Auguste Rodin

Avant de retourner à mes livres, je voulais vous parler de Rodin.

Mais…

J’avais laissé passer l’heure où je m’assois d’habitude devant mon ordinateur pour vous raconter, n’importe quoi le plus souvent, ce qui me passe par la tête, ce que j’ai dans le coeur, ou ce que j’ai vu, en me promenant, comme je le fais si souvent, chez mes amis… qui pour être virtuels n’en sont pas moins présents, de plus en plus, dans cette bibliothèque.

J’avais laissé passé l’heure… j’aurais pu décider que je laissais Isabella rêver encore un peu en première page.

J’aurais pu…

Mais voilà ! Je suis passée chez Vita… et je suis allée chez Martine

Là, j’ai pris le soleil dans les yeux !

La nature a ses fées… et de petits lutins s’amusent à la capturer, à l’inscrire sur leurs pages. C’est plus que beau. Comment vous dire ?

C’est comme lorsque vous visitez un musée un jour, sans vous y attendre, vous vous arrêtez , là, devant un tableau, un objet, qui n’est peut-être pas le plus beau, le plus connu, mais qui est celui qui était là, uniquement pour vous.

Ce matin, chez Martine, chez Vita, ou chez Kinou l’autre nuit… c’était comme ça.

Et moi ? Moi, j’avais été atteinte d’une crise de flemingite aigüe ! C’était vraiment n’importe quoi ! Je me suis dit que mon chevalier ne serait pas content, de voir que je le délaissais. Je me suis dit qu’à l’époque où j’aurais aimé vivre, il était hors de question de se laisser aller… Voyez-vous, moi, j’aurais aimé être troubadour, à l’époque des bâtisseurs de Cathédrales…

C’est vrai…

Et c’est là que Rodin intervient.

J’ai déjà parlé de lui… dans mon tiroir aux secrets. Mais je ne vous ai pas dit qu’il avait aussi participé à l’enquête de Ventura García Calderón… Mais oui ! Et voilà ce qu’il a dit :

Cervantès est une de nos cathédrales…

Dante, Shakespeare, les grands grecs, Cervantès ; je les mets tous sur le même plan… Il est l’un des émissaires mystérieux de l’Infini qui arrivent brusquement avec les mains tremblantes, comme s’ils venaient de les plonger dans les entrailles même de la vie.
Un idéaliste, dites-vous ?… Appelez-le réaliste ou idéaliste, comme vous voudrez. – Je n’aime pas ces qualifications. – Les sculptures de la Grèce veulent seulement copier la réalité et cependant quel rapt est le leur !… Mais c’en est fait de ces grandes sincérités, de ce désir de ne préparer l’âme que pour les thèmes éternels. Le XIXe siècle a été un siècle de négation. Il a douté de tout, et même de l’intelligence… Revenons donc aux siècles des cathédrales et du Quichotte. Toute la vie du Chrétien était enfermée dans la merveille gothique ; toute la vie était contenue pour moi dans le Quichotte quand je le lus dans ma jeunesse.
Ce que j’ai voulu dire dans mes marbres, c’est la même chose : la beauté formidable du monde et sa mélancolie.
Vous voyez, Monsieur, que je ne saurais mieux dire : je m’incline devant le Quichotte comme devant les sublimes pierres gothiques… Cette lance pointée vers les cieux a l’éclat de ces flèches de l’Infini…

[Don Quichotte à Paris et dans les tranchées, entretien avec Auguste Rodin, p.81]

Moi, lorsque je pense à ces Cathédrales… je pense aussi à celles de Rodin, celles qui disent tant de choses, celles qui abritent tant de sentiments divers… Celles qui, d’après le merveilleux poème que j’ai lu ce matin chez Chris, pourraient abriter chaque nuit l’âme que don Quichotte aurait offerte à Dulcinée.

Auguste Rodin
La Cathédrale, 1909
Musée Rodin, Paris.


Pour retrouver ce qu’ils en ont dit :

  • Guillaume Apollinaire
  • Anatole France
  • Ventura García Calderón
  • Milan Kundera
  • Gabriel Hanotaux
  • Leon Werth

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54 commentaires à propos de “Auguste Rodin”

  1. Cette cathédrale m’ a toujours fascinée depuis qu’ étant en 4ème, je l’ avais dénichée dans un vieux carton à dessin qui terminait sa vie dans un recoin de la salle de classe.
    Le dessin était moisi, le fusain était effacé par endroits, ne restait que cette envolée sublime du trait…..
    Bo week-end Quichottine et merci d’ avoir réveillé ma mémoire

  2. Fichier hébergé par Archive-Host.comPour moi Rodin c’est direct « la pensée »..;je n’ai pas une très grande culture finalement…Cette sculpture est très jolie….bisous Quichottine..;bonne journée…

    • Rodin, c’est Le Penseur pour beaucoup de monde, parfois, c’est aussi Le Baiser… Mais il y a tant à voir, tu sais, que personne ne peut avoir tout vu.

