Et si nous parlions de moulins ?
Mais oui, il sera question aujourd’hui de Don Quichotte, de celui que tout le monde connaît, celui que tous imaginent, même s’ils ne l’ont jamais lu !
C’est vrai !
Il y a maintenant plus de quatre cents ans que Miguel de Cervantès s’est lancé dans l’aventure de l’écriture. Il a créé le personnage d’un vieil hidalgo un peu fou…
Créer des personnages, c’est dangereux…
parce qu’ils peuvent vous échapper.
C’est ce que fit don Quichotte, à peine mis en page… Le voilà qui s’évade !
Le papier devait être trop rugueux à son goût !
Aujourd’hui il ferait de même… don Quichotte le trouverait trop… glacé !
Don Quichotte n’était pas fait pour vivre sur du papier. Il était bien trop grand pour un livre… pour des centaines, des milliers de livres !
Du jour où il quitta son logis pour la seconde fois, accompagné de son écuyer, Sancho Pança, plus rien ne devait être comme avant.
L’aventure… ou plutôt l’Aventure,
avec un immense A majuscule, commençait, pour de bon.
Désormais, il existait, ce chevalier d’un autre temps. Il avait une dame à qui dédier ses exploits, Dulcinée, un écuyer pour régler les aspects matériels de son existence… il pouvait donc se consacrer pleinement à son métier de chevalier errant… Et, forcément, quand on est chevalier, quoi de plus important que de pouvoir affronter des géants ?
Les géants, sont là, au début du chapitre 8, dans cette première partie du roman que nous n’avons fait qu’aborder.
Les deux hommes chevauchaient, l’un Rossinante, l’autre son âne… tout en devisant comme faisait Perrette avec son pot au lait. L’un promettait, l’autre rêvait à ce que serait sa vie une fois les prouesses accomplies…. C’est Sancho qui rêvait, mais oui !
C’est alors qu’advint la première « grande aventure« .
Là-dessus ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu’il y a en cette plaine, et, dès que don Quichotte les vit, il dit à son écuyer : « La fortune conduit nos affaires mieux que nous n’eussions su désirer, car voilà, ami Sancho Pança, où se découvrent trente ou quelque peu plus de démesurés géants […]
L’aventure ne durera qu’un peu plus d’une page…
L’essentiel tient en une fin de paragraphe…
[…] il se recommanda de tout son cœur à sa dame Dulcinée, lui demandant qu’elle le secourût en ce danger ; puis, bien couvert de sa rondache et la lance en arrêt, il accourut, au grand galop de Rossinante, donner dans le premier moulin qui était devant lui, et lui porta un coup de lance en l’aile : le vent la fit tourner avec une telle violence qu’elle mit la lance en pièces, emmenant après soi le cheval et le chevalier; qui s’en furent rouler un bon espace parmi la plaine.
Cette belle envolée, qui met à mal notre héros et sa monture, va le propulser très loin de ce que désirait son créateur. Don quichotte, désormais, ce sera, pour l’éternité, celui qui se battait contre des moulins…
Quelques images ? … il y en a plein ! Celle de Gustave Doré, pour continuer dans mon album personnel…
Mais d’autres aussi… plus troublantes…
Un Hidalgo espagnol…
pour les enfants…
Mi primer Quijote [Mon premier Quichotte],
Editorial Espasa-Calpe, 2004, p.49.
Don Quichotte en Espagne perdrait-il sa grandeur.. et sa « maigreur » ? Ce sont des personnages tout en rondeurs…
Mais non, il y en a plein d’autres, les rayons des librairies espagnoles en sont magnifiquement pourvus, de ces albums pour enfants…
L’un d’eux a même obtenu un prix, tout récemment… en Italie (?) dans un salon de littérature de jeunesse… à Milan.
Je vous en parlerai… plus tard.
(Illustrations de Javier Zabala
sur une histoire en pictogrammes
de Carlos Reviejo,
Editorial S.M., 2004.)
Mais je ne voudrais pas terminer cet article sans vous faire réfléchir un peu… sur une autre image. Tirée d’une magnifique bande dessinée que je présenterai bientôt… Don Quichotte dans la Manche.
(Douay & Leroux, Vents d’Ouest, 2004, p. 57)
Et si nous avions, nous aussi, des moulins à combattre ?
tout mimi ces dessins de julius…
Je suis contente qu’ils te plaisent. Merci Koulou pour ton passage…
Nous avons tous des moulins à combattre et, souvent, ce sont des moulins à vent dont nous faisons des dragons…..enfin, à moi qui suis une « soupe au lait », ça m’est arrivé souvent !!!! Si tu es curieuse de savoir ce que le vrai Don Quichotte est capable d’écrire, vas sur nipoxitude.nipox.com…..aujourd’hui, il fait le coucou dans ce nid de mésange!!!!!!
Je suis allée… j’ai vu… mais je ne sais pas si j’ai vaincu !
