Goya

J’ai été en panne d’ordinateur !

Je suis certaine que c’est déjà arrivé à beaucoup d’entre vous… dans ces cas-là, je désespère ! En fait, je suis une intoxiquée… Je ne peux pas me passer de mon écran plus de quelques heures ! J’ai besoin de savoir si tout va bien, si vous êtes toujours là, si ma bibliothèque n’a pas pris feu… C’est un peu idiot, je l’avoue !

Ma bibliothèque est virtuelle, elle ne peut pas subir grand dommage !

Que peut-il bien lui arriver ?
Perdre quelques points dans ses statistiques ?

Ce n’est pas très grave, vous savez, parce que je sais que vous ne m’en voulez jamais lorsqu’il n’y a pas de nouvel article… Vous en profitez pour lire les anciens ! J’ai de la chance !

Mais, je me suis dit que puisque je venais de retrouver mon compagnon, je pouvais vous écrire un tout petit article… un tableau ?

Ce sera pour vous faire plaisir, pour vous remercier de vos visites !

Bon, ce n’est pas une surprise… je vais vous parler de Goya, je vous l’ai dit dans le titre. Vous vous demandiez d’ailleurs pourquoi je vous parlais de mon ordinateur au sujet de ce peintre…

C’est tout simple. C’est parce qu’en regardant ses tableaux, ses « cartons » (qui étaient des projets de tapisseries qui ne furent pas souvent réalisés) je me disais qu’à cette époque-là, il n’y avait pas de téléviseurs, d’ordinateurs, de cinéma…

Il y avait des peintres, des écrivains, des comédiens… Ils étaient les seuls à pouvoir transmettre un message.

Certains se contentaient de raconter de belles histoires, comme le ferait le lutin bleu du troubadour de mes contes.

D’autres parlaient de choses plus profondes, qui avaient trait à la pensée, histoire de faire réfléchir un peu plus loin que le bout de son nez… et il arrivait même que quelques uns veuillent parler de ce qui ne se dit pas, de ce qu’on cache, de ce qui fait mal.

Pourquoi ? Peut-être par « devoir de mémoire« … Cette expression n’est pas de moi, vous savez bien !

Alors, Goya ? Il s’appelait Francisco.

En espagnol, Francisco (François) a un diminutif : Paco.

Un « paco », c’est aussi un « tireur isolé », un « franc tireur »… Je ne digresse pas vraiment, je laisse seulement ma pensée vagabonder. Lorsque je pense à Goya, je vois plusieurs images. Je le vois passer du jeune « Paco » à Francisco… Celui qui ne pourra plus porter de diminutif.

Donc, au début de sa carrière de peintre, il dessine et met en couleurs des projets de tapisserie… et c’est très beau. Comme ce tableau dont je vous parle aujourd’hui, peint aux environs de 1777.

Goya-1777
Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828)
El quitasol
(104 x 152 cm)
Musée du Prado, Madrid.

Pourquoi ce tableau-ci alors qu’il y en a de nombreux ? Parce que c’est sans aucun doute le plus joli… Pour autant que l’on puisse décider qu’un tableau est « joli ».

Je sens que vous allez rester sur votre faim…

Que faut-il faire ?

Vous raconter comment cette jeune femme s’est trouvée là, attendant patiemment dans cette position plutôt inconfortable le bon vouloir du peintre ?

En fait, elle voulait qu’il montre le bon côté de son visage, cette belle boucle d’oreille… Vous ne le savez pas, mais elle a perdu l’autre ! C’est très ennuyeux. Il ne faudrait pas qu’on la retrouve chez son galant !

Lui, derrière, c’est son valet… Un jeune garçon qu’elle a sauvé de la misère en le rachetant à un aveugle… Il s’appelle Lazarillo. Il a fait sur les routes d’Espagne tant de voyages que lorsqu’ils sont seuls parfois, qu’elle s’ennuie, il lui raconte des histoires épouvantables de brigands et de sorcières qui la font frémir jusqu’au plus profond de son être. Il voit bien qu’elle est amoureuse de ce fichu peintre ! Il est jaloux. C’est vrai, mais il est bien obligé de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Lui, il n’a rien, seulement ce regard un peu triste… qui ressemble à celui du chien qu’elle emmène partout.

Ce chien… C’est le seul qui soit vraiment heureux : lové sur les genoux de sa maîtresse, il dort !

Voilà… je voulais vous montrer un tableau ensoleillé…

Celui-ci, parce que même l’ombrelle que le jeune homme tient ne peut en ternir la luminosité.

