J’étais chez Dany, avant-hier… et je lui ai écrit : “Si j’osais…”
–Incroyable ! Il y a donc des moments où tu n’oses pas ?
Évidemment ! D’abord, ce n’est pas aussi simple que tu le crois… Tu as une idée, tu demandes… et puis, le temps passe et ceux à qui tu as demandé une image s’interrogent…
– Ils pensent que tu as changé d’avis, que tu n’as plus envie ?
Je ne sais pas… peut-être. Alors, il m’arrive de ne plus demander…
– Alors, là, pourquoi as-tu écrit cela en commentaire ?
Parce que l’aquarelle était belle, que j’ai eu envie de raconter, tout de suite, pas demain…
– Et tu ne l’as pas fait ! C’est pas bien !
J’avais des circonstances atténuantes…
– La belle affaire ! Et peut-on savoir lesquelles ?
Je devais me préparer, me faire belle…
– Et pourquoi donc ? À moins qu’il ne faille te demander pour qui ?
C’est indiscret ! À mon âge, vois-tu, j’ai le droit d’avoir de “vrais” secrets.
– Tu me fais rire ! Tu sais bien qu’un secret, une fois confié, n’est déjà plus tout à fait un secret !
Voilà ! Pourtant, là, je pourrais te raconter… juste un peu.
Chaque jour, à la même heure, je me fais belle – enfin le plus possible, parce que tu sais bien que ce n’est pas gagné lorsqu’on n’a pas avec soi une armada de stylistes, coiffeurs, manucures, esthéticiennes, voire un chirurgien esthétique pour gommer les imperfections que l’âge accentue…
– Stop ! Je me demande s’il existe quelque part quelqu’un qui dispose d’un tel privilège… et d’abord, comme tu es, moi, je te trouve très bien. Il suffit juste que tu t’arranges un peu, que tu te passes un coup de peigne et que tu ôtes ce tablier qui ne t’avantage pas vraiment…
Il n’est pas fait pour m’avantager ! M’enfin ! Il est juste là pour économiser mes vêtements, comme autrefois… Une blouse sur la robe, un tablier sur la blouse, et l’on pouvait vaquer à ses occupations, fussent-elles très salissantes !
– Tu vas donc garder ton tablier ?
Oui… mais je vais me coiffer, mettre dans mes cheveux le petit peigne d’ivoire qui les fixe sur le côté pour me dégager le visage… et…
– Et…?
Et, lorsque je serai prête, j’ouvrirai ma porte, comme chaque jour depuis plus de trente ans…
– Tant que cela ?
Oui… et, comme chaque jour, je l’attendrai, elle…
– Ah là, je suis déçu, tu aurais pu l’attendre, lui…
Non, ce sera “Elle”, elle que j’ai vu d’abord passer dans un landau, puis une poussette, puis sur ses petites jambes qui dépassaient à peine d’un manteau trop grand… Elle que j’ai vu sourire quand elle fut plus grande, qui s’arrêtait parfois lorsque j’étais en retard…
– C’est arrivé ?
Hélas ! On ne fait pas toujours ce qu’on voudrait… mais pas souvent.
Elle qui a frappé à ma porte les jours où je ne me montrais pas, qui m’a apporté des fleurs cueillies sur son chemin : des pâquerettes, des coquelicots, des bleuets… toujours avec le même sourire, au début sans rien dire.
Elle, elle qui m’a raconté ensuite tout ce que d’autres ne voulaient pas écouter… ses rêves, ses désirs, ses peines aussi…
Elle qui est devenue si grande qu’il a fallu qu’elle ait un jour un amoureux…
– Ah ! Ensuite, elle n’est plus passée ?
Que vas-tu chercher là ? Mais si ! au contraire… et, quand il faisait froid, ils entraient tous les deux et s’asseyaient devant le feu…
Moi, je faisais semblant de m’endormir…
– Pourquoi ?
Il faut tout t’expliquer ? Mais c’est bien simple ! Pour ne pas les déranger…
Elle, elle souriait toujours, elle disait : “Chut… il faut la laisser se reposer…” et lui, il mettait sur mes genoux une courtepointe légère comme de la dentelle et chaude comme de la fourrure…
Ensuite, ils s’en allaient, en refermant tout doucement la porte, pour ne pas me réveiller.
