Richard Andrieux : José

Voilà… D’habitude, ce genre de quatrième de couverture me fait fuir… Je ne suis pas maso…

« Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui… »  José a neuf ans. Ce bout de chou n’a jamais connu son père ; il vit avec sa mère, avec un lit qu’il appelle « voyage », et un bougeoir rebaptisé le « colonel ». Dans sa chambre, il s’invente un univers qui n’existe que pour lui. Personne n’y a accès, pas même sa propre mère. Reviendra-t-il indemne de cet ailleurs dans lequel il se mure ? Le docteur dit de ne pas trop s’inquiéter, alors sa mère attend, sans trop y croire. Avec une infinie pudeur, Richard Andrieux explore l’imaginaire d’un enfant à part, qui tient par un fil, suspendu entre deux mondes.

Et puis, je ne sais pas pourquoi, je l’ai pris quand même, je suis allée à la caisse, avec ce livre, et aussi un autre que je n’ai pas encore lu et dont je vous parlerai une autre fois.

Hier, en allant chez le dentiste, je l’ai lu, en entier… dans mon RER

Il se lit très vite, trop vite.
Je me dis que je le relirai, un autre jour, plus tard, dans d’autres circonstances.

C’est un roman… (C’est ce que l’éditeur nous dit.)

Jos--1.jpg

Richard Andrieux, vous savez qui c’est, vous ? Moi, je me dis que je suis vraiment ignare, je ne sais pas… Auteur-compositeur, qu’ils disent. C’est grave de ne pas connaître ?

Mais, j’ai lu… et puis, j’ai sorti un crayon de mon sac, pour ne pas abîmer le livre, j’ai marqué dans la marge quelques passages, pour vous dire, pour vous les lire, ici…

Dès qu’il pouvait, il restait seul. A l’école, pendant la récréation, il s’isolait toujours sur le même banc qu’il appelait « courage », puis, il fermait les yeux.

(p.15)

Lui, c’est José, il a neuf ans. Et, en lisant ces mots, je me suis souvenue d’un poème de Jacques Prévert... Un truc que je lisais, il y a très longtemps, un poème qui chaque fois me mets les larmes aux yeux, encore aujourd’hui. C’est idiot, je sais bien, mais je suis aussi comme ça, hier, j’étais avec José, sur son banc, et à côté de nous, il y avait le Désespoir de Jacques Prévert, celui qu’il ne faut pas regarder…

Un peu plus loin, il y a un lit, le lit de José, celui où il passe son temps, dans la chambre.

Chaque objet à un nom
et chaque objet parle au lecteur, avec ce nom… Vous vous souvenez ? Je vous parlais de l’importance des noms… C’était au début de ma lecture de Don Quichotte. Ici, je crois que c’est pareil. Si l’on ne fait pas attention aux noms que l’enfant donne aux objets qui l’entourent, on ne peut pas comprendre pourquoi il s’enferme peu à peu dans son monde.

Dans sa chambre, il y avait un lit qu’il appelait « voyage ». Le petit bureau avec des tiroirs verts, c’était « le chêne », à cause de toutes ses feuilles de papier en désordre. Il y avait aussi une armoire en formica sans nom ; il n’aimait pas sa couleur. La petite bibliothèque remplie de livres qu’il n’avait jamais lus, il la surnommait « bataille ».

(p.18)

Et puis, vous savez, cette bataille que l’enfant va mener, je ne vous la raconterai pas, parce que ce serait bien que vous la lisiez… un jour où vous aurez envie de beaucoup de poésie et où vous n’aurez pas trop de vague à l’âme. Parce que ce livre là, il est vraiment magnifique, plus que cela encore. Il n’est nul besoin d’avoir beaucoup de temps, il faut seulement beaucoup d’amour

Cet amour que sa mère lui a donné, et qu’il ne voyait pas…

À table, pendant les repas, elle le regarde. Elle ferait n’importe quoi pour qu’il s’intéresse un peu à elle. Un soir pendant le dîner, elle s’est même parlé toute seule. Elle espérait… Elle espérait un mot gentil. José n’a rien dit ; il a mangé, puis il est reparti dans sa chambre. Maintenant, dans sa solitude à elle, il y a la douleur.

(p.25)

Richard Andrieux, José
Paris : Editions Héloïse d’Ormesson, 2007


PS du 16 septembre 2007 :

Richard Andrieux a un blog (clic) … allez lui rendre visite !

64 commentaires à propos de “Richard Andrieux : José”

  1. Jamais facile l’amour, on a souvent envie d’en donner, on ne sait jamais vraiment comment…

    • On est souvent maladroit, en amour comme en amitié… c’est dommage mais c’est comme ça. L’important, c’est de le comprendre pour admettre que l’autre puisse se tromper. Bisous du soir Fredogino

  2. Je crois bien que je le lirai…..car ça me rappelle quelque chose
    quelque part…..mais j’ai un blog qui a DECIDE d’etre humoristique !!!
    ….ça me rappelle aussi un livre que j’ai lu et relu : La vie devant soi !!