      Bien sûr que si que tu as une grande culture ! Il n’est besoin que de lire tes articles pour en être persuadé !

      Bonne journée à toi aussi…

  3. Rodin…j’en ignore beaucoup de lui et je reviendrai te lire mieux - ce que j’en connais , c’est le fameux « Penseur »…auprés duquel je marcherais sur la pointe des pieds dans ma crainte de le déranger ! il me fascine complètement. Je t’embrasse chère Quichottine.

    • Tu sais, Le Penseur  est dans le jardin du Musée Rodin à Paris… il n’est guère impressionnant, si ce n’est par sa taille… Par contre, ma plus jeune fille m’avait dit, lorsqu’elle l’a vu : « on a besoin d’être tout nu pour penser ? »

      Alors, logiquement, je me dis que l’homme est aujourd’hui bien trop habillé et que c’est pour ça qu’il lui arrive d’agir sans réfléchir !

  4. Tu sais bien, toi, que j’adore Rodin……..qui m’écrase, littéralement…on se sent tout petit, en somme….

    ….exactement comme les cathédrales !!
    …..exactement comme certains chef- d’oeuvre de la littérature !!

    Je ne connaissais pas ces mains-là !!!!
    Il me semble que c’est un platre ????….j’irai voir ce site….

  5. Bonsoir Quichottine !!!!
    J’adore ta façon d’écrire et de décrire, c’est très beau  !!!!!
    Moi aussi j’aurais aimé être une troubadour et vivre au temps des bâtisseurs des cathédrales !!! Beaucoup de nous aurons pu profiter du grand beau temps et c’est tant mieux !!! La nature était en éveil et c’est superbe !!!! Bonne soirée à toi
    Bises

  6. Je pars un peu ds le sud,je te laisse mon domaine….Tu peux y prendre des photos si tu veux…Elles sont pour tous….Bonne soirée VITA

  7. Rodin, que du bonheur, .. le mieux  est de visiter son musée!!
    moi j’adore les bourgeaois de Calais , la main de Dieu , et bien d’autres !!!

  8. La remarque a été faite, mais je la cite à nouveau.

    Je ne peux penser à Rodin sans y associer Camille Claude et vice versa.

    Quand au Musée Rodin, le cadre de l’hôtel Biron est splendide.

    • J’avais beaucoup aimé…

      Pour Camille… tu sais, je crois que ce n’est pas facile de faire sa place au soleil lorsqu’on vit à l’ombre d’un grand homme… Il y a d’autres cas, dans l’art et dans la littérature. C’est dommage.

      Merci à toi d’être là.

  9. Dans la série de noms que Rodin a citée, il pourrait y glisser son nom, mais l’humilité et des pieds bien sur Terre lui font dire qu’il s’incline devant le Quichotte. Plus on est modeste, plus on est éternellement grand, la sagesse de l’âge sans aucun doute pour Le Sculpteur.
    L’Artiste rejette en bloc le siècle de l’Industrie, pour nous inviter aux temps des rêves, à celui des croyances, et en même temps de la réalité. Le réel et l’imaginaire sont source de vie harmonieuse. Le réel seul, n’est que Capital, l’imaginaire seul, ne serait que folie.
    L’Homme de l’ère industrielle, doute de tout, sauf de lui-même. Rodin remet les pendules à l’heure, l’heure du conte, où le Héros, L’Homme, est sans cesse remis sur le droit chemin, par son double, Sancho.
    C’est une vraie découverte que cette interro surprise au temps des tranchés et de la Drôle de Guerre, qui comme toutes les guerres n’avait rien de drôle.

    • J’aime bien… Je dois dire que c’est un tout petit recueil de textes, et qu’il est vraiment riche en trésors…

      Merci pour toutes ces réflexions, Madame Yoyo.

  10. Quand Rodin parle de Don Quichotte, c’est un moement exceprionnel que je n’aurais jamais imaginé, quelque chose de fort qui nous fait voir ce sculpteur de génie comme sous une autre facette … Merci à toi pour cette découverte. Bon début de semaine Quichottine !

