Fugue (Clément 8)

Maintenant que les épisodes vont paraître à raison d’un par semaine, je pense qu’il vous faudra parfois vous remémorer les épisodes précédents… Alors, n’hésitez pas à consulter le sommaire, il est là en pense-bête, pour vous donner le plus important de chaque chapitre.

Clément, fils d’un orfèvre, a perdu sa mère à la naissance et a été confié à Jehan, l’apprenti, de douze ans son aîné.
Jehan prend soin de lui et le soustrait le plus souvent à la méchanceté de sa marâtre, Menehould. Lorsque François-le-ciseleur prévient Clément de son intention de l’envoyer en apprentissage à son tour, Clément fait front, il veut être troubadour, pour aller par les chemins et raconter des histoires, celles dont Jehan l’abrevait lorsqu’il était enfant.

Jehan avait souri dans sa barbe…

  • (à vingt-cinq ans, on peut être barbu non ?)

… et il n’avait rien dit. Clément avait voulu répondre mais un coup de coude de son ami l’en avait dissuadé. Il serait toujours temps de voir ensuite… et Jehan avait vu en effet.

Au petit matin, bien avant que le coq ne lançât au soleil son cocorico victorieux, Clément tira son ami de sa paillasse.

« Viens ! Vite ! »… Il n’avait pourtant rien dit mais toute l’attitude de son protégé le lui criait. Il fallait se hâter. Bientôt les valets se lèveraient et toute la maisonnée fourmillerait de servantes affairées. Clément voulait s’échapper, c’était flagrant !

Jehan se leva. Il avait toujours fait ce qu’il pensait être le mieux pour Clément. Là, il était évident qu’il ne pouvait le laisser partir tout seul de la maison. Ce n’était plus un enfant, soit, mais ce n’était pas vraiment tout à fait un homme. Il était impétueux et irréfléchi. Il avait besoin d’un ami auprès de lui pour l’empêcher de faire des bêtises !

D’ailleurs, quitter la maison… c’était peut-être la pire des décisions irraisonnées que le jeune homme eût pu prendre !

Jehan noua ses quelques hardes dans un fichu de coton qui avait été vert autrefois, et il vola dans la cuisine des restes de gibier rôti et des galettes de blé noir que les servantes n’avaient pas encore jetés aux cochons ou aux chiens. Il emplit deux gourdes de cidre. Il se dit qu’il aurait suffisamment de provisions pour attendre la fin du jour et que d’ici là il aurait réussi à convaincre Clément… Il valait mieux accepter gentiment l’ordre de son père que de courir à l’aventure sur des chemins qui étaient tout ce qu’il y a de moins sûrs !

Clément n’avait pas emporté grand-chose. Il estimait sans doute que Dieu pourvoirait au nécessaire et qu’il n’était pas besoin de s’encombrer du superflu ! Jehan lui prit un manteau de velours sombre (le mantelet était d’un vert profond mais il pouvait paraître noir par moment ou émeraude à d’autres). C’était bien beau de partir ainsi sans rien mais les nuits étaient fraîches.

Ils partirent. Jehan les fit s’arrêter un moment sur le parvis de la cathédrale. Il fallait se recommander à Dieu, ou du moins à ses saints. Dieu allait-il s’encombrer d’un garçon un peu fol et de son ami ? Il semblait à Jehan que si la cathédrale avait été propice à Clément au moment de sa naissance, sans doute y avait-il là un ange-gardien qui serait en mesure de le suivre pendant son voyage. Jehan n’était pas compliqué. Pour lui deux et deux ne faisaient jamais que quatre. Il se moquait bien des philosophes et des poètes.

  • Il n’aurait compris ni le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry ni le Cancre de Jacques Prévert qui rêve devant son encrier et fait du porte-plume un oiseau !

Un ange-gardien… ce n’était pas de la poésie, c’était du quotidien !
 

(image de Muad)

Ange, ou démon, on ne sait pas trop ce qu’ils trouvèrent sur les marches du monument désert en ce matin de juillet. Ce qui est sûr, c’est qu’ils sortirent de Metz alors que l’aube pointait à peine et qu’ils prirent la route de Nancy qu’ils atteindraient en deux jours si tout se passait bien.

Un grand chien gris et noir les suivait depuis la Cathédrale…

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70 commentaires à propos de “Fugue (Clément 8)”

  1. J’attends la suite. J’imagine la route jusqu’à Nancy (mais sans l’autoroute!) et les péripéties. Le chien noir n’est pas là par hasard, j’imagine!

    • Eh non ! il n’est pas « secondaire » dans cette histoire !

      Je sais que tu as une belle imagination et j’espère ne pas te décevoir… cela m’ennuierait beaucoup.

  2. Fugue…sur les traces ..un grand chien gris et noir…si c’est pas du suspense..on ne peut pas attendre une semaine !!!!!!!

