Il s’appelait Roland

Un à un, donc, Quichottine fouillait les articles et les commentaires.

Suivie de près par l’allumeuse de soleil, parce qu’on ne sait jamais, elle pouvait avoir besoin de sa lumière, elle s’arrêta un moment sous une fenêtre.

Ce n’était pas n’importe laquelle. Évidemment.

Elle aurait pu passer inaperçue, perdue comme elle l’était entre un tailleur de pierre et le premier quichottinier de Sogo. Mais il n’en était rien. Personne n’avait fait la relation entre cet arbre à souvenirs et l’état d’abattement où se trouvait la maîtresse des lieux à ce moment-là.

Bras ballants, la dame aux cheveux blancs regardait le réverbère éteint, comme si d’un mot, d’un seul mot, elle pouvait faire jaillir la lumière.

Qui sait ? Qui saurait jamais les images colorées qu’elle aurait mises sur les carreaux… ?

Il y avait là tous les enfants à qui elle avait dit un jour que tout était possible, qu’il suffisait d’y croire, très fort, et de mettre des mots sur les maux, pour chasser la tristesse.

Et puis, très loin, juste en fermant les yeux, elle vit une petite fille, d’avant qu’elle n’eût les cheveux blancs.
Une petite fille qui hochait la tête, de gauche à droite, comme chaque fois qu’elle avait voulu franchir les quelques mètres qui la séparaient du sol.

Ce ne serait pas encore aujourd’hui.

Ceux qui passèrent, un peu plus tard, ne surent rien de l’hésitation des volets.
Ils étaient fermés, comme il se doit, au moment de la sieste, lorsque le soleil brille et que même l’allumeur de réverbère a le droit de rêver.

Quichottine
in « Fenêtre« , 11.01.2010

 Si tous avaient vu que la fenêtre ouverte par Kri était fermée chez Trinity, qu’il s’agissait bien de la même fenêtre, ils n’avaient pas remarqué que c’était sur la fenêtre fermée que Quichottine terminait son billet du jour…

Trinity, regard croise

C’est vrai… Nous n’avons pas toujours le sourire aux lèvres, même lorsque nous essayons de ne voir que le petit coin de ciel bleu qui existe toujours au milieu des nuages.

– Personne ? Ce n’est pas tout à fait vrai. Certains, plus attentifs, s’étaient interrogés.

C’est vrai…  Christian, si sensible à chaque mot !

Bonjour Quichottine,

Le début d’une histoire nous offre un volet ouvert sur l’envol vers l’arbre aux souvenirs, vers l’imaginaire couleur marelle et cerisiers blancs, avec le petit prince et une corde à sauter comme témoins.

Mais le volet se referme sur l’inachevé, ou plutôt sur plusieurs chemins inexplorés.

Que se passe-t-il entre « la séparaient du sol » et « Ce ne sera pas encore aujourd’hui » ???

J’imagine tour à tour la chute ou l’envol, le rêve ou le réveil.

Qu’il y a-t-il derrière les carreaux soleil d’un volet clos ?

Bises du grillon

Commentaire n°14 posté par Christian le 11/01/2010 à 08h35

Loralie qui avait vu la mélancolie… tout comme Vita.

Polly qui voulait ne garder que l’espoir…

Voila un conte plein d’interrogation et si joliment écrit.
Tu sais les mots idiots, ce sont ceux à nuls autres pareils, et il est bon de les écrire, les dire, les diffuser.
La fenêtre s’ouvrira encore, et elle descendra de son arbre, parce que ce rêveur d’allumeur de réverbère viendra la chercher pour aller plus loin respirer le parfum des étoiles.

Je t’embrasse très fort ma Quichott’.

Commentaire n°43 posté par Polly le 12/01/2010 à 06h38

Pierre s’était arrêté et avait apporté un peu de son soleil, du ciel bleu de son dernier été.

Pierre, Soleil et ciel bleu

Mais, celui qui avait le plus touchée Quichottine ce jour-là, qui l’avait le plus émue, c’était…

– Roland ?

Mais oui, comment avez-vous deviné ? Suis-je bête ! Vous avez lu aussi ce message-là !

