Perdre ou ne pas perdre son âme ?

Aujourd’hui, je devais vous parler de Marcelle… enfin, je l’avais dit hier…

Vous savez mon « À demain, si vous le voulez bien » ?

Je l’ai piqué au Jeu des 1000 francs… et à Lucien Jeunesse. Je l’écoutais, c’est vrai, et j’entends toujours sa voix quand j’écris cette phrase sur mon blog.

Mais, aujourd’hui, ce n’est pas le jour. Il y a des impératifs, des moments où je délaisse les livres, les pensées diverses, pour me pencher sur mon petit carnet, ou au moins dans mon tiroir aux secrets. Vous avez remarqué ? Il paraît que c’est important de donner des repères à ses visiteurs.

Et puis, en fait, non… au lieu de lire dans mon carnet secret, je vais y écrire pour une fois, sur la page blanche que j’y ai trouvée. Eh oui, il y avait même une page blanche dans ce petit carnet… et je crois qu’elle est bien spéciale, cette page blanche, je peux y écrire indéfiniment sans jamais la remplir

Je vais essayer de répondre au défi de Clerval…

Elle avait posé une question

« Peut-on se renier sans perdre son âme ? »

… comme ça, de but en blanc, elle avait répondu « non », me laissant un peu sur ma faim. Et puis, voyant que certains relevaient son défi, elle avait documenté sa réponse… en ajoutant des situations précises.

Moi, je n’ai pas, a priori, pensé à une situation particulière. Je me suis mise en situation de recherche et je me suis demandé ce qu’il y avait derrière les mots…

Dans la phrase de Clerval, il y a trois verbes : pouvoir, renier, perdre… et un nom : âme, accompagné d’un déterminant, un adjectif possessif. Il ne s’agit pas de n’importe quelle âme, mais de celle de celui qui est sujet du verbe pouvoir.

Ça devient intéressant.

Parce que vous voyez, il n’y a qu’un seul verbe conjugué, une seule action exécutable : pouvoir.

Mais le verbe pouvoir, sans rien après, c’est un verbe inutile. « Je peux » ? Vous allez le faire suivre d’autre chose suivant la situation dans laquelle vous vous trouvez. Je peux ?

« Dis, Maman, je peux ? »

L’enfant qui parle, qui mendie cette permission, attend de votre réponse un assentiment. Il est évident qu’il ne demanderait pas s’il était sûr de votre négation. Répondre « non » tout seul, aujourd’hui, nous ne le faisons plus. Nous expliquons le pourquoi du comment du « non ». Si nous n’en sommes pas capable, s’il n’y a pas de bonnes raisons, nous disons « oui » et l’enfant est content…

Plus tard, le « Je peux ? » peut être une interrogation de convenance : je peux entrer, je peux m’asseoir, je peux mettre mon grain de sel dans une conversation dans laquelle je n’étais pas invitée… Ou alors un simple constat, je peux, parce que j’en ai les moyens, parce que je suis assez fort, assez riche ou même assez con pour ça…

  • (Pardon mais ça fait du bien parfois de dire des gros mots…)

Bref, ce « Je peux » sera suivi plus ou moins rapidement d’un « je fais ».

C’est là que les infinitifs qui suivent prennent brusquement de l’importance… Ce « peut-on » était suivi du verbe renier, et du verbe perdre.

Renier : re-nier… nier une nouvelle fois.

Nier, si j’en crois mon Petit Larousse, c’est « dire d’une chose qu’elle n’existe pas, qu’elle n’est pas vraie », c’est « rejeter comme faux ». C’est rigolo d’aller dans un dictionnaire. Ici, nous nous trouvons devant trois nouvelles notions, plus ou moins opposables.

L’être (exister), le « vrai » et le « faux »…

  • (Je sens que je vais bientôt trouver la pirouette qui me permettra de clore mon sujet sans vous avoir donné ma propre opinion…)

Après tout, renier, ce n’est peut-être pas re-nier… je change de page et je vais vite voir,

  • (et un peu moins de deux cents pages plus loin…)

… je regarde les trois possibilités qui sont données…

1) déclarer contre la vérité qu’on ne connaît pas quelqu’un ou quelque chose
2) refuser de reconnaître comme sien (renier son fils)
3) abandonner en désavouant : abjurer (renier ses idées).

Ça en fait des possibilités.

Là, il était question de « se » renier. Il est impossible de dire qu’on ne se connaît pas… quoique… qui sait à l’avance comment il agira dans telle ou telle circonstance ? Comment il supportera tel ou tel ennui ? Telle ou telle contrainte ?

Refuser de reconnaître comme sien… est-ce qu’on peut ne pas se reconnaître soi-même ? Je crois que oui. Ça ne vous est jamais arrivé, à vous, de faire quelque chose en vous disant après coup que vous n’auriez jamais pensé pouvoir agir de cette façon ? En vous disant « ça ne me ressemble pas » ?

