Le chevalier et la bibliothécaire

Hier, vous avez tous appris comment don Quichotte, en personne, s’est invité dans la bibliothèque.

… Euh… qu’est ce que je dis là ? Bien entendu qu’il y était déjà, mais il était sur les pages d’un grand livre. Un immense livre, illustré par Gustave Doré. Malheureusement, en allant prendre un chocolat en compagnie de Roland, j’ai dû l’oublier, à la terrasse d’un café.

Ce jour-là je devais être encore en train de songer à P.B-R dont c’était l’anniversaire. C’est pour ça que j’ai oublié mon livre… J’espère que Roland l’a trouvé et qu’il me l’apportera demain sans faute…

Comme je vous l’ai dit, tout de suite, sans attendre le 8 août, date de la réouverture officielle annoncée de la bibliothèque, ce malheureux oubli a été compensé par l’arrivée d’un héraut, Davy, qui m’annonçait la visite d’un chevalier.

Moi, j’en suis restée… baba !

C’est toi qui parle ainsi, Quichottine ? Qui donc t’a ainsi contaminée ? D’habitude, tu nous sers des mets bien plus savoureux, des images un peu anciennes, des expressions vieillotes, voire totalement inusitées, tombées dans les méandres de l’Oubli, là où les mots les plus fiers, les plus tendres, finissent un jour ou l’autre…

Mais là, vraiment… tu ne pouvais pas dire « abasourdie » ?… ou « médusée » ?

… Médusée ? Oui, j’aurais pu. D’ailleurs si vous voulez pouvoir vous approcher sans crainte de Méduse, vous n’aurez pas besoin de l’aide de Persée. Il vous suffit de vous rendre chez Muad. Il a réussi l’impossible, l’a fixée à jamais sur sa page. C’est comme ça. Muad est un enchanteur… ça, vous le saviez déjà ! Mais, puisque Méduse est dans le Musée de Muad, elle n’est pas dans la bibliothèque. Là, il n’y avait que mon héros, et sa belle voix chaude qui me demandait ce que je faisais là…

Moi, là, j’en étais réellement, baba !!!

Je persiste, il n’y a pas d’autre mot. Je me suis soudain répandue en larmes, j’ai craqué devant son regard si compréhensif ! C’est comme s’il m’avait dit

Raconte-moi ce gros chagrin…

 Vous savez bien ! Il suffit parfois d’un regard, d’un sourire, pour que soudain tout sorte, les mots tus, les maux que l’on ne voulait pas dire… Et puis, mon chevalier, il était là, vrai de vrai !

Davy Durand

Nous avons devisé. Il me regardait, il ne posait plus de questions. De temps à autre, de la pointe de sa lance, il soulignait un commentaire, il me disait : tu vois, c’est là qu’il faut regarder, seulement là.

Moi, je lui demandais pourquoi…

Dites-moi, Señor don Quijote, pourquoi faut-il toujours que vous tombiez ? Pourquoi faut-il toujours que d’autres vous adressent de méchantes paroles ? Pourquoi faut-il qu’ils vous bastonnent comme si vous étiez un larron alors que vous êtes chevalier errant, un vrai, venu de l’ancien temps, de ce monde naissant où tout était possible ?

Dites-moi, Señor don Quijote, pourquoi faut-il toujours que d’autres vous malmènent, rient de vos batailles, de vos exploits… Car enfin, c’est vrai, vous vous battiez, vous avez affronté tout seul, une armée de géants effoyables ! Ils disent que c’étaient des moulins… mais c’est parce qu’ils sont jaloux ! Ils transforment vos paroles… pour mieux pouvoir en rire… Alors que chacun de vos mots pourrait en susciter mille autres…

Dites-moi… pourquoi ?

Je me disais qu’il ne pourrait pas répondre. Impossible !

Quatre cents ans plus tard, comment un chevalier pourrait-il être là, vraiment, à discuter tranquillement dans la bibliothèque, avec une Quichottine en larmes pourvue d’une drôle de coiffure ?… Vous croyez que je fais très sérieux, moi, avec ma passoire ?

