Martin Gray, La vie renaîtra de la nuit

En relisant ce livre, je me demandais si Martin Gray était encore présent dans notre mémoire collective.

C’est quelqu’un dont on avait beaucoup parlé lors de l’incendie où il avait perdu sa femme et ses quatre enfants. J’avoue ne pas vraiment m’être penchée sur sa vie, sa position sociale, ni même franchement sa bibliographie. J’ai lu, comme beaucoup à mon époque, “Au nom de tous les miens”, récit inoubliable, mais que sans doute beaucoup ont déjà oublié.

C’est d’abord un témoin, de la guerre, des ghettos, des camps de concentration, des violences et de la barbarie… de tout ce que je croyais pouvoir être éradiqué et qui revient partout dans notre monde d’aujourd’hui.

C’est ensuite un écrivain qui a un jour tout perdu de ce qu’il avait pu construire. Touché dans ce que l’homme a de plus précieux, sa famille, ses enfants…

Il a survécu, a lutté pour faire connaître son histoire, la mettre à profit pour lutter contre toutes les aberrations qui détruisent notre planète.

Les feux de forêt de cet été sont la preuve que nous ne faisons pas assez pour la préserver… et je pense à tous ceux qui aujourd’hui encore voient leur vie et tout ce qui leur tenait à cœur disparaître en fumée.

Alors, j’ai relu “La vie renaîtra de la nuit”, en gardant de ma lecture tout ce qui était la preuve que l’on peut renaître aussi, survivre à la perte, reconstruire.

Il faut beaucoup de courage, beaucoup d’énergie, et, plus que cela encore, il faut ceux sur qui l’on peut s’appuyer, ceux qui restent fidèles, ceux qui savent combien c’est important.

À travers les actions de la fondation créée, qui vit grâce aux droits d’auteur de ses livres, sans doute aussi grâce aux dons suscités par la noblesse de la cause, “protection de l’homme à travers son cadre de vie”, il alerte, il informe, il donne à chacun la possibilité d’agir, à sa mesure.

“Un enfant, un arbre”, “Une école, une forêt”… tant de possibles qui deviennent réalité dans les différentes régions de France et d’ailleurs.

Parfois, nous baissons les bras, nous nous disons que cela ne sert à rien, qu’il faut que d’autres s’en occupent, ceux qui savent, ceux qui décident… c’est vrai aussi, ils doivent agir, mais nous devons les soutenir, nous devons leur montrer que nous y tenons vraiment.

Nous pouvons être tentés par l’inaction, le repli, car, après tout, tant que nous ne sommes pas concernés personnellement, que nous importent les événements naturels, les violences humaines ?

Mais je crois que ce n’est pas raisonnable, car même si tout cela nous semble loin, rien ne dit que ce ne sera pas demain à notre porte.

Alors, oui, j’ai lu, j’ai relu… je me suis attachée aux derniers mots de son roman.

“Il est des pays où souffle le vent des grands murs d’arbres. Ils courent à travers champs, les arbres sont serrés les uns contre les autres, frères.
Le vent les penche mais ne les déracine pas.
C’est à ces arbres des pays de vent, ces arbres qui résistent à l’orage que je veux penser.
Et pour Barbara, je veux que Virginia et moi, nous soyons ces arbres-là.” [p.367]

Barbara, c’est l’enfant qui vient de naître, l’aînée de sa nouvelle famille, l’enfant de l’espoir, de l’avenir où tout reste encore possible.

Pour elle, il écrit enfin les dernières pages, comme un poème, un testament, à lire et à relire quand elle sera plus grande. Je suppose que, née en 1976, Barbara a fait siens les mots que lui avait dédiés son père.

“[…]
J’aurais voulu, ma fille
Barbara
t’offrir un monde de paix.
[…]
Choisis de rêver avec eux
Le rêve est ce qui les distingue de la pierre.
Ils croient, même s’ils ne savent pas qu’ils croient,
que l’avenir pour eux ou pour ceux qu’ils aiment
sera meilleur.
Cela n’a l’air de rien
Ce n’est cela qu’une chanson banale
Mais ceux qui la fredonnent sont hommes
Et les autres ne sont rien.
[…]
Choisis de croire
Il n’est pas de plus folle raison
Barbara
De plus sage aventure
Et si tu doutes parce que les murs t’oppressent un jour,

Imagine encore plus haut, plus loin.
Choisis le plus impossible des rêves
Et laisse-toi porter par lui.”

