Souvenirs d’internat (2)

J’ai toujours écrit dans un cahier à spirales…

– Ce n’est pas vrai. Tes premiers écrits, tu les as confiés à un simple cahier d’écolier, à la couverture noire.

– Tu as raison, il n’avait pas de spirales. C’était un tout petit cahier, pas bien épais. J’y copiais d’abord les citations, les poèmes que je trouvais beau… et puis, à l’internat, je l’ai transformé en journal intime où je notais, en espagnol pour que ce ne soit pas lu par mes compagnes, mes cris de désespoir, ma révolte. Perdus parmi d’autres, mes mots n’auraient interpelé personne, c’était ce que je désirais.

D’ailleurs, en rangeant mes premiers cahiers à spirales, j’ai retrouvé mon tout premier roman.

Son titre était “Révolte”, et j’en avais précisé les dates : décembre 1970-décembre 1971.

Un essai jamais transformé. Un livre sans doute écrit rien que pour moi.

Si les blogs avaient existé, je l’aurais peut-être publié au jour le jour, mais je n’avais qu’un cahier comme confident, comme ami.

La courte page d’introduction évoquait Musset, la solitude de sa “Nuit de décembre”, les derniers de ses vers en guise de présentation. Puis, comme cela ne suffisait pas, je prévenais un éventuel lecteur.

“Une histoire doit être racontée, c’est son rôle… Aussi, pardonnez ma maladresse et abandonnez votre logique de grande personne avant de poursuivre plus loin le cours de ce récit…”
[Révolte,1]

L’histoire, je n’avais pas vingt ans lorsque je l’ai écrite. En la relisant aujourd’hui, je me dis que je devrais la remanier, juste un peu, et lui inventer un auteur de dix-huit ans qui vivrait aujourd’hui, dans son monde rêvé tout en étant conscient de la réalité.

Mon premier chapitre aurait pu être écrit aujourd’hui, rien n’a changé, cinquante années plus tard. Ce que j’y décris de cette année-là est toujours d’actualité, bien que beaucoup se targuent d’avoir réussi à en améliorer certains aspects.

“On poursuit une lutte contre la pollution de l’atmosphère, de la nature… Bien hypocritement, on pleure sur les malheurs du Tiers Monde et, pour soulager notre conscience, on y envoie quelques secours… qui, entre nous, sont bien insuffisants et, dans la plupart des cas, ne font que faire stagner une situation déplorable. Mais, bref. Je ne veux pas parler du Tiers Monde, et puisque mon histoire se passe en France, restons-y.

Il y a tant de choses qui ne devraient pas exister ! Je ne veux pas, ce n’est pas mon propos ici, passer en revue toutes ces choses… mais un petit aperçu serait-il hors-sujet ?
[Révolte, 2]

J’avais dix-huit ans… je ne savais pas encore que le Tiers Monde s’appellerait bientôt “Pays en voie de développement”, il changerait de nom, mais ce n’est pas parce qu’on change un nom que la réalité se transforme aussi rapidement qu’on le voudrait. Livres et magazines, journaux oraux ou écrits nous en disent chaque jour un peu plus sur ce qui me semblait si lointain alors.

J’avais pris dans mon livre le petit nom d’amour que me donnait Maman.

“Mon nom ?
On m’appelle “Pajarito” – Petit oiseau – et mon univers est celui des rêves… Mais la vie, bien souvent, ne pardonne pas au rêve sa simplicité, et, – pourquoi ne pas le dire ? – sa facilité. Rêver est beaucoup trop facile : aucun problème ne se pose car ils sont trop vite résolus. On oublie l’âpreté de la réalité, on contourne l’obstacle au lieu de le franchir…”
[Révolte, 3]

J’étais le petit oiseau de Maman, et Papa avait voulu me mettre en cage. J’avais ressenti d’abord l’internat comme une prison, j’en fis ma maison, mon refuge, un endroit où je pouvais rêver, m’isoler des présences importunes sans que l’on m’en demande la raison.

J’étais solitaire, je devins secrète, silencieuse, sauf lorsqu’en bravant les interdits, je chantais à tue-tête dans les couloirs ou les allées de nos promenades.