Allo, les pompiers ?
Voila, vous allez me prendre pour un fou mais je vous appelle quand même. Je passais dans la rue […] et puis j’ai entendu des bruits. Des « Viens, viens » qui semblaient tomber du ciel.
Je lève la tête, c’était au pied d’une belle maison aux larges fenêtres avec un arbre superbe et majestueux. Et dans les branches, juste à la première fourche, il y avait une vieille dame. Je ne sais pas comment elle a pu arriver jusque là-haut.
J’ai eu beau l’appeler, elle ne m’entendait pas. Elle semblait comme… ailleurs. Oui, c’est ça ailleurs. J’ai eu peur qu’elle ne tombe alors je me suis précipité à la cabine téléphonique au coin de la rue pour vous appeler. Je crois qu’il faudrait que vous veniez parce que je suis sur qu’elle ne pourra pas redescendre toute seule…

Commentaire n°67 posté par Roland Ivy le 14/01/
2010 à 17h21

En souriant doucement, devant ce commentaire si conforme à ce que Messire Roland déposait de temps à autre sur ses pages depuis un certain jour de février où ils avaient décidé d’un commun accord qu’ils pouvaient se répondre ainsi, la Dame aux cheveux blancs lui avait écrit.

– Bonjour. Vous êtes M. Roland Ivy ?
– Oui… Pourquoi ?
– Vous allez devoir nous suivre au poste de police pour vérification.
– Pour vérifier quoi ?
– Que votre voix est bien celle qui a été enregistrée dans une cabine téléphonique cet après-midi.
– Enregistrée, pourquoi ? Puisque je vous ai donné mon nom et mon adresse.
– Dans le cadre de la lutte contre les fausses informations qui obligent les pompiers à se déplacer pour rien. Cela coûte très cher à la collectivité, vous devriez le savoir.
– Fausses informations ? Mais…
– Il n’y a pas de mais. Suivez-nous sans faire d’histoire !
– Et la vieille dame ? Vous ne l’avez pas aidée à descendre ?
– Nous sommes allés à l’adresse que vous nous avez indiquée.
– Et ?
– Il n’y avait personne.
– Mais il y a bien quelqu’un. Ou quelqu’un qui l’ait vue aussi ! Ce n’est pas possible !
– Il n’y avait personne. La maison est inhabitée depuis des années. La dernière propriétaire est décédée il y a dix ans, dans une maison de retraite.
– Mais je l’ai bien vue, moi, cette dame !
– Bon, il vaudrait mieux ne plus rien dire. Nous allons passer par l’hôpital pour vous faire faire des examens… Un illuminé pareil, ça peut être dangereux en liberté !
…Et c’est ainsi que Roland dut subir visite et contre visite de médecins et psychiatres avant que l’on ne décidât enfin qu’il ne s’agissait que d’un « doux rêveur » et qu’il ne ferait jamais de mal à une mouche.

Je t’embrasse fort, Roland.
Merci d’être passé aujourd’hui.

Quichottine

C’était comme un clin d’œil, de l’amie à l’ami.

Ce ne seront plus des mots perdus. Roland a supprimé son blog.

74 commentaires à propos de “Il s’appelait Roland”

  1. Tu sais, je ne suis pas étonné par tout ce texte,que l’on peut prendre par plusieurs bouts.

    Les événements de la vie sont imprévisibles. Vois tu, pour une fois qu’une « petite vieille » secoue un quichottinier, c’est un événement, car souvent les gens passent sans les voir !!

     

     

    Belle journée, Quichottine, avec bises de nous deux !!

    • J’aime ces imprévus…

       

      J’espère que tu auras passé une belle journée aussi.

      Bises et bonne soirée à vous deux. Merci.

  2. Une belle balade dans tes commentaires … C’est sympa …

    Bon week end ! Bisoux


     

  3. Tu sais bien faire revivre les histoires passées en les renouvelant..Bonne journée quichottine!

    • Il ne faut pas le faire trop souvent… mais, là, il était temps de le faire.

       

      J’espère que tu auras passé une bonne journée aussi, Gazou.

  4. Je me suis laissée reprendre sans résister dans le filet de tes liens et j’ai encore retrouvé le plaisir et l’émotion. Merci… Que cette fin de semaine te soit agréable

  5. des mots et des émotions que je découvre… comme les images… je ne les avais point vues? oh si…!! mais..j’avais mal regardé.. je lis les textes, je suis les liens…mais j’avoue là, humblement, avoir zappé la différence entre les deux photos…

    Anne… tu vieillis…. pas bien! Alors..je m’en vais voir Quichottine et Valentin…pour une fois, , en cliquant sur le lien, je ne me suis pas arrêtée, je l’ai mis de côté, pour y aller plus longuement…

    A bientôt, ici où là, maintenant ou plus tard….

    • Non, tu ne vieillis pas… mais je crois que nul ne peut tout voir, surtout lorsque les pensées se dissimulent entre deux images… si semblables !

