liens et mes images…Je reviendrai rêver dès que possible. 

    • Siratus, ma mie… je te souhaite une très belle soirée… et que tes liens et images finissent par ne plus t’ennuyer ! Que de problèmes aujourd’hui sur nos blogs… Il faut être patiente je crois…

  5. je me sens très proche de Fernando Pessoa..Ecrire,peindre,créer libèrent toutes les facettes de notre moi,facettes souvent difficiles à extérioriser ou à montrer…….Les autres,nous les inventons,comme eux nous inventent…Nous les voyons à travers notre moi…Mais qui sont-ils vraiment,qui sommes-nous nous mêmes???.VITA

    • Nous ne nous connaissons jamais tout à fait… je crois. En fait, j’ai l’impression parfois de ne pas me reconnaître… alors, je me demande comment font les autres pour s’y retrouver !

      Tu as raison je crois… et j’aime beaucoup ta formule : inventer les autres comme eux nous inventent.

      En fait, c’est passionnant ! Je ne pensais pas en écrivant cet article que j’en tirerais tant d’échanges… Merci, Vita

  6. Bonsoir quichottine,
    La peinture aussi permet de libérer tous nos « moi » cachés…

    • Bonsoir, Val… en fait, je connais mal le monde des peintres… je pense que tout créateur est un peu « multiple » sinon, il ne pourrait que créer la même œuvre à l’infini !

      C’est peut-être une façon de libérer tous ses démons…

  7. Tu mets en lumière des poèmes qui, comme les livres, te font briller d’un doux reflet, toujours discret et sincère. Je ne sais bien m’exprimer par écrit, je ne sais si c’est compréhensible ! Tu ouvres sans cesse des pistes de réflexion, avec humour teinté de gravité, qui touchent tes visiteurs…
    Mais si « l’écriture seule permet de libérer nos « moi »… », je ne suis pas au bout de mes peines !
    Et j’aurais dû choisir un autre avatar, un autre pseudo: une huître ! 🙂
    Au fait, l’autre, s’est-elle ouverte ?
    Belle nuit, Quichottine

    • Mais… bien sûr que si que tu sais ! Tu m’as bien apprivoisée, moi, avec tes images et tes mots ! parce que sur ton blog, Siratus, il n’y a pas que des images…

      Merci d’ailleurs pour l’huître magnifique que tu y as déposée ce soir…

      Tu vois, Siratus, j’adore le coquillage qui te sert d’avatar, surtout, n’en change pas…

      Belle nuit à toi aussi…

      PS : Si tu continues ainsi, je ne vais plus savoir où me mettre… et de bleue, ma bibliothèque virera toute rose… mais … merci… 😉

  8. nous sommes tous plus ou moins « uno, nessuno, centomila  » comme disait Pirandello

  9. Ah ! Au hasard des clics je découvre cet article sur Pessoa.
    Quel poéte gigantesque !
    J’ai lu Lisbonne que j’ai trouvé barbant au possible et ensuite j’ai pris comme livre de chevet Le Livre de l’Intranquillité. Avec un air extérieur d’une banalité affligeante Pessoa analyse et décortique froidement, mais avec quelle poésie, l’intérieur de son être. C’est magnifique de force, c’est beau et effrayant. Ce livre, je n’y touche qu’à dose homéopathique, j’ai trop peur de trop m’y retrouver et de tomber dedans.
    Voilà un livre que j’emporterais avec moi sur une île déserte.
    Bisous.

    • J’avais à peine vingt ans quand j’ai découvert Pessoa et ses personnalités si différentes…

      Je pense, comme toi, que c’est un poète gigantesque. Je crois que lorsqu’on a la chance de pouvoir le lire en VO, c’est encore mieux !

      … et pour ce qui est de l’homéopathie, je suis d’accord… Jene sais si je l’emporterais sur une île déserte… il faut que j’y réféchisse un peu. Il a des côtés un peu désespérants… si tu vois ce que je veux dire. Je crois que sur une île déserte, j’aurais besoin de plus d’optimisme…

      Merci d’être là, Ruegy… merci d’être toi.