Je me forgeais une cuirasse. Sans le savoir, peu à peu, je devenais Quichottine, celle que je suis aujourd’hui.

(À suivre)

73 commentaires à propos de “Souvenirs d’internat (2)”

  1. Bonjour Quichottine, arrivé à un âge qui ne fut pas un brin rebelle contre ses parents, l’école; la société, voire le monde… pauvre monde avec ces bidonvilles et ses crève-la-faim encore et tjs…Toi, du nom de petit oiseau mis en cage, c’est tellement aux antipodes… mais quelque part chose fut bonne…. Je n’ai jamais usé de journal intime, et ma foi… quelques regrets ! Bon mardi, bises

    • Je suis restée longtemps sans plus écrire… par peur d’être lue par ceux qui ne comprendraient pas.
      Finalement, le blog m’a amenée à en dire davantage sur moi, parfois j’en suis heureuse, parfois non.
      L’adolescence est une étape qu’il faut dépasser, pas tous n’y arrivent sans dommage.
      Bises et douce journée à toi.

  2. Mais oui tu devrais remanier ton histoire et inventer un auteur jeune, ce que tu y racontes est intemporel et je pense que tu toucherais beaucoup de monde.
    Bonne journée Quichottine

    • Je ne sais pas… ce livre finissais très mal, et pourtant, je ne me vois pas en modifier la dernière page.
      Bonne journée à toi aussi, almanito.
      Merci pour tout.

  3. Je n’ai pas garder mon premier cahier, journal intime et si personnel, les évolutions, les déménagements, la vie qui va de l’avant, il s’est perdu dans le cours des jours…
    Toi tu l’as gardé et tu apprécies de le relire et de le partager…
    Notre monde a beaucoup changé tout en restant pareil sur le fond, il progresse si lentement qu’il est bien difficile d’y percevoir sa face positive. Croyons fortement qu’il est possible de le faire avancer dans une bonne direction. Tenons la barre, nous serons « les souris faisant pipi dans l’océan »…

    • Je n’ai plus mon premier cahier… il s’est perdu aussi.
      Mais ce premier roman, écrit bien plus tard, dévoile beaucoup de mes souvenirs.
      Je pense que je devrais peut-être le garder pour moi.
      Pour notre monde, je ne sais pas… il y a tant de bien et de mal qui s’y côtoient que je ne peux savoir qui gagnera la bataille… hélas !

  4. Tu t’exprimes joliment petit oiseau, l’adolescente sensible est encore à fleur de peau

  5. Jai tant écrit…sur ces cahiers que je « brulais » régulièrement pour mieux les recommencer et les détruire de nouveau. Sont arrivés les blogs. Mon tout premier sur ocerblog, ah, à ce moment là, l’informatique ne me faisait pas peur. J’y ai laissé beaucoup de moi….pour le « bruler » lui aussi. Je ne regrette pas de ne rien avoir gardé.
    Souvent, j’aimerais revenir en arrière, changer les directions de ma vie… mais impossible, donc, laisser tout cela et regarder devant… et continuer à grimper jusqu’au dernier sommet….

    • C’est vrai que tu as beaucoup brûlé, mais j’espère de tout coeur que tu ne brûleras pas ton espace actuel ou tes tableaux.
      J’espère aussi que tu retrouveras bientôt les montagnes où tu te sens si bien…
      Prends soin de toi, Mahina, je t’embrasse très fort.

  6. Bonjour Quichottine
    Ce cahier malgré tout a été bien utile , ne dit on pas qu’écrire ces ressentis sur papier fait du bien , donc il a du t’aider a traverser le temps du mieux possible , Je suis d’accord avec les amies qui proposent un remaniement de ce cahier et l’adapter à une jeune fille de 18ans..
    Bonne journée à toi
    Bises

    • Il m’a aidé bien sûr… c’était un cri de désespoir, je crois que je devrais le garder pour moi.
      Bises et douce journée. Merci d’être là.

  7. Retour sur « images » ma Quichottine !
    Merci de nous révéler les extraits de ce premier essai. Tes souvenirs restent intemporels, mais laissent par à ce côté rebelle ce que bon nombre d’entre nous ont connus.
    Merci.
    J’attends la suite avec impatience
    Bises et bon mardi

    • Merci pour tout ma Zaza.
      Bises et douce journée à toi.

