Lectures

Les enfants s’étaient éparpillés dans la Bibliothèque… vous vous en souvenez ?

Quichottine s’était levée du grand fauteuil bleu où elle avait cru pouvoir paresser tranquillement. Assise devant l’immense bureau, elle rassemblait son courrier, traitant au fur et à mesure les messages reçus, les manuscrits à insérer dans le prochain livre à plusieurs mains.

Elle allait de découverte en découverte, savourant le plaisir que tous lui offraient en lui envoyant images et mots pour un rêve d’enfant à réaliser. Un vrai bonheur, un honneur aussi.

Mais, pendant ce temps, ceux qui avaient trouvé sa cachette ne s’étaient pas attardés à l’observer. Ils redécouvraient les allées autrefois délaissées.

La Bibliothécaire n’avait pas vraiment changé. Quelques rides de plus, sans doute, quelques cheveux blancs… pas de quoi s’affoler. Tout serait comme avant, peut-être mieux puisqu’elle semblait leur laisser le choix des prochains livres.

Il y avait ceux qui étaient près d’elle, ceux dont les visiteurs se saisiraient ensuite, pour les parcourir rapidement ou pour s’y plonger et y découvrir de nouveaux horizons…

Des horizons pleins de surprises, de quoi rêver ou simplement se divertir, se changer les idées.

Tant et tant de livres… ceux dont elle avait déjà parlé, ceux qu’elle rêvait d’évoquer, ceux qu’elle aurait aimé avoir écrits. Chacun espérait être le premier, mais l’ordre était-il important ?

Quichottine leva les yeux un instant… puis…

Vous ne me croiriez pas si je vous le disais.

Ses yeux s’envolèrent. Ils survolaient les rayons, scrutaient les étagères. L’un ou l’autre des visiteurs aurait pu s’y cacher pour feuilleter le livre qui ne leur était pas destiné.

D’ailleurs… Y avait-il vraiment un âge pour lire tel ou tel livre ?

Y avait-il des ouvrages à mettre hors de portée des plus jeunes ?

Quichottine se rappelait ses premières lectures… et celles qui suivirent. Son père, fin psychologue, classait ses livres dans la très grande bibliothèque familiale de toute autre façon.

Au plus haut, les livres que tous pouvaient lire… sans rien avoir dit aux enfants qui escaladèrent les rayons pour se saisir de ceux qui était justement “hors de portée”.

C’est ainsi qu’elle avait lu ses premiers romans de cape et d’épée, ses premiers recueils de poèmes. Certains romans étaient ardus, c’est vrai, mais en version allégée, abrégée. Tous pouvaient plaire aux enfants.

Elle avait lu, sans discontinuer, un livre après l’autre, gagnant en vitesse de lecture au fil des mots découverts puis appris.

Lorsqu’elle arriva à ceux qui auraient été à sa portée, elle avait seize ans, et l’âge requis pour les lire.

Devait-elle faire de même dans la bibliothèque virtuelle qu’elle se créait désormais ?

Les livres lus étaient de toute nature, elle n’avait pas à mettre de limites. Adulte, elle aimait les livres pour enfant, les albums illustrés pour la jeunesse, mais elle n’avait pas délaissé son plaisir de la découverte d’un nouvel auteur, de nouveaux écrits.

C’était son plaisir à elle. Un plaisir qu’elle aimait partager.

Elle observa les livres qui étaient devant elle. Pendant que ses yeux étaient en balade, trois d’entre eux s’étaient échappés.

– Sacré tonnerre de nom d’un petit bonhomme !

(Tous frémirent. Quichottine était-elle si “colère” qu’elle se mette à jurer ainsi ?)

– Que personne ne sorte !

(Personne ne sortirait, tous voulaient savoir ce qui se passait.)

L’un des enfants s’avança, un peu penaud.

– Je ne l’ai pas volé…

(Il avait à la main Romano… le livre d’Adamante)

– Moi non plus… c’est vrai. Il faut que tu me dises de quoi ça parle, j’adore le titre !

(Sur le livre de Philippe Dester, un grand champ de nuages blanc laissait penser que le lecteur pourrait être en avion.)

– Nous, on voudrait bien aussi savoir de quoi ça parle, et tu n’as encore rien dit !

(Deux adolescents se chamaillaient en essayant de s’approprier un dernier livre. Eux, ils avaient aimé la couverture, les personnages en ombres chinoises et les connexions qui allaient de l’un à l’autre.)

– C’est de la science-fiction ?

(Quichottine éclata de rire ! Évidemment, elle n’allait pas leur dire qu’il suffisait de lire la quatrième pour en savoir davantage… ça les vexerait.)

Les ados continuèrent leur dialogue, en aparté.

– Tu dis n’importe quoi ! Tu vois bien qu’il est question d’un bus… le numéro 96. Tu as déjà vu un bus dans un roman de science-fiction ?

– Ça pourrait… Dans Harry Potter…

– C’est pas un livre de Science-Fiction ! C’est de la Fantasy…

(Il en savait quelque chose, il avait lu tous les tomes et avait regardé tous les films qu’on a avait tiré.)

– De toute façon, ça n’existe pas ! Fantaisie ou pas, c’est inventé.

– Les romans aussi… non ?

– Ça dépend… Ils peuvent être si près de la réalité qu’on se demande si c’est de l’autobiographie ou pas.

– Ton autochose ou pas, je m’en fiche. Je veux seulement savoir de quoi ça parle. Tu le sais, toi ?

(Un petit se mit à rire. Lui, il avait bien vu le fou-rire que le Lutin bleu essayait de retenir.)