  10. Tu ne peux savoir comme cet article répond à des questions que je me posais, et qui n’avaient pas d’écho, merci

  11. Un homme pour lequel a été créé un mot … Un hommage, et une nécessité …

    Prenant le lien, inscrit suite à un commentaire de Clerval, j’ai admiré le superbe poème  » visage « , d’origine et traduit. Ce qui me fait à mon tour rebondir sur le travail du traducteur.  C’est un métier indispensable, difficile et qui expose à bien des critiques …

    La mise en vis à vis de l’original et du texte traduit devrait être la  » règle « . 

    Je vais rechercher une intervention de Eric Boury concernant la traduction et je mettrai un lien …

    A bientôt. Bises, Quichottine.

    • Le travail de traducteur est encore plus difficile en poésie… Mais certains sont des maîtres et arrivent à faire passer les émotions ressenties, même lorsque le texte est un peu « infidèle » quant au contenu.

      Merci, Midolu.

  12. Allo Quichottine, un moi parmis d’autres moi, nous sommmes multiples tout en étant un. Peu importent les mots, ils sont nous puisqu’ils nous conviennent et nous définissent en cette seconde. C’est cette même édition que je lis, épeurant par par bout à lire. Je n’ai pas fini de faire le tour de ton blog.. une vie de découvertes.. Un joli samedi.. Bisouss

    • Sourire, Snow.

      Il ne faut surtout pas t’astreindre à faire le tour… Ce serait fastidieux.

      Je suis contente que nous ayons de temps à autre les mêmes lectures. C’est comme si nous étions des sœurs penchées sur le même livre un peu jauni.

      Douce journée d’un autre dimanche…

    • Ce sont les questions que se posait Henri Meschonnic, et sur lesquelles il nous avait fait réfléchir à la fac… Je dois dire que j’ai apprécié la façon dont il parlait de son métier de traducteur.

      Merci pour les liens que tu as donnés. Les deux articles sont vraiment très intéressants et expliquent parfaitement la problématique.

      Il faut beaucoup de talent pour être un bon traducteur, et je pense que tout n’est pas possible, malheureusement.

      Des poèmes « dits » par un autochtone et sous-titrés dans une vidéo, juste pour en donner le sens, sans chercher à garder le rythme ou les rimes puisqu’ils seraient passés par le poème original, ce serait un bon compromis.

  13. Merci Quichottine pour ce bel auteur ….Toi seule pouvais nous le faire aimer , avec tes mots  bien à toi ….En effet Marguerite yourcenar ta volée la vedette …… Bisous

  14. Honte à moi! …Je ne connais de Pessoa que sa statue de bronze. Petit homme portant redingote et chapeau, assis sur une chaise en terrasse d’un café de Lisbonne , il semble méditer, ignorant ses voisins de table bien réels qui sirotent leur café serré , le « bica », accompagné de pasteis de nata .

    • Je ne suis jamais allée au Portugal… J’imagine…tu vois, il y a un poème superbe de Pessoa. Il y parle de son pays, de l’Europe… et ça, c’est vraiment magnifique ! Il faudra que je le rajoute… en PS de mon article ! Merci Clerval pour cette image que tu apportes…

  15. Hihi! Je l’aime déjà ce Fernando Pessoa et ses hétéronymes!
    Mmmm…me rappelle vaguement quelqu’un ces personnages représentant leur divers « moi »….

    Bonne fin d’après-midi Quichot’
    Bisous tout plein

  16. J’ai dû revoir ma page de « PS » qui avait eu un problème lors de sa publication… Le poème est maintenant « lisible » lorsqu’on clique sur le lien proposé.

    Pardon aux lecteurs qui l’auraient lu avant ou pendant la modification…

  17. HETERONYMES : j’ aime ce mot que je ne connaissais pas.
    Mais en fait, que l’ on écrive une lettre, un post sur un blog , un roman ou un poême…ce sont nos hétéronymes qu’ on fait parler…..
    Tu ne crois pas ?
    Une phrase du poême que je n’ ose pas comprendre : « Quel grand bonheur de n’ être pas moi « .
    Bonne nuit, et merci pour ton com sur mon livre d’ or

    • Je crois que nous avons tous plusieurs « moi » mais nous ne les nommons pas, nous préférons penser qu’il y a des jours « avec » et des jours « sans », des moments où tout nous sourit, où nous avons envie de chanter à tue-tête… et nous réprimons cette envie par peur de paraître enfantin, un peu bizarre ou décalé…

      Tu as déjà vu quelqu’un de plus tout jeune rire à gorge déployée ou chanter dans la rue, ou siffler comme un oisillon ?

