Liedich, Concerto pour rien et demain, Le Décamiko

On m’a demandé comment je choisissais mes livres… J’ai répondu que ce sont eux qui me choisissent, je crois que c’est vrai.

 

Même sur la Toile, pour les autoédités.

 

Il suffit parfois d’un rien, d’une rencontre, de mots que je lis ici ou là, d’un « clic » vers une page différente. C’est ainsi.

 

Ce fut le cas ici aussi.

 

Je vous ai déjà parlé de Liedich, des poèmes de la Rue des Rosiers.

 

Ici, même si l’écriture est toujours empreinte de poésie, de celle si caractéristique de Liedich, il s’agit d’autre chose, d’un récit qui m’a profondément émue.

 

Je sais, ce n’est jamais facile de choisir un livre, surtout quand on ne peut pas le prendre dans les mains, le feuilleter, lire quelques lignes à la fin, au milieu, et commencer la lecture ensuite, comme le ferait l’un des membres d’un comité de lecture…

Mais nous avons toujours cette 4e de couverture que l’auteur nous offre, celle qui dit un peu de lui, du contenu de son ouvrage.

 

 
« Il était une fois un fou qui avait tellement le désir d’aimer qu’il en oubliait que pour aimer, il vaut mieux être deux.

Et qu’une fin n’est autre qu’un éternel début.

Alors, il se mit à vivre une irrémédiable fin.

La fin d’un début pour réussir le début de la fin et un nouveau début. »

 

Il vaut mieux être deux pour aimer, c’est tellement vrai ! Mais, à défaut, on peut, comme don Quichotte, s’inventer une Dulcinée. Lui donner les qualités indispensables, effacer tout ce qui rendrait cet amour impossible, et ouvrir grand son cœur pour y loger son amour.

 

L’amour… seul un poète peut en parler avec tant de force, tant d’émotion… en faisant du lecteur son complice.

 

« C’est l’histoire d’un mec… » Comme le dirait Coluche, comme Liedich l’écrit aussi, en référence à l’un de ses héros.

Oui, c’est l’histoire d’un mec, mais pas seulement.

 

C’est aussi l’histoire de nombre d’entre nous. L’histoire d’une grande ville – ici, c’est Paris, la plus belle ville du monde pour ceux qui l’aiment, pour ceux qui s’y perdent et n’ont pas vraiment envie de s’y retrouver – et de sa banlieue, de celle où l’on vit, que l’on fuit, où l’on doit pourtant revenir chaque jour pour y dormir.

 

 
« Mon Paris, celui qu’ils ont cassé.
Celui qu’ils ont dénaturé.
Celui qu’ils ont tagué de leur inculture.
Celui qu’ils ont repoussé de plus en plus loin.
Vers cet autre là-haut où se situe aussi mon histoire.
Drôle de réalité prise dans un étau.
Le VRAI et le faux là-haut.

De plus en plus loin. Dans ce qu’ils appellent Banlieue. Au pluriel. Il y en a tant. Et qu’elle soit proche ou juste un peu plus loin, belle ou un peu voire beaucoup plus glauque, on y vit.
Dedans et dehors à la fois car on est tant obligé d’y être que l’on s’enfuit dès que l’on peut.

Et de toute façon chaque matin pour aller à son turbin »

(p.10-11)

 

Quelques phrases empruntées à la très belle ode à Paris et à sa banlieue qu’est le premier chapitre. Juste pour montrer ce qui peut l’être d’un style qui emporte si l’on veut bien se laisser faire.

 

 
« C’est drôle come d’un coup tout devient bien, le plus comme le moins, le tout comme le rien. »

(p.17)

 

C’est « drôle »… étrange, un peu fou, c’est vrai. Les mots s’imposent.

 

L’auteur transforme ce qu’il voit, il pare chaque petit rien de ce grand tout qui va emplir les pages et notre lecture. Le train de banlieue se fait Orient Express. Les voyageurs retrouvent leur raison d’être, une vie qui mérite d’être vécue.

 

Liedich écrit tout un chapitre hommage à ses « paumés du premier train » : les ombres se détachent peu à peu, comme dans un film où le metteur en scène demanderait à ses personnages de s’animer au fur et à mesure de leur découverte, du « gros plan » qui les propulse en pleine lumière. Il suffit parfois d’un détail : le titre d’un journal, la couleur d’un rimmel, les gerçures d’une main, une simple cravate… Tout est bon, tout permet d’ouvrir une fenêtre sur une vie qui existe au-delà et en deçà des mots écrits.