    Bisous
    Brunô

  3. N’aies crainte j’ai de la mémoire !!

    Le chien est leur ange- gardien. Ca me rappelle le jours où moi, j’ai pris la route à un peu plus de 17 ans !!

    Bises  X 2 et bonne journée.

    • Pour la mémoire, je sais que tu en as plein, toi, tu lis tout et tu te souviens, ça fait plaisir !

      Prendre la route à dix-sept ans, c’est un joli défi et une belle preuve de personnalité !

      Passe une belle soirée, Patriarch. Bisous à tous les deux

  4. allez allez c’est trop lent on est impatient ….ça me rappelle le rythme de la mer on avance et on recule , je n’ai plus tellement de temps encore, moi!!
    bises

    • Ah… Tu veux que j’aille plus vite ? Mais après, tu t’ennuieras…

      Tu viendras lire don Quichotte avec moi ? 

  5. Ah quand ça parle d’Ange et de Saint Ex, je nage dans le bonheur!  Biz& bon weekend Quichottine***~~

    • Merci, D’Ocean. Cela me fait plaisir…

      Merci d’être passée en mon absence. Belle semaine à toi !

  6. chic ce nouveau rdv, maiiiiiiiiiiiiiiiis et le jour? l’heure? la minute? la seconde?  :-))))
    big bisous

    • Sourire… C’est un rendez-vous facile à retenir. Je publie à minuit… à 0 h parce que je préfère.

      Tant que je peux le faire

      Big bisous à toi aussi

  7. Pour l’instant j’arrive à suivre Quichottine, je pensais bien que Jehan allait vouloir faire une fugue et que son protecteur Clément ne le laisserait pas tomber. Les voilà donc partis accompagné par un chien…
    J’attends la suite avec impatience…

    • Tu as seulement interverti les prénoms, mais tu suis, pas de souci.

      La suite sera là vendredi. Je suis contente que cela te plaise.

      Gros bisous, Santounette. Passe une douce soirée.

  8. Qu’il est joli ton récit – J’espère arriver à le suivre sans trop d’interruptions – je te souhaite un bon dimanche chère Quichottine

  9. c’est vraiment agréable à lire… quel style ! bravo mon amie… gros bisous et bonne soirée…

  10. Les routes au Moyen-âge étaient loin d’être sûres…de nombreux dangers vont attendre Clément et Jehan au détour des chemins…j’en suis sûre! Par le manteau de Saint Martin, puissent les anges leur venir en aide!!
    Hé oui, je suis toujours l’histoire…je suis! En attente du prochain épisode, je t’embrasse Quichottine! :-))))

    • C’est vrai… je suis sûre que tu peux les imaginer !

      Merci de suivre le fil de l’histoire. J’en suis heureuse !

  11. Je me plais à penser que c’est un ange qui était là sur les marches de la cathédrale.
    Bises Quichottine!

  12. Les voilà donc lancés dans la grande aventure. Par monts et par vaux comme bon nombre de jeunes de leur âge à cette époque.
    Après tout ce n’était pas plus mal que de rester là à faire le domestique pour la maisonnée et servir de bouc émissaire.
    Je leur souhaite bien du courage et une bonne soirée à toi l’écrivain

  13. Comme de minuscules cailloux sur le chemin …vite..vite …la fuite pressée avec l’inquiètude – heureusement qu’il a « son » ange gardien  et le grand chien gris ne m’est pas inconnu  – j’ai connu la fuite à 5 H du matin  et j’ai connu un grand chien gris que j’ai beaucoup aimé….comme c’est curieux quand même (lol) mais pas question de ramener à moi , je vais les suivre pour savoir …Bisous La Douce et merci de ton amitié fidèle et généreuse (je craignais un peu tu vois , que te déplaise ce que je faisais en venant à la porte des réclamations – Vois combien le temps passé sur ton blog est reposant , utile et nécessaire !  :-)))

    • Je ne sais… mais je suis contente si je peux t’être utile.

      Je crois que nous avons tous besoin d’un peu de repos…

      Tu n’as pas de souci à te faire pour moi, tout va bien. Je t’embrasse affectueusement

  14. Pardon de te signaler que mon com apparaît à une date qui n’est nullement celle d’aujourd’hui et en plus sous le nom d’Alain-Julien  (que j’aime beaucoup mais moi c’est moi ! hihihi)  Over-blog n’est pas bien réveillé à ce que je vois 

    • Ne t’en fais pas… il m’a été remis avec les bonnes informations. C’est un bug passager, mais très énervant, je le reconnais.

      Bisous, Blanche.

  15. Ouf il part avec lui! Tant mieux! et ce grand chien noir je le sens bien comme protecteur!
    Bien bien ça prend bonne tournure!
    Bises Dany

  16. Coucou Quichottine, l’aventure s’offre enfin à eux, au bout du chemin et après les formalités d’usage …
    Merci d’avoir choisi cet ange gardien qui se trouve à St-Christophe du Ligneron (85) et St-Christophe, c’est le Saint Patron des voyageurs.
    Gros bisous et belle journée,

    • Il ne pouvait pas prendre la route sans ange-gardien, et, j’avais aimé celui-ci lorsque tu me l’avais apporté au jardin.