      La même chose arrive avec le chagrin… il paraît que quand on est grand, il ne faut pas pleurer… à moins d’avoir perdu père ou mère… et encore ! les enfants ont le droit, les adultes doivent savoir maîtriser leurs émotions…

      Alors, c’est plus facile de l’écrire, de s’inventer des personnages qui auraient tous les droits… sans âge, sans sexe, sans rien qui puisse entraver ses envies.

      Bonne nuit, Clo…

  18. Seuls les enfants rêvent? Alors restons enfants… J’analyse peut-être mal … Merci pour ce poème. Bonne soirée.

    • Les enfants ont le droit de rêver sans qu’on le leur reproche… mais, les artistes aussi peuvent le faire, ou les grands scientifiques, à condition que leur rêve leur permette de créer ou de trouver de quoi améliorer notre existence…

      Ici… ce qui m’ennuyait, c’est que les enfants étaient là-haut, sur le balcon, derrière les grilles, comme privés d’un élément essentiel à mon avis : la possibilité d’ouvrir la porte, d’être libre…

      Mais en fait peut-être est-ce important pour le rêve, de ne pas savoir s’envoler ?

  19. C’est étrange, à la lecture de ton article sur les différents visages que nous pouvons avoir, virtuels ou réels, une petite voix commence à s’insinuer dans mon esprit.
    Elle m’interroge, m’interpelle, veux savoir qui je suis et où je vais.
    J’ai beau creuser, rien à faire, je suis dans l’incapacité totale de lui répondre.
    Suis-je transparent ? Suis-je aveugle ? Suis-je un usurpateur ? Suis-je un acteur ? Des questions, encore des questions …
    Suis-je un point d’interrogation ?
     

    • Je crois que nous le sommes tous un peu…

      Tu vois, Muad, il me semble que le propre de l’homme contrairement à ce que l’on dit d’habitude, ce n’est pas le rire… il y a d’autres animaux qui rient. J’ai bien l’impression parfois que certains savent se moquer aussi ! Mais, je crois que nous seuls nous interrogeons sur ce que nous sommes, sur le rôle que nous devons jouer ou non dans le monde où nous vivons. Nous sommes tous de grands points d’interrogations, même si nous nous en défendons !

      Et puis, le principal c’est de savoir un jour décider que trop de questions empêchent parfois une saine vision des choses, parce que tu vois, Muad, je crois que le bonheur est fait de petites joies, toutes simples… pouvoir se parler ainsi, par blog interposé en est une, recevoir un message de l’ami en est une autre, rêver à la terrasse d’un café, paresser alors qu’il faudrait au contraire se mettre sérieusement au travail ou au contraire s’y mettre en délaissant le film qu’on voulait voir… uniquement parce que c’est notre plaisir !!! tout cela, je crois que c’est important.

      En fait, pour répondre à ta question, toi qui as trouvé un superbe penseur de pierre pour te représenter sur le forum et dans ton musée, derrière ce masque de pierre, tu es ce point d’interrogation, et tu es bien davantage !

      Bonne nuit, Ami Muad

  20. Lire l’espagnol  ou mieux encore le portugais, c’est aussi écouter de la musique que scandent ces mots dont je ne comprends hélas pas le sens ! La traduction peut nous en faire comprendre le texte, mais la musique s’en est envolée ! Quelle chance Quichottine de pouvoir boire à la source ces poèmes magnifiques . Ce cahier vert est pour vous à juste titre avec ses croquis un vrai trésor.   J’en ai un de la même couverture que j’avais reçu d’une amie qui spécialement pour moi en avait fait un mini-dictionnaire français-hébreu du temps de mon ignorance dans cette langue… Parce que j’ai du laisser derrière-moi mes cahiers,   je garde précieusement ceux de mes enfants avec leurs dessins 

    • Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles il y a peu de poètes étrangers dans nos anthologies scolaires.

      Je trouve que le manuel informatisé devrait permettre de faire entrer correctement les grands textes étrangers à l’école. On travaillerait sur les traductions, bien sûr, mais les élèves auraient écouté la version originale, dite par un acteur (par exemple) qui saurait rendre le rythme et les couleurs du texte.

      Merci pour ces souvenirs partagés, Georges.

      Vous avez raison de garder précieusement les cahiers de vos enfants.