Rêvent-ils ?

Dans cet ailleurs dont je découvre chaque jour le mode d’emploi, je regardais l’enfant dormir, les bras en croix et le visage serein.

Et… j’ai pensé à ces mots déposés ici, ce premier jet que j’ai laissé sans retouche, juste parce que c’étaient mes pensées du jour et non un texte littéraire qui aurait sans doute mérité d’être un peu plus ciselé.

Tous les petits enfants du monde devraient être ainsi, heureux, en bonne santé, apaisés, choyés, aimés, simplement, parce qu’ils sont à notre merci et que leur confiance est immense.

C’est vrai… mais je sais bien que ce n’est pas toujours le cas. Je sais aussi que même quand nous les aimons très fort, il y a des choses que l’on ne peut pas changer.

«Aimer ne suffit pas» dit la publicité… la tendresse non plus…

Il y a ceux qui rêvent et sourient aux anges… il y a ceux qui…

Ceux qui sont différents.

Ceux que l’on regarde avec inquiétude, longtemps… Jusqu’au jour où tout devient certain.

Arrive-t-on un jour à accepter l’inacceptable ? Je ne sais pas, on fait «avec» parce qu’on ne peut pas se décider à faire «sans».

Ceux pour lesquels nous enfouissons nos rêves, loin, très loin, le plus loin possible afin qu’ils ne soient pas comme un vivant reproche.

Pourquoi, Maman ? Pourquoi suis-je comme ça ? Pourquoi ne m’as-tu plus jamais parlé de ce qui pourrait être ? Pourquoi l’as-tu écrit dans un très grand cahier dont tu as arraché tant de pages qu’il ne ressemble plus à rien ?

Pourquoi fais-tu semblant parfois de penser à cet autre qui ne sera jamais moi, juste pour m’oublier ? Juste pour que la vie soit plus légère, même pour un instant ?

Bien sûr… Emmanuelle n’écrira jamais les pages de ce journal qu’un jour je publierai… Elle ne dira rien de ce que j’y écris.

Elle est du monde de ceux qu’on ne regarde pas, dont on ne parle pas… de ceux qui vivront tout le temps en marge, dans un ailleurs où l’on prend juste soin d’elle et de ceux qui lui ressemblent, ceux qui n’ont d’humain que l’apparence et le nom.

Ceux qui seront toute leur vie le bébé qui a besoin des autres pour exister.

Emmanuelle aura trente-quatre ans quelques jours avant Noël. C’était un bébé, presque comme les autres… et dans ce « presque », il y a toute sa vie, ses mois, ses jours, ses longues nuits.

Tout ce que j’essaie d’oublier… sans succès.

Il suffit de quelques jours à la maison, d’un retour chez elle, d’un coup de téléphone en fin de soirée.

– « Emmanuelle est à l’Hôpital… mais ne vous inquiétez pas, ce n’est pas grave. »

Ça l’a été parfois… ça l’est toujours, peu ou prou.

Comment peuvent-ils dire que ce n’est pas grave ?

C’est sa vie même qui l’est, comme elle est.

Mais comment pourrait-on imaginer ces jours, ces nuits, ces moments où plus rien ne va ?

« Il faut continuer de rêver »…

Oui, il le faudrait. Ne jamais oublier ce qui aurait pu être, même si ce qui est est trop lourd à porter, surtout quand c’est trop lourd.

Il y a ceux qui rêvent, ceux pour lesquels nous pouvons imaginer que leurs rêves se réaliseront un jour… et puis, il y a ceux qui n’ont aucun projet, aucun avenir…

Mais rêvent-ils pourtant ? Malgré tout ?

Je n’ai pas de réponse.

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95 commentaires à propos de “Rêvent-ils ?”

  1. Près de chez moi il y a un hôpital qui a des bâtiments portant de jolis noms qui font rêver « Dune » « Les Iles »…quand nous y allons pour animer un après midi, apporter un peu de musique, lire des poèmes… il semble bien que le regard s’anime, très peu mais quand même et ça nous encourage à revenir.

    • C’est beau ce que tu fais, Josette.
      Continue.