Je me disais que ce n’était qu’un cauchemar de plus, que j’avais trop remué de poussière en nettoyant mes étagères, en changeant mes rideaux… Que là, j’avais devant moi un hologramme et que mes blogopotes me faisaient un super poisson d’avril !

Ben non, il était bien dans la bibliothèque, arpentant à grandes enjambées mes allées. Il s’arrêtait de temps à autre devant un livre, le soupesait du regard, de la main et agitait encore un peu la tête, parfois de haut en bas, parfois de gauche à droite.

Moi, dans ma babaïtude (ben pourquoi pas ? C’est un mot rigolo… je viens de l’inventer. Il veut dire que j’étais dans un état proche de l’extase)… Donc, moi, dans ma sidération (même combat !) je m’étais affalée sur l’un des coussins et je ne cherchais même plus à comprendre. Je contemplais son manège en espérant qu’il ne mettrait pas tous ces livres au pilon (ce qui est, vous le savez, la nouvelle methode trouvée pour ne pas faire d’autodafé. Nous sommes à l’heure du recyclage…)

Vous croyez que je dois avoir peur de ce qui va arriver ?

Ah… vous vouliez la suite ?
Eh bien ! Ce sera demain…

… si vous le voulez bien !


Merci à Davy pour ce don Quichotte qui va m’accompagner quelques jours encore….

62 commentaires à propos de “Le chevalier et la bibliothécaire”

  1. Je l’ai vu fatigué ce pauvre Chevalier , et que dire de son cheval !…Ils ont besoin de ta sollicitude . Bisous encourageants  😉  …sur le nez du canasson ! Non mais que croyais-tu ?… LOL…

    • Morte de rire ! Je les prenais pour moi… mais bon, tu en as bien laissé passer un ou deux quand même ! Bisous à toi !

  2. Oui tu dois avoir peur… trembler, te cacher sous tes coussins, t’enfuir dans ta cuisine, car DQ n’est pas le vrai DQ, mais un usurpateur dont  tu vas bientôt voir le vrai visage. Et là…
    Quoi… que…

    • Ah ?… C’est effectivement une solution à envisager… … Je vais y penser, rien que pour toi ! (et la donner aux autres en disant que c’est de ta faute, Na ! Bisous, monsieur l’écrivain, tu en as des idées, toi !…

  3. Ce ne sont que quelques questions que tu poses à cette figure du dépressif.
    Il y en a tellement d’autres que j’aimerais lui poser…
    J’en ai posé une à mon fils, qui aura 5 ans en mai, je lui ai demandé : » Pourquoi Papa ne va plus travailler ? « , et Gamin me réponds, sans aucune hésitation : « Parce que tu es triste « …
    «  Et maintenant, je suis triste ? « , en faisant un grand sourire, Gamin hésite : » tes yeux sont tristes, ta bouche rigole « 
    Je crois que je vais faire une pause

    • Tu sais… moi aussi, j’en ai beaucoup à lui poser, le dialogue est loin d’être terminé ! J’ai seulement commencé par le plus facile, ce qui a trait aux choses déjà lues dans mes chapitres. Une pause… Je voudrais que ce sourire gagne tes yeux et que tu puisses rire, de joie, avec ton petit garçon. Ne te laisse pas gagner par la mélancolie… (ça me va bien à moi de te dire ça, je sais… mais tu étais là pour moi, n’est-ce pas ?) Je vais venir chez toi !

  4. Coucou Quichotine…toi aussi tu nous inventes de jolis mots..;je suis dans l’extasitude…toujours des liens vers tes amis…j’aime cette sensibilité qui t’es si particulière…et il est vraiment bon et beauas ton visiteur sur fond rose…..gros bisous…

    • J’aime bien aussi l’extasitude… Je trouve que Davy a vraiment créé un magnifique don Quichotte, qui me va tout à fait ! Merci pour tes mots… et ta fidèle présence ! Gros bisous à toi aussi…

  5. Assurément, Quichottine, Don Quichotte ne pourra qu’apprécier les parchemins qui ont chu sur tes étagères..et tu  ne devras point craindre son courroux…

    • Pensif, oui… c’est sans doute pour ça qu’il m’a plu…

      Bonne journée à toi. Merci d’être passée.