Quichottine se leva et revint près du feu. Son fauteuil lui tendait les bras. Elle avait pris le premier des livres proposés.

– Allons, allons, nous avons bien le temps. Je vais vous raconter…

(À suivre…)

 

29 commentaires à propos de “Lectures”

  1. J’attends la suite avec impatience … 😉
    Je te souhaite un bon mardi avec une mauvaise nouvelle : je dois me faire opérer en urgence d’une nouvelle éventration !
    Gros bisoux doux, ma quichottine.

  2. Merci Quichottine d’avoir choisi ces trois livres. Je n’ai lu que celui de Martine Quai des Rimes et je me suis franchement régalée.
    Bises et bon mardi

  3. Le rangement de la bibliothèque, , je n’ai pas encore trouvé un classement qui me satisfasse entièrement

  4. Heureusement, il y a encore des enfants qui lisent ! Et nous allons encore ajouter un (des) livre(s) à ta bibliothèque ! Belle et bonne journée mon amie.

  5. sourire! je connais …et j’aime l’écriture de deux des auteurs, le bus commandé n’est pas encore arrivé jusqu’à moi et L’autre il me faut le commander :-). Quant au 3eme que je ne connais pas, cependant la couverture donne envie de se coucher sur ces nuages et de se laisser porter !
    grosses bises

  6. J’attends ton avis sur deux de ces livres dont je n’ai pas encore entendu parler. Passage rapide, problèmes informatiques. Gros bisous

  7. J’adore ta façon de présenter ! Et nous aussi maintenant on attend comme ces enfants de savoir de quoi parle ces livres.
    ça m’a fait rire les livres haut placés dans la bibliothèque !
    Bisous et bonne journée

  8. Coucou Quichottine,
    Je passe te déposer un grand BON JOUR.
    Pas facile pour moi de reprendre le fil de tes écris, mais je vais finir par y arriver 😉
    Il est vrai que ne ne consacre plus autant de temps au PC depuis quelques mois.
    Bises et à bientôt

  9. coucou c’est du bonheur de voir les enfants aimer la lecture – les douleurs sont moins importantes, mais ceinture à garder malgré cela j’ai l’air d’un clown -jeudi radios bassins ; rachis lombaire etc ……RV pris par ma fille qui me bouscule – bisous Mamy Annick50

    https://albmanche.blogspot.com/

  10. « Un grand champ de nuages blanc », un titre très accrocheur.C’est très important d’avoir un titre qui donne envie d’aller plus loin…

  11. Coucou…Quichottine tu sais tres bien tenir en haleine tes lecteurs. J’attends donc patiemment la suite. bisous

  12. C’est amusant, j’ai terminé hier le livre de Martine et je mettrai un article vendredi sur mon blog. Je ne connais pas les 2 autres.
    J’aime cette façon que tu as de présenter ces ouvrages, j’attends la suite avec impatience.
    Très belle fin de journée.
    bises

  13. Lecture en descente de rayons, c’est une idée très pertinente. Moi aussi j’attends la suite, je suis touchée, émue, remuée, bref, ravie de ton regard, de ta main qui se tend avec un petit bout de quelque chose de moi qui gigote troublé et ravi d’être si proche du lutin bleu. Merci Quichottine.

  14. Invitation, incitation à la lecture.
    Tu as de ton père, tu sais tenter.
    J’attends sagement.
    Bisous Quichottine et bonne soirée

  15. C’est extraordinaire d’avoir des enfants autour de soi qui attendent dans un silence inhabituel l’histoire tant attendue ! Un vrai bonheur!
    Douce soirée, bises Quichottine

  16. Quelle belle façon d’amener le lecteur à s’intéresser à ces livres . J’attends avec impatience les explications de la bibliothécaire .
    Bonne soirée
    Bises

  17. Merci Quichottine ! Moi aussi j’attends que tu nous en dises davantage, comme les enfants qui t’entourent… Avec impatience ! Bonne soirée. Gros bisous.

  18. Je n’ai pas encore lu le livre de Philippe (ni celui de Martine mais je le dis dans ton article plus récent !). Par contre je ne savais pas qu’Adamante avait publié aussi un livre…à suivre alors quand tu nous en parleras plus en détails. J’ai aussi lu les livres inaccessibles quand j’étais ados et je pense que tout livre est bon à lire, car les jeunes ne comprennent que ce qu’ils sont en âge de comprendre, le reste ils le découvriront plus tard quand ils le reliront 🙂 bisous et une belle journée

  19. Ton père avait tout compris! C’est une très bonne idée …
    L’époque où les livres étaient de vrais trésors à découvrir pour les jeunes , est passée , hélas . Internet est passé par là …
    Mais il reste quelques irréductibles heureusement.
    Comme les enfants de ton histoire ,je suis curieuse de savoir ce que tu vas nous dire sur ces livres .
    J’ai lu celui de Martine et j’ai aimé .
    Bisous

  20. Ah bien, je vais aller lire la suite ! je ne classe pas vraiment les livres que j’ai chez moi, seulement les plus récents et qui sont dédicacés je les mets dans la même bibliothèque. Les plus anciens, ceux que j’ai récupérés chez mes parents ou chez d’autres personnes, plus ceux que j’ai achetés chez France Loisirs dans les années 70-80, je les ai mis dans une petite bibliothèque. Il y a aussi ceux que j’ai lus quand j’étais au lycée, ils sont dans cette petite bibliothèque et dans un meuble de la salle à manger. Ceux de mon mari sont aussi dans le meuble de la salle à manger. Bonne soirée et bises.

  21. Bonjour Quichottine.
    la bibliothèque de ton père était malicieusement agencée et j’aime la façon dont tu nous en parles. Bisous