Jeanne m’a demandé si j’allais continuer mon abécédaire… j’avoue ne pas avoir de réponse à cette question.
D’ailleurs, en réfléchissant bien, je manque de réponse à chacune des questions que j’ai pu me poser depuis quelques mois.
Je voudrais disposer d’un bouton “reset”… pour parler le langage franglais auquel nous avons recours lorsqu’il s’agit d’ordinateur ou d’informatique.
Reset… réinitialiser. Recommencer. Repartir à zéro. Remettre en place ce qui ne l’est plus. Re… re-quelque chose qui pourrait exister, qui aurait pu exister si…
Ce serait tellement facile !
Ne pas tenir compte de ce qui comptait tant, justement.
Est-il possible de réinitialiser sa propre vie ?
Est-il possible de faire abstraction de ce qui a été mis en place, patiemment, au fil des ans ?
Vous me direz sans doute que ce sont des questions absurdes, que je me pose sans raison, parce que j’en ai le temps, même si je n’en ai pas le désir.
En informatique, on peut décider de tout remettre à zéro, ou, comme sur n’importe quel appareil connecté, retrouver les réglages de sortie d’usine.
Est-il possible de retrouver… c’est totalement incongru. J’allais demander si l’on pouvait revenir à l’avant de la naissance. Récrire depuis le début l’enfance et l’adolescence, choisir de naître ou de ne pas naître, ce qui parfois serait sans doute mieux.
On ne peut pas choisir, on n’a pas vraiment de choix que d’ouvrir une porte plutôt qu’une autre aux âges clés de la vie.
Je ne suis pas née en France, du moins dans la France d’aujourd’hui, là-bas, cela s’appelait “Cochinchine”… je ne suis française que par filiation, encore que… si je fouille un peu… ma mère ne l’était que par son mariage avec un “vrai” Français, mi Breton-mi Normand.
Elle, c’était une réfugiée venue de l’un des pays de l’Est de l’Europe. Elle adopta la France, la religion de son mari, sa langue, et ne garda de la sienne que ce qu’elle consignait dans son petit cahier personnel, afin que nul ne puisse lire le fond de sa pensée.
Je me demande si Maman fut heureuse pendant les quarante-cinq années de sa courte vie. Je ne sais pas.
J’écoutais l’autre jour un spécialiste dire que les orphelins sont seuls à avoir des parents parfaits. C’est sûrement vrai.
Je n’ai pas vu maman vieillir, j’ai peu de photos d’elle, alors, elle est toujours pour moi “la plus belle du monde”…
Moi, je vieillis…
Comme le chantait Brel…
“Mourir, cela n’est rien
Mourir, la belle affaire!
Mais vieillir, oh vieillir”
Se rendre compte de ses faiblesses, de ses manques, de l’impossible qui nous guette à chaque pas, dans chaque projet entamé, dans ce qui ne sera sans doute jamais terminé.
C’est, je crois, Emma, qui me l’avait écrit un jour. Il y aura toujours un ouvrage inachevé.
C’était le cas pour ma mère. Le gilet et la jupe plissée trouvée dans son placard, pour qui les avait-elle commencés, que sont-ils devenus lorsque mon tuteur vida la maison ?
Je l’ignore.
J’ai achevé pour celle qui la remplaça tant bien que mal le canevas qu’elle avait commencé pour mon fils, un bateau à voile… j’ai achevé pour elle aussi la descente de lit qu’elle avait préparée pour ma fille aînée. Est-ce le rôle des filles de poursuivre l’ouvrage des mères disparues ?
Des questions inutiles. Il faudrait vivre aujourd’hui sans se demander si tout cela compte vraiment.
J’ai donné ce dimanche à ma plus jeune fille un joli pull que je venais de terminer. J’aurais pu le remiser jusqu’à Noël, comme je le fais habituellement. Mais j’avais besoin d’être rassurée, de savoir que ce pull lui allait, lui plaisait… que j’étais encore capable de faire quelque chose de mes dix doigts et que ce ne soit ni trop grand, ni trop petit, ni trop… bref, que c’était adapté.
Mais, quand elle est repartie avec ses enfants, j’ai retrouvé le silence de mon logis, celui qui m’envahit de plus en plus, et je me demande ce que je vais faire des cadeaux qui attendent au fond de mon placard un Noël que je n’espère pas vivre.
Voilà… Je n’ai pas ce bouton si pratique, je ne peux pas réinitialiser ma vie. Je dois vivre, survivre, dans un monde que je ne comprends pas, entourée de gens qui pensent tout savoir, qui n’acceptent jamais d’avoir peut-être tort.
Moi… Je ne suis rien.
…
« Je dois vivre, survivre, dans un monde que je ne comprends pas, »
Que c’est vrai Quichottine, et pour les orphelins je ne suis pas du tout certaine de la réponse que propose cette « spécialiste » !
j’espère survivre le moins longtemps possible trouvant le monde vers lequel nous nous dirigeons cauchemardesque.
Je ne souhaite pas être réinitialisée … être et ne pas naître me convient mieux.
Je t’embrasse
Un monde cauchemardesque… oui, je crois que c’est ça.
Mais faut-il vraiment désespérer tout à fait ?
Je souhaite que tout aille mieux, bientôt, pour toi, pour moi.
Je t’embrasse fort.
Je vous ai envoyé un mail il y a quelques temps. L’avez-vous reçu ? Je n’ai peut-être pas la bonne adresse.
Je ne crois pas qu’on puisse faire « reset » mais on peut peut-être mettre dans son sac à dos ce qui, du passé, peut nous soutenir. Pour le pull, j’aurais fait pareil.
Bonheur du Jour (http://bonheurdujour.blogspirit.com)
Bonjour Marie,
Oups, je suis navrée, votre mail s’était retrouvé dans les spams…
Je vous répondrai bientôt, merci pour tout.
Bonsoir Quichottine,
La réinitialisation n’existe que dans le domaine de la science-fiction, et il ne faut pas le regretter. Notre passé, avec ses échecs, ses déceptions, ses malheurs en tous genres, mais avec aussi avec ses points positifs, fait partie de notre personnalité, et il n’est pas interchangeable.
Pendant les moments difficiles, il est primordial de garder, voire d’intensifier les contacts avec ses connaissances, sa famille, ses amis. Cela permet de reprendre des forces et même de devenir plus forts.
Courage, et à bientôt
PS : Après deux ans et demi d’absence, j’ai décidé de revenir dans la blogosphère
Bonjour Antoine,
Votre adresse ne mène plus nulle part, aucun blog à votre nom… l’avez-vous supprimé ?
En tout cas, il est inutile de persister à inscrire en commentaire une adresse qui semble ne plus exister. Ces commentaires restent en attente jusqu’à ce que je les supprime et cela nuit à tous.
Merci.
Votre adresse pour les commentaires : https://histoiresentrechienetloup.wordpress.com/