Don Miguel

La seconde BD que je vous proposais l’autre jour a été publiée chez Glénat, en 2003.

Hidalgos-BD
Pierret-Venanzi, Hidalgos, t.1 : Don Miguel, 2003, Glénat (22 x 29,5 cm)

   
4e de couverture :

Sancho, si tu cessais de geindre, je pourrais te raconter l’histoire d’un homme qui, par ses qualités de courage et de patience, accéda au fait de la gloire. Il s’appelle Miguel de Cervantès… Sa vie fut sujette à mille dangers et mille infortunes. Ainsi débute ce récit épique au cours duquel Don Quichotte narre l’histoire édifiante de son célèbre créateur…
Michel Pierret et Marco Venanzi, deux fidèles de la collection Vécu, animent cette fresque où histoire et fiction se mêlent avec bonheur.

Si l’on va sur le site des éditions Glénat, on peut en apprendre un peu plus

Hidalgos est la nouvelle série de deux auteurs habitués de la collection Vécu : Michel Pierret et Marco Venanzi, respectivement dessinateurs des Aigles Décapitées et de Masquerouge. Ils se sont associés pour nous conter en une histoire passionnante, la vie de Cervantès, l’auteur du célèbre Don Quichotte. Mais toute l’originalité de cette BD est que cette histoire nous est narrée par Don Quichotte lui-même, comme si la fiction inventait le réel. Pierret scénarise et les deux auteurs se partagent le dessin (« l’homme de la Mancha » pour Pierret, Cervantès pour Venanzi) de cette nouveauté Vécu très séduisante.

Si nous nous en tenons à ce qui est annoncé sur le site de l’éditeur, ce qui relève du roman de Cervantès est dessiné par Michel Pierret.

Les vignettes (noir et sépia) se rapportant à Don Quichotte contrastent avec les vignettes colorées de Marco Venanzi qui retracent la biographie de Cervantès.

En fait, les épisodes du roman sont peu nombreux :

  • Les moulins à vent (sans bataille, p.14)
  • L’arrivée à l’hôtellerie qu’il prend pour un château (p.37, don Quichotte y raconte la bataille de Lépante)

Don Quichotte ici n’est que celui qui raconte à un Sancho affamé l’histoire de Cervantès.

Dans une plaine de la Manche…
– Heu… Votre grâce ?…
– Oui, Sancho !
– Allons-nous longtemps encore chevaucher, le ventre creux, sous ce soleil de plomb ?…
– Mon bon Sancho, cesse de te plaindre et fais contre mauvaise fortune bon cœur… Celui qui voyage beaucoup voit et apprend beaucoup !
– J’en conviens aisément. Mais cela ne nourrit point son homme… ni ne l’abreuve ! Or pour l’heure c’est bien ce qui me préoccupe, tant il est vrai que nos réserves sont épuisées depuis belle lurette !
– Allons ! Nous trouverons bien une auberge pour nous sustenter ! (p. 6)

Pierret & Venanzi, 2003, p. 14.
donmiguel2-edited.JPG

L’épisode des moulins à vent n’est que suggéré dans les vignettes de la page 14, mais nous ne pouvons pas éviter d’y songer alors que don Quichotte et Sancho traversent un décor encombré de moulins et que le valet demande si Cervantès a dû « affronter des brigands » ou « se battre contre certain géant ».

Les aventures de Cervantès ne sont bien sûr pas à mettre entre toutes les mains, il faudrait sans doute censurer une ou deux vignettes, mais le héros est attachant et le parti pris de faire raconter le romancier par don Quichotte permet des rapprochements intéressants.

J’ai aimé… mais plus encore la dernière anecdote : Cervantès, sur le bateau qui le ramène en Espagne, va apprendre à lire à son ami Nicolas.

(…) Il me tarde de regagner l’Espagne, à présent que Don Juan en personne m’a réhabilité !
– Ce n’était que justice, Monseigneur ! Mais  j’ignorais jusqu’ici votre condamnation !…
– Hein… Mais tu aurais dû le savoir ! Le document perdu par Santa Cruz et que tu as ramassé en attestait !
– C’est que… Votre Grâce… Je… Je ne sais point lire !…
– Grand Dieu ! Est-ce possible ? Dans ce cas il faudra que je t’apprenne ! Tiens, regarde, c’est facile…
– Dans… un… village… de… La… Manche… (p. 45)

La page manuscrite que Cervantès donne à lire à Nicolas est le début du roman et la fin de l’histoire du romancier dans l’album.

La dernière planche concerne don Quichotte et Sancho.
Le premier disserte philosophiquement en citant Quevedo tandis que le second, Sancho, plus prosaïque, s’écrie un « J’ai faim, Votre Grâce ! » qui sera la dernière réplique de l’album.

D’ailleurs nos vies elles-mêmes ne sont-elles pas des histoires que nous nous racontons ?… et comme l’a dit le poète  : « Bien des choses ici semblent exister qui pourtant ne sont que nom et apparence » !
– Si fait, Votre Grâce, mais une chose est bien réelle cependant…
– Laquelle, ami Sancho ?…
– J’ai faim, Votre Grâce ! (p. 48)


Pierret-Venanzi, Hidalgos, t.1 : Don Miguel, 2003, Glénat

16 commentaires à propos de “Don Miguel”

  1. Merci Quichottine j’ai lu !!!!
    je n’achète que très rarement de livres ou BD, je passe par la bibliothèque du village, ce qui me fait faire de sacrés économies, … toujours pour nos voyages
    gros bisou

    • C’est vrai… je n’y ai pas pensé.

      Tu pourrais peut-être l’emprunter à la bibliothèque lorsque tu ne pars pas en voyage ?

      Gros bisous et douce soirée à toi.

    • Bonne journée Fancri… j’ai beaucoup pensé à toi ! J’ai photographié des escaliers pour ta collection !

  2. C’est vrai que ta passion est communicative. Et je dirais bien qu’une fois de plus, on a envie de lire cette BD mais rassure-toi, je ne le ferai pas 😉

    • Ah bon ? Pourquoi ? Tu peux sans doute la feuilleter en bibliothèque ou dans ta librairie habituelle… sans pour autant l’acheter ! (clin d’oeil taquin)

  3. Merci Quichottine j’ai lu !!!!
    je n’achète que très rarement de livres ou BD, je passe par la bibliothèque du village, ce qui me fait faire de sacrés économies, … toujours pour nos voyages
    gros bisou

  4. C’est vrai que ta passion est communicative. Et je dirais bien qu’une fois de plus, on a envie de lire cette BD mais rassure-toi, je ne le ferai pas 😉

  5. Ce que je trouve prodigieux, c’est de s’emparer d’une oeuvre et de la marquer de sa propre optique, d’en offrir une lecture originale, vue sous un autre angle.Merci pour ces découvertes . Et quelle étude complète, de ta part!

  6. Bonjour Quichottine. J’avoue que je suis admirative de ta passion pour cette oeuvre que tu nous fait découvrir ou redécouvrir. Bravo!

    • Bonjour Eolina ! Tout peut s’expliquer. Mais, heureusement pour moi, il n’y a pas que Don Quichotte…

  7. La guerre des bisous est déclarée sur la blogosphère ! Pleins de bisous pour toi ! et retour à l’envoyeur (moi) bisous !

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