Laura Vanel-Coytte, Paysages, poèmes à mon mari

C’était comme un SOS… un appel au secours, dans une lettre ouverte à tous ceux qui la liraient.

C’est vrai.
Une lettre ouverte s’adresse à tous, mais sa portée dépend du support utilisé. Elle n’a pas le même impact sur un blog ou à la une d’un grand journal national.

La sienne m’avait émue, sur le blog de Mil et une, un blog aux mille et une pages, aux nombreuses mains.

« Cher vous », avait-elle écrit.
« Qui n’achetez pas mes livres
Et même ne lisez pas mes textes
Et ne reconnaissez même
Pas que j’existe par « ce que
J’écris » et « ce(ux) que j’aime. »
Cher vous, la mort de mon mari récente
Ne remet pas le compteur de votre indifférence
A zéro, au contraire, la colère me donne
Un dérivatif comme ce que j’écris et ce(ux) que j’aime
A ma douleur immense car lui me
Reconnaissait écrivaine, me lisait, me
Critiquait, aimant que je parle
De lui et n’appréciant pas mes écrits faciles. »

Nous étions le 5 février 2019, Laura avait perdu son mari plus tôt mais la blessure était vive, la douleur tellement forte, de celles qui peuvent tuer aussi…
Moi, j’ai lu, chez Mil et Une, comme je le fais dès que je peux, le plus souvent sans laisser de trace.

J’ai lu, et j’ai pensé à ceux qui sont partis trop tôt, à une amie très chère qui a perdu le sien aussi, il y a peu. J’ai pensé à Maman, veuve trop jeune, trop vite, avec une si grande famille à sa charge, et qui n’avait pas résisté plus de six mois avant de rejoindre son unique amour.
Bien sûr, nous étions là, nous, ses six enfants vivants, trop jeunes aussi… mais nous ne pouvions rien voir de sa détresse, et nous n’avions pas vraiment la possibilité de l’aider à faire face. Ma sœur aînée lui apportait de l’argent, mais était-ce suffisant ?
J’ai vu sa souffrance alors qu’il était déjà trop tard, je me souviendrai toute ma vie de l’ambulance qui l’emportait, du coup de téléphone qui nous informait qu’elle était morte au cours d’une opération qui avait duré plus de huit heures, sans succès.

Alors, oui, même si j’ai la chance d’avoir encore près de moi un époux aimant, qui m’a toujours soutenue lorsque la vie dressait devant nous des obstacles que je croyais infranchissables, lorsqu’à mon tour j’avais pour unique envie de fermer les yeux pour ne plus rien ressentir, j’ai vu la douleur de Laura, si intense, son chagrin immense, et j’ai vu aussi les difficultés auxquelles elle était confrontée.

J’ai commandé son livre, celui qu’elle offrait à son mari. Je l’ai lu.

Ce qu’elle écrit en quatrième de couverture le résume bien.


« […] Un voyage dans la carte du tendre entre quotidien et extraordinaire, entre douceur et sensualité. […] »

Dans tout voyage, il y a les bons moments, les moins bons pour celui qui n’est que l’invité dans un partage.
Il y a parfois ces moments trop intimes où l’on a l’impression d’être de trop.
Mais le plus important est cet amour que Laura chante, comme lorsque nous revient un air connu dont on mélange les couplets, au fur et à mesure qu’on en retrouve les mots.

Je ne regrette pas de l’avoir acheté, c’est une découverte et à la fois la confirmation de ce que je savais déjà.

Laura se cherche et se trouve le plus souvent dans les pages où elle pose les mots du cœur, d’un cœur désormais meurtri.


« Je me souviendrais de tout :
Notre vie en paysages ;
La ville de notre rencontre,
Le lac de notre découverte,
Notre premier nid de tendresse,
Et tous les autres.
Le décor de notre mariage.
Mots et silences,
Villes et campagnes,
Mers et montagnes,
Notre pays et l’autre.
Je me souviendrais de tout :
Notre vie en paysages. »
(17 juin 2008)

© Laura Vanel-Coytte
Paysages. Poèmes à mon mari
TheBookEdition, février 2011
ISBN n°978-2-9531564-0-9

37 commentaires à propos de “Laura Vanel-Coytte, Paysages, poèmes à mon mari”

  1. J’ai hésité avant de publier ce billet…
    Nombre de mes lecteurs sont seuls sans l’avoir voulu, en ayant perdu quelqu’un qu’ils aimaient.
    Chacun réagit à sa manière…
    J’ai fait comme toujours, écrire ce que je ressentais, en dehors de tout jugement littéraire qu’il aurait été malvenu d’exprimer.
    Passez une douce journée.