  2. Ce doit être très lourd à porter , ce fardeau, pour la vie . Je pense qu’on ne peut imaginer sans savoir ce que c’est , de voir son enfant différent, de savoir qu’il sera toujours ainsi , de se sentir peut-être coupable, mais de quoi ?

    Ou, on ne sait pas s’ils rêvent ces enfants pas comme les autres ; ils ont leur monde et j’espère des bonheurs rien qu’à eux .
    Je t’embrasse

    • Se sentir coupable de ne pas avoir eu le courage de l’aider à mourir…
      Mais c’est vrai que si je l’avais fait, je n’aurais jamais su si j’avais eu raison.

      J’ignore si elle a des moments de bonheur aujourd’hui… je sais les moments où elle souffre sans qu’on puisse soulager sa souffrance et c’est cela qui me brise le cœur.

      Merci pour tes mots d’espoir, Fanfan.
      Je t’embrasse fort.

  3. J’espère que de partager un peu de ta douleur de maman te permet de l’alléger un tout petit peu. Quand le rêve n’est plus réalisable, il faut faire de la réalité son acceptation. C’est un long combat parfois contre soi-même… le principal est de ne pas laisser le fameux regard des autres vous déboussoler. bises Quichottine

    • C’est toujours difficile… le regard des autres est-il plus difficile que le regard que l’on porte sur soi-même ?
      Merci pour tout, Cathie. J’ai aimé nos échanges à ce sujet. Même si cela fait mal d’en parler, je crois que ça fait plus mal encore de ne pas le faire.
      Bises et douce soirée.

  4. je ne peux jamais te lire sans avoir les larmes aux yeux. Dis toi qu’elle ne réalise pas sa différence, mais par contre je ne peux qu’essayer d’imaginer ta souffrance……. Je t’embrasse du fond du coeur, Dame

    • C’est vrai qu’elle ne sait pas qu’il y a une autre vie possible, mais ce qui fait mal, c’est de l’entendre gémir quand elle a mal et ne pas savoir comment la soulager.

      Je t’embrasse très tendrement, Dame Croc.
      Aucun enfant, aucune mère, ne devrait avoir à supporter cela.

  5. Bonjour Quichottine; il n’y a pas de mot pour t’aider, pour partager, sauf te dire que je pense très fort à toi.
    Je t’embrasse très fort

    • Juste un merci pour tout, m’Annette.
      Ce sont ces pensées qui me touchent.
      Je t’embrasse très fort aussi.

  6. REVENT ils ? Rêve t-elle ?

    J’ai lu et aimé ton message ! Très agréable à lire ; Revenir sur les mots ! Repartir !!

    Oui mon coeur a vibré !

    34 ANS dis tu ! ?

    MON EMMANUELLE a 2 ans de + que ton Emmanuelle !

    Non ! Elle n’est pas malade ! MAIS …. Je ne suis plus sa MAMAN depuis SI longtemps !

    C’est MOI qui rêve !

    Un  » papa » qui a manipulé a fait que mon Emmanuelle a cette maladie = l’ignorance , l’oubli !

    De ce fait je viens de de chercher son ULTIME lettre = je ne la trouve pas = dans le tiroir du bureau de mon père !

    Cette lettre me disant ( au moment de son mariage avec son ex-mari ) sans dire Maman , de ne plus jamais lui écrire ni a son mari ! ( je les FELICITAIS de leur UNION !
    Tu n’existes plus ! N’écris plus jamais OU je porterai plainte !
    Plainte ! ça me fait sourire = les flics n’en ont rien à faire !

    Cette BOULE ! je l’ai toujours ! Heureusement que je « foudroie » dans la Broderie !
    Je ne rêve plus ! Même de Lyvia je n’ai pas de nouvelle ! je ne demande rien ! Je la laisse tranquille !
    Je SAIS SEULEMENT qu’il y a longtemps elle a dit à sa soeur = j’ai enlevé toutes les photos où elle apparait !
    Elles ont toutes les 2 un album photo !!

    BISOUS QUICHOTTINE

    any

    • Ce que tu vis est très dur… Je suis très émue quand je te lis.

      Mais je crois que tu peux garder l’espoir qu’un jour elles reviennent. Qui peut le savoir aujourd’hui ?