– Mais tu ne dormais pas vraiment, si ?
Non, bien sûr ! Mais c’était si doux de les voir s’occuper de moi, comme si j’avais eu de nouveau un enfant…
– Il te manque ?
La vieille dame secoua la tête sans rien dire… Comment parler de celui qui était mort au loin, dans une guerre qui n’était pas la sienne ?
Alors, tu comprends, il faut que je me prépare ou je vais la manquer… elle s’inquiètera si elle ne me voit pas !
Elle a grandi encore, de très fins fils d’argent brillent dans ses cheveux lorsqu’elle vient tête nue… C’est elle maintenant qui regarde son petit courir sur le chemin, et c’est lui qui, bientôt, viendra me raconter ce que je serai seule à pouvoir écouter…
© Quichottine, 12 février 2015
….
Merci à Dany pour cette image sans laquelle mes mots n’existeraient pas.
…
Une belle image, et bien faite pour t’inspirer, toi qui déclines si bien, de texte en texte, ces motifs de l’attente, et de la douceur mêlée du souvenir et de l’espérance.
J’ai là-bas l’histoire touchante de cette vieille dame inquiète quand le fils encore avec elle avait du retard, qu’importe son âge une maman reste une maman… ,-) merci pour le tout, bises de JB
C’est très beau…
Merci Quichottine
Douces pensées
Je reviens lire plus attentivement.
Journée surchargée …
Bonne fin de semaine, ma chère Quichottine.
Bisoux doux.
dom
Magnifique et très émouvante ton histoire Quichottine
MERCI
Bises
Bonjour Quichottine
J’aime ces mots doux qui sortent de ton vecu pour nous rappeler nos propres vecus !!
Merci , Le tableau est effectivement très touchant !
Bises
Quchottine ! Tes mots , tes phrases ne sont que douceur !!
Je te ressens si douce ! Je ne t’ai jamais vue ou aperçue ! mais je te ressens si DOUCE !
BISOUS Quichottine ; Dis moi ? là que j’y pense : Est-ce que DON QUICHOTTE n’est pas l’origine de Quichottine ?
A BIENTTOT
any
Comme ton histoire est belle et si humaine !! Quant à l’aquarelle, on dirait qu’elle parle… Merci de ce partage et bon wk, Quichottine.
Attendre, pour ne pas se résoudre… C’est frustrant, usant. Attendre et se réjouir à l’avance d’une chose annoncée, tout le plaisir est là, fébrile et si doux.
Quelle chance elle a, cette vieille dame, d’avoir ce bonheur quotidien !
Un texte magnifique!
Pour une bien jolie aquarelle. Besos amiga
une douce aquarelle qui a ouvert la porte à tes mots et qui les a laissés entrer pleins d’émotion dans notre cœur.
simplement beau duo.
Que c’est beau ; tes paroles coulent si naturellement qu’on imagine l’histoire . Un joli tableau qui me rappelle quelques vieilles dames de mon village qui guettaient le passage des gens , pour bavarder un moment .Il en reste encore une ou deux …
Ps: cette nuit j’ai rêvé que tu avais eu un bébé de 1, 700 kg (c’est précis , tu vois) ! hi!hi!
On se demande parfois d’où viennent les rêves !
Je te souhaite une belle journée. Bisous
Attendre le passage du rayon de soleil du jour comme certains attendent le facteur… Une histoire de tendresse qui te ressemble :-))
une image qui t’emporte loin à l’intérieur
bises et belle journée Quichottine
Quelle belle aquarelle. Tu as une manière de raconter qui me touche beaucoup Quichottine. Et c’est toujours un bon moment de passer chez toi. Bonne journée, bises.
C’est une histoire bien douce et bien touchante.
Tu as été fort bien inspirée par cette image de maman.
Bonne journée ma Quichottine et gros bisous
Annick
Que c’est doux à lire, c’est presque comme une peinture qu’on découvre détail après détail.
Merci pour ce très beau moment tendresse de vie.
Bonne journée à toi.