Celui-ci, parce que vous en connaissez d’autres, ceux que l’on peut voir dans tous nos livres d’histoire, de cette Histoire2 mai et le 3 mai 1808, les tueries injustifiées. Goya les peint et il lui semble que plus jamais il ne retrouvera la fraîcheur de ses premières œuvres. Il est devenu le peintre de la laideur, de ces êtres qu’il croise dans les rues sombres, de ces géants qu’il imagine désormais, ceux qui dévorent leurs enfants comme le fit Saturne… Quelqu’un d’autre.

Goya, dans ma bibliothèque, c’est aussi un livre : qui s’écrit avec une majuscule et des lettres de sang.

Jeannine Baticle,
Goya d’or et de sang
(Découverte Gallimard, 1986)

26 commentaires à propos de “Goya”

  1. Ce tableau est très tendre.. tant par les couleurs que par les personnages… cela ne m’étonne pas que tu aies choisi celui-ci.. il en est d’autres que j’aime moins voire même pas du tout  !
    Passe une  belle soirée Quichott’

    • Contrairement à Chris, je dois être très prévisible… (sourire complice)

      Il y en a aussi beaucoup que je n’aime pas !

      Passe un bon week-end, Kinou.

  2. Goya dérangeait en son temps …..et dérange encore ????
    ….il n’avait pas choisi le plus raccoleur !!!!! ???????
    Je plaisante, bien sur !……ce n’est pas toujours beau et agréable de regarder certaines de ses oeuvres……mais il savait « photographier » la société de son temps, sa mentalité….
    Quelque part, il est devenu un peu caricaturiste !!!….et très spontané !

    • Oui… je suis d’accord avec toi pour ce qui est de la transmission de ce que l’on a vu… Il a ce talent fou d’être capable de traduire en image des émotions… et de faire en sorte que d’autres les ressentent aussi.

      Je ne sais même pas si c’est de la caricature. C’est une image qui a oublié la complaisance habituelle au vestiaire !

  3. Moi non plus, je ne suis pas trop fana de Goya, mais je trouve sa peinture très intéressante. 
    Tu es intoxiquée toi aussi? C’est terrible de se sentir aussi accro d’overblog, mais quel bonheur de vous retrouver tous lors de ma petite promenade digestive. Hips (pardon!)
    Mon seul regret: ne pas pouvoir réellement partager ce qui se passe sur nos blogs avec les autres potes, ceux du monde réel…(J’ai un peu l’impression de les raser lorsque je leur en parle)

    • Je suis complètement intoxiquée… et mon entourage ne comprend pas non plus quel plaisir on peut éprouver à faire des rencontres par écran interposé ou à vouloir publier ce qu’on écrit de cette façon.

      C’est rigolo… Merci d’avoir partagé avec moi ce regret… une façon de me rassurer : je ne suis pas tout à fait seule à éprouver ce genre d’impression !

      Merci, Val’r ! Passe un bon week end.

  4. C’est un beau billet Quichottine, je n’aime pas toutes les oeuvres de Goya mais j’apprécie ce tableau, j’aime ta façon de lui rendre hommage en inventant une histoire, c’est vrai que je me contente d’admirer les oeuvres sans vraiment chercher à en savoir plus.
    Pour la panne d’ordinateur je partage ton ressenti, on a l’impression d’un manque.
    Santounette

    • Je suis heureuse de voir que nous sommes nombreux à ressentir un manque quand la machine nous fait défaut !

      Tu es comme moi alors, au sujet de Goya… je n’aime pas tout non plus !

      Belle journée, Santounette

  5. Bonjour de Chine,je connais les affres du manques de clavier,moi c’est souvent internet qui fait défaut,ici il arrive souvent que je n’ai pas internet presque toute la journée,j’attends avec impatience que ca revienne pour visiter les blogs qui m’ont faient l’honneur de venir sur le mien , bon dimanche ,亲吻和早晨好 bye

  6. Il y a presque 30 ans (en 1979), lors d’un voyage linguistique, je suis allée en Espagne, à Madrid. La seule chose que j’ai appréciée c’est le musée du Prado qui expose des oeuvres de deux peintres que j’aime particulièrement : Jérome Bosch et Francesco Goya. Un régal. Ils ont une très belle et grande collection des deux peintres. Si un jour, vous pouvez, allez-y.

    • Le prado est magnifique, je m’y suis attardée avec plaisir. J’y allais pour voir le Greco et Goya… J’ai découvert d’autres peintres. Il faut beaucoup de temps pour apprécier l’ensemble de ce qui est présenté. Merci de votre visite…

    • C’est un tableau de la première période… dans la dernière, les toiles sont très noires… j’avoue qu’elles me font frémir.

