Don Quichotte (première partie, chapitre XVIII)

Hier,  j’ai eu au moins deux visiteurs à qui Don Quichotte manquait.

Val’r a même composé un poème… c’est vrai !

Q uel homme!
U nique en son genre, amateur de belles histoires,
 I l n’a peur de rien, surtout pas des moulins,
C ertes, parfois il s’emporte dans ses batailles,
H ardi, il est toujours prêt à défendre les belles dames,
O n ne peut  le lui reprocher!
T u sais si bien parler de lui,
T on Quichotte, ton ami,
E t peut -être ton confident…

Val'r, d'après Daumier
 Merci, Val’r, il me manquait à moi aussi…

Elle a raison, Val’r ! Il y a bien longtemps que j’ai fait du chevalier mon confident. Je trouve qu’il n’a pas une aussi vilaine figure qu’on le dit… « Chevalier à la triste figure« … n’importe quoi ! Il a les plus beaux yeux du monde, c’est vrai, parce que dans ces yeux-là, le monde est bien plus beau que dans la réalité qu’il côtoie pourtant au jour le jour.

Alphomega me le disait. Il commentait mon article sur l’Homme de la Mancha. Il me disait que sa chanson préférée, de Brel, c’était « Quand on n’a que l’amour« … à cause des mots que l’on peut opposer aux canons, à ces mots qui peuvent vaincre les tambours. Il a raison, Alphomega.

Les mots, et ce regard que l’on porte, à travers eux, sur le monde qui nous entoure, sont le plus important pour moi. Val’r a beaucoup avancé sa lecture. Je suppose que certains ont déjà terminé… Roland, peut-être… Muad ? Je ne sais. Mais je sais que plusieurs ont décidé qu’il était temps de pouvoir m’aider dans mon conte. Alors, ils lisent. C’est bien. Ils pourront venir me dire :

« Tu racontes n’importe quoi, Quichottine !
Tu fais comme si tu n’avais jamais lu la suite, et, ce faisant, tu nous trompes ! »

Mais non, je ne vous trompe pas… Je fais « comme si », c’est vrai… et, avec vous, je redécouvre cette histoire que nous connaissons tous sans l’avoir jamais lue. C’est ce que dit Yvon. Il a raison. Ces mots de Cervantès, les noms de ses héros sont passés dans notre langage, nous les employons toujours, sans même savoir d’où ils viennent. Mais ils sont à nous.

Moi, je viens seulement vous donner un aperçu de ce magnifique roman… Un roman fleuve, comme chez Alphomega ce matin. J’ai failli me noyer dans ses images !

Je crois que vous avez beau être contents de me voir, vous voudriez quand même que je termine ce chapitre dix-huit qui n’en finit plus de traîner en longueur. C’est un fleuve pour moi, un fleuve qui s’étire, qui allonge ses méandres sur mes pages, comme il le ferait sur nos plaines… Ce pourrait être les arabesques de certains tableaux… celles que traceraient les pinceaux de Val’r…

Je ne vous ferai pas languir davantage.

Le « chapitre XVIII » a déjà plusieurs pages ici.

L’entretien… il était question du titre, et de ce début de conversation que don Quichotte eut avec Sancho.

Les chevaliers errants… là, nous entrions dans le vif du sujet (de la conversation bien entendu, personne ne va être taillé en pièces ! … quoique…)

Les deux armées (1)… je vous y montrais une image. Et je m’interrogeais sur l’opportunité de continuer ou non mon histoire. Parce que, après tout, pour ceux qui n’ont pas le temps de lire, une image qui dit tout, ça suffit, non ?

Les deux armées (2)… je continuais à raconter ! C’est vrai… et je vous parlais de l’épée d’Amadis, le chevalier Français, celui que l’on surnommait « le beau ténébreux« … Cette épée qui serait bientôt celle de don Quichotte (c’est du moins ce qu’il racontait à Sancho !). Je racontais, comme je le fais d’habitude, sans regarder ma montre. Et, bien entendu, quand la cloche a sonné, nous ne venions qu’apercevoir, de très loin, deux armées !

Les deux armées (3)… Forcément ! Lorsque deux armées se trouvent face à face, avec don Quichotte au milieu, il ne peut y avoir d’autre solution que d’invoquer Victor Hugo ! Je ne vous avais pas raconté Waterloo, mais presque !

Les deux armées (4)… nos deux armées, où devaient combattre tant de beaux capitaines, où avaient rendez-vous tous les héros des chansons de geste, tous les protagonistes des romans de chevalerie, se retrouvaient brusquement réduites à deux troupeaux de moutons accompagnés de leurs bergers ! Le choc sanglant attendu se résumait à l’intervention quichottesque… à notre héros au grand coeur pourfendant, en invoquant sa dame, Dulcinée, des moutons qui ne lui avaient rien fait ! Pauvres moutons… et pauvres bergers ! Ils n’eurent d’autre alternative que de lapider don Quichotte, pour lui faire lâcher prise et cesser le carnage dans leur troupeau !… et nous en étions là !