Coucou ma Quichottine pour cette photo qui t’a inspiré tant de jolis mots. Merci ma belle. Bises et bonne journée. ZAZA
J’adore ta poésie et ta façon de conter les histoires.
Cette aquarelle est très belle, et tes mots l’habillent si bien …… Je t’embrasse Dame, et je souhaite une journée aussi belle que celle que nous avons ici
Je TE souhaite… pardon
j’adore !
une très belle histoire, Merci !
bonne journée à toi, ici le soleil est loin…c’est tout gris, mais pas grave, près du feu de cheminée
en « mode tricot », Merci de tes visites et gentils mots,
Bisous, MIAOU !!!!
Elle est belle cette attente quand vient un soleil au bout du chemin!
Un jour, peut-être, serons-nous au seuil d’une porte, le coeur rempli d’espérance et d’images bonheur.
Bises Quichottine, belle journée
un joli dessin qui t’a bien inspirée !! plein de tendresse, d’émotion !
la scène s’est déroulée devant moi avec tes descriptions touchantes et timides !!
je t’embrasse ! bon vendredi 13 plein de chance !!
Très émouvant.
Tout est dans ce que tu n’écris pas, entre les lignes comme on dit.
Je resterais bien avec elle à les attendre.
Bisous tendresse.
Tout simplement j’ai aimé ton histoire et elle m’a touchée. Beau week-end
salut
Ma mère est partie au ciel lorsque j’avais 4 ans mais je comprend les mamans quand elles s’inquiètent pour leur fils
bonne journée
Attente
Inquiétude
Beaucoup d’émotions dans ton texte…
L’aquarelle est magnifique!
L’inspiration venant d’une belle image, j’y crois
Texte et illustration magnifiques.
Merci Quichottine du plaisir que tu nous donnes.
C’est vrai que l’aquarelle parle. Tu as bien fait d’oser demander car elle a fait glisser tes mots comme une caresse. Comme cette caresse que la vieille dame ressent lorsque les jeunes s’en vont.
Cette attente depuis le petit ventre rond, la naissance, les pas … puis … les confidences … puis l’amoureux.
Merci Quichottine je me suis régalée.
Bisous aussi doux que ceux que recevait cette dame.
doux et tendre comme l’aquarelle, merci Quichottine, merci à toutes les gentilles grand-mères qui ont un tablier
C’est un joli texte. j’ai cru pendant un moment que tu nous parlais de toi. Bisous
😉 mon épouse met aussi un tablier pour les occupations de campagne !
belle et émouvante cette histoire Quichottine … bon week-end
Très joli et puis après pas facile toujours de jouer avec un bon commentaire
A bientôt
Il n’y avait que toi pour écrire une histoire si douce, si tendre…
C’est drôle, j’ai ouvert ton blog alors que je venais juste de quitter celui de Dany.
J’avais beaucoup aimé ce pastel mais je n’avais pas eu le temps de lui laisser de commentaires.
Je n’ai pas beaucoup de temps et quand j’en ai je le passe souvent à la fenêtre. Tu devines pourquoi !
Plein de doux bisous et nos amicales pensées à vous deux.
Une histoire où le temps n’existe pas…Bon WE VITA
Belle histoire de fidélité, de temps qui passe
Magnifique conte d’une grande sensibilité.C’est beau d’avoir un instant privilégié où l’on attend quelqu’un et pour qui on se fait belle ! Tu as donné une âme à l’aquarelle, déjà très belle.
Douce soirée, bises Quichottine
Bonsoir Quichottine
J’étais passée vite fait ce matin…. et puis j’ai eu une journée bien trop remplie… mais j’attendais avec une certaine fébrilité… je voulais lire les commentaires!! hum que c’est bon! je savoure ! Tu as su si bien faire passer les mots qu’il fallait sur cette aquarelle! Plein de douceur et de tendresse et combien cela a touché tes nombreux lecteurs….. merci! je suis comblée!
Je t’embrasse fort et passe une douce nuit et une belle journée!
Dany
J’ai dévoré les mots de ton histoire très émouvante.
Encore une belle image inspirante.
Bon week-end, ma chère Quichottine.