       

      Merci de t’être arrêtée là.

      Bisous.

  7. Pensais-tu que j’adore Goya ??????
    Mais, bien entendu, je ne connaissais pas ces cartons, lumineux et sereins….
    Je l’ai toujours admiré pour son réalisme !…..la spontaneité de sa peinture……et son courage, aussi !
    Il est un des peintres que je préfère et que j’admire !

    • Euh… je ne savais pas ! En fait, tu es assez imprévisible ! (RIRE !!!)

      Ce n’est pas mon peintre préféré, mais il y a des tableaux que j’aime beaucoup parmi ses oeuvres…

  8. Encore un joli billet Quichottine et comme je te comprends, car privée de ma machine infernale et merveilleuse, je suis perdue et pourtant il ne manque pas de choses à faire.. mais se dire que l’on ne va pas retrouver ses aminautes.. ça me terrifie.. Goya j’adore, sauf sa période où justement il décrivit toutes les horeurs.. ça m’a fait toujours fait peur..  Il est le soleil, la lumière, le détail, la beauté.
    Merci à toi
    je t’embrasse et te souhaite une bonne soirée
    chantal

    • Sa période noire est assez terrifiante… Je dois dire que je n’aime pas trop, mais je comprends qu’il ait peint ces toiles dans la période où il l’a fait !

      Merci à toi d’être passée. Je te souhaite un très bn week end !

  9. Voilà, par contre, un artiste qui me parle 😉

    J’adore ces peintures ^^

    Et j’en apprend un peu plus sur lui grace à toi. j’aime regarder les toiles , qui les a peint, mais j’avoue n’avoir jamais cherché à en connaitre un peu plus sur eux . Mais j’ai honte si si….par contre la vie d’un poète là…..

    Bon week-end

    • Si je t réponds que j’ai du mal à regarder la vie d’un poète… tu  dis quoi ? 😉

      Je ne sais pas si je fais bien. Je lis, je regarde, et si jai envie d’en savoir davantage, je commence d’abord par lire ou regarder d’autres oeuvres… Ensuite seulement, il m’arrive d’aller voir un peu plus loin (suis nulle en biographie !!!)

      Bonne fin de semaine, Loralie !

  10. Tu délires Quichottine… Celui qui est debout s’appelle Jean-Jacques. C’est le mari de la dame qui est assise. Elle se prend pour une chanteuse à succès et prépare son grand retour kitch dans les boîtes de nuit. Elle travaille sa nouvelle chorégraphie. La preuve dans la main, elle tient un micro de la dernière génération. Jean-Jacques, debout derrière, la protège des tomates qu’il sait qu’elle ne va pas tarder à recevoir. A moins que je me sois trompé de goya(t)…
    Fini de rire. Bravo pour ta fraicheur et pour le choix de ce tableau. C’est vrai que ce n’est pas le Goya qu’on a l’habitude de voir. Le second est tellement plus sombre mais si expressif.
    Amitiés
    Roland.

    • J’adore !

      Merci infiniment pour cette nouvelle version de l’histoire… Et merci pour cet éclat de rire que j’ai eu en lisant ce commentaire. C’est vraiment génial et j’apprécie énormément lorsque mes visiteurs s’arrêtent et participent à mes « délires » de cette façon !

      Que te dire d’autre ?

      Passe une bonne soirée, Roland. A très bientôt, j’espère !

  11. Gros bisous de la nuit,  amie Quichottine 
    J’ai eu peu de temps pour ouvrir mon ordi, j’en étais toute attristée. Suis-je intoxiquée comme toi  😉
    Couleurs, fraîcheur de l’ombrelle, j’aime aussi beaucoup ce tableau qui éclairera tout ce week-end.

    • Difficile de ne pas rejoindre ses amis à l’heure habituelle… mais c’est une telle joie de voir que vous êtes passés ! 😉

      J’aime bien ce tableau aussi

  12. la laideur qu’il peint est esthétique  . Je suis toujours prise dans l’enfer quand j’ai la chance de voir en taille réelle un Goya (Saturne au Louvre par ex). Et c’est ça l’esthétique, cette émotion qui gonfle gonfle gonfle nos pensées.
    Mais je ne connaissais pas la douceur de ses premiers tableaux, sans doute avec la maturité est-il devenu une conscience qui reste d’actualité.
    Bies matinales.

    • Je crois que la vie s’est chargée de lui montrer que tout n’était pas que douceur…

      Merci dêtre passée, Polly