Je me cite :

Est-il mort ?

Imaginez les bergers regroupant sans plus attendre leurs troupeaux ! Ils fuient… parce que tout de même, à cette époque, cela ne se fait pas, de trucider un chevalier, fût-il de comédie, comme don Quichotte.

Ils fuient donc. Et, pendant ce temps-là…

(Je sens que vous allez me maudire !) Que fait Sancho Pança ?
 

Sancho… Sancho était là-haut sur la colline (et je suis sûre qu’il n’attendait personne avec son bouquet d’églantines). Il a vu les bergers se sauver en emportant les brebis mortes (six à huit, c’est ce qui est écrit dans le roman !). Il a vu son maître au sol… à demi-mort… Et il descend vers lui, tranquillement, les mains dans les poches…

Mais ça ne va pas du tout ! Qu’est-ce que je raconte là !!! …ça y est ! Roland et Muad me font la tête, Val’r et Chris sont pliées de rire… normal ! Là, j’ai vraiment dit n’importe quoi ! Ce n’est pas du tout ça…
Pauvre Sancho !

 

Sancho était resté tout ce temps sur la hauteur, d’où il contemplait les folies que faisait son maître, s’arrachant la barbe à pleines mains et maudissant l’heure où la fortune avait permis qu’il en fît la connaissance. Quand il le vit par terre et les bergers loin, il descendit de la colline, s’approcha de lui, et le trouva dans un piteux état, quoiqu’il n’eût pas perdu le sentiment.

« Eh bien, seigneur don Quichotte, lui dit-il, ne vous disais-je pas bien de revenir, et que vous alliez attaquer, non pas des armées, mais des
troupeaux de moutons ?

Vous avez vu ? Si ça continue, à force de s’arracher la barbe à pleines mains, il ne va plus lui en rester ! Il fait comme d’habitude, Sancho… Il a tout observé en se demandant si cette fois ce ne serait pas la fin de l’aventure, et s’il ne devrait pas rentrer chez lui, la tête basse, pour retrouver sa femme et ses enfants, sans plus pouvoir rêver à son île… entre le ciel et l’eau

Qu’est-ce qui t’arrive Quichottine ?
c’est le printemps ?
Tu as des chansons plein la tête ?

Normal… après Brel, Salvador… et tant d’autres qui me hantent en ce moment…

Bon, retournons à nos moutons… Eux, ils ne sont plus là. Mais il y a don Quichotte et Sancho Pança.

Comme toujours, le chevalier ne veut pas admettre la vérité, elle est beaucoup trop « terre à terre ».

 

– C’est ainsi, répondit don Quichotte, qu’a fait disparaître et changer les choses ce larron de sage enchanteur, mon ennemi.

Car apprends, ô Sancho, qu’il est très-facile à ces gens-là de nous faire apparaître ce qu’ils veulent ; et ce malin nécromant qui me persécute, envieux de la gloire qu’il a bien vu que j’allais recueillir dans cette bataille, a changé les escadrons de soldats en troupeaux de brebis. Sinon, Sancho, fais une chose, par ma vie ! Pour que tu te détrompes et que tu voies la vérité de ce que je dis, monte sur ton âne, et suis-les, sans faire semblant de rien ; dès qu’ils se seront éloignés quelque peu, ils reprendront leur forme naturelle, et, cessant d’être moutons, redeviendront hommes faits et parfaits, tout comme je te les ai dépeints d’abord.

Sancho ? Suivre ces gens ? … euh… mais non ! Parce que don Quichotte a trop besoin de lui ! Il le lui dit. Il le rappelle ! Pour qu’il compte ses dents ! Vous avez bien entendu… enfin, lu.

Il reste peu de lignes, mais suffisantes pour un prochain chapitre dans la bibliothèque. Je ne veux pas vous les servir de suite, ce serait nous en gâcher tout l’effet. Cependant, pour ne point vous faire trop languir, je vous la servirai demain, dimanche…

Si vous le voulez bien !

 

42 commentaires à propos de “Don Quichotte (première partie, chapitre XVIII)”

  1. Bonjour de Canton en Chine,bel article, j’aime bien le texte de val’r, avec la 1ere lettre formant quichottine,bravo , bon week end bye

  2. Tu m’as bien amusée de bon matin… 
    J’imagine Sancho qui s’arrache les poils de la barbe à pleines mains…
    (Merci d’avoir publié le poème)
    Bonne journée Quichottine.

    • Je suis contente si je t’ai fait rire…

      Et merci à toi pour le poème…
      Que ta journée soit belle !