Moi, ça m’arrive souvent en ce moment… Alors, pourquoi pas ?

Abandonner ses idées, se « parjurer »… Là, c’est sans doute ce qu’il faudrait entendre, comprendre… Surtout qu’il est question ensuite de perdre son âme… et là, âme et parjure, c’est du vocabulaire de toutes les croyances…

Nous retrouvons ici l’être que nous évoquions tout à l’heure, dans la définition du mot « nier »… et puis tout compte fait, je ne vais peut-être pas m’en tirer avec une pirouette…

« Être », pour moi, c’est absolument indissociable du « penser » et le « penser », c’est chercher la « vérité », d’un sentiment, d’une situation, d’une idée. Tant qu’on n’est pas « sûr », tout est possible.

Mais, dès qu’on a acquis une certitude, je pense qu’on peut mourir pour elle…

…sans pour cela obliger les autres
à sentir, à être, à penser comme soi !

42 commentaires à propos de “Perdre ou ne pas perdre son âme ?”

  1. Quichottine…..je ne savais pas que Clerval avait mis des cas particuliers…..je vais aller voir……peut-etre devrai-je tout recommencer…..mais je le ferais volontiers……toujours avec du rire !
    Tu es trop compliquée et précise……tu te perds…. et tu vas arriver à des NI….ni oui, ni non…..
    Entièrement d’accord avec toi pour ta dernière phrase.. NA !!!!!!!!

    • Pour le côté « compliqué », je suis d’accord… pour la « précision » je ne sais pas; en général j’essaie.. mais, tu as raison, après il faut arriver à me suivre et ce n’est pas évident… Mais, tu vois, je me rends compte que mes amis essaient, et ça me fait plaisir.

  2. Il m’eût étonné que tu répondîsses diversement… Mourons donc pour des idées ?

    De mort lente bien entendu 😉

  3. Coucou miss. Ton analyse est très intéressante et me donne honte : je serais passée sur la phrase en me disant "ouaou, c’est fort en chocolat ça", mais sans aller chercher plus loin. Heureusement que tu es là pour m’ouvrir les yeux!
    Bisous rapides d’Espagne où le boulot ne me laisse pas de temps pour venir plus souvent te dire bonjour.
    Alors re-bisous et passe une très bonne journée!

    • Je ne voulais pas forcément t’ouvrir les yeux Sophie… Mais je suis contente que tu passes par ici et puis, pour ton boulot, il vaut sans doute mieux que tu aies les yeux bien ouverts 😉

      Bonne journée à toi, sous le soleil d’Espagne, ma Dulcinée !

  4. Tu réfléchis trop Quichott’ mais quelle belle analyse… allez , j’avoue, j’ai décroché un peu, mais crois-moi j’ai essayé et je reviendrai lire tout ça à tête reposée…. bon après-midi

    • Je t’en prie, Kinou, ne cherche pas à tout comprendre… Je ne sais pas philosopher ! D’autres que moi auraient sans doute dit autre chose.

      Passe une bonne soirée…

    • Tu pouvais faire un copié-collé… 😉

      Je plaisante bien sûr : Je suis contente que tu sois là, même tard… Christine.

  5. je ne pense pas que ce soit la mort je pense que c’est la douleur et la souffrance qui peu te faire faire des choses avec lesquelles tu n’est pas d’accord j’ai rencontré dans mes années de militances des réfugiés chiliens qui ont cédé quand les militaires ont torturés des personnes de leur familles devant eux…..
    cela me rappelle la fin de 1984….
    tilk

    • Je suis effectivement plus d’accord avec ça… je crois qu’on peut faire beaucoup de choses qu’on n’accepterait pas pour soi, uniquement pour éviter des souffrances à ceux qu’on aime. Merci Tilk de me le rappeler.

  6. Je pense que beaucoup de personnes ont fait dans leur vie des choses qui ne leur ressemblaient pas, je fais partie de ces personnes…. après il faut assumer…. oublier…. continuer à vivre dans le passé…. avoir des regrets….. ces personnes ne perdent pas leur âme pour autant…. enfin je ne pense pas…. bisous Quichottine, bonne soirée

  7. Ouh là là, tu as beaucoup réfléchi…j’avoue qu’au premier abord, j’aurai répondu non..puis finalement le sujet est tellement vaste,  que je dirai peut-être , tout  çà dépend de beacoup trop de paramètres, pour avoir une réponse 😉

    • Comme tu dis, Loralie… il y a beaucoup trop de paramètres…

      Merci pour cette autre adresse où je me suis sentie si bien !

  8. Avec l’analyse d’un énoncé, on va déjà loin dans la recherche d’idées… et c’est important dans une dissert’, on a passé je ne sais combien de temps sur l’analyse de l’énoncé en français l’année passée mais il y avait bien des raisons… sauf qu’au final, ce n’est pas censé durer longtemps dans la composition, sinon, on n’a plus le temps d’écrire!
    Mais enfin, parfois, cela fait aussi du bien d’avoir ses idées sans aller jusqu’à les décortiquer dans les moindres détails et possiblités, juste les laisser vagabonder…

    • Il faut doser entre la recherche et l’écriture… ce n’est pas toujours facile.