  11. Bonjour,

    Et d’abord merci pour tes commentaires. J’avais écrit ici il y a quelques minutes un long texte sur Camille… Cam pour moi et puis comme souvent ce blog a tout expédoié dans la lune alors tant pis… Je résume en quelques mots…
    Ecrasant Rodin oui terrible ! Sa sculpture a été pour moi à partir de 19 piges quand je peignais celle du jardin aux oiseaux soleil aux arbres nuages et aux silences pierres des Bourgeois de Calais sublimes par leur humilité et leur humanité si différentes de l’homme qui les a créés. Et puis celle du Balzac cette roche de pensée et d’imagination en mouvance vers soi-même et vers les autres… Et enfin Les portes de l’enfer… 
    Mais tout le reste est du même topo que La main de Dieu pompeux pesant extrêmement « viril »… 
    Camille Cam c’est La Vague et cette éclaboussure de lumière vert pâle dorée paillettes d’onyx et de feu douce fraîche et dansante… C’est La petite joueues ede flûte, c’est La Valse, et surtout c’est Sakountala !… dont le plâtre a été abandonné aux rats dans un cabanon du Musée de Châteauroux pendant 40 ans !
    C’est la conscience d’un coup de ce que ça veut dire la création au féminin et la volonté rebelle de ne pas se laisser enfermer dans du massif parce que la sculpture ça peut être aussi du vent de l’eau du feu des papillons de lumière… 
    Et ça c’est Camille tout Cam dans sa robe de feu rouge virevoltant à l’aube au milieu de ses sculptures et les détruisant parce qu’on lui avait détruit sa vie de femme libre et sauvage !…
    Camille n’a jamais été dans l’ombre de Rodin c’est lui qui était gèné par la force insensée de cette jeune femme aux yeux du bleu des champs de lin qu’il ne ma^trisait pas ne dominait pas… Il faut un peu cesser de penser à l’envers !
    Un des chapitres de mon bouquin s’intitule « Sakountala » et ça n’est sans doute pas fini… Une création féminine c’est un engagement aussi face à ce qu’on plaque sur nous enfin pour moi c’est ça… Cam y a laissé sa peau son génie créateur sa vie et la lumière magique et bleue de ses yeux de patite vague insensée…
    A plus au fil des mots… Dominique

    • Je reconnais que ça arrive et c’est rageant…

      Bonjour Dominique ! … Je suis contente d’avoir aussi ton avis.

      La création au féminin est loin d’être facile… Tu en sais quelque chose.

      J’aime beaucoup ce que tu dis de Camille Claudel. Même si je continue à penser que si Rodin n’avait pas été là, elle aurait sans doute été plus heureuse, peut-être reconnue pour ce qu’elle était… Peut-être que ma formulation « à l’ombre de » n’était pas appropriée.

      Je suis loin d’être une spécialiste, ni de Rodin, ni de Camille Claudel. Il y a seulement des oeuvres qui me parlent davantage que d’autres. Lorsque j’évoque un tableau ou une sculpture, un poème, ce n’est pas pour faire l’apologie de son auteur. C’est uniquement parce que ce tableau, cette sculpture ou ce poème, m’a plu. Qu’il a été une source d’écriture.

      Ici, ce qui était abordé, c’était l’image que Rodin conservait de Don Quichotte. J’ai mis La Cathédrale en illustration, parce que je trouvais que c’était important.

      Il est vrai que dans l’enquête dont je parle, Camille n’a pas été interrogée… Elle était déjà internée à ce moment-là…

      En te lisant, je me demandais ce que quinze années de vie avec Rodin, en dehors de ce que beaucoup mettent en exergue, avaient pu lui apporter. Tout était-il négatif ? Je n’ai pas de réponse. Ils se séparent en 1898, elle est internée en 1913… que s’est-il passé entre-temps ? J’avoue ne pas avoir cherché, ne pas m’être interrogée. Je parlais d’une citation précise, je ne pensais pas que l’on en viendrait à parler de Camille Claudel.

      Pourtant, je crois que c’est naturel de l’avoir fait.
      Je te remercie d’avoir évoqué la création féminine, d’avoir parlé de ton livre… C’est important pour moi qu’il y ait ici des spécialistes, dans la mesure où je ne le suis pas.

      Merci… merci d’avoir persévéré et de m’avoir laissé ce commentaire.

      A bientôt…

    • Personne ne peut tout connaître…

      Je suis heureuse si tu as pu apprécier le voyage…

      Passe une belle soirée !