  8. Sur nos chemins parallèles, nous étions deux révoltées contre la misère du monde. Peut-être est-ce l’âge qui fait les rebelles ? Celui où l’on trouve tout injuste ? Toi, tu rêvais de recadrer tout ça, et ta vie peut-être, du fond de ta solitude, je le vois dans tes lettrines calibrées par les carreaux de ta page… Rêveuse sans aucun doute, mais un brin cartésienne !

    • Plus qu’un brin, je crois… mes chemins m’ont finalement conduite à la littérature alors que j’étais douée pour les maths… la vie est bizarre parfois. 🙂
      Merci pour tout, Galet.
      Passe une douce journée.

  9. Ça peut aussi un journal intime mais je n’ai pas conservé je jette tout tout ce qui peut me constituer des souvenir. Je sais c’était stupide et je le regrette aujourd’hui mais je vis au présent. Ce doit être émouvant pour toi de relire tout cela. Bisous

    • Les enfants vivent au présent, mais ce n’est pas un reproche.
      Le passé composé, le futur proche, c’est du présent des auxiliaires, ceux qui comptent tant pour eux, être et avoir…
      Tu as raison de vivre au présent, de ne pas penser au passé et à un avenir incertain.
      Seul le présent nous permet de vivre pleinement.
      Pourtant, lorsque j’y réfléchis, il n’existe qu’une fraction de seconde, juste entre les deux portes qui le séparent du passé et de l’avenir.
      Bisous et douce journée. J’ai refermé mon cahier.

  10. Comme toi, je notais les poèmes et citations qui me plaisaient dans des cahiers, et j’écrivais des histoires, des bouts de romans. J’ai tout gardé, mais quand je regarde mes histoires, je suis déçue : j’en gardais un beau souvenir… Bisous

    • Avec le temps, nous évoluons, et nos anciens écrits nous semblent vains, un peu puérils parfois, manquant de justesse.
      Ne les relis pas, gardes-en l’image que tu en avais, des beaux souvenirs.
      Bisous.

  11. Dans le peu que tu cite de ce livre jamais publié ni montré on te reconnait bien en tous cas ton style ta manière….Tu avais déjà la patte! Vivement la suite..Bisous Quichottine

    • Mon écriture n’a pas vraiment changé, mais j’ai mûri, enfin, je l’espère.
      Merci pour tout, Renée.
      Bisous et douce journée.

  12. J’ai comme toi jeté quelques mots dans un cahier, recopié des poésies, des chansons mais je ne les ai pas gardés…refusant de faire revivre une période à oublier.
    Bises du jour
    Mireille du sablon

    • Il faut laisser au temps la possibilité d’effacer nos pires souvenirs…
      Merci pour tes mots et ta présence.
      Bisous et douce journée.

  13. Je n’ai jamais eu de cahier ou autre où je posais des annotations, je n’ai jamais su écrire, mettre mon ressenti sur papier . Je me souviens que j’étais révoltée contre l’injustice comme beaucoup d’ados. C’est bien d’avoir conservé ce cahier N°1, tu devrais le remanier, il serait intéressant à lire.
    Bonne journée, bises

    • Ce n’était pas mon premier cahier, mais mon premier essai de roman.
      Je ne vais pas le remanier, peut-être le publierai-je pour mes enfants.
      Bises et douce journée. Merci pour tout.

  14. Salut,

    On a beau temps et 20°, c’est presque l’été.

    Heureusement qu’on a un jardin car en confinement dans un HLM ce ne doit pas être marrant.

    Bonne journée

    • Ceux qui vivent dans des appartements trop petits sont les plus touchés par ce confinement…
      Bonne journée à toi aussi.

  15. J’avais moi aussi un cahier comme toi, mais je l’ai finalement détruit, je le regrette aujourd’hui, mais nous avons tellement déménager, que nous faisions des tris sévères à chaque fois quand on s’apercevait des tonnes de cartons à remplir, beaucoup de morceaux de vie sont parti à la décharge hélas!
    Bises et belle journée

    • Nous regrettons souvent ce dont nous avons été obligés de nous séparer…
      Je me dis qu’à quelque chose malheur est bon… c’était comme ouvrir un nouveau cahier à la rentrée des classes, une promesse de meilleur.
      Bises et douce journée Livia. Merci pour tes mots.