      Prends bien soin de toi, Any. Bisous et douce soirée.

  7. il y a des douleurs qu’ aucun mot ne peut panser
    et vivre quand même n’est pas héroïque, on ne peut rien faire d’autre
    la douleur des mères est un cri jusqu’au ciel

    • Merci pour ces mots, Emma.
      « On ne peut rien faire d’autre »… Juste le vivre.

  8. très émue, je n’écrirai rien d’autre…. Bisous

    • Je garde ce silence et ces bisous… merci, Martine. C’est important pour moi.

  9. Bonjour Quichottine, l’âge de ma fille, qui les aura le 3 décembre, que dire, pensée émue pour toi, pour Emmanuelle, rêve t’elle ou pas, si elle ne dit rien comment savoir en effet… avoir un enfant différent ne veut pas dire sans amour…. je t’embrasse… JB

    • Je ne sais que te répondre… c’est difficile de savoir, difficile d’accepter, difficile de se dire qu’elle ne peut pas communiquer autrement que le ferait un petit animal… même pas un bébé de quelques mois.

      Nous l’aimons… mais le sait-elle ?

  10. Ton courage de maman qui s’interroge encore et toujours, le courage d’Emmanuelle dont l’ébauche du rêve est insondable.
    Tu nous émeus, et nous sommes impuissants face à tes mots…

    • Son courage… je ne sais.
      Je voudrais parfois en avoir pour nous deux.

      Merci pour tes mots, eMmA.

  11. bonjour Quichottine…
    Je ne connaissais pas vraiment, dans sa réalité cruelle, cette situation
    Alors. que tu n’aies pas le souci premier du style on le comprend, ô combien !
    Mais sans le vouloir tu as écrit un chef d’œuvre d’humanité qui me bouleverse profondément..

    Rêvent-ils ?
    à te lire on a envie répondre oui
    mais Est-ce un bien ?
    ont-ils conscience de leur différence dans des moments où ils plus lucides qu’à d’autres ?
    ces questions n’appellent pas de réponse
    il ne s’agit pas de l’objet d’une étude mais d’un être qui vit et qui souffre

    avec toute ma solidarité amicale
    je te souhaite un après-midi agréable.
    bien à toi
    jean-marie

    • Peu d’entre vous connaissaient mon jardin secret…
      Il est donc normal que vous soyez peut-être surpris de ce partage. J’avoue que je n’avais pas tout prévu. Je crois que ça a débordé. 🙂

      Je peux t’assurer qu’elle ne sait pas qu’il existe autre chose que ce qu’elle vit. Elle n’a aucun moyen de le savoir.
      Mais je sais qu’elle souffre, même si ceux qui prennent soin d’elles font tout ce qu’ils peuvent pour que ce ne soit pas le cas.

      Sa souffrance est physique et liée à sa paralysie et aux rétractions musculaires qui en découlent.
      Alors, elle se contente de gémir comme un petit animal blessé ou de crier quand la souffrance est trop forte.

      Merci pour tes mots.
      Passe une douce soirée.

    • Merci Emmanuelle… je crois que c’est le plus important.

  12. Quel cri du cœur, c’est beau, j’en suis toute retournée
    Il est des cas comme cela ou le doute pourrait s’installer, mais il ne faut pas, il faut continuer, et faire avec, dans l’amour et la sérénité, si l’on peut !
    Je t’embrasse

    • « si on peut »… je crois qu’il y a des moments où c’est plus difficile que d’autres, mais nous n’avons pas le choix.
      Je t’embrasse. Passe une douce soirée.

  13. un très beau texte, très fort et qui nous remue jusqu’aux larmes; Quand on pense que certains parents se plaignent de ce que leurs enfants ne veuillent pas se couler dans leurs moules, ils feraient bien de réfléchir parfois à la chance qu’ils ont
    Bises

    • C’est vrai… mais je crois que j’ai de la chance aussi… j’ai auprès de moi quelqu’un qui veille et qui m’a empêché de sombrer.
      Bises et douce soirée Azalaïs. Merci pour tes mots.