  3. La fille à papa s’est lancée dans l’Edition, je constate qu’elle fait de bons choix.
    Merci de tes visites.
    Bonne journée.
    D@net.

    • Je trouve aussi… mais en fait, je me dis que ce doit être difficile de se faire un prénom lorsqu’on a déjà un nom… Bonne journée à toi aussi.

  4. Merci de nous faire partager ces bons moments et par là même de nous donner envie de découvrir à notre tour cette petite vie que partagent si difficilement le petit José et sa mère.

  5. Ouais… pas trop tenté… c’est grave ? 😉

    En revanche, ce qui est grave, c’est que le 10|18 que j’avais acheté sur ebay grâce à tes conseils (Haroun et la mer des histoires), n’arrivera pas, le vendeur ne le trouve plus. Grrr… Va falloir acheter la version récente, brochée 😉

    • Je peux t’envoyer le mien, si tu veux, tu me le renverras ensuite…

      Pour celui-ci, ce n’est pas grave du tout, je comprends !

  6. Je suis "tout chose" après avoir lu ton billet et relu Prévert. Je lirai l’histoire du petit José, pas tout de suite. J’attends avec impatience Don Quichotte !
    Beaucoup de retard avec mes pannes de serveur internet ! J’ai entre-aperçu ton commentaire de 00:07 ce matin, ça m’a donné du courage. Heureusement que je lis vite, car 2 secondes de connection, c’est très court…
    Affectueux bisous 

    • … bisous aussi pour toi Siratus, tu sais combien les tiens me touchent !

      internet, parfois, ça débloque !!! et quand il se met à nous « débloguer » à sa guise, c’est rageant…

  7. c’est incroyable comme tu racontes bien les livres… Moi, si je le voisà la bibliothèque, je le prends (si je le trouve pas, je leur souffle l’idée) … Ben oui, on peut pas tous les acheter… Dommage !…

    • Tu sais, j’emprunte aussi les livres à la bibliothèque… mais celui-là vient tout juste de sortir !

  8. Moi aussi il y a des livres comme des films que je fuis par manque de courage… je n’écoute plus les infos par manque de courage…Un jour j’ai vu par hasard le film "Va, vis et deviens" et je ne le regrette pas. Mais ce qui touche à la détresse de l’enfant est vraiment insupportable …

    • Je suis d’accord, d’ailleurs, je ne lis pas d’habitude… mais tu vois, là, j’ai eu comme une « obligation »… ça m’arrive parfois. Et j’ai bien fait, parce que ce livre est vraiment magnifique, il va jusqu’au fond de l’angoisse, il va jusqu’à l’abîme mais ensuite l’oiseau prend son vol, et là, c’est comme si le soleil revenait, après le déluge…

      Tu vois j’ai ressenti ce genre de sentiment avec Le Petit Prince ou avec L’Ecume des jours… d’ailleurs il faudra que je vous en parle de ce livre-là.

  9. Je me rappelle du livre sur le rugby. Tu en avais parlé il y a quelques temps. Pour le reste, je suis comme un petit fou avec cette coupe du monde, ça va durer deux mois en plus !

  10. Belle soirée, Quichottine
    Tjrs des problèmes Internet. Je ne désespère pas que mon petit cadeau pour toi paraîsse demain.
    Affectueux bisous  :0010

  11. Très beau mais douloureux texte de Prévert… merci de l’avoir mis en lien. Bonne soirée Quichott’ 

  12. C’est beau… Encore une fois, tu  nous donnes envie de lire.
    Quand je surveille la récré, j’aime bien observer les enfants. 
    Ils sont dans leur monde, parfois je discute avec eux et ils me font partager leurs merveilles…

  13. Subjuguée par la belle Nudibranche, tu n’as pas pris le temps de jeter un coup d’oeil sur le 2ème petit article !  🙂
    Belle nuit, Quichottine
    Affectueux bisous 

    • J’y suis retournée… tu as raison, j’avais tellement été surprise par le premier article que je n’ai pas vu le second… Encore merci. Bisous affectueux…

  14. « Les mots ont leur importance ». Et l’on comprend qu’aux yeux de notre petit José, Voyage est plus qu’un lit, comme nuage plus qu’un simple plafond blanc…
    Il s’évade à travers eux, en plus de s’exprimer…
    José est un livre touchant et léger dans le sens où l’on le lit, certes avec émotion, mais avec une certaine facilité. Au fil des mots et pages, le lecteur suit sans mal José dans sa petite, même si bouleversante, aventure…

    A très vite Quichottine.