  16. Bonjour Quichottine ! Tout d’abord merci pour les pensées positives déposées chez Almanito pour ma fille (je ne les ai découvertes qu’aujourd’hui) Ensuite, je dois te dire aussi que je te suis depuis siiiiiiii longtemps en admiratrice silencieuse de ton écriture, et je vois que cela ne date pas d’hier non plus !
    Prends bien soin de toi et confine-toi aux petits oignons !

    • Merci pour ces mots et ta présence Mélanite… merci d’avoir brisé ton silence et pour ces années de lecture silencieuse. 🙂
      Passe une douce journée.

  17. C’est vraiment bien d’avoir conservé ce cahier , oui tu devrais vraiment songer à un livre, mais déjà merci de partager tout ce qui a marqué ton séjour en internat . Eh oui le monde en 50 ans tourne toujours autour des mêmes problématiques , rien n’est résolu ni pour la planète bien au contraire , ni pour la fracture entre les pays .
    Bonne fin de journée
    Bises

    • Peu de choses ont changé, hélas !
      J’ignore si cette nouvelle pandémie changera les mentalités, notre égoïsme.
      Je l’espère pourtant.
      Bises et douce journée.

  18. Tu es très conservatrice, ça doit te faire remonter des souvenirs de relire ça aujourd’hui. C’était un bien joli prénom pajarito.
    Bisous et bonne soirée

  19. J’écrivais aussi un journal dédié à un Octave. J’ai tout jeté à 30 ans.
    Tu avais une conscience bien développée. J’étais du milieu ouvrier et rêvais d’égalité.
    Bises
    Merci pour ta carte . Si belle surprise.

    • J’étais un peu caméléon, je crois… peut-être parce que j’avais beaucoup voyagé, sans me fixer nulle part.
      Bises et douce journée. Je suis heureuse que tu l’aies bien reçue.

  20. A te lire mes souvenirs reviennent et rejoignent tes souvenirs…J’avais un vieux cahier aussi que je cachais sous mon matelas…Je l’ai brûlé de rage le jour de mes 20 ans…
    J’en ai écrit d’autre que j’ai déchiré…
    Je regrette mais..
    Bises à toi…

    • Ne regrette pas. Nous avons tous ouvert un jour un nouveau cahier, et c’est ce qui t’arrive à chaque fois que tu publies un nouveau billet sur ton blog.
      Tes pages sont magnifiques et me font rêver. Merci !
      Bises et douce journée Marie.

  21. coucou , en fait le principal c’est que tu te reconnaisses dans ton ancien cahier ; le reste n’a que peu d’importance 🙂
    j’avais un cahier commencé lors du divorce de mes parents , je l’ai relu il y a une trentaine d’années ; j’ai revécu ce que j’avais enfoui car c’était difficile d’avancer avec ça ; et je l’ai déchiré , sans aucun regret ;;
    bisous

    • Nous avons des souvenirs dont nous devons nous séparer… tu as bien fait.
      Bisous et douce journée Michelle, merci pour tes mots en partage.

  22. ça a du être émouvant pour toi de relire ce cahier, c’est bien d’avoir tout gardé. Tu devrais envisager de le remanier et de le partager.
    Merci en tous cas pour ce premier aperçu d’une partie de ta vie qui n’a pas du être facile !
    Gros bisous de nous deux et douce soirée

    • Je m’interroge encore… je ne crois pas que ce soit bien de le publier en l’état… la fin est trop triste.
      Merci à toi pour ta présence et tes mots.
      Gros bisous et douce journée à vous deux.

  23. Ce doit être émouvant de relire tout ce que tu écrivais à cette époque …
    Un petit oiseau en cage mais qui se révoltait.
    Merci pour ce partage que je lis avec beaucoup de plaisir et … merci aussi « pour ce que tu sais » 😉 ♥
    Bon mercredi, avec toujours le fauteuil roulant pour me déplacer, même dans la maison !
    Confinée en fauteuil, j’ai atteint le sommet !
    Gros bisoux doux, ma quichottine ♥
    dom « guionnet » 😉

    • Merci à toi pour tout, ma chère Dom.
      Prends bien soin de toi, je t’embrasse très fort.