 

Qui ne les a jamais vus, ces êtres qui terminent leur nuit dans un wagon sans âme ? Il faut être écrivain pour les regarder, leur offrir cet instant de presque gloire.

 

Et puis… et puis, vous savez, moi, j’ai aimé, j’ai adoré, ce petit nuage enfermé dans le creux d’un arbre, celui que le poète a libéré, celui qui a pleuré sur sa main, des pleurs de reconnaissance.

 

 
« Depuis, Lui a un ami nuage, dit-il à qui veut l’entendre. »

(p.35)

 

Est-ce être fou que d’aimer raconter des histoires, de les créer pour celle, pour ceux que l’on aime ?

 

Est-ce parce que j’ai trouvé sur ces pages des mots que j’aurais aimé savoir écrire ?

 

Je ne sais pas… Je sais seulement qu’en refermant le livre je me suis dit que c’était une magnifique histoire d’amour, d’un amour infini, de celui que tous aimeraient vivre quand ils ne l’ont pas connu, de ceux que l’on regrette lorsqu’ils se sont enfuis.

 

Je n’en dirai pas davantage, parce que ce serait trop déflorer ce qui ne doit pas l’être. Un roman entre prose et poésie, où chaque mot en appelle un autre, où les images absentes s’imposent d’elles-mêmes à travers ce qu’on entend plus qu’on ne lit.

 

Le titre dit bien ce qui est… Un roman ? Non, un concerto… mais pas pour rien non, pas pour rien. Pour que notre demain soit plein de cet amour immense qui permet tout même lorsque rien n’est vraiment possible.

 

Merci, Liedich.

 

 

130424 Liedich Concerto

 

Liedich

Concerto pour rien et demain, Le Décamiko

 

(103 pages)

TheBookEdition, 2012

 

ISBN : 9782919348039

 

 

http://www.thebookedition.com/concerto-pour-rien-et-demain-de-liedich-p-81647.html

 

http://liedich.blogspot.fr

64 commentaires à propos de “Liedich, Concerto pour rien et demain, Le Décamiko”

  1. Merci Quichottine de nous avoir parlé de cet ouvrage de cette si belle façon. Bises et Bon mercredi

  2. Bonjour Quichottine ! Comme tu dis… un mot, une illustration, un titre, un auteur aimé aussi, c’est lui ou elle qui va diriger notre achat en librairie… Il me semble très bien ce titre et Liedich est doué avec les mots… Merci à vous… Bises de jill

  3. Je ne connais pas cet auteur Quichottine, et depuis une semaine aucun n’est abordable pour mes neurones « raplaplas »… Mais s’il écrit aussi bien que toi lorsque tu parles de lui, je l’aimerai sans doute. Mais juste un peu plus tard.
    Il y a cependant une chose avec laquelle je ne suis pas d’accord avec toi, c’est ta dernière phrase. TOUT EST TOUJOURS POSSIBLE, ma chère Quichottine. C’est pour cela que la vie vaut la peine d’être vécue !
    Je t’embrasse très fort, passe une belle journée. Le soleil éclaire la mienne, j’en suis heureuse. Le jardin est si beau même par la fenêtre…
    Cricri

    • Je ris… je savais bien que je ferais réagir certains d’entre vous. Je suis heureuse que tu sois la première à le faire.

      Merci, Cricri.

      Le ciel est bleu ici aussi… Mon archange jardine. Il faut en profiter, il paraît que demain sera moins bien.

      Passe une douce journée, et surtout, prends bien soin de toi. Je t’embrasse très fort.

  4. Un bel ouvrage dont il faut lire plusieurs fois ces phrases pleines de sens et de sous-entendus …
    Il fait beau temps mais la grève des bus m’empêche d’en profiter, pas de chance … c’est souvent à Amiens.
    Bel après-midi et gros bisous
    Annick

    • J’aime ce que tu en dis. 🙂

      Les grèves sont souvent très nombreuses ici aussi… Courage, Annick !

      J’espère que ça ne va pas durer trop longtemps.