Moi, j’aime bien tes dragons, Chris. Malgré le feu qu’ils répandent sur leur passage (ou sans doute grâce à lui)
don quichotte c’est tres inspirant pour les dessineux… j’ai envie de le croquer aussi…
Je viens régulièrement chez toi… quand tu l’auras fait, tu me le prêteras pour ici ? Je le mettrai en bonne place ! Merci, Gry !
Hello Quichott’ me voici de retour de vacances et j’ai tenu ma promesse…va faire un tour chez moi!! je reviendrai lire tout ça..j’ai du retard..dès que j’aurai défait les valises biz
J’aime bien ceux qui tiennent leurs promesses… c’est mon côté « Quichottine » !
Flap … l’oiseau se pose … les yeux écarquillés … les ailes vibrantes de l’énergie qui le secoue à la lecture de ce fulgurant article … bravo !!! busard
Je viens de découvrir ton blog, grâce à ta visite… Je sais que j’y retournerai !
Ton article est magnifique : vivant et enlevé , il donne envie de lire le livre . Bisous !
… tu ne sais pas ? C’est ce que je voulais… Merci pour ta visite, Clerval, j’aime quand tu es là !
Et dans le livre Dulcinée existe t’elle en vrai. Voilà encore un leg de Cervantes à l’humanité.
C’est une question… Seb ?
… eh bien… C’est une bonne question, je te remercie de me l’avoir posée.
PS… J’ai commencé à parler de Dulcinée… mais je ne vais pas, déjà, tout dévoiler… Nous n’en sommes qu’au huitième chapitre !
Quichottine, tu es d’une témérité Donquichottienne !!!!!!….j’ai lu ton com…..je ne pense pas que tu aies vaincu !!!je t’assure que ce DQ là a une bonne cuirasse !!! Tu verras !mais, peut- etre, à nous deux pourrons-nous combattre ???????
Ce n’était qu’un premier abord… Tu sais, quand il faut combattre, mieux vaut d’abord tester l’adversaire. Qui sait ? Peut-être a-t-il une botte personnelle qui ne serait pas made in… Italy ?
Magnifique article. Merci. La traduction française de Francis de Miomandre (Collection hispanique chez Stock)chez nous semble la meilleure. Continue ! Bisous
J’aime aussi beaucoup celle de Francis de Miomandre…
C’est vrai que j’ai pris mes citations dans le premier texte français que j’aie eu sous les yeux (chronologiquement parlant). J’y tiens beaucoup. Pourtant je sais que ce n’est ni le plus facile, ni le plus proche du texte espagnol. On a fait beaucoup de progrès en traduction.
Il m’arrivera sans doute d’en citer d’autres, je le préciserai alors.
Là, elles sont tirées de la version de César Oudin, revue par Jean Cassou, pour les éditions Gallimard, ainsi que je l’ai précisé dans mon premier article de ce dossier Don Quichotte. J’espère que ceux qui viennent le lire avec moi auront la patience de continuer.
Merci pour ta visite. Ce commentaire me fait plaisir.
excuse-moi quichottine mais je ne l’ai pas lu. on sait biensur tous qui il est mais peut-être un jour la curiosité fera des siennes et me fera lire quelques centaine de pages pour ma connaissance culturelle. Tu as déjà commencé à bousculer ma curiosité, peut-être que d’ici peu je le prendrai en librairie… (pour l’instant je planche sur le fantastique de ray bradbury et bernard werber donc don quichotte fera un grand fossé!mais je suis très ouvert culturellement). JUJU
En réponse à ta soit-disant ignorance, je t’avouerai la mienne. J’aime bien Ray Bradbury, je n’ai jamais lu Werber… pourtant je n’ai rien contre, a priori. Merci, Juju, d’avoir été si attentif sur mon blog. @ bientôt.
De ton article, on voudrait ne retenir que « Don Quichotte et les moulins »…
Mais, ne serait-ce pas aller vite en besogne en laissant de côté Sancho ? Et surtout en ignorant Dulcinée…
Sans ces deux là, Don Quichotte aurait-il attaqué les Géants…
C’est drôle, car s’il est seul, on peut penser qu’il ne le fait que pour vouloir briller… et c’est (pour moi) la seule présence de Sancho qui donne à son geste une dimension « héroïque »…
Et si Dulcinée n’existe pas, à qui va-t-il recommander son âme…
Alors, oui, nous avons tous des Géants qui nous barrent la route, mais, pour pouvoir les affronter sans crainte, il nous faut notre Sancho et notre Dulcinée…
Don Quichotte ne serait rien sans l’un et l’autre… J’en suis intimement persuadée.
Alors, Yvon… J’espère que toi aussi tu as ton Sancho et ta Ducinée… les moulins, eux ne manquent pas !
Tu m’as tendu la perche, reconnais-le 😉
Merci d’être là… Que ta soirée soit douce, Yvon.