  14. Chère Quichottine,
    je pense souvent à vous deux, et aux autres, c’est tellement difficile de vivre avec cela, mais c’est bien que tu puisses en parler – ou écrire- de temps en temps,
    de tout coeur avec toi,
    Je t’embrasse, MIAOU !!!

    • Il y a des moments où ça déborde un peu…
      Je suis désolée d’avoir été plus loin que ce que j’avais écrit dans mon jardin secret… Mais je crois qu’il le fallait, même si tous n’ont pas compris.

      Merci pour tout, Mistigris. Tes mots me touchent beaucoup.
      Je t’embrasse fort.

  15. de tout cœur avec toi Quichottine. Je suppose qu’il n’y a pas d’autre choix que de faire avec.
    Rêve-t-elle ? va savoir …

    • Je n’ai pas de réponse… mais tu as raison, je n’ai pas d’autre choix.
      Merci pour ton soutien, Jeanne.
      Il me touche beaucoup.

  16. juste t’embrasser très très fort …..les mots, nos mots, n’ont que peu de portée comparés à la flèche au coeur de chacun des tiens….
    tu écris si bien , mais seule toi peut comprendre et ressentir….
     » C’est dans ses rêves que l’homme trouve la liberté, cela fut, est et restera la vérité… »
    (Le cercle des poètes disparus)
    Alors oui, continue malgré tout à rêver j’espère vraiment que le rêve fait aussi partie de ses nuits. ♥

  17. Ma douce Quichottine, ton billet m’a fait monter les larmes aux yeux et je pense que ta douleur est grande. C’est bien que tu en parles que tu racontes ta souffrance. Nous ne pouvons t’apporter que notre amitié, même virtuelle. Je crois qu’Emmanuelle rêve et que ses rêves sont beaux car ils l’emmènent vers une liberté que peut-être nous ne pourrions comprendre.
    Je t’embrasse avec affection.
    chatou le matelot de la terre ferme qui rêve de parfois braver les océans!

    • Je l’espère de tout coeur… je voudrais qu’elle ait au moins ces moments-là.

      Je ne peux pas me mettre à sa place, ce serait impossible d’imaginer ce qu’elle ressent puisqu’elle n’a jamais connu autre chose.

      Merci pour tes mots, ma Chatou. Ils me touchent beaucoup.

  18. Elle est dépendante, parfois douloureuse, ton Emmanuelle. Et toi aussi, tu es dépendante de cette souffrance.

    Ton billet est si beau, si humain qu’on voudrait vous serrez dans nos bras, toutes les deux, tous les trois, je pense à son père aussi.

    Elle rêve, bien sûr!

    Mais n’a pas de projets, ne peut en avoir.

    Tu la portes toujours en toi, elle n’a pas quitté ton ventre et un jour tu la raconteras, toi seule peux le faire et nous l’offrir dans toute sa différence et son humanité également.

    « Elle est du monde de ceux qu’on ne regarde pas »… parce que les « normaux » ne leur trouvent « d’humain que le nom et l’apparence ».

    Si tu savais combien ceux qu’on ne regardent pas portent plus d’humanité que ceux qu’on regarde!
    Elle est inoffensive, dans son monde, dont on ne connaît rien, mais qu’on peut sans doute imaginer bien meilleur que notre réalité.

    C’est un chemin difficile et long et douloureux que vous accomplissez tous les trois.

    Je vous aime pour ce que vous êtes et pour tout ce que tu révèles de tes fragilités et tes souffrances.

    • Heureusement qu’il est là… je ne sais pas ce que j’aurais pu faire sans lui, sans son amour et sa présence.

      Je ne peux pas te répondre autrement, de tout ce que tu dis, je sais qu’il faut que je garde en moi l’espoir qu’elle vit des choses que je ne peux pas comprendre ni imaginer mais qui la rendent heureuse de continuer à vivre.

      Je ne sais pas… j’imagine… et j’espère.

      Je t’embrasse fort, Polly. Merci pour tout.