      Bel après-midi à toi aussi. Je t’embrasse fort.

  5. Je ne connais pas Liedich..nos chemins ne se sont pas croisés , mais il n’est surement pas trop tard ..
    Merci pour ce partage Quichottine
    Bises

    • Il n’est jamais trop tard, Claudine.

      Cependant, je sais bien qu’on ne peut pas non plus tout connaître et tout lire.

      Merci à toi. Passe une douce soirée. Bises.

  6. un bel avant goût de ce roman , avec ta belle plume !
    quelquefois, le titre nous interpelle aussi-
    mais méfiance !! derrière le titre quelquefois, il n’y a rien !
    bon mercredi !bisous !

    • Je suis d’accord… Mais derrière ce titre-là, il y a beaucoup.

      Bisous et douce soirée, Lady Marianne. Merci.

  7. tu as l’art de donner envie de lire…par contre je ne suis pas d’accord avec « …des mots que j’aurais aimé savoir écrire »… tu écris très bien !!

    • Nous avons des écritures différentes… et, c’est vrai, il y a des choses dont je ne sais pas parler, surtout par écrit.

      Merci pour ce joli compliment.

      Passe une douce soirée.

  8. Il faut bien que je lise ici pour connaître ce livre, je n’en avait pas entendu parler. Merci pour la découverte je ne doute pas qu’il soit très intéressant.Bonne journée.

    • C’est un très beau livre… Mais je sais qu’on ne peut pas non plus tout lire.

      Merci, Solange.

      Bises et douce soirée à toi.

  9. Ah! Monsieur Liedich! La moto, l’amour, les mots, la poésie… Ah! si je connais! Et comme il me plaît!
    Merci à toi de nous communiquer le nom d’un de ses livres.
    Je t’embrasse,
    Gigri

    • C’est le second que je présente… et je suis contente que tu connaisses aussi bien son auteur.

      Merci, Gigri. Bises et douce soirée.

    • Une belle écriture… et une histoire très émouvante. Oui, j’ai aimé.

      Merci à toi, Galet. Passe une douce soirée.

  10. « Concerto pour rien » tes mots suffisent pour que je le choisisse…merci Quichottine

    Tu as quitté  » mon cahier à spirale » ?

    Je t’embrasse

    • Non, je n’ai pas quitté mon Cahier à spirales, mais comme tu as pu le constater, je n’y parle jamais de livres… ce n’est pas le lieu adéquat.

      Je dois y publier de nouvelles histoires… tout bientôt. 🙂

      Je t’embrasse. Passe une douce soirée.

  11. le choix d’un livre n’est pas tjs évident on peut nous le conseiller mais il est tjs bon de lire le résumé avant

  12. Un bel hommage à ce poète talentueux qui a a une sensibilité à fleur de peau . J’avais lu son livre précédent, et je pense que je mais me procurer celui-ci aussi!Tu nous donnes envie de le lire .
    Bisous

    • Il est différent, je crois que je l’ai préféré au premier que j’avais lu…

      Tu as raison, une sensibilité à fleur de peau. 🙂

      Bisous et douce soirée Fanfan.

  13. je ne connais pas, mais tu as toujours une belle façon de parler des livres qui nous donnent envie de les lire !
    bisous et bonne nuit

    • Je suis toujours contente quand cela vous plaît… même si je sais qu’on ne peut pas tout lire.

      Bisous et douce soirée. Merci, Lilwenna.

  14. De belles citations qui donnent envie ….d’en savoir plus…Tristesse et amour, douceur et lassitude…Des impressions. VITA

  15. « Même lorsque rien n’est vraiment possible » sous entend que tout n’est pas vraiment impossible 🙂
    Je t’embrasse ma Quich’ et te souhaite une bonne fin de journée 🙂

    • Sourire… c’est tout à fait ça !

      Merci pour tout, ma Clo. Passe une douce journée. Je t’embrasse très fort.

  16. Je connais Liedich pour ses poèmes toujours aussi sensibles et que j’aime mais j’ignorais qu’il avait écrit un roman, merci pour l’information Quichottine et bon weekend

  17. Bonjour et désolé pour le retard. Je suis un peu en retrait. Je viens de me lancer dans le classement et l’ordonnancement de tout ce que j’ai pu écrire depuis…. 1967. Des milliers de pages. De la folie. Mais si amusant. Quelle patate je suis.
    Merci pour ton article. Il est vrai que tu me donnerais envie de le lire. Mais sans rire, le relire me ferait peut être du bien.
    Je suis toujours aussi gêné.
    Merci Quichottine.