      Laisser vagabonder ses idées… moi, j’appelle cela rêver, et j’aime beaucoup !

      Gros bisous, Zarbifa’

  9. Dans la nuit, je parcourais les pages de ton carnet secret…J’en retiens la photo de cette aurore, ici aussi, à droite…
    Ce matin, il m’est plus facile de te suivre, enfin, presque !
    Passer cavalièrement de Marcelle pour qui certain meurt d’amour…par le jeu des 1000 francs…pour attérir sur un défit philosophique, c’est bien toi !
    "Je pense, donc je suis" !
    Pour le moment, pas de question.
    A plus tard

    • C’est ma photo préférée… alors, je suis contente que tu l’aies retenue, Siratus.

      Moi, je suis un papillon, je butine allègrement de fleur en fleur… Tu as déjà essayé de suivre un papillon ? C’est pas toujours facile. Bon , d’accord, j’essaierai de faire plus attention. (et puis je n’ai pas du tout prévu de faire de ce blog un café-philo… ça ferait fuir mes lecteurs !)

      Demain, je retourne à Marcelle…

      à bientôt Siratus

  10. Si on renie son âme c’est sans doute qu’on se connait…
    Moi j’ai encore tellement à apprendre de moi.

    Bisous Quichottine

  11. Bonjour Quichottine, j’ai aimé me poser ici, lire tes mots et…tenter de te suivre. J’y parviens et je me retrouve également dans ce côté philosophiquement "retors". (j’avais envie d’écrire "tordu"). Je me dépêche d’ajouter que cela n’a rien de négatif bien au contraire. Bonne journée à toi Quichottine. Chana

    • Oui, je crois que quand je réfléchis, je dois l’être un peu… tordue !!!

      Merci, bonne soirée à toi, Chana !

  12. je dois absolument relire tt ca a tete reposée pour en tirer une leçon … je reviendra donc …bises …et merci pour ton passage …chez moi /IRIS

    • Pourquoi ? oh ! je ne veux surtout pas donner de leçon ! Tu sais, Iris, quand je suis dans mon petit carnet, j’ai un peu tendance à couper les cheveux en quatre… parce que c’est un peu comme si je réfléchissais toute seule !

      Passe une bonne soirée Iris

  13. Je pense que ça nous arrive tous un jour ou l’autre de faire des choses qui ne nous ressemblent pas .. Et depuis quelque temps, j’en fais pas mal… A nous d’assumer après… et ça c’est une autre histoire… Est-ce alors que je vais perdre mon âme? Tout cela est très philosophique et je n’ai pas trop l’esprit en ce moment… Bonne fin de journée.

    • Ce qu’il y a, c’est que pour l’instant, si je n’arrête pas de faire des bêtises, c’est que je n’ai justement aucune certitude… Bonne soirée, Eolina

  14. Aïe aïe! Sur le fil du rasoir aujourd’hui, je passerai te lire plus tard!

    Je t’embrasse ma chère Quichot’
    Bonne fin d’après-midi

    • Tu vas attraper mal à la tête si tu lis… alors attends demain, ce sera moins tordu !!!

      Bisous ma Reine Cali-nous

  15. En tondant ma pelouse au grand air, j’ai plus -regardé le ciel azur, écouté le ronron du moteur et photographié des insectes-  que pensé !
    Comme de prime abord ce matin, je réponds non, très simplement, à ta question.
    J’attends des nouvelles de Marcelle !  🙂
    Bonne soirée
    Gros bisous, Quichottine ! 

  16. Hihihihhihi! Tu vas te faire péter la cervelle à réfléchir comme ça! 
    Mais je dis chapeau! Brillante analyse!

    Bonne soirée
    Bisous

    • Ne t’en fais pas Cali… ce ne sera pas souvent comme ça dans mon petit carnet… Sinon, je n’aurai bientôt plus de visiteurs 😉

      Passe une bonne soirée…

  17. Coucou Quichottine, j’aime beaucoup la façon consciencieuse dont tu pratiques l’autopsie de cette phrase à la recherche d’indices qui pourraient te mettre sur la voie de la vérité …
    Je t’embrasse,

  18. Quoi, Quichottine, tu te prélasses et te détends encore sous l’eau à cette heure !
    lol
    Belle et douce nuit 

  19. "Je fais rien que des bêtises, des bêtises quand t’es pas là…."
    Mais non, tu ne fais pas de bêtises… et puis il y a bêtises et bêtises…
    des petites, des grandes, des très grands mêmes…
    C’est vraiment très calme chez moi… Je ne  fais pas assez de bêtises sans doute… Je vais y remédier… Bonne journée.