J’avais envie de me divertir en vous présentant un livre que vous ne lirez pas… ou peut-être dans une bibliothèque, dans un vide-grenier, ou chez l’un de ces bouquinistes qui vous trouvent en un rien de temps des livres qu’on dit « épuisés« .
Il fait partie de ma collection personnelle de Don Quichotte (au pluriel), pour enfants.
La 4e de couverture :
Quelques semaines plus tard, je faisais la sieste quand je fus réveillé par un chevalier revêtu d’une vieille armure.
– J’ai besoin d’un écuyer, dit-il, veux-tu me suivre?
Surpris, je fixais l’homme qui s’adressait à moi et reconnus Don Quixana.
Je réfléchis : cheminer à ses côtés me permettrait peut-être de découvrir le mal étrange dont il souffrait.
J’acceptais donc et c’est ainsi que moi, le docteur Sancho Panza, je devins écuyer de Don Quichotte.
C’est un Don Quichotte revu et corrigé selon le bon vouloir de son auteur, Gaëtan Évrard. En faisant de Sancho un médecin, l’histoire est modifiée, et pourra s’achever dans de meilleures conditions.
J’aimerais pouvoir reproduire toutes les illustrations de l’album, pour ce qu’elles induisent au moment de la lecture.
Nous y voyons d’abord le héros ramené chez lui par des voisins, « en fort piteux état », ce qui constitue le début de l’histoire, le moment où le docteur Sancho Panza, appelé à son chevet, va faire connaissance avec don Quichotte.
La page suivante présente le chevalier quittant le fauteuil où il lisait pour combattre la vilaine apparition qui a surgi dans l’âtre de sa cheminée…
D’autres illustrations magnifiques se succèdent jusqu’au dernier combat, contre de redoutables géants, fort impressionnants sur l’image, mais qui se transforment en moulins sur les pages suivantes. C’est alors que Sancho comprend le mal de don Quichotte et qu’il décide de le ramener chez lui.
Tandis que nous cheminions dans les ruelles du village, la description fantaisiste que Don Quichotte fit des lieux confirma mon diagnostique.
Sans doute lisait-il trop d’aventures chevaleresques…
Sans doute avait-il trop d’imagination…
Mais s’il prenait ainsi des vessies pour des lanternes, des moutons pour des soldats ou des moulins à vent pour des géants, la raison en était bien plus simple : Don Quichotte était myope, myope comme une taupe !
Le docteur Panza réussit donc, avec un nouveau stratagème (en lui faisant croire qu’il s’agit d’un loup, indispensable pour assister au bal costumé auquel il est convié) à faire chausser à Don Quichotte les lunettes dont il a besoin. C’est ainsi qu’il retrouve une vie normale.
C’est ainsi que Don Quixana découvrit la réalité : le petit salon, sa nièce, sa gouvernante et les mille choses qu’il côtoyait chaque jour sans les reconnaîre. Quelle scène émouvante : j’aurais voulu être peintre pour éterniser sur une toile cet heureux événement !
L’image donnée est une adaptation circonstanciée du tableau de Diego Velázquez, Les Ménines (1656). Le peintre est le docteur Panza de l’album et les différents personnages ceux que l’on y a croisés.
Gaëtan Évrard, auteur et illustrateur de l’album s’est approprié des personnages, il les a modifiés à son gré, et si le résultat ne peut se comparer à l’original il n’en constitue pas moins un objet intéressant de la littérature de jeunesse.
J’aimerais le voir rééditer.
Comment j’ai guéri Don Quichotte,
par le docteur Sancho Panza
(Duculot, 1986)
L’original du tableau de Diego Velázquez, Les Ménines (1656), est visible au Musée du Prado à Madrid.
Très curieuse, cette adaptation du Don Quichotte !!!!!!et cela m’a fait venir en mémoire les milliers de fois où un tas de gens ont essayé de me convaincre que j’avais tout faux dans mon monde du trop…. et qu’il eut mieux valu que J’OUVRE LES YEUX pour mieux voir la réalité !!!!….et, dans l’entre-temps, me considéraient comme un UFO, enfin une un peu dérangée qu’on ne comprenait pas !!! Je te dirai sincèrement, je n’ai pas aimé qu’on soigne ( avec des artifices destinés aux fous) et qu’on guérisse Don Quichotte… En ce qui me concerne, personne n’a réussit à me convaincre……sinon, je ne ferais plus le peintre et encore moins l’écrivain !
Je crois que personne ne voit la réalité de la même façon… ou du moins que chacun a sa propre réalité. Certains la ressentent « trop », les créateurs en font partie. Un écrivain, un peintre, un artiste quel qu’il soit, a en lui une part de rêve qu’il voudrait transmettre. S’il « ouvrait les yeux » sur le monde, comme tu dis, de la façon dont les autres l’obligeraient à le regarder, il ne pourrait plus l’imaginer, le créer à nouveau. Il n’existerait plus.
Je pense que tous, plus ou moins, auraient le pouvoir de créer, mais ils ne s’en sont pas forcément donné les moyens. Certains ont du talent, et ont suffisamment cru en eux-mêmes pour le mettre à profit et partager avec d’autres leur vision de la réalité.
On l’a appelé « rêve » dans le monde du « moins », du posé, du raisonnable. Mais un rêve, Chris, c’est bien agréable à partager !
