Papier glacé

Les photos me parlaient.

© Anne A. 2007

Elles me racontaient une très vieille histoire.
Les non-dits qui surgissaient de ma mémoire, lancinants, comme le son du djembé pendant les longues soirées d’été.

Tambour d’Afrique qui squatte mon après-midi de banlieusarde et me refuse le repos.

Au début, on l’écoute.
Appel.
Je l’écoute.
On, ici, ce n’est personne et tout le monde.
Mais plutôt personne.

Refus des personnalités.
Refus de vivre,
d’exister.

Les coups répétés sur le djembé comme un appel auquel personne ne répond.

Personne.
Seulement le son du tambour exilé,
du tambour émigré.
Il revient.
Il sera là, anonyme,
sans papier.

Mais il a oublié de se taire,
de se faire oublier.

Le djembé joue dans ma tête
l’appel à la révolte.
Un son mille fois répété

Mais je n’écoute rien.
Je me bouche les oreilles.
Je ne suis plus qu’un réfugié
tout en haut d’une tour d’ivoire
d’où je peux regarder
sans trembler
en silence

Un mont de papier glacé…

© Quichottine, Cergy, 17 mai 2007

[Première publication le 17/12/2008 dans mon Refuge obéien.]

20 commentaires à propos de “Papier glacé”

    • Ben si… Même si tu n’as pas envie que je le pense, tu étais là… au moment où il le fallait.

    • Tu me surprendras toujours, Tilk…

      Comment as-tu fait pour trouver mon refuge aussi vite ?
      Tu es le bienvenu.

  1. Hi, hi, Tilk est là aussi ! Ton refuge est déjà plus grand que ma paillotte de Kembali ! Tu seras vite obligée de courir la campagne, la montagne de Anne A. et toutes les mers, Amielle ! J’aime beaucoup ton nouvel espace où résonnent tes pensées. Gros bisous, tout plein

    • Je ne sais pas comment Tilk a fait pour me trouver si vite… je ne lui avais rien dit. Mais j’ai apprécié qu’il soit là.

      Non, tu vois, je ne veux pas qu’il y a trop de monde. Sinon, ce ne serait pas un refuge…

      Gros bisous à toi aussi…

  2. Certain disent « le bruit lancinant du tam-tam »… D’autre parlent de « la musique du djembé »… Mais la vérité n’est-elle pas ici et là… simplement en fonction de l’état d’âme de celui qui l’écoute… J’aime le son des tambours, car ils sont pour moi un souvenir d’enfance… et je sais que même s’il sonnent pour un deuil, il savent rester gais… Alors, laisse toi porter par la musique, qui t’aidera à franchir cette montagne de papier glacé… Bises

    • Je sais que je ne l’écoute pas toujours de la même façon.

      Je sais que j’ai écrit ce texte après quatre heures de musique ininterrompue…C’était plus que de la musique ce jour-là, c’était vraiment un appel.

      J’avais collé cette image dans l’un de mes cahiers. J’ignorais ce que j’allais écrire.

      Les mots se refusaient.

      Et puis, ils se sont posés là… Ils n’avaient presque rien à voir avec cette image, mais ils avaient mêlé le son du djembé à cette montagne en photo.

      Ils seraient là, sur cette page, parce qu’aucune autre ne leur convenait.

      Secret d’écriture… des choses que l’on ne maîtrise pas.

      Merci de ce temps que tu passes aujourd’hui avec moi… Cela me fait plaisir.

  3. Coucou ma Quich’ Pour éclairer ton refuge, je t’ envoie une bougie, pour changer du djembe le chant du rouge-gorge, pour te promener un peu plus loin que ton refuge, je t’ offre le dromadaire du Roi Mage, et pour tisser les rideaux de ta porte et des fenêtres je t’ envoie Aglaé. Et pour apaiser ta douleur, la visite de tes amis. Une pluie de bisous pour toi ma sœurette

    • Clo, très chère Clo !

      Merci pour tout ces présents que tu m’as apportés, merci pour ta présence chaleureuse, merci d’avoir été pour moi, depuis si longtemps, la grande soeur dont je rêvais.

      Ce que tu as fait pour moi, tu vois, je m’en souviendrai longtemps.

      Merci d’avoir été là… Je t’embrasse, de tout mon coeur.

  4. si j’aime ce qui est écrit, je n’aime pas le djembé…il est pour moi le signe d’un abus de pouvoir de sales gamins qui viennent me casser les oreilles pendant la période des vacances, se croyant tout permis en venant tambouriner sous les fenetres : eux : en vacances, et toi en train d’essayer de dormir avant que de repartir au boulot… le respect se perd… mais ce texte lui va bien, à ce tambour casse oreilles, surtout s’il a la bonté de rester dans son lieu de desert pour lequel il a été fabriqué. chez nous il est synonyme de raliement pour distribution de drogue..et : ça : j’aime pas! ce n’est qu’un simple avis…que je partage avec moi-même

    • Je suis d’accord sur ce que tu dis… Et c’est vrai que c’est cela aussi, ici, lorsque résonne le djembé dans nos cités, il est bien loin, trop loin de ces tambours d’Afrique.

      Merci Pat. Je suis contente que tu sois arrivé jusqu’à mon île.

  5. Je l’avais commenté déjà… dans ton jardin…

    • Oui… et je t’ai répondu aussi, là-bas…

      Merci, Petite Elfe.

  6. je me souviens de ce poème… dans le jardin? j’en ai aimé le djembé de révolte, cette lutte, ce désespoir. Je le retrouve ici,et ce mont de papier glacé va se réchauffer… l’hiver a une fin et elle n’est pas toujours mortelle. Je t’embrasse très fort.

    • Dans le jardin… je l’y avais mis. Je crois que c’était sa place, mais j’avais envie de le voir ici.

      Je mettrai aussi peut-être mon araigne, elle a sa place, mais plus tard…

      Tu sais, Anne fait de splendides photographies… il y a tant à en dire !
      J’en mettrai certainement d’autres ici. Mais, pour la plupart, elles ont leur place au jardin.

      Je vais y songer sérieusement…

      Je t’embrasse très fort, prends soin de toi, Polly

  7. je me souviens d’un de mes neveux lors d’un anniversaire de famille…
    le djembé jouait sans arrêt.. au début, chacun écoute, puis se remet à parler, plus personne ne fait attention au sons qui continuent, comme une plainte. Dans quelle rêverie es-tu parti? tes mains continuent leur danse, elles volent, tapent, caressent ce parchemin, elles se veulent mots, cris, souffrance, joie parfois…mais plus personne n’y fait attention…
    Le djembé continue sa promenade solitaire…

    • C’est un peu ça, je pense…

      C’est étrange de voir comment tu donnes vie aux mots que j’ai écrits ce jour-là, comme dans une transe, alors que le djembé emplissait tout mon espace sonore.

       

      Il y avait un jeune, tout seul, sur le stade, face à ma fenêtre… et j’ai fini par écrire à son rythme à lui, des mots que je n’avais pas « pensé » écrire.

       

      Je les ai laissés là, parce qu’ils étaient aussi ce que je ressentais.

       

      Merci pour ta présence.

  8. cette photo est un appel… le son du djembé se hisse en haut des branches pour que le ciel l’entende…

    • Ce jour-là, je l’avais choisie parmi toutes mes images… et j’avais décidé d’écrire à côté quelque chose, mais j’ignorais ce que ça donnerait.

       

      C’est ainsi que ça a commencé.

      Le ciel a dû l’entendre… Mais le jeune qui était là-bas ne le savait pas.