  24. De beaux souvenirs tout de même que tes écrits d’adolescente. A 18 ans on est idéaliste et parfois même on le reste toute sa vie, n’est-ce pas ? Tu devrais bien les éditer ces écrits puisque tu les as conservés. Perso comme beaucoup de jeunes filles j’écrivais, je notais aussi les citations, les poèmes ou des extraits de mes lectures et mes révoltes d’alors que je n’exprimais jamais car à l’époque je crois bien que nous n’avions pas de véritable crise d’adolescente, toute notre évolution et nos ressentis se passaient en secret…enfin en tous les cas chez moi, je ne pouvais pas ! Au fond tu as eu la chance de tout garder…bises et une belle journée

    • Tu as raison pour la crise d’adolescence… les jeunes expriment davantage, et c’est sans doute mieux, même s’ils font beaucoup de peine à leurs parents.
      Je n’ai pas tout gardé… mais sans doute ce qui était le plus important pour moi alors.
      Merci pour tout, Manou.
      Bisous et douce journée.

  25. Tu écrivais déjà très bien à l’époque. J’aime bien ton titre aussi: « révoltée » ; tout un programme!
    Tu avais un joli surnom,plein de tendresse.
    On ne t’imagine pas en révoltée ,maintenant que tu es si sage…
    Un roman à actualiser sans doute mais pourquoi ne pas l’éditer?
    Je te souhaite une belle journée. Bisous

    • Suis-je vraiment si sage ? Je ne crois pas.
      Pour l’édition, nous verrons. Elle restera peut-être confidentielle, et ce sera sans doute mieux pour tous.
      Bisous et douce journée Fanfan, merci pour tes mots et ta présence.

  26. Coucou Pajarito. Sais-tu que j’ai eu, un peu , le même parcours…surtout pour l’internat et ces cahiers d’écritures que se remplissaient au crayon à papier et qui me suivaient partout. J’en ai gardé quelques-uns, d’autres ont été égarés au fil des déménagements. Il nous reste ce parfum, cette trace, ce souffle de notre jeunesse qui s’est envolé comme ce petit oiseau qui reste en nous pour toujours. Je t’embrasse bien affectueusement et te souhaite une douce semaine

    • Merci pour tout, Nell.
      Tu exprimes beaucoup de ce que je ressens.
      Je t’embrasse très fort. Passe une douce journée.

  27. Comme je te le disais bien que je sois une révoltée et surtout un indépendante l’internat m’avait plu.
    Comme toi on avait notre uniforme tout le monde au même niveau on était jugée seulement sur nos notes et encore les surveillantes d’internat ne connaissait pas nos notes.
    J’aimais cette ambiance, l’isolement me convenait.
    De la même façon j’adorait partir en colonie de vacances, enfin finalement j’aimais tout ce qui m’éloignait de mes parents, en étais-je consciente à 12 ou 13 ans?
    J’ai écrit mon premier roman tout comme toi à 14 ans (une histoire policière) et sur les conseils d’une copine je l’ai envoyé à un éditeur, je ne doutais de rien.
    J’ai eu une réponse me disant que c’était bien écrit mais que ça manquait de maturité.
    Bien sur à cet âge-là je ne parlais pas d’amour, ça je l’ai compris plus tard.
    Et tu vois je continue de rêver, des rêves plus doux la révolte étant passée, (mais pas mon besoin de liberté).
    Quand tu te racontes je me revois au même âge que toi.
    J’aimerai pouvoir me raconter aussi bien que tu le fais.
    Passe une jolie journée.
    Je t’embrasse fort.
    Maryse

    • Un immense merci pour ces mots en partage, Maryse.
      Je crois que nous n’avions pas vraiment connaissance de la portée réelle de ce que nous écrivions à cet âge…
      En tout cas, continue de rêver, je suis certaine que ce rêve nous permet de franchir chaque obstacle dans notre quotidien.
      Je t’embrasse très fort, prends bien soin de toi.