  3. Bon, je passe juste te souhaiter un excellent samedi et t’envoyer un peu du timide soleil qui perce entre les nuages … Je vais suivre ces moutons, sait-on jamais … ;-))) Gros bisous Quichottine !

    • Merci, Bandolera… Suivre les moutons pour y trouver peut-être un beau chevalier de l’ancien temps… qui sait ?

      Gros bisous à toi aussi Bon samedi.

  4. Hé hé, bien sur que l’on en a envie… et j’attends donc déjà demain avec impatience…
    Gros bisous et bon week end,

    Syl

  5. Bonsoir. Merci pour l’aide et les commentaires judicieux.
    Ce blog est magnifique…

  6. J’ai beaucoup aimé l’acrostiche de Val’r.
    Bon si je comprends bien Sancho n’avait pas de rasoir le pauvre…
    Bises
    Santounette

  7. En un rien de temps, nous revoilà partis dans La Mancha. Bonne soirée Quichottine. Et je vais passer revoir ta « Pie ».

  8. Sympa le « poème » (je ne sais plus comment on appelle ça) de
    Val’r !
    le fiancé de ma fille avait fait pareil avec les initiales de leur prénoms , une déclaration d’Amour – très réussi ;

    pour ce qui est de la lecture Don Quichottesque, je prends le temps !
    ça carbure avec Toi !

    • Je ne sais plus non plus…

      Mais je le trouve joli… comme beaucoup de ce que fait Val’r.

      Tu prends le temps avec moi ? Super !

  9. Bonjour
    Tu danses une valse à mille temps avec ton bel hidalgo…..il est envoutant….. quatre beaux livres reliés pleine peau rouge sont à la bonne place dans ma bibliothèque! et je les ouvre souvent! en particulier pour y chiper de belles gravures anciennes pour faire mon petit clip que je t’offre ce matin!
    Bises Dany

    • Je suis émue…

      Merci, Dany ! Tu fais ausi partie de ceux qui sont plus avancés dans la lecture…

      Merci encore !

  10. Coucou Quichottine, je passe…..deux ou trois verbes…
    Vu que je suis NUL en com’ ( lol ), j’en dis pas plus….
    à bientôt

  11. Kikou Quichottine?    (sourire)

    Oui, je (on) le veut…

    Bon week-end à toâ et Lisabelle.
    Bisous… 

  12. Bonne fin de journée dans la bibliothèque…..bises!

  13. Je reviens de chez  Alphomega et j’y ai lu un superbe roman. Merci de m’y avoir emmenée. J’aime suivre tes fils. Je suis sûre qu’ils m’apporteront quelque chose. Merci pour tout ça. Bonne soirée.

  14. Coucou ,je suis sorti de ma forêt pour venir dans ta blibliothèque car je cherchai un mot .Et je me suis laissé aller au gré de ton article .passant de Don Quichotte aux poèmes Val’r.
    J’attends également les quelques lignes qui manquent .
    Demain c’est loin..

  15. Tu me parlais de temps !!1

    Depuis ce matin,je voulais laisser ce petit mot sans jamais y réussir !!!

    Donc, je voulais dire que Sancho a la tete sur les épaules, instinctivement, comme n’importe qui ,mais qu’il a un très gros handicap :
    IL  EST  SOUS  LE  CHARME  !!!

    Et, ça !…….c’est comme la passion !
    On ne peut pas le combattre.
    On est obligé de succomber !
    Et avec grand plaisir, en plus !

    • … Le temps te manque à toi aussi…

      Oui, Sancho est sans doute sous le charme. Il a devant lui quelqu’un qui sait regarder autrement, qui persiste malgré les défaites et les coups… et qui continue à lui raconter des histoires où il pourrait être quelqu’un d’autre…

      Comment résister ?

  16. Ce fameux chapitre 18, infini, j’en avais parlé chez BIDUDULE, j’ai eu du mal à le retrouver, mais je l’ai fait, il est ici http://baskaray.over-blog.com/article-16626174-6.html#anchorComment
    C’était juste pour rire, il faut prendre le temps qu’il faut, qu’on comprenne bien que Don Quichotte n’est pas fou, sinon nous le serions tous…
    Un acrostiche, c’est comme ça que l’on nomme le très sympathique texte de Val’r, très réussi.

    • Il n’est pas fou… il rêve seulement un peu, à ce qui pourrait être possible.

      Merci pour le nom… j’avais oublié !… et merci pour le lien.

      C’est vrai que l’acrostiche composé par Val’r est réussi !

      Passe une belle soirée, Madame Yoyo.

  17. Quichottine, je ne sais pas quoi te dire aujourd’hui…

    Sinon que je vais essayer d’emporter mon ordi…

    Je t’embrasse très fort,

    • Merci, Hélène… Tu es vraiment adorable.

      Fais bon voyage/séjour.

      Je t’embrasse très fort aussi.