  19. Ta petitoune de trois mois et tous les bébés que tu tiens dans tes bras te ramènent irrémédiablement des années en arrière et tu ne peux t’empêcher de questionner ? de te questionner ? Mais je suis sûre qu’Emmanuelle même si elle n’a pas la vie qu’elle mérite, la vie que tu aurais souhaitée pour elle, je suis sûre qu’elle a ses rêves, tout comme elle a son univers. Merci de partager avec nous ces sentiments si intimes. Gros bisous

    • C’est vrai que je ne m’y attendais pas. Pourtant je sais que j’ai vécu chaque grossesse de mes filles avec la même crainte. Que j’ai accueilli chacune de mes petites-filles avec le même soulagement.

      Je ne voudrais pas qu’elles aient à subir ce que nous avons vécu.

      Je peux encore espérer qu’elle a son univers, dans lequel je n’ai pas ma place, mais qui peut-être la rend heureuse de vivre.

      Merci pour tes mots, Cathycat. Je t’embrasse fort.

  20. je suis toute émue
    parfois nous sommes impuissant face à certains phénomène de la vie
    tant d’humains souffrent d’indifférence et pourtant existent
    les mots me manque tout simplement
    je te souhaite une excellente soirée

    gros bisous

    • Merci pour ce moment partagé, Sonya.
      Gros bisous à toi aussi. Passe une douce soirée.

  21. Juste passer, mettre la main sur ton coeur pour calmer ses sanglots et vous embrasser, très fort. Comme l’a dit Polly, vous êtes deux sur ce dur chemin. Je n’oublie pas non plus celui qui t’épaule.

    • Il est mon arbre… sans lui, je me serais noyée.

      Merci d’être là, Galet. Je t’embrasse très fort.

  22. ca doit être très dur d’avoir un enfant different , il y en a unpère par chez moi qui fait tout pour son fils , mais quand le papa ne sera plus la … bonne soirée Quichottine

    • « Quand il ne sera plus là »… c’est vrai. Ou quand seulement il n’en aura plus la force.
      Nous vieillissons tous.

      Bonne soirée à toi aussi. Merci.

  23. Coucou ma Quichottine,
    Une confession émouvante que je découvre aujourd’hui ma douce rêveuse. Que dire ! Des parents ne peuvent pas accepter la différence quand il s’agit de l’un de ses enfants et s’imposent une part de culpabilité alors qu’en rien vous ne l’êtes. Votre Emmanuelle vit dans sa bulle et elle doit rêver tout comme un chacun dans son petit monde. Comme le dit Polly qui te connait mieux, elle n’aura certainement pas de projet et reste dépendante. Cette différence ne doit pas exister aux yeux du monde extérieur, et par expérience, ces enfants qui ne grandissent jamais ressentent très nettement le rejet du monde extérieur. Et tu vois, en plus de votre chagrin, c’est ce que je trouve intolérable de la part de notre société. De gros bisous ma Quichottine. ZAZA

    • Le monde n’est pas fait pour eux et ils sont là pourtant.

      Je suis responsable dans la mesure où c’est moi qui lui ai transmis la maladie qui a détruit son cerveau. Mais je sais que, comme le disent les médecins, c’est « la faute à pas de chance », elle aurait pu être moins touchée… être seulement aveugle ou sourde, comme tant d’autres.

      Elle aurait pu mourir si elle n’avait pas été réanimée…

      Mais elle vit et c’est notre enfant. Il faut faire avec ce que la vie nous a donné.

      De gros bisous à toi aussi, Zaza.

  24. Ton article est très émouvant Quichottine et l’on sent tout l’amour que tu éprouves pour Emmanuelle. Une de mes anciennes collègues a eu deux enfants « différents » comme tu le dis, à deux ans d’intervalle, très beaux, très tendres, mais qui ne serons jamais comme les autres. Elle a démissionné pour les élever. Bisous

    • J’espère de tout cœur pour elle que tout va bien maintenant.
      Il a tant de problèmes à surmonter !

  25. Il y a des chagrins et des épreuves qui tuent le rêve parfois … Et peu de mots pour panser ses plaies invisibles … A moins que l’écriture soit salvatrice.

    • « L’écriture c’est la vie »
      Je crois que c’est une façon de résister.