  28. A l’adolescence, je n’avais qu’un cahier où j’écrivais des poèmes, un jour ma mère est tombée dessus et j’ai eu peur qu’elle me gronde et au lieu de ça, elle m’a félicitée mais, à cette époque, je n’ai pas compris et j’ai arrêté de le faire, je le regrette un peu aujourd’hui . Ainsi va la vie. Si tu as retrouvé ce cahier, c’est qu’il doit être édité en livre surtout que rien n’a changé peut-être que si , en pire et au fond de toi tu es toujours cette révoltée ( sourire)

    • Merci pour ce partage de tes souvenirs.
      Tu écris autrement aujourd’hui, mais tu continues à partager beaucoup.
      C’est le plus important.
      Merci pour ta présence et tes mots. 🙂

  29. J ai eu la chance d’avoir un correspondant de choix, mon grand-père, a qui j ecrivaus en allemand, pour me perfectionner et pour lui faire plaisir, lui qui aimait cette langue pourtant apprise en captivité. Je lui contais les révoltes, mes chagrins, il était mon journal….

    • Tu devrais lire les mots d’Adamante dans ses « Lettres à Grand-père »… c’est beau d’avoir un tel confident.
      Merci pour ce partage, Dame Croc. Je t’embrasse très fort.

  30. Tout ce que j’écrivais quand j’avais 18 ou 20 ans et même parfois ce que j’ai écrit à 30,40 ou 50, 60 j’ai tout jeté … A part ce que j’ai publié.

    • C’est sans doute la meilleure façon de se concentrer sur le meilleur… 🙂
      Merci, Liza.

  31. C’est émouvant de relire tes écrit de jeunesse.. J’avais un cahier avec quelques poèmes ou phrases de mes lectures que je recopiais et beaucoup de dessins … lors d’un cambriolage il disparu.. je n’en suis aperçue bien plus tard..

    • Tu dessinais déjà… tu le fais à merveille aujourd’hui.
      Dommage qu’il ait été perdu.
      Merci pour ce partage, Mireille.
      Passe une douce journée.

  32. La vie t’a formée elle aussi ensuite mais tu es restée la même : rêveuse et révoltée. Et oui, tu as raison, il faut être les deux.
    Bisous sourire Quichottine

    • Je ne sais pas si j’ai raison, mais la révolte a du bon. 🙂
      Merci pour ce bisous sourire.
      Passe une douce journée, je t’embrasse fort.

  33. Pour ma part, je pense que si j’étais restée à l’internat, je me serais prostrée, me rongeant de l’intérieur, bouillonnant de colère. Mes études s’en seraient ressenties. Le lycée étant à 22 km de chez moi, pas de car pour y aller.
    Par contre, il était possible d’aller au collège à 15 km en car. Là, j’en ai profité pour découvrir les villages et la nature des environs. Un vrai plaisir pour moi de contempler la campagne matin et soir de derrière les vitres du car.
    Je me sentais rabaissée à l’internat par le comportement irrespectueux de certaines. Des réflexions ou autres méchancetés pour saper le moral. J’ai supplié me parents de me « sortir » de là. De chez ma grand-tante, j’allais au lycée en solex puis, j’ai vite eu mon permis de conduire juste à 18 ans. Alors, j’allais au lycée en Simca 1000. La chance d’avoir des parents qui n’étaient pas dans le besoin et qui me faisaient une extrême confiance. Aller au lycée en TOUTE LIBERTE !!! Le rêve ! Cela m’a permis de façonner ma vie comme je l’entendais. J’ai toujours mal supporter les entraves.
    Si j’avais été douée pour l’écriture, j’aurais sûrement aussi intitulé mon recueil « REVOLTE ».
    Bisous Quichottine !

    • Merci d’avoir partagé ici tes souvenirs…
      Tu as eu de la chance, finalement, et c’est ainsi que tu as réussi ta vie.
      J’en suis heureuse pour toi.
      Bisous et douce journée Monique. Merci d’avoir pris le temps de lire mes dernières pages.