       

      Merci d’être là.

  6. Qu’il est doux de rêver en ta compagnie, quoi de plus beau pour célébrer ce jour de paix.

    Gros bisous

  7. La poésie n’a pas de lieu de prédilection, sous le soleil, à l’ombre ou sous un réverbère.

    • N’importe où… je suis d’accord. En mots ou images, elle existe.

      Merci pour ta présence, Gérard.

  8. Aujourd’hui tu nous as pris bien loin avec toi…Derriere cette fenêtre fermée

    où tant de mots vivent d’une vie secrète.

    Je t’embrasse.

    • Bien loin… mais je reviens doucement vers aujourd’hui.

      Merci pour tes mots.

      Je t’embrasse, Marlou.

  9. J’ai bien aimé ce savoureux échange de commentaires entre Roland et toi.
    J’ai vu que pour parler de lui tu as employé l’imparfait, j’ai l’impression que beaucoup attendent derrière leur fenêtre fermée, j’espère qu’elles vont se rouvrir un jour.
    Bon week-end
    Bises Quichottine

    • J’ai l’impression que de nombreux blogs que j’aime se ferment, tour à tour.

      Lassitude ? Perte d’intérêt pour ce mode d’expression nouveau qu’était le blog à ses débuts ? Je ne sais.

      Mais je sais que je n’aime pas ce phénomène des « modes ». Aujourd’hui, nous avons à peine le temps de nous découvrir qu’il faut passer à autre chose.

      Roland reviendra peut-être, peut-être pas. Je vais regretter les mille vies qu’il savait si bien mettre en scène.

       

      J’espère que tu as passé un bon weekend. Bon lundi à toi.

  10. Notre Roland aux mille vies… Il doit en vivre de nombreuses en ce moment, et je guette comme tous ceux qui tiennent à lui, son retour.

    Je t’embrasse très fort ma Quichott’.

    • Je l’ignore.

      J’aimerais qu’il vive la sienne au mieux, et qu’il continue à écrire.

      L’écriture est un moment unique et si l’on peut la partager, c’est mieux.

       

      Je t’embrasse très fort, ma Polly.

  11. Ah..je retrouve « le coin de ciel bleu » après l’avoir écrit pour te répondre…

    Quelle jolie histoire entre deux dimensions! Bises et bon weekend~~D’Ocean

  12. Ces deux photos sont inoubliables…Merci de les avoir amenées aujourd’hui avec tes histoires magiques.

    Dame Sophie t’embrasse ma conteuse.

  13. L’allumeuse ou rallumeuse de réverbères c’est toi Quichottine…

    Belle journée et GROS BISOUS.

  14. Cette fenêtre est un vrai mystère: sur un blog , elle est ouverte, sur un autre elle est fermée et  chez toi c’était les deux!

    Le commentaire de Roland et ta réponse sont de vrais petits petits moments d’humour  ; c’est sympathique ,ce  » chjam’e rispondi » comme on dit chez nous (appel et réponse).

     Bonne soirée, bisous

  15. Les mots idiotsne sont généralement pas méchants, ils s’échappent comme ça, sans qu’on puisse les contrôler mais moi je préfère lire ces mots, plutôt que des mots qui font mal

    Oh un doux rêveur, ben non, ce ne sont pas des méchants, ils nous emmènent parfois loin, nous font voyager, ils sont toujours peli de délicatesse

    C’est simplement à nous, de savoir les comprendre

     

    bisous

    • Tu sais, je te lis et te réponds très tard, je n’étais pas là ce dimanche.

      Mais, tu vois, j’aime quand tu es là, que tu lis, que tu écris, que tu me touche par tes mots à toi, plein de délicatesse aussi.

      Roland est sans doute l’un des personnages les plus merveilleux que j’aie pu rencontrer à travers nos mots croisés. J’ignore sa réalité, mais je sais que dans notre fiction, je l’ai adoré.

      Passe une belle journée, Corinne. Je t’embrasse fort.

  16. Heureusement qu’il y a le monde imaginaire, l’on ne s’y perd pas, on s’y retrouve quand le monde réel cabosse …

  17. Une fenêtre a demi fermée, à demi ouverte .. et beaucoup de mélancolie dans ces billets, et sa fin ..

    Aurais tu perdu un ami ?

    Bises

    • Je ne sais pas… Crois-tu que je puisse me persuader : « pas de nouvelle, bonne nouvelle » ?

      C’est vrai, je pense à un ami.