  26. pourtant un bien joli texte mais pour montrer ta souffrance !!! bon courage a toi quichottine et a ton enfant
    bisou

  27. Une confidence très émouvante que tu as le courage, la gentillesse de partager.
    Une lourde souffrance, une grande déception , qu’il est bon parfois  » d’oublier  » pour vivre ses joies, ses rêves, sa vie.
    Mais il restera toujours ce mot  » pourquoi » .
    Je te souhaite beaucoup de courage, une grande sérénité et confiance dans Emmanuelle qui vit dans son petit monde.
    Douce soirée, je t’embrasse Quichottine

    • Je sais le pourquoi, enfin la cause de son handicap.
      Pour le reste, et comme disent si bien les médecins, c’est la faute à « pas de chance ».

      Elle a accumulé tous les soucis, tous les problèmes, et nous ne pouvons aujourd’hui que « faire avec » cette vie que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi.

      Merci pour tes mots, erato. Passe une douce soirée.

  28. C’est très émouvant Quichottine, et surement pas facile tous les jours. je te souhaite bon courage et t’embrasse très fort

    • Ce n’est jamais facile…
      Merci pour ton soutien Lilwenna.

    • Il y a rêve et rêve…
      Mais tu as raison. 🙂

  29. Je n’ai pas de réponse non plus, mais ce dont je suis sûre c’est qu’ils sont très réceptifs aux valeurs du coeur et tu en as à revendre…
    Belle et douce journée Quichottine

    • Bébé, je pouvais la prendre dans mes bras, la serrer contre moi, la caresser pour la rassurer.
      Aujourd’hui, je n’en ai plus ni le droit (elle est adulte) ni la possibilité (elle est adulte et en a la taille et le poids)

      Alors, je lui parle, en espérant qu’elle m’entend et comprend mes mots, je lui prend la main en espérant qu’elle sache que c’est moi… et puis, j’imagine qu’elle sait que je l’aime, même si…

      Passe une douce soirée, Jackie. Merci pour tes mots de soutien.

  30. parfois,la réponse est dans ton coeur et dans ta tête….

  31. « j’essaie, de toutes mes forces, de te retenir au plus haut de tes succès »
    C’est très beau.
    Il vous en faut du courage…

    • J’en ai de moins en moins… mais mon époux est là… Heureusement.

  32. Au travers de tes mots, je reconnais la « souffrance de maman quand elle a appris que ma soeur Béatrice ne serait jamais comme les autres. Maman est partie dans les étoiles et je prends le relais. Ma soeur est « placée » dans un centre psy et chaque mois, nous la retrouvons avec un immense plaisir. Elle nous amuse avec ses mots, sa malice et nous la savons heureuse au milieu d’une équipe qui l’aime et l’apprécie. Que pouvons-nous faire d’autre que d’être là et d’accepter la situation? Je te fais de gros bisous, merci pour avoir ouvert une petite « porte » de ta vie.
    Mireille du Sablon

    • Nous ne pouvons rien… et je suis heureuse pour ta sœur que tu aies pu prendre le relai.
      Ta petite sœur est comme un oiseau qui sait enchanter son entourage, je trouve ça formidable, même si je sais qu’il y a des moments où ça doit être dur aussi.

      Merci à toi pour ce partage. Je sais que chaque histoire est différente, mais la tienne m’a fait du bien.

  33. Juste te dire qu’au-delà des mots, avec toi, j’espère que pour elle, le rêve est possible…
    Je t’embrasse

    • Merci de me le laisser espérer.
      Je t’embrasse ABC. Passe une douce soirée.

  34. Emouvante confidence. la vie n’est pas facile pour tout le monde, parfois dans les difficultés je me dis qu’il y a pire, que je ne devrais pas me plaindre. Est-ce que chacun reçois la force ou les épreuves en rapport avec ce qu’il peut endurer ou bien, y a t il en chacun la ressource qu’il faut quand il faut? Quand on ne peut rien faire de plus reste la pensée et la compassion. Cordiales pensées.

    • C’est une question que je me pose souvent… Mais suis-je encore assez forte pour les mois et les années à venir ? Je ne sais pas.
      Merci pour tes pensées et ton soutien, Pierre.
      Amitiés.