  34. Bonjour Quichottine,

    Il était prévu que je vienne ce jour au sein de la bibliothèque et alors que je viens de mettre en ligne un billet, il semblerait que tu fus de passage ce matin. Avant de découvrir ton message, j’ai préféré prendre du recul avec mon propre espace et venir aux nouvelles, découvrir la nouveauté chez toi. La nouveauté de ces derniers jours nous propose de découvrir le passé. Le passé, l’expérience et le vécu ne peuvent être oubliés et ont une part de responsabilité dans ce que nous faisons et qui nous sommes aujourd’hui. En tout cas, pour le peu qu’on est soi plus que comme d’autres voudraient que l’on soit.
    Je me suis arrêtée sur ce second souvenir en internat. L’aperçu de tes notes nous a contrainte à passer par la fenêtre plus que par la porte. On y remédiera juste après. 😉
    J’apprécie tes notes, ses souvenirs et cette jeune femme que tu étais et que tu es encore aujourd’hui, peut-être moins révoltée car éventuellement résignée et ayant connu d’autres dont tes propres maux.
    Je suis ravie de te connaître ce jour.
    Il y a 50 ans de cela, je n’étais pas encore là, ni même en voie d’être conçue.
    Il y a 50 ans, si AnB avait existé, Elle aurait apprécié te connaître et partager avec toi les, tiens comme siens, carnets à gribouillis et mots, histoires cathartiques. Enfant, on extériorisait sur nos cahiers de brouillon. Si la peur de l’eau (et des requins), la hantise d’être confrontée aux cauchemars et d’autres complexes animaient modestement la plume, la préadolescence nous a fait tenir des journaux intimes et rédiger des textes abrupts. Ces mêmes étaient bien plus personnels.
    Tu as raison. On peut dénommer autrement mais la réalité est-elle intrinsèquement autre ? J’en doute. Mais les mots modifiés peuvent adoucir et atténuer d’éventuelles tensions.
    J’avoue, il m’arrive d’en user. Pas toi ?
    Puis, je souris. Au théâtre, au lycée et par certaines personnes, je suis appelée « Moineau » et « Petit oiseau ». ^^’ Moins aujourd’hui car j’ai su imposer d’autres pseudonymes. 😉
    As-tu des origines espagnoles ?

  35. C’est très émouvant de découvrir cette époque de ta vie . Je n’ai jamais beaucoup écrit mais j’adorais recopier des pages entières de bouquins.
    Comme je te l’ai déjà dit, je me plaisais beaucoup à l’internat et j’étais aussi aux Eclaireuses de France avec qui je partais en camp l’été et cela j’adorais: la vie dehors et le monde et les valeurs du scoutisme . Que de souvenirs!

  36. Tu avais un journal intime comme beaucoup d’adolescents. Ce que tu nous en confies est très émouvant. Tes questions sur le tiers monde, l’injustice, étaient également les miennes. J’avais en pension ma meilleure copine qui était une chtimi, Jeannine. Nous discutions beaucoup de toutes les inégalités et autres… Nous étions pleines de certitudes et si critiques envers nos ainés. Je pense que cela est toujours valable chez les jeunes de maintenant.
    Quel joli surnom que celui que l’on t’avait donné
    gros bisous

  37. Tu le sais, puisque tu as lu mon livre Les Petits carnets bleus, que j’ai commencé mon journal intime en 1969, j’avais 17 ans. Et j’ai arrêté de noircir les pages quand j’ai commencé à travailler, en 1972. Ma vie avait changé, peut être était-elle devenue plate à partir de cette date là. Ensuite, j’ai connu mon mari et c’était devenu autre chose.

  38. Ne pas changer ce que l’on a écrit, c’est important, car la maturité des années modifierait sans aucun doute le fond. C’est comme un tableau, le peintre va sans doute le modifier avant de l’exposer mais ensuite je ne pense pas qu’il le fasse. Ce que tu as ressenti à 18 ans tu le ressens sans aucun doute différemment aujourd’hui car même malgré toi tu as porté une analyse sur la situation. Je lis à travers tous les commentaires, des âmes meurtries qui s’expriment … ce que je n’ai jamais pu faire et tout ce que j’ai gardé en moi malheureusement est remonté un peu trop souvent en surface et ma seule aide a été d’être suivie par un psychiatre (une aujourd’hui) qui est devenu mon confident. J’ai sans doute quelques années de plus!! Bises