Martin Gray, La vie renaîtra de la nuit, chapitre XX, “Pour Barbara”, extraits (© Le livre de poche, n°5292, 1977, p.368-371)

46 commentaires à propos de “Martin Gray, La vie renaîtra de la nuit”

  1. Bonsoir Quichottine, un drame que celui-là…je m’en souviens, vaguement, merci de me le remettre en mémoire… douce nuit, bises JB

  2. Je me souviens du drame de Martin Gray et je n’ai lu aucun livre de lui. Les extraits et notamment le poème à sa fille me donne envie de lire ce livre. Bisous et belle semaine

  3. Le poème de Martin Gray que tu cites en conclusion de ta belle page est admirable.
    Oui, je me souviens de cet auteur et du drame qu’il a vécu. On ne parlait pas de résilience à l’époque, mais il en est un vivant exemple.
    Soyons à l’écoute de son credo.
    Bonne semaine, Quichottine, empli d’élan positif, vital.

  4. De lui je n’ai lu que « Au nom de tous les miens » mais je n’ai jamais vu le film. Le livre dont tu parles doit être poignant et les mots qu’il adresse à sa fille, porteurs d’espoir…Bien entendu tu nous donnes envie de le lire et aussi du coup de peut-être le relire un jour. Merci pour ces mots. Contente de te lire…Bisous et une douce journée

  5. Je n’ai lu que « Au nom.. » il y a bien longtemps, et celui-là aussi mériterait d’être relu sans doute. Peut-être un jour, dans mon autre vie de chat, couchée sur un des coussins de ta bibliothèque… Je n’achète plus de livres, je lis au hasard de bonnes pioches dans les boîtes à livres du secteur, que j’alimente en retour ! Bises Quichottine.

  6. Coucou ma Quichottine,
    J’ai adoré ce best-seller autobiographique sorti en 1971 et rédigé avec l’écrivain français Max Gallo.
    Quelle résilience face aux drames qu’il avait subit : trois fois il a perdu les êtres qui lui étaient les plus chers dans des conditions atroces.
    Et quel exemple pour reconstruite et renaître !
    J’ai beaucoup aimé un autre de ses livres, « Ma vie en partage »
    Il délivre au lecteur un message de force de vie incroyable ! Bien au-delà du récit de son parcours, ces entretiens avec Mélanie Loisel précisent le rapport de Martin Gray au monde moderne, des grandes questions écologiques à la jeunesse, en passant par l’alimentation, la santé.
    Bises et bon début de semaine – Zaza

  7. Bonjour Quichottine
    Je me rappelle très bien de ce drame vécu par ce Monsieur et la publication de son livre qui à suivi ..
    J’ai lu aussi a l’époque le livre suivant , aujourd’hui j’avoue avoir oublié un peu son contenu ..merci de le remettre au gout du jour , il est très porteur d’espoir
    Bises à toi

  8. Bonjour Quichottine,
    J’admire vraiment ta soif de lire. Je suis loin de réussir depuis 2 ans d’en ouvrir un ! J’espère pouvoir avant la retraite récupérer mes heures régulières de sagesse !
    Au moins grâce à toi je me tiens informée des ouvrages prioritaires à dévorer.
    Bonne journée

  9. Coucou Quichottine,
    Des ouvrages que j’ai lu, en effet, il y a longtemps.
    Merci de partager ici ces passages extrêmement touchants et en effet plein d’espoir.
    Bises et bonne journée

  10. La guerre , l’incendie, la haine…que d’inconséquences hélas éternelles !
    nos actions individuelles ont leur importance mais qui saura un jour compter les vagues de la mer ?
    je t’embrasse Quichottine

  11. Tu fais bien de nous rappeler Martin Gray.
    J’ai beaucoup d’admiration pour lui…
    le lire nous aide à retrouver du courage

  12. Quelle terre allons-nous laisser à nos enfants et petits-enfants !!!
    Tout n’est plus que guerre, violence, irrespect de la nature, de l’humain, de l’environnement, …
    Il faut vraiment du courage pour surmonter tout cela et trouver un peu d’espoir.
    Pourrons-nous, saurons-nous, chacun dans sa vie, chercher des solutions ??
    Vaste débat ! J’avoue parfois capituler devant ce défit !!
    Bises Quichottine !