  6. Si (ou plutôt) Quand un Don Quichotte traverse « l’immensitude » de 400 ans. Ce ne sont pas quelques livres qui vont le déranger.

    Il est venu te parler et j’espère que tu en as profité voir même un peu abusé!
    Nous verrons bien demain…

  7. C’est bien agréable ‘avoir de telles visites…Et puis s’il est descendu de ses rayons,c’est encore mieux.Bises ,Baba Dona…VITA

  8. Babaïtude, j’aime bien.
    Parfois c’est un peu ce que je ressens à parcourir tes allées, mais Don Quichotte aussi, m’est avis qu’il est impressionné.

    • … Polly ! Ne sois pas impressionnée ! Don Quichotte, je crois que ce qu’il aime là, ce sont mes livres ! Merci

  9. Va falloir sortir de ta babaïtude et le surveiller d’un peu plus prés ce don quichotte. M’a tout l’air d’un naturel un peu rêveur et je le sens bien capable de partir dans un mauvais délire de rangement par le vide, genre grand nettoyage de printemps pour s’éclaircir les idées. Surveille-le, te dis-je ou fais une bagarre de coussins avec lui pour le dérider un peu. Il est beaucoup trop sérieux. Bisous.

    • Troisième possibilité de suite pour mon histoire… Merci Ruegy… (et merci aussi pour ce rire que tu viens de déposer dans la bibliothèque !) Bisous à toi !

  10. Heureuse de voir que ce Don Quichotte là puisse avoir le pouvoir de te faire revenir dans ta bibliothèque pour notre plus grand plaisir… Bon, si tu prépares le thé, j’arrive lol.
    Gros bisous à toi,
    Syl

  11. Quichottine, la passoire ébouriffée soliloque devant un grand escogriffe du nom de Don Quichotte ….Rêve ou réalité ?
    Seule Quichottine pourrait le dire….peut-être ….

  12. Coucou Quichottine, j’aime bien la façon dont tu nous décris ce rêve éveillé et je t’imagine au réveil, la passoire hirsute, complètement sidérée quand Don Quichotte surgit dans ta cuisine, un tablier par dessus l’armure, pour te demander si tu veux des tartines grillées …
    Gros bisous,

    • Magnifique ! Un don Quichotte prévenant, pas du tout inquiet ou timide, juste pour moi, le matin au réveil ? Qui ne me demanderait pas pourquoi je ne suis pas encore prête ??? C’est pour le coup que je resterais là, sans plus oser remuer même le petit doigt, de peur que le mirage ne se dissipe ! Gros bisous, Muad ! Merci…

  13. bonjour Quichottine ! voilà au moment où je me laisse prendre et que je finissais par voir Don Quichotte se ballader dans la bibliothèque … pouf ! C’est ce qui s’appelle avoir le sens de « je vous ai pigé maintenant !!! » Vivement demain ! Gros bisous

    • Maître Po disait, au moment de la sortie de mon « carnet secret », de ses premiers épisodes, « ça, c’est du teaser ! 😉 » … J’aime bien, pourtant, je n’aime pas les feuilletons. Ce qu’il y a c’est que si je vous racontais tout en un seul billet, ce serait bien trop long ! Gros bisous à toi, Plume ! Merci

  14. Un peu maigrichon, ton don Quichotte ! Allez, une bonne platée de nouilles pour le remonter !!!
    Bon 1er avril !

  15. moi ce que j’aime avec le « Baba »…c’est le Rhum…et, pour faire un baba au rhum : tu ajoutes de la crème chantilly, tu enfiles des pantoufles, tu descends chez Quichottine…et tu attends une tasse de thé…belle journée-pat

    • Le thé est en train d’infuser… et la Chantilly j’adore ça… Dis-moi, toi, tu ne voudrais pas me faire dépasser le quintal ??? Morte de rire, Pat ! Gros bisous à partager.

  16. Après tous les moulins décrits par les « AUTRES » n’étaient peut-être qu’un poisson d’Avril !
    Comme les nouveaux mots que tu as inventées : babaïtude – mais attention que la babaïsation ne nous guette point !
    LIZAGRECE

    • Je suis sûre que tu sauras te protéger, Liza ! Qui sait pour le poisson ? pas moi… Passe une belle journée !

