Présence alternée

Vassily Kandinsky, Gelb-Rot-Blau, 1925
Vassily Kandinsky, Gelb-Rot-Blau, 1925

Elle est là désormais un samedi sur deux… et un dimanche.

Elle envahit mon quotidien sans que je l’aie choisi.

Mais c’est un morceau de moi. Ce le sera toujours jusqu’à ce que la mort nous sépare.

Une mort-délivrance, que j’attends.

Aujourd’hui, j’ai mis la table pour nous trois, comme je le fais quand elle est là.

Mais je me suis trompée.

J’avais sorti trois couverts…Il n’en fallait que deux… et puis le sien, si différent.

Quand je m’en suis rendu compte, j’ai pleuré.

Il a vu les larmes qui coulaient sans que je puisse m’en empêcher. Il n’a rien dit.

Je suppose qu’il était triste, lui aussi.

Mais ce qui a fait le plus mal, c’est ce silence.

Rien ne pourra jamais effacer les mots qui ne peuvent être dits.

13 commentaires à propos de “Présence alternée”

  1. Quand on est deux dans la même douleur, la tristesse de l’un a du mal à consoler la tristesse de l’autre. Les mots n’ont pas été dits, les mots c’est rien, c’est le regard et la présence qui comptent.
    A deux, c’est à la fois plus facile et plus difficile, c’est vrai qu’il aurait pu prendre ta main.
    Juste un geste, une délicatesse et vous auriez partagé plus que des mots.
    Mais il n’a pu le faire, parce que cette douleur résonne en lui et qu’il voudrait en être autant consolé que toi, alors il n’a pas su faire ce geste.

    Et je crois que les hommes (je parle en général) ont plus de difficultés à exprimer leur mal être. Toi, tu avais des larmes, et lui n’avait que son découragement.

    Et il y a l’amour pour Emmanuelle, quelles que soient tes pensées de mort, il est là, vivant.

    J’ai envie de sécher tes larmes, mais je sais qu’elles sont parfois le seul moyen d’évacuer un peu de son chagrin.

    Alors je te prends la main.

    Je t’embrasse très tendrement.

    • Je sais que tu as raison, Polly.

      Je sais que j’ai beaucoup de chance… parce que ces mots-là, j’ai pu les écrire au lieu de tout garder pour moi.

      Je pleurais, il ne le pouvait pas…
      J’ai écrit les mots que j’aurais aimé pouvoir dire… Il ne le pouvait pas non plus.

      Je reçois vos mots en retour, et, même si quelques uns penseraient que ce ne sont que des mots, qu’il ne s’agit que de virtualité… ils montrent que quelqu’un m’a écoutée, et plus que cela encore, a agi.

      Laisser des mots sous ce billet-ci, c’était dur. Je n’y serais pas arrivée.

      Merci pour cette main que tu m’as donnée. Elle n’était que tendresse et elle m’a fait du bien.

      Je t’embrasse très fort.

  2. sauf que je sais et que je t’encourage, car la force est en toi pour t’aider à surmonter cette douleur. depuis deux ans déja que je lis, j’observe, et ne dit rien, je t’assure que le progrès est grand – chapeau bas- et qu’il faut tenir. comme je le répète souvent : l’avenir est devant, il faut y croire, car demain est meilleur qu’aujourd’hui.

    • L’avenir est devant… mais le sien, Pat, où est-il ? Quel est-il ?

      Je sais bien que je dois tenir, mais je me rends compte que je n’arrive toujours pas à admettre qu’elle soit de plus en plus enfermée dans un monde qui n’est pas le mien.

      Elle grandit… je devrais dire : elle vieillit. Elle a l’âge que j’avais quand elle est née.
      Que lui ai-je donné dont je voudrais aujourd’hui pour moi ? Rien.

      Que puis-je faire pour que chaque jour qui passe n’attise pas la peur de ce que sera ce demain pour elle et nous ?

      Je ne sais pas.

      Je voudrais croire à un demain qui arrêterait d’être pire.

      Tu vois, je te relis, et je sais que tu as raison. Le progrès en ce qui me concerne est grand… mais pas encore suffisant au regard de tout ce qui m’attend.

      Merci d’être là, Pat. Je t’embrasse fort.

  3. Toi, pleurer tu le peux, fais-le mais lui ne le peut pas. Cependant son chagrin est certainement le même que le tien et malgré son silence il est là près de toi…
    Je comprends tellement ta peine mon amie. Mes mots sont inutiles, je suis là, près de toi, simplement.
    Je t’embrasse avec toute mon affection.
    Sophie

    • Je sais bien Sophie.

      Ce qui me peine c’est que nous ne puissions pas le partager, ni lui, ni moi.
      Ce que j’ai dit là, je ne lui ai pas dit, à lui.

      Merci d’être là, Sophie.

      Je t’embrasse très fort.

  4. si les mots sont important les miens sont pour toi je te les donne
    surtout ceux qui parlent d’amitié
    et de tendresse
    besos mi amiga
    fernando

    • Les mots ont leur importance, Tilk.

      J’ai caché ce billet de la détresse, parce qu’il le fallait, mais tu pourras lire ma réponse. Tes mots sont encore là.

      Besos, Tilk. Merci d’avoir été là.

  5. un ami c’est un quelqu’un qui ne peut pas toujours répondre ou c’est quelqu’un qui ne sait pas répondre parce qu’il n’a ni pouvoir ni savoir. un ami c’est quelqu’un qui se tient à côté de toi et qui te tient la main
    cet ami là quand il sent qu’une vive émotion saisie et secoue son amie dont il tient la main il ne lui reste plus qu’une chose à faire c’est de serrer la main trés fort pour faire passer son énergie afin d’apporter la force de son bien être et de son confort pour aider à surmonter ce momment de blessure intense.
    alors pour faire ça je suis là

    • Je t’ai répondu chez toi… mais, ici, je dirai que tu es un ami comme j’en ai peu.
      Les amis de la vraie vie sont importants quand ils savent et qu’ils trouvent les mots et les gestes qu’il faut.

      Tu étais là, comme tu l’as toujours été, au bon moment.

      Merci pour tout, Pat. Je t’embrasse.

      (J’ai mis ce billet très loinn, bien caché, parce qu’il ne doit pas rester là. Mais je sais que tu pourras lire la réponse.)

  6. Ah Quichottine, ta douleur est immense… Et je n’ai pas de mots pour te dire combien je suis de tout coeur avec toi…. les mots servent-ils à quelque chose ? Non, sans doute puisque, lui, se taît et souffre aussi….. mais comme dit Polly, la plupart des hommes n’expriment pas leurs sentiments. Ils se referment comme des huîtres… mais un geste ça fait du bien… plus que des mots parfois… Je viens d’en faire l’expérience tout récemment… Bon courage Quichottine.

    • Polly a raison, et toi aussi.

      Lui et moi sommes avec des mots que nous ne savons pas exprimer, avec des gestes que nous ne savons plus faire. Le temps nous a figés, comme il continue de figer Emmanuelle peu à peu.

      Je sais que ce n’est pas une bonne chose de laisser cela ici… je l’ôterai sans doute. Mais je devais le dire aujourd’hui. Crier pour ne pas en mourir.

      Merci d’être là, Petite Elfe.

      Je t’embrasse très fort.

  7. Pour transférer mon jardin, pour rétablir ce qu’il était, ce qu’il est pour moi, j’ai dû remettre ce billet en ligne.

    Mais il sera interdit de commentaires.

    Merci.