Bonjour, bonne journée , bises, Avis aux éditeurs pour cette réédition
Je ne suis pas sûre que les éditeurs viennent lire ce que je mets sur mon blog… (rire !!!) Mais c’est vrai que j’aimerais bien que l’album soit réédité.
Flap … Quichottine !!! Voilà encore un article et un bon … l’oiseau se délecte de vouslire … il sourit … peut-on imaginer bec d’oiseau sourire ? Les illustrations sont sublimes et le texte vraiment plaisant ! busardement
On peut tout imaginer… même un oiseau souriant ! Merci !
Nettement mieux comme ça
Merci Louis pour ton aide. C’est vrai que mon blog a meilleure apparence maintenant ! (pour ceux qui ont un petit écran !)
il va falloir que je revienne voir les autres articles, si il y en a d’autres pour les enfants, cela m’intéresse …. bon week-end Pascaly
Il y en aura d’autres, même s’il n’y en a pas encore beaucoup. Je serai contente si tu trouves de quoi alimenter ta bibliothèque pédagogique.
C’est toujours agréable d’avoir une autre vision des choses… j’ai également apprécié la visite virtuelle du musée du Prado que je ne connais pas…j’aime ces liens qui complètent tes articles. Bonne soirée
Merci Kinou ! Moi, j’aime bien quand tu viens. Bonne soirée à toi aussi !
S’agissant d’un livre pour enfant, je peux admettre le détournement qui est fait pour traiter d’un sujet difficile que peut être l’importance d’une bonne vision…
Mais de là à accepter qu’on puisse laisser penser que Don Quichotte avait besoin d’un médecin plus que d’un compagnon… Je ne sais pas…
Doit-on limiter l’imaginaire à l’image…
et doit-on faire rentrer par tous les moyens la différence dans la normalité…
Je ne le pense pas,
alors que les artistes restent ce qu’ils sont, des rêveurs éveillés qui nous amènent ailleurs…
Je suis d’accord sur ton analyse… mais, tu vois, lorsque j’ai lu cet album, je l’ai trouvé « amusant ». Peut-être parce qu’il cristallisait ce dont tu parles.
Je crois que c’est ce qui arrive lorsque les gens ne comprennent pas, ils interprètent. Ou ils mettent en prison, bannissent, font tout ce qui est possible pour qu’on n’écoute pas ceux qui rêvent à un monde meilleur.
Je me disais que pour finir, il y en a eu tant… Du Christ à Martin Luther King, en passant par d’autres, montrer aux hommes ce qui n’est pas la réalité des choses mais pourrait l’être, c’est dangereux.
Toi, tu penses aux artistes, c’est vrai, parce qu’on les regarde comme des artistes. On n’essaie pas de savoir s’il y a de la pensée derrière.
Cervantès a donné un magnifique pouvoir à la littérature, il a montré que l’on pouvait tout transformer avec des mots, que l’on pouvait se battre pour ses idées, quitte à en sortir meurtri. C’est nouveau.
Plus j’y réfléchis, plus je me dis que l’on peut avoir de nombreuses lectures du Quichotte, en rire, comme ceux de son époque l’ont fait… comme d’autres le font aujourd’hui encore. Don Quichotte, parodie des romans de chevalerie… On peut aussi y voir d’autres aspects, en grattant un peu, en s’interrogeant sur le pourquoi des mots, des situatons romanesques, des fables… comme pour La Fontaine. Il y avait beaucoup plus qu’une simple parodie. Je le pense.
En tout cas, moi j’aime bien ton « rêveur éveillé » et j’aime bien cet ailleurs où il nous menait.
Merci, Yvon
A chaque fois que j’entends ce mot « Don Quichotte, je pense à Jacques Brel. Je te souhaite une très bonne journée. Marie
Je parlerai de L’homme de la Mancha dans mon article de demain. Merci pour ta visite, Marie.
Les personnages revisités ne manquent pas d’humour . Mais pour un enfant qui lirait ce livre avant qu’on ne lui ait raconté la version originale …On retrouve dans tous tes articles ta passion pour l’écrit et un souci de documentation …c’est un vrai régal . Merci !
C’est vrai. Sans doute est-ce pour cela que j’ai présenté l’album de Keraval en premier. Les images en sont belles et, contrairement à celui-ci, il respecte le texte original. Mais une fois que tu as pu t’en délecter, tu peux aussi présenter d’autres points de vue. Celui-ci en est un.
Tu sais, c’est comme apprendre « Le Corbeau et le Renard » de Jean de La Fontaine et lire ensuite « Le Renard et le Corbeau » de Jean-Luc Moreau. Le second apporte au premier une autre lumière. Ce n’est pas un crime de lèse-écrivain, c’est une variation du thème, un moment de plaisir à partager aussi.
Le va-et vient entre une oeuvre originale et ses adaptations ou ses interprétations peut donner lieu à un travail pédagogique très enrichissant .Aborder un livre de façon ludique, puis aller à la source…ou la démarche inverse . Merci de nous offrir toutes les versions que tu sais découvrir . C’est passionnant !
Je suis contente que ça te plaise, Clerval ! Je vais faire de mon mieux pour continuer…
C’est une idée amusante de réécrire l’histoire de Don Quichotte ! Sa myopie, cause de toutes ses mésaventures! Très drôle!
Bonne soirée; bises
J’avais beaucoup aimé cette version enfantine…
Bonne soirée à toi, Fanfan. Merci d’être allée fouiller sur mes étagères…