  13. Un drame dont je ne me rappelle pas.
    Mais les mots que tu dis de lui , me font dire qu’il ne faut jamais baisser les bras.
    Biz Quichotine

  14. Devoir de mémoire… Merci Quichottine de nous rappeler cet écrivain et son oeuvre dont l’histoire a croisé la tragique grande Histoire

  15. J’ai lu, il y a bien longtemps  » Au nom de tous les miens » Oui, il faut du courage pour supporter tous ces drames et en sortir plein d’espoir. Il ne faut pas être seul dans ce temps très durs que nous vivons et soyons le colibri qui apporte à son niveau l’espoir d’un monde nouveau

  16. Bonjour Quichottine. Je me souviens du drame qu’il a vécu mais pas de ses romans si je les ai lus. C’est vrai qu’il faut continuer à se battre pour protéger la nature et l’humanité. Bonne journée et bisous

  17. Quel souvenir ce livre Au nom de tous les miens. J’admire la force de se reconstruire après de tels drames.
    Merci de nous rappeler les mots si forts de cet homme meurtri mais pourtant qui a su renaître… l’expression « de ses cendres » pourrait paraître un mauvais jeu de mot, il n’en est rien, ce n’est que de l’admiration sincère.
    Je t’embrasse fort
    Anne

  18. Un très beau billet…
    J’ai lu “Au nom de tous les miens”, récit que je n’ai jamais oublié et qui m’a profondément bouleversée et marquée. Lu aussi « La vie renaîtra de la nuit » porteur d’espoir et tout aussi poignant.
    J’ai vu hier en avant-première au cinéma « Simone, Le voyage du siècle ». Un biopic magistral !
    Bisous Quichottine et bonne semaine

  19. J’avais lu « Au nom de tous les miens  » et « La vie renaîtra de la nuit » quand j’étais plus jeune. J’ai toujours été admirative de la force qu’il avait fallu à cet homme pour survivre à toutes ces horreurs qu’il a connu. Une belle leçon de vie
    Bisous et bonne journée

  20. Une dose de résilience énorme pour avoir encore foi en la vie après les drames qu’il a connus . Je me souviens du premier livre  » au nom de tous les miens  » mais je n’en ai pas lu d’autres . Tu me donnes envie de lire « la vie renaitra de la nuit »
    Bonne soirée
    Bises

  21. Grâce à toi j’ai feuilleté mes livres de Martin Gray…
    « les forces de la vie » « le livre de la vie »… en particulier…
    « Recommencer encore, commencer toujours pour porter plus loin cette flamme son espoir malgré la mort qui vient comme une mer effacer ses pas sur le sable et qu’il doit recommencer bannir la peur et recommencer encore » Martin Gray

  22. C’est un auteur et un livre qu’il faut lire, relire et faire lire.

  23. Pas oublié effectivement…comme je ne t’ai pas oublié Quichottine ! un (très) ancien blogueur qui renait de ces cendres…Erik

  24. Je pense que Martin Gray est encore présent dans nos mémoires. Cet été, justement, au moment des incendies, il m’est arrivé de parler de lui. Et ses livres sont là.
    Bonheur du Jour (http://bonheurdujour.blogspirit.com)

  25. J’ai toujours été impressionnée par le courage de Martin Gray qui a connu les plus grands malheurs . Et tu me donnes envie de le relire .
    Je t’embrasse .

  26. Comme je t’ai dit sur ton avant dernier article, je me souviens très bien de ce drame dans les années 70-71, cela m’avait marquée. On en avait tellement parlé dans les journaux. Il a eu beaucoup de courage Martin Gray. Maintenant, il repose en paix. Bonne soirée, bises.

  27. Jeune, j’ai lu plusieurs de ces livres. Je l’admirais tellement que je lui avais écrit et il m’avait gentiment répondu par un petit mot ; un homme humble et exceptionnel. Je crois que tu as raison d’écrire que nous devons montrer ce à quoi l’on tient ; nous avons un rôle important à jouer en tant que consommateur et citoyen. Merci pour ces mots, douce Quichottine.