      Grand merci, Muad. Belle et douce soirée à toi

  17. A cette époque (ou durant celle que l’on imagine en lisant cette histoire  )  je pense que nul n’aurait compris St Exupéry ou Prévert .
    LIZAGRECE

    • Personne ne l’aurait compris… mais qui sait ce qu’eux auraient écrit s’ils avaient vécu alors ?

      Merci de suivre mon roman, Liza.

  18. Je sens que ce grand chien gris et noir nous réserve des surprises…
     Bon We à toi!

    • C’est vrai… c’est sans doute l’un des piliers de cette histoire…

      Merci, Kri, passe une belle semaine !

  19. Avec Jehan et ce grand chien comme anges gardiens, Clément ne risque que d’ attraper un rhume. Et encore, peut-êre pas ?
    Il me plaît bien ce gamin 🙂
    Bisous ma Quich’

    • Ah… il va te falloir attendre un peu pour la suite… mais j’aime bien que ce gamin ait pu te plaire !

      Je t’embrasse fort !

  20. pas de soucis pour ma mémoire j’ai bien mémorisé ton récit que j’ai grand plaisir à suivre. Les chemins de l »aventure s’ouvrent devant eux et comme on dit <jamais deux sans trois> ce grand chien sera t-il celui là?
    Bonne soirée avec des grosses bises du soir.

    • Peut-être…

      Mais tu ne voudrais quand même pas que je dévoile la suite tout de suite… Si ?

      Gros bisous à toi aussi

  21. « Je pense qu’il faudra vous remémorer les épisodes précédents »…
    Ttttt, il n’en est rien pour Betty : Clément est depuis peu son passager et on ne peut l’oublier. Tel le héros d’un livre, qui par sa vie & l’accroche d’un auteur, on le vit dès une page finie. C’est comme si, dès la fin d’un chapitre lovée sous sa couette, je devais dès le lendemain reprendre le dernier passage avant de me replonger dans l’histoire.
    Ttttt, impossible !
    Que jeunesse se fasse & Clément est là pour nous en rappeler les balbutiements et moi pour ma part, j’adore me remémorer une époque : celle de l’insousciance qui parfois, en tant qu’adulte, nous manque tant.
    Mon ange gardien? Qui sait, certaines paroles de ma grand-mère… Bise ma belle

  22. un ange gardien… j’aimerai que ce soit aussi de la poésie… parce que que… est-ce vraiment du quotidien??

  23. A mon avis, le grand chien noir est l’ange gardien…

    je t’embrasse Quichottine.

    • Le grand chien noir… Pourrait l’être, c’est vrai. Mais chut ! Tu le sauras bientôt. 

      Je t’embrasse très fort, Polly

  24. Comme c’est agréable, ma chère Quichottine !
    des mots qui viennent, qui coulent de source, allais-je dire…
    c’est d’une douce poésie malgré une situation plutôt rude et qui laisse envisager un futur quelque peu hasardeux…
    bises amicales
    bien à toi
    jean-marie

    • Merci, Jean-Marie.

      C’est vrai que le futur de mon héros et de son mentor risque d’être périlleux. Mais ils ont un ange-gardien…

  25. Il y a un âge où toutes les aventures sont bonnes à vivre et flanqué de Jehan, le chien noir et l’ange gardien, que risque-t-il de plus que de rester avec un sale bonhomme qui ne le respecte pas ?

  26. J’ai cru que tu m’avais fait fuguer ce pauvre clement tout seul..je suis soulagée que ce ne soit pas le cas, qui sait ce qui aurait pu lui arriver ^^

    Et la prose de prévert ou de St exupery a cette époque, je me demande aussi ce que ça aurait pu donner

    Bonne soirée

    • Ben non… Je l’aime bien, moi, je ne veux pas qu’il lui arrive malheur !

      Pour cette autre question, je n’ai pas vraiment de réponse.

      Bonne soirée à toi aussi, Loralie.

  27. suis un peu patraque mais je viens lire quand même la suite de l’histoire. Veux-tu la grotte du lutin bleu? je te l’envoie,
    bises

    • Bien sûr… Je suis contente que tu me la prêtes.

      J’espère que tu vas bien vite te remettre… Prends un peu de repos.

  28. -Je suis encore dans ta bibliothèque !

  29. Tu vois je l’ai retrouvé , bien gardé dans ma mémoire pour les récits précédents ….quand je te disais qu’il m’avait toujours accompagnée 🙂  et de fait , pour qu’il ne s’éloigne pas , je l’ai carrément installé dans mes favoris et je viendrai le retrouver autant que je le pourrai ,bien décidée à le suivre (hihihi) Merci Quichottine pour ce joli récit , bisous la Douce