  35. on ne peut savoir ce qu’ils ont dans la tête ces enfants mais ils reconnaissent bien les siens et savent aussi bouder quand les parents s’en éloignent et dur de vivre avec un enfant handicapé mais on l’aime

    • Je ne sais pas Flipperine.

      Chaque handicap est différent. Jusqu’où peut-on pousser la folie des hommes à faire vivre coûte que coûte ?

  36. Comment te dire mon chagrin et ma très profonde émotion, aujourd’hui ? Rien ne serait à la hauteur. Juste que tes mots sont au-delà de la justesse, au-delà de l’amour. Je t’embrasse.

    • Ne dis rien… merci pour ta présence, Galet.
      Je t’embrasse très fort.

  37. Le silence est parfois la seule réponse. « manger » , j’ai lu tes confidences à la première personne avec les larmes aux yeux, moi qui ai toujours pratiqué la « distanciation » dans mon métier afin de pouvoir continuer. « Manger » un mot avec : boire, respirer, éliminer, se mouvoir communiquer, se récréer, apprendre, vivre selon ses valeurs qui fait parti des 14 besoins fondamentaux de Virginia Henderson, un outil, oui mais bien plus une vision globale de prise en charge de l’humain.
    http://www.infirmiers.com/etudiants-en-ifsi/cours/cours-soins-infirmiers-virginia-henderson.html

    • Merci pour ce lien Pierre.
      Je ne connaissais pas du tout cet ouvrage.

      En lisant, je me disais que seuls quelques-uns de ces besoins sont pris en compte… assurés par elle ou par d’autres.
      Pour le reste, il faut se résigner.

      Ton message me touche beaucoup. Tu es à même de comprendre ce que je peux ressentir.
      Je n’arrive pas à me détacher suffisamment pour ne pas en pleurer.

  38. jolie texte d’une page douloureuse de ta vie Quichotttine. Je ne sais que te dire ils sont heureux à leurs façons.. J’ai beaucoup appris en travaillant dans ce type de structure…..Je t’embrasse très fort.Merci pour ton message pour ma belle sœur.

    • « Ils sont heureux à leur façon »… c’est ce que j’espère au plus profond de moi. Mais j’avoue avoir de plus en plus de mal à m’en persuader.

      Merci pour tout, Mireille. Continue à prendre soin d’eux.

  39. J’ai lu d’abord ton billet « Manger » et je viens de lire celui ci, c’est très touchant, j’espère qu’écrire te soulage un peu
    Je te fais de gros bisous Quichottine, douce journée

    • L’écriture c’est la vie… c’est ce qui m’empêche de sombrer parfois.
      Mais je suis désolée de vous avoir imposée cette souffrance-là.

      Gros bisous, Laure. Passe une douce soirée.

  40. Je n’arrive à trouver les mots. Bises à Emmanuelle et bon courage à toi Quichottine !
    Je t’embrasse bien fort.

    • Les mots sont inutiles, mais merci pour ta présence, Alrisha.
      Je t’embrasse bien fort aussi.

  41. Juste te dire mon émotion à te lire sur cette page et sur la précédente. Parce qu’il est impossible d’imaginer ta douleur. Nous passons trop de temps à nous plaindre de petites choses sans importance…alors que d’autres… Je pense très fort à toi Quichottine. Je t’embrasse. Marie

    • Merci pour tout, Marie.
      Je t’embrasse très fort.

    • Merci pour tout, Vita.
      Ta présence me touche beaucoup.

  42. Juste trop de larmes tant je suis émue Quichottine.
    Je me souviens d’un billet paru un mois de décembre dans lequel tu nous parlais de ta fille.
    Ton billet nous permet de remettre les petits tracas du quotidien à leur juste place…

    • C’était pour son anniversaire

      Je crois que tout est important et qu’il ne faut pas mesurer ses soucis à l’aune de ceux que doivent affronter les autres.
      Il y a toujours pire…

      Mais ne jamais fermer les yeux, car la douleur ou le chagrin ne sont jamais à négliger.

      Merci pour ta présence, Santounette.

  43. Je t’embrasse fort, Quichottine.
    Les mots sont dérisoires mais indispensables. Pour tous.
    Merci à toi.