    • Mais non, tu n’es pas une patate… et puis, oui, tu pourrais le relire.

      J’ai aimé, moi… 🙂

      Merci à toi, Liedich.

      Passe une douce journée.

  18. tu donnes toujours envie de lire ce que tu proposes. J’aime beaucoup la poésie. Mais j’ai déjà tant à lire …
    bises

    • Oui… nous accumulons beaucoup d’ouvrages sur notre pile « à lire »…

      Ne t’en fais pas si tu ne peux pas tout lire… Je n’y arrive pas non plus.

      Bises et douce soirée.

  19. J’aime beaucoup Liedich, sa poésie. Il a beaucoup de talent. J’ai commandé un de ses livres mais je ne l’ai toujours pas reçu. Je suis impatiente. Bises

    • J’espère que tu le recevras bientôt… 🙂

      Je comprends ton impatience.

      Bises et douce journée, Martine.

  20. Que tu sais bien donner envie de lire… Entre toi et Pyrausta, je vais courir droit à la ruine quand (si je le peux) je vais rentrer en France l’an prochain. je pense monter une tente à la Fnac…..et faire flamber ma carte bleue sur l’internet, en livres divers…. Bises d’ici Dame

    • Passe par chez moi… je te passerai des livres pour t’éviter de les acheter. 🙂

      Moi, je vais devoir m’en séparer en vue d’un déménagement bien réel qui ne me permettra pas de tout garder.

      Bises et douce journée, Dame. Prends bien soin de toi.

  21. Liedich est un poète, réaliste, son talent est immense comme lui ! Il m’a toujours fais pensé à ces poètes maudits poursuivi jadis !
    Merci Quichottine d’aussi bien aimé mon ami
    Bisous

  22. Comme j’aime ton enthousiasme quand tu présentes un livre, c’est contagieux, et c’est une bonne maladie à contracter sans se faire de bile…
    À si j’écrivais sur Paris et sur ses banlieues !!!!!!! Pour le moment je préfère lire ce qu’en écrive les autres, mais comme je n’en pense pas moins, un jour peut-)être qui sait ????
    « Concerto pour rien et pour demain »… pour moi demain n’étant déjà pas rien, je suppose que le « pour rien » renferme quelques belles notes de musique et que la partition ne doit pas en être négligée….
    De plus avoir un ami nuage, n’est pas pour me déplaire :-))
    Bises et bonne soirée

    • Je suis sûre que tu saurais aussi en parler… Je pourrais, mais je sais que chacun d’entre nous a sa propre vision, sa propre sensibilité.

      Je savais que tu aimerais cet ami-nuage… 🙂

      Bises et douce soirée à toi aussi. Merci.

  23. bonjour, ma chère Quichottine,
    je ne connais ni l’auteur, ni le livre
    mais ce que tu en dis me plaît énormément,
    autant que ta manière à toi de le dire
    bonne fin d’après-midi
    gros bisous d’amitié
    jean-marie

    • Merci, Jean-Marie.

      Je suis ravie que cela te plaise.

      Gros bisous d’amitié. Passe une douce soirée.

  24. J’épouse chaque mot!

    Et puis, oui, je crois aussi que ce sont les livres qui nous choisissent.

    Hélène*

  25. c’est une très belle présentation du livre et de l’auteur
    qui pousse à découvrir tout cet univers merveilleux
    passe une belle fin de journée

    bisous créoles

  26. Merci pour cette nouvelle étude .Tu donnes envie de le lire. Douce soirée, bises Quichottine

    • Sourire… je sais qu’on ne peut pas tout lire, mais si j’arrive à vous en donner l’envie, c’est bien.

      Douce et belle soirée à toi aussi. Merci.

  27. Tout a fait vrai … et bien d’autres choses que livres choississent
    Bizzz

    • Je ris… tu sais bien, toi, que nous sommes moins libres de nos choix que ce que nous pensons.

      Bises et douce soirée, Kri. Merci !