  28. Je me souviens dde ce drame…
    Je l’avais lu ce livre
    Bises Quichottine

  29. C’est vrai que c’est un auteur qu’on a oublié. Je n’ai même pas lu « Au nom de tous les miens » qui fut un grand succès, mais j’étais trop petit lors de sa sortie.

  30. Evidemment je n’étais pas rivée à mon blog à ton retour sur ton blog. Tu n’y choisis pas la facilité mais la vie présente n’est pas à la légèreté. L’évocation de son nom m’a renvoyé immédiatement à sa tragédie de vie et je ne sais quel mystère fait qu’on s’en souvient. « on » car je ne serai pas la seule je crois.
    Peut-être pour avoir été aux prémisses de l’idée de résilience, concept fructueux d’abord et come souvent opinion si galvaudée depuis que même son vulgarisateur s’en méfie.
    Je t’ai lue en diagonale. Evidemment je reviendrai. L’urgence des contingences quotidiennes …
    Bien amicalement

  31. Je me souviens de ce drame .J’admire cet homme qui a su relever la tête malgré son chagrin au lieu de sombrer dans le désespoir .Si chacun y met du sien , on pourra peut-être laisser à nos enfants et petits-enfants un monde meilleur.Mais il y a du travail. Je t’embrasse

  32. Je me souviens, j’étais enfant. Nous étions, mes parents, ma petite soeur et moi en vacances dans le sud de la France. Maman et papa nous emmenèrent dans le massif du Tanneron. La forêt était encore meurtrie. Papa nous a expliqué, des larmes coulait sur les joues de maman. Je n’avais que 8 ans mais l’odeur de la cendre est quelque chose que l’on oublie pas. Bien des années plus tard, la forêt avait retrouvé ses mimosas et son parfum. Papa a photographié maman, elle avait un petit bouquet de mimosa dans une main. La photo m’accompagne toujours entre les pages d’un livre. La tragédie eut lieu un 3 octobre, jour d’anniversaire de ma mère.
    Martin Gray possédait cette inextinguible soif de vie et de survie qui reste exceptionnelle.
    Oui, Quichotinne : » car même si tout cela nous semble loin, rien ne dit que ce ne sera pas demain à notre porte… « .
    Merci .
    Je t’embrasse
    Véronique

  33. Salut,

    Le temps est au beau fixe mais avec un peu de fraicheur.

    Tiotte va mieux ce matin .

    Je vous souhaite une bonne semaine.

    On ne rate pas l’humour du dimanche.

  34. Il me semble avoir lu ce livre au nom de tout les miens mais ça doit faire vieux car me souviens pas de l’histoire..
    la vie continue toujours envers et contre tout et en définitive c’est ce qui doit être pour honorer la mémoire de ceux qui sont partis, eux ne souhaite pas pour ceux qui reste une vie uniquement de chagrin…enfin je pense..je ne reçois pas tes news pourtant m’était réabonnée. Bisous doux dimanche et semaine à venir

  35. Bonjour Quichottine, le livre poignant « Au nom de tous les miens » de Martin Gray est le récit d’un moment intense, vibrant, atroce et il m’a également marqué . « La vie renaitra de la nuit » est dans cette lignée. Meri pour l’éclairage.

  36. Salut,

    Je suis de nouveau sous anti bio mais Tiotte va bien .

    Je vais retourner à l’hosto car j’ai semble – t-il une

    saloperie encore du cancer qui traine .

    Je garde le moral .

    Bon week-end

    Les infos du samedi sont gentilles.

  37. Salut

    La France va mal pour beaucoup de Sans-Dent.

    Chez nous le moral est bon malgré quelques problèmes de santé.

    J’espère que cela va chez vous.

    BON WEEK END

  38. Comme je suis un peu endormie, je t’avoue que je ne m’en souviens pas très bien. Bonne soirée, bonne nuit, Gisèle Grimm (ariane grimm)

  39. Bonjour,

    Le Temps n’est pas terrible et cela sent la pluie.

    Il est vrai que la météo prévoit un rafraichissement et de la pluie cette semaine.

    Tout va bien , on se repose , normal pour des retraités.

    Bonne semaine

  40. Bonjour,

    Le temps se rafraichit alors on porte des vêtements d’hiver à la maison.

    Beaucoup d’oiseaux viennent au resto dans le jardin.

    Bonne journée

    On parle de tout chez le poissonnier.