     

  15. Il me semble, en effet, que ce livre a touché Quichottine de la même manière qu’AneverBeen.
    Me remercier… ? Je suis pour si peu…

    Bise à notre Grande Quichottine…
    Et que ses soirée et nuit soient, respectivement, belle et bonne…

  16. La fille à papa s’est lancée dans l’Edition, je constate qu’elle fait de bons choix.
    Merci de tes visites.
    Bonne journée.
    D@net.

  17. Ouais… pas trop tenté… c’est grave ? 😉

    En revanche, ce qui est grave, c’est que le 10|18 que j’avais acheté sur ebay grâce à tes conseils (Haroun et la mer des histoires), n’arrivera pas, le vendeur ne le trouve plus. Grrr… Va falloir acheter la version récente, brochée 😉

  18. J’ arrive chez toi via Maitre PO…….et je tombe sur ce livre !
    Il faut absolument que je le trouve…..tu m’ as donné faim

    • ah… si tu as faim, tu vas le dévorer encore plus vite que moi… dis-moi ensuite ce que tu en auras pensé.

  19. Oh la, à la lecture de ton article j’en ai le coeur serré.
    Ce petit homme qui vit dans son monde me donne la larme à l’oeil et même si j’ai envie de le découvrir et comprendre ce qu’il lui arrive je me dis que c’est un livre qu’il faut que je lise quand tout va bien dans la vie. Il y a des livres qui vont avec l’humeur et celui là ne serait pas bon pour moi en ce moment…

    Bises

    • Il se termine bien (je ne sais pas si c’est bon de vous le dire… ) mais c’est vrai, il vaut mieux ne pas être en pleine déprime ! Je maintiens, c’est un livre magnifique… à tous points de vue.

      Bonne journée Rainette !

  20. Comme j’ai lu dans un des commentaires…pour aborder ce livre au sujet poignant…il faut être solide au moment où on le lit .Je suis persuadée qu’il me plairait…qu’il me plaira …mais je vais attendre un peu . Bisous !

    • Oui, je suis sûre qu’il te plaira… mais attends un peu… il faut le lire quand il y a du soleil et qu’on peut aller faire un tour et respirer… entre deux chapitres. Le temps de sécher ses larmes. Après, on y revient et tu sais, c’est vraiment beau, très beau… jusqu’à la fin !

  21. C’est bizarre ! je viens d’écrire un commentaire et je ne le vois pas . Bises !

    • Il se passe de drôles de trucs parfois !!!

      … mais c’était peut-être parce que je te répondais !

      Clerval…

  22. Je ne sais pas si mon com va être enregistré . Je viens de lire le poème de Prévert, grâce à ton lien . Merci ! Il est émouvant, aussi .

    • Un gros bisou à toi, Michka, pour toutes ces fleurs que tu déposes sur mes pages… comme autant d’images !

  23. Entièrement d’accord avec toi, ce livre est à lire, c’est un joli moment poétique et émouvant que nous offre l’auteur !
    Bises et bon week-end Quichottine !

  24. J’ai ouvert un blog pour partager les fiches de lectures que je fais régulièrement depuis quelques temps et je désespérais voyant le peu d’intérêt qu’on y apportait. Je suis heureuse de rencontrer une autre bloggeuse en cherchant à y mettre la couverture de ce joli petit roman.
    Je vais y mettre mon commentaire ce soir. Venez me lire !!!

    • C’est une très bonne raison d’ouvrir un blog…

      Je viendrai voir… pourtant, je ne trouve pas que « joli petit roman » soit un qualificatif possible pour José.

      Merci de votre vistite.

  25. voilà ce que ce’st que de mettre des liens sourire, je n’arrive pas à finir ton article car je clique sur les liens au fur et à mesure, parfois je mets le nouvel article de côté, parfois je plonge dedans comme ici…et voilà un livre qui va rejoindre mon petit carnet… sourire.

  26. sniff, il n’est pas à la médiathèque…. j’irai donc l’acheter! sourire

    • Tu pourrais leur demander de l’acheter… Ils le font parfois.

      Bonne soirée, Mahina !

      (Je suis stupéfaite… Tu as regardé tout de suite si tu le trouvais… Merci !)

  27. rire, il ne faut pas être stupéfaite! je devais aller à la médiathèque rendre des livres, j’avais donc emmener mon petit papier avec moi… Le pire, ce’st qu’ils ont des tonnes de livres dans cette médiathèque relativement importante, mais ceux intéressant que mon amie Anne d’à coté de Pau ( qui s’occupe d’une petite bibli de village) m’avait conseillés, et bien…il n’y en a aucun!!! et pourtant, j’ai toute une liste…
    Bon, ce matin c’etit impossible de me connecter nulle part, donc, je reviendrai…  Bisous

    • Merci, Mahina !
      J’ai donc bénéficié des circonstances… mais je suis désolée que tu ne l’aies pas trouvé.

      … Bonne journée à toi et peut-être à tout à l’heure alors ?