Le double vert

Je sais, j’aurais pu uniquement vous donner le lien pour aller lire dans la bibliothèque ma présentation des fées, puisqu’il était question de fées aujourd’hui…

Mais, il est bon que les histoires du lutin bleu soient là aussi, intactes, telles que je les ai mises dans « Paraboles », tels que mon amie Anne les a illustrées.

Dans la bibliothèque, vous savez bien que j’ai ôté les images…

Le double vert

Aquarelle d’Anne Auburtin

Le petit lutin bleu de la forêt avait déjà plus de mille ans… mais il était encore très jeune. Il n’avait pas encore rencontré son double vert.

Ah ! Je le savais ! Vous allez encore me dire que je commence mon histoire à l’envers.
Je vous parle de double vert sans vous expliquer ce que c’est…

Dans la forêt, il y a les lutins bleus, il y a aussi des lutins roses… Ils sont très jolis, les lutins roses, ils jouent à ramasser les fleurs fanées, à en tresser des guirlandes qu’ils accrochent aux vieilles souches qui paressent le long des ruisseaux. Au contact de l’eau pure, les fleurs trouvent un regain de fraîcheur, une nouvelle jeunesse. Alors, on trouve au bord de l’eau des buissons multicolores un peu bizarres, composés de fleurs qui ne devraient pas être ensemble, parce qu’elles ne sont pas nées au même endroit. Mais cela ne fait rien. Elles ont ressuscité le même jour, au même endroit et elles se moquent bien de ce qu’il y avait avant ! Elles savent seulement que l’eau est douce et fraîche à la fois, comme le baiser que l’on échange après une ballade sur la neige.

Tout cela est bien gentil… mais l’histoire de ce soir ne devait pas vous raconter les lutins roses… c’est … une digression.

Les lutins bleus ont chacun un double, un petit lutin vert qui vit dans la montagne. Pour pouvoir devenir adulte un jour, il faut qu’ils se rencontrent, c’est absolument nécessaire, indispensable… sinon ils restent des enfants !

Le petit lutin dont je vous parle n’avait pas rencontré son double… Il était sûr d’ailleurs de ne jamais le rencontrer, parce qu’au bout de plus de mille ans, il avait perdu tout espoir. Vous auriez tenu mille ans vous ? Pas moi. Je n’ai pas autant de patience.

Lui, il avait tenu jusqu’à la mille et unième année… et là, il avait abandonné tout espoir, il était devenu morose.

Non, non, vous avez mal compris, pas rose ! MO-RO-SE !… et il avait commencé à broyer du noir toute la journée.

Lorsqu’un lutin bleu broie du noir, cela fait plein de nuages dans le ciel au dessus des villes. Cela fait aussi beaucoup de problèmes au fond de la mer… parce que les pieuvres et les calamars doivent écouler beaucoup trop d’encre…

Le seul à être content, c’est l’écrivain du village, parce qu’il trouve brusquement de jolis poèmes dont il couvre des ramettes entières de papier.

Ce qu’il fallait, c’était donner au lutin bleu l’idée d’aller à la montagne… ou au lutin vert l’idée d’aller dans la forêt ! Comment faire ? Au pays des lutins, il n’y a pas de chemin de fer… il y a seulement de grands radeaux qui prennent un peu l’eau si l’on n’y prend pas garde, il est vraiment très facile de les faire chavirer.

La petite fée de l’automne était très triste, parce qu’elle savait, elle, qu’il y avait quelque part un lutin bleu et un lutin vert qui ne s’étaient pas trouvés… et que ça durait depuis si longtemps que les dents poussaient aux poules.

Je ne vous ai pas dit qu’au pays des lutins, il y a quatre fées…

La fée du printemps oublie tout. Elle va, de-ci, de-là, à l’aventure, coloriant au gré de son humeur les arbres et les fleurs ! C’est une petite fée bleue, elle aussi, comme le ciel du printemps… avec ses coups de cafard, ses coups de folie.

La fée de l’été a une robe d’or. Personne ne peut la regarder en face parce qu’elle brille de mille feux comme un soleil amoureux… Vous avez déjà vu un soleil amoureux ? Moi oui… Ce soir là il avait rencontré la lune… et ils ont tellement fait la fête qu’une multitude d’étoiles est née de leurs ébats !

La fée de l’automne n’est pas bien grande, elle est très timide, elle n’aime pas qu’on la regarde. Mais elle sait trouver dans son sac mille couleurs dont elle pare la forêt au mois d’octobre… La fée de l’automne est une artiste qui sait peindre le ciel de mille rouges flamboyants juste avant que la nuit tombe. En fait, elle ne veut pas que l’on capture ses images, elle préfère que la nuit les recouvre et qu’il n’en reste rien au matin.

Quant à la fée de l’hiver… c’est la plus grande, la plus majestueuse… lorsqu’elle est éveillée bien sûr ! Parce que la plupart du temps, elle dort. Elle recouvre la terre d’une couette de neige, éteint pour un moment le soleil, pour ne pas qu’il la réveille, et envoie toutes les marmottes dormir… parce qu’une marmotte qui appelle ses copines pour le goûter, ça fait du bruit !

Bon, j’ai perdu le début de l’histoire…

La petite fée de l’automne était très triste de voir que le petit lutin bleu n’avait pas rencontré son double. Alors elle inventa un stratagème. Elle était futée, la fée !

Elle décida d’organiser un petit goûter de Noël auxquels tous les lutins étaient conviés, ceux de la forêt, ceux de la montagne et aussi ceux qui jouent à longueur d’année sur les plages du Pacifique. Elle savait bien qu’ils étaient gourmands !

Aquarelle d’Anne Auburtin

C’est ainsi que notre lutin bleu a rencontré son double vert.

[Paraboles, avril 2007]

8 commentaires à propos de “Le double vert”

  1. quel plaisir de te lire…je commece à m’attacher a ce lutin bleu… besos tilk

    • Il est très attachant…

      Mais j’espère qu’il ne te fera pas oublier les autres… Il y a beaucoup de lutins dans la forêt enchantée !

  2. C’est trés frais, doux à lire, un conte que je raconterai à mes petites filles si tu permets…. Jolie histoire toute en couleurs….

    • Bien sûr, Debla !

      C’est un conte pour enfants… Tu peux le leur raconter.

      Tu peux même leur montrer les dessins de mon amie Anne. Je crois qu’elles aimeront.

      Merci.

  3. J’adore les dessins…En les regardant…on imagine le goûter… Bonne soirée Quichottine

    • J’adore aussi… Je suis contente que les contes puissent être là comme ils ont été créés.

      Bonne soirée à toi aussi, Mahina ! Je t’embrasse fort…

  4. ben oui..mais moi qui suis trés trés gourmand, je veux savoir si pour le gouter il y avait de belles bûches de noel comme celle que je t’ai mis sur mon article, mais surtout si : il y avait de bons gros champignons « pouf » délicieux et amusants…tu sais ces bons gros champignons qui font pouf quand on marche dessus et qui font plein de fumée pour faire des signes de raliement pour les lutins encore distraits et égarés dans la forêt et qui n’auraient pas trouvés le lieux de rendez-vous du gouter…. bon et alors, et alors, maintenant qu’il a trouvé son lutin vert…ils vont faire quoi??? bises

    • Je crois qu’ils vont beaucoup échanger… de messages !

      J’adore ce que tu as écrit. La prochaine fois, tu me gardes de la bûche, parce qu’elle semble vraiment délicieuse sur ta photo !

      … et pour les champignons, c’est vrai il y en a aussi dans la forêt, je vous raconterai !

      Gros bisous, Pat !