Bonnes questions…
Ai-je un « Sancho » ???
Je pense que non, car je ne suis pas ce qu’on appel un « meneur d’hommes »… J’aime l’esprit d’équipe…
Si j’avais à choisir mon « personnage », j’aurais aimé être Monsieur « Eric Tarbarly ». Il est l’image du Solitaire et pourtant c’est un homme qu’on suit. Il ne vous tire pas, il vous attire…
Ai-je une « Dulcinée » ???
Je pense que non, car ce qui fait le charme de Dulciné c’est qu’elle est aimée mais qu’elle l’ignore…Cela donne à DonQuichotte la force de lui affrir ses plus belles folies…
Et, si j’en avais une, je crois que je dirais tout de même Non…
Merci pour ce nouveau dialogue…
Sancho… je ne sais pas si tu en as, peut-être que oui, sans le savoir. Tabarly ? Oui, je t’imagine assez dans le rôle du navigateur solitaire, mais il ne l’était pas vraiment, il ne l’était que sur la mer.
A ce moment-là, il était seul physiquement, mais sans doute pas dans son esprit et dans son coeur. Je crois qu’on peut être seul au milieu d’une foule et être au contraire très entouré dans le désert… Ce sont les contradictions de la vie, de notre monde.
Tu parlais, chez toi, de cet espace vital que l’on protège dans la foule… je crois que c’est à ce moment-là, lorsqu’on est malmené de toutes parts, que l’on est le plus seul. Sauf si l’on a de la chance, et que tel un « Sancho » qui ne serait là que pour nous donner la possibilité de mieux exorciser nos angoisses, l’ami est là, tout près, et nous fait un rempart de ses bras.
Dulcinée… je suis d’accord avec toi.
Moi, je pense que nous avons tous, quelque part, une Dulcinée, que l’on soit homme ou femme, peu importe. Dans L’Homme de la Mancha, l’une des chanson disait « chacun sa Dulcinea… ». Je crois que Dulcinée, c’est celui ou celle pour lequel on est capable de franchir les montagnes, de se surpasser, sans qu’il soit vraiment important qu’elle ou il le sache. Mieux que l’amour, en somme… Mais si fragile.
Merci, Yvon, d’être là encore ce matin… Passe un beau dimanche.
Quand j’étais jeune il y avait une bande dessinée dans le journal qui relatait les aventures de Don Quichotte, mais je n’étais pas amateure de bande dessiné. Ce sont les dessins qui me l’on rappelé.
Ah… je ne l’avais jamais lu en BD avant de chercher moi-même des livres…
C’est vrai que j’ai utilisé des images de BD ici. Merci pour ce partage, Solange. j’aime bien quand tu viens, tu me fais relire mes anciens billets…
C’est vrai que l’on pense tout de suite : « Don Quichotte, celui qui se battait contre des moulins à vent ». Et cet épisode tient en quelques lignes. Pourquoi l’a-t-on retenu de préférence ? Peut-être parce que les moulins représentent les ennemis à l’intérieur de soi-même, ceux que l’on imagine, que l’on se crée, ou des pensées qui nous parasitent et que l’on doit combattre…
Bisous, Quichottine, et bonne soirée !
Je suis d’accord avec ton analyse… en fait, je pense qu’il y a du génie dans cette description et que les penseurs ont pu s’en approprier parce que c’était à peine plus long qu’une citation… un texte qu’on pouvait mettre dans tous les livres, les anthologies scolaires, sans que rien ne manque.
Bisous et douce soirée à toi aussi. J’avoue que je me régale à te lire.
Kikou Quichottine 😉 Wouahhhh, quelle verve … J’ai visité de beaux moulins il y a un moins en charentes maritimes. Mais don Quichotte était absent. lol Bonne journée à toâ. Bises…
Forcément… parce que depuis quelque temps, je le garde avec moi… (rire)
merci pour l’homme de la mancha , je connaissais , ce petit cion de ton blog , pour moi il est GEANT !! bravo ;
moi aussi je passe , et je repasserais 😉 biz
Merci Gari… @ bientôt, donc !
Forcément, les moulins. Rien que par cette image, c’est tout notre hidalgo qui échappe totalement à son créateur.
On a tous nos moulins : Tiens, quand on quitte le sein maternel pour la nounou, quand on rentre à l’école, quand on rencontre le premier amour de sa vie, quand on passe la nuit avec, quand on touche son premier salaire, quand on s’installe chez soi, quand on a son premier enfant…
Bref dès que la vie tourne comme les ailes du moulin, on échappe à son créateur.
Mais ce faisant passe-t-on à la postérité comme Don Quichotte ?
Les moulins… Je vois que tu connais aussi… (d’ailleurs, pour être allée paresser chez toi aussi, j’en ai vu quelques-uns, et des beaux, des forts, de vrais géants à combattre !!!)
Il n’y a qu’un seul don Quichotte, mais il a fait de nombreux émules…