  12. Oui c’est comme lorsque je visite une expo, un musée, je m’arrête…
    Et je lis tes mots qui m’emportent m’embarquent comme en voyage.

    • Merci de les avoir lus…

      J’aimais bien ce poème, écrit il y a longtemps. Je suis contente de voir qu’il a plu et qu’il plait encore à ceux qui passent, comme toi, un peu plus tard…

      Merci pour tes mots…

  13. euh??? ce ne sont pas « ‘les mains » de Rodin que je connais, …
    je vais fouiller tous les liens ; je m’instruis chez toi – même si ça prend un peu de temps – on picore ça et là !

    bon we !

    • Il en a fait beaucoup… il y a eu une exposition récemment à ce sujet.

      Je suis contente que la bibliothèque te plaise.

      Bon week-end à toi.

  14. Tiens, chez Muad il y avait des mains  et aujourd’hui des pieds… Moi en ce moment, je fais des pieds et des mains pour savoir si je me mets en pause oui pas…. Je crois que j’ai pris une décision…. atteinte de flemingite aiguë comme tu dis. Bon samedi sous le soleil.

    • Tu sais, parfois il vaut mieux une pause qu’un abandon. Je te comprends… c’est si beau chez toi !

      Bon samedi à toi aussi…

  15. Bonjour Quichottine, toi de la flemingite aigüe ??? oui mais pour la bonne cause, pour aller visiter tes amis virtuels.. Ces mains sont superbes.. quand « je pense » Rodin c’est à Camille Claudel que je pense.. et il a un point commin avec don Quichotte : ses délires… qui l’habitaient aussi….
    Je t’invite à aller sur mon blog..
    je te fais plein de bisous
    chantal

    • Tu m’as fait l’honneur de me nominer sur ton blog… Merci, infiniment…

      Décidément, c’est la période des récompenses… et des tags !

      Plein de bises à toi aussi…

  16. Belle nuit, amie troubadour au bleu pourpoint. Gros bisous

  17. Excuse moi .dona.. ,bonjour , bon dimanche !  tjs en colère « après rodin ….bises

  18. Ha Camille, ha Rodin ! Rodin, l’un de ceux qui influence ce que je crée. « On ne sculpte bien que sur de la sculpture déjà faite ». A-t-il déclaré.

    J’applique cette maxime lorsque je dessine, je peints, faits des poèmes et développe certains écrits. En ayant en tête aussi que le « mieux est l’ennemi du bien » – qui n’est sûrement pas de lui, lol. Il faut trouver un compromis complexe, soit, mais accessible à un esprit artistique humain.

     

    Quelquefois, par contre, je préfère que mes textes ou que mes peintures soient totalement spontanés, et je ne les sculpte plus du tout après.

     

    Deux exemple chez moi : « Barbe blues du Père Noël » en cours de « ciselage ». A la fin  je voudrais que ce texte « coule de source » quand on le lit (ce qui n’est le cas pour l’instant vraiment que sur une ou deux strophes auxquelles je ne toucherai plus). Et le « Petit chaperon cru » qui a été écrit d’une seule traite.

     

    Merci donc, Monsieur Rodin, toi qui éclaire en ombres et lumière et en trois dimension SVP, ma bien petite pratique.
    🙂

     
    Cavalier

    Cavalier

    • … C’est vrai que la création est parfois très rapide, d’autres fois non…

      Bonne soirée, Cavalier.

  19. j’ai un peu la manie de faire  joujou avec la souris et j’ai donc de suite vu qu’il y avait eds changements! Bigre tu deviens fortiche!! je ne sais encore pas faire ça: utiliser des bouts de la photo pour aller quelque part. Un peu long à charger au début, mais je pense qu’il suffit de le faire une fois, apres, ce’st en cache…(Bon, Mahina, ne vide pas ton cache trop souvent..!) Pourquoi mon com sur cet article (que soit dit en passant, je n’ai encore pas lu….) juste parce que cette photo est un symbole pour moi…La cathédrale de Rodin, choisie pour illustrer mon faire part de mariage….
    Je reviendrai…là, pas assez de temps…
    Quichottine

    • Je savais que tu suivais aussi mes liens, ce qui me fait très plaisir.

      … Et je sais que mon image est un peu longue à charger, surtout lorsqu’on n’est pas sous ADSL.

      Merci pour ce petit bout de toi que tu m’offres. Personnellement, ces mains me racontent toujours beaucoup.

      À très bientôt, Mahina !