    • Super sympa ce poisson, mais j’aime bien aussi ton créa-tag d’aujourd’hui ! Passe une belle journée, Kri !

  17. Bonjour ma chère Quichottine, voilà qu’étant captivée par ma lecture je me suis fait une bosse en arrivant sur le mur qui ferme l’article.. la suite demain.. pô gentil ça..lol car je voyais la scène et j’entendais vos voix.. alors moi aussi j’ai eu la babaïatitude…je me demande si je ne vais pas me téléporter dans ta cuisine et ta bibliothèque demain, pour boire un thé avec Don Quichotte et sa Quichottine.. et voir s’il ne va pas déranger tous les livres que tu as soigneusement rangés.. car il est très distrait notre ami.
    Je t’embrasse et te souhaite une bonne journée
    chantal

    • Tu peux venir, Chantal… et d’ailleurs, qu’est-ce que je raconte ? Tu es là !!!! Je cours chercher le thé ! Bisous… plein !

  18. Bon je vais juste apporter une petite dose de Rhum et ton baba sera sans doute encore meilleur 😉
    J’ai lu, relu et j’en perds haleine tellement tu transportes tes lecteurs dans ton monde Quichottine.
    Don Quichotte est vraiment un grand homme.
    Bisosu

    • OK pour le rhum… mais pas trop, sinon je vais être pompette ! Merci, Rainette !!! Bisous à toi aussi !

  19. Quich’, on a un problème avec ton livre.
    Je me le suis fait piquer par un descendant de Gustave Doré. Julien qu’il s’appelle le morveux.
    Avec lui, on ne sait jamais ce qu’il va nous en faire. Si ça se trouve, il va le réorchestrer à sa façon et va provoquer la « Nouvelle (guerre des) Star ». Il est bourré de talents le petit. J’aime même réussi à apprécier ses versions de Dalida et Alyzée. J’ai peur pour Cervantès.
    Je vais voir si je ne peux pas le lui échanger contre un des textes à moi…
    Bisous

    • Ah ! Zut !

      Tu crois que tu vas y arriver ?

      Mais qui c’est celui-là ? (Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a…)

      Il va falloir que je me documente !

      … Bon d’un autre côté, s’il a réussi à réorchestrer Dalida et Alysée… on peut peut-être lui faire confiance pour une version sympa ?

      Ah non ????

      Bon, je compte sur toi pour ne pas tarder et lui mettre la main au collet rapido ! OK ???

  20. moi j’aurais un peu peur quand même passer toute ma vie avec Don Quichotte dans ma bibliothèque, je ne sais pas si ça ne m’angoisserait pas d’autant plus qu’il doit avoir des goûts très spéciaux mais bon, faut voir !!!!

    • Ben… je n’en sais rien. Pour l’instant, ce que je sais de lui me convient. Je crois que nous serions tous deux perdus dans nos livres… Merci, Azalaïs !

  21. Juste pour rigoler:

    chère QUICHOTTINE!

  22. Quichottine, il me faudrait des jours à rallonge pour fouiner dans cette bibli…. tu peux m’inventer ça?
    Bisous

  23. Bon alors d’abord bonsoir Miss Quichottine!
    Reste t-il du baba?
    ou du thé?
    Ah non il n’y avait ni l’n ni l’autre!
    Tout pour le hérault! il devient envahissant non?
    Bises  Dany

    • Bonsoir, Dany. Ben si, il en reste ! Mais il n’y a plus de Chantilly, de celle qu’avait apporté Pat, j’ai tout mangé ! Tu trouves qu’il est envahissant ? … je vais y remédier bientôt. Ne t’en fais pas.

  24. Un chevalier qui te babaîtise, une extasitude gagnée par tes blogopotes, j’en reste pantoise. Diante. Dame Quichottine, sont-ce des façons ? Une seconde visite de votre chevalier semble indiquée et serait fort utile. Je vais de ce pas le quérir.
    Ben oui quoi, il te met de si belle humeur celui-là ! N’aies crainte de ce qui arrivera. Ce ne sera que du bon.
    Je t’embrasse.