      Merci pour ton passage.

  18. Je me souviens de cet article et de ces volets… l’un de mes préférés je dois l’avouer… Bises

  19. Une belle balade dans tes commentaires … C’est sympa …

    Bon week end ! Bisoux


     

  20. des mots et des émotions que je découvre… comme les images… je ne les avais point vues? oh si…!! mais..j’avais mal regardé.. je lis les textes, je suis les liens…mais j’avoue là, humblement, avoir zappé la différence entre les deux photos…

    Anne… tu vieillis…. pas bien! Alors..je m’en vais voir Quichottine et Valentin…pour une fois, , en cliquant sur le lien, je ne me suis pas arrêtée, je l’ai mis de côté, pour y aller plus longuement…

    A bientôt, ici où là, maintenant ou plus tard….

  21. Notre Roland aux mille vies… Il doit en vivre de nombreuses en ce moment, et je guette comme tous ceux qui tiennent à lui, son retour.

    Je t’embrasse très fort ma Quichott’.

  22. Coucou Quichottine, j’adore cette façon particulière que tu as de faire vivre avec beaucoup de tact et de poésie chaque article, chaque commentaire & chaque mot de ton blog …
    Bonne journée et bon week-end,
    Bises

    • Peut-être pas tous… mais de temps à autre…

       

      C’est un peu mon grenier à moi.

      Bises et bonne fin de journée, Muad. Merci.

  23. allumeur de révèrbère tout une époque, mais un métier que je n’aurais pas aimer faire…

  24. Ils sont tous un peu tristes tous ces messages retrouvés.: que de gens qui se croisent sans se recontrer, qui se cherchent sans parfois se  trouver

    • Certains le sont, pas tous.

      Mais c’est vrai qu’en fouillant ainsi, j’ai retrouvé ceux que j’aimais bien et qui ne sont plus là.

  25. De très beaux echanges via blogs……

    merci pour ce partage

    bises Quichottine

  26. J’adore te lire Quichottine et puis suivre les petits chemins que tu proposes

    Tiens tu me fais penser qu’il y a trop longtemps que je ne suis plus allée chez Sogo…j’y cours

     Bon samedi à toi

    • Là, tu as beaucoup de chance. Elle vient de revenir !

       

      J’espère que tu auras passé un bon samedi aussi. Bisous, Kri.

  27. De ta baguette magique tu fais revivre des mots qui auraient pu être oubliés si tu ne les avais pas « rallumés » par ta plume !

    Je te souhaite une belle journée

    bises Quichottine

    Trinity

  28. De ta baguette magique tu fais revivre des mots qui auraient pu être oubliés si tu ne les avais pas « rallumés » par ta plume !

    Je te souhaite une belle journée

    bises Quichottine

    Trinity

  29. Vraiment Madame la Docteur des Mots, vous n’avez pas votre pareille pour faire re-vivre des conversations oubliées.

    Tu es absolument géniale ma Quich’ !!!

    Gros bisous enthousiastes pour ton écriture !!!!!

    • Je ne me crois pas si géniale, mais j’aime les mots.

      Alors, quel plus beau métier que celui qui me permet de les faire vivre et revivre ?

      Gros bisous à toi aussi… Merci !

  30. Vraiment Madame la Docteur des Mots, vous n’avez pas votre pareille pour faire re-vivre des conversations oubliées.

    Tu es absolument géniale ma Quich’ !!!

    Gros bisous enthousiastes pour ton écriture !!!!!

    • Merci, Midolu.

      … pour ce lien et le programme aussi.

      Un superbe dernier rôle pour le baryton vedette. Je ne connaissais pas du tout.

      J’espère que le spectacle sortira en vidéo.

  31. je passe juste te faire un bisou, un lumbago tenace m’empêche de rester longtemps devant le PC  

    • Courage, Croc !

      … et je comprends tout à fait. Cela fait très mal, un lumbago.

      Prends soin de toi.

  32. Je me souviens de cette fenêtre …..Personnellement, c’est un thème qui me tient à coeur, on ouvre sur le monde , le monde entre , et parfois, on reste les volets clos, à l’intérieur de soi….VITA

  33. Je me suis égarée dans un vrai labirynthe er ai vogué sue des montagnes de commentaires. Raplapla mais heureuse me voici de retour

    Bisous ma Quichottine… heu… pas ordinaire du tout vraiment

    Nettoue

    • Sourire… merci d’être là, Nettoue. Pardon de te répondre si tardivement. Je m’étais égarée aussi.