Bisoux doux.
dom
De jolis mots comme tu sais le faire pour nous parler de cette attente en douceur et sensibilité.
J’ai bien aimé ton histoire et l’image de Dany.
Bon week-end
Bises
Bonjour Quichottine,
Ta façon d’écrire me fait rêver ! Émotions, tendresse, et une touche de douleur apparaissent dans cette merveilleuse histoire .
Merci à toi Quichottine et Dany pour cette belle image
Je te souhaite une tendre et merveilleuse journée
Quelle merveilleuse histoire, je comprends que l’aquarelle de Dany t’ai inspirée, merci à elle et à toi, c’est très émouvant Quichotine
Je pense aussi à toutes ces personnes âgées dans les maisons de retraite qui attendent une visite…
Je t’embrasse
Coucou, douce Quichottine
Une très belle aquarelle, une histoire qui te ressemble…. Le tout très émouvant !
Comme j’aime venir chez toi !
Douces pensées
Une histoire à fermer les yeux … de crainte qu’une larme ne s’en évade! Une histoire à ne pas ajouter un mot de plus … si ce n’est ‘merci pour cet instant de grâce’; Simone
Une aquarelle qui t’a bien inspirée et ce fut un vrai plaisir que de te lire. Que de douceur à la fois dans cette attente et aussi dans la passage de « celle » pour qui tu te fais belle. L’émotion émerge.
Dany a aimé et est comblée.
J’ai bien aimé le passage avec le tablier qui m’a rappelé ma mère, très coquette, avec ses tabliers à fleurs.
Douce fin de journée Quichottine !
J’ai mis un commentaire tout-à- l’heure, mais pas moyen qu’il s’enregistre. Et là, je ne vois plus les coms des autres. Il doit y avoir un bug. Je reviendrai.
quelle magnifique histoire émouvante tu as écrit à partir de cette belle aquarelle ! Merci Quichottine
bisous et bonne soirée
Même sans tablier et pas encore trop de cheveux gris… je suis une maman attentive et parfois inquiète pour mon grand-titiot 🙂
Douce soirée de Valentin(s) ma Quichottine… Je t’embrasse.
Très beau texte sur cette aquarelle. L’avantage d’avoir vécu c’est qu’on devient plus sensible au belles choses.
Je suis bienheureuse que tu aies osé ! bises Quichottine
Joli, tendre, très émouvant
Du quichottine pure laine , comme dirait un québécois!
J’aime
Merci ma Quichottine
Gros bisous
😉
ps: à propos d’images, je crois que j’ai un peu oublié mon dessin de vieille dame. Il me faut le reprendre.. si j’ai encore du temps?
une histoire bien émouvante pleine de souvenirs
Très belle histoire, mais est-ce une histoire ou L’histoire? Quelle folie que de vouloir faire cette distinction puisque avec presque 7 milliards d’êtres humains UNE histoire s’avère très probablement L’histoire de l’une ou l’un d’entre eux
Belle aquarelle !
et comme elle a su bien t’inspirer !
Superbe histoire, tu m’enchante toujours autant
Je suis béate de voir comment d’une simple image, tu crées une merveilleuse histoire
Merci pour ce partage
Je t’embrasse
Chère Quichottine qui me prend par la main…. me voilà petit fille près de l’âtre à écouter tes mots plus que je ne les lis…. l’ambiance est là, puis vient l’aquarelle qui est son portrait craché! Merveilleuse conteuse toujours et ma parenthèse est bonheur .
Gros bizzoux !
C’est fou ce talent pour écrire une histoire à partir d’une simple image
Aooouf ! beaucoup d’émotions en lisant ce texte… Je ne peux rien dire d’autre…
Merci Quichottine pour ce moment extrêmement fort !
Bisous d’amitié
quel tendre texte ! en voyant l’aquarelle, je songe à ma mémé … bises
les vieux,
ils ont toujours un souvenir qui revient un instant et qui s’efface
avec un mot tout juste marmonné …
et le regard se perd dans un espace sans horizon…
ils attendent celui qui est parti loin et qui ne donne pas signe de vie
un coin de tablier ou un doigt qui essuie une larme presque sèche…
le temps de vivre touche à sa fin…
on y peu rien!!