  2. Bonjour Quichottine, quand un départ soudain vous laisse seul/e sur le bord du chemin tout s’écroule… car on était deux à tout gérer, aimer, partager etc… on se dit comment le ciel ose séparer des couples soudés, dont la vie basculera dans la solitude qu’il faudra apprivoiser et les tracas du quotidien à relever… merci, bises, JB

    • Ta parole est d’or… merci, jill, pour cette description si exacte.
      Bises et douce journée.

  3. J’ai une amie dont l’époux aimé est mort il y a deux ans.
    Il y a peu elle me disait qu’elle était toujours en colère, que ça « ne passait pas », qu’elle n’éprouve rien d’autre face à ce décès…
    Chaque histoire est différente et on ne peut guère se poser en juge.
    Je compatis pour ton amie Laura…
    Merci de nous avoir parlé avec délicatesse de son oeuvre.
    Je t’embrasse bien amicalement en ces temps difficiles.

    • Laura est un auteur comme les autres, que je connais très peu, mais j’ai été émue en lisant son appel.
      Tu as raison, chacun réagit à sa manière… j’ai été en colère très longtemps, je le suis encore parfois, malgré moi.
      Je t’embrasse amicalement. Prends bien soin de toi.

    • Je suis tout à fait d’accord avec toi.
      Prends grand soin de toi, mon Amie.

    • Tu la vis autrement… je t’admire.
      Bisous et douce journée Martine. Prends bien soin de toi.

  4. Difficile de perdre un compagnon, avec qui il a été possible de partager nombre d’années, même si la vie, un jour nous avait fait prendre des voies divergentes.
    J’ai connu cela en novembre dernier, et malgré tout l’amour que je consacre à celui qui est entré dans ma vie en 1988, mon esprit reste hanté par des images de ce vécu de 15 années, les bons moments surtout, car les mauvais, je les ai oubliés.
    Bises, bon jeudi et surtout prend soin de toi ma Quichottine.

    • Nous oublions toujours les mauvais… comme je te comprends !
      Refaire sa vie avec un autre ne signifie pas effacer ce qui précédait.
      Merci pour tes mots, ma Zaza. Prends bien soin de toi aussi.
      Je t’embrasse très fort.

  5. En tous cas tu présente bien son livre ton texte est poignant….J’espère qu’elle va un peu mieux quoique je doute devant un si grand vide, brutal en plus.
    je lui souhaite le meilleur même si nous n’avons pas d’atome crochus…Bisous

    • Je souhaite aussi qu’elle aille mieux et qu’elle ouvre son cœur à d’autres.
      Merci pour tes mots ici.
      Bisous et douce soirée.

  6. Salut,
    J’aime bien les poèmes.

    Il fait beau et la température est remontée.

    Alors je fais deux fois le tour du jardin au lieu d’un.

    Bonne journée

    • Tu as raison, il faut faire de l’exercice.
      Bonne soirée à toi.

  7. Chacun réagit comme il peut face à la perte d’un être cher et je n’ai pas à donner mon avis là-dessus. Par contre j’aime beaucoup ce que tu dis de son livre dédié à son mari et j’aime beaucoup le poème que tu nous dévoiles ici. Merci pour elle. Bisous et une belle fin de journée

    • J’ai choisi de montrer celui que je préfère… c’est le plus souvent ce que je fais. 🙂
      Merci à toi pour tout.
      Bisous et douce soirée.

  8. Il faut beaucoup de courage pour écrire sur celui qui n’est plus. Je n’aurais jamais celui-là.

    • Le livre a été écrit et publié avant le décès de son époux…
      Mais il prend un nouveau sens aujourd’hui.

      Je suis d’accord avec toi, c’est extrêmement difficile d’écrire sur un être cher qui n’est plus.

  9. Merci Quichottine de nous faire decouvrir quelques passages de c e livre….
    Cela ne doit pas être aisé je le vois juste au décès de mon Papa
    Pas évident tout cela
    Merci encore. Prends soin de toi et surtout RESTE CHEZ TOI
    Bisous de fée

    • Rien n’est évident, et j’ai bien conscience que ce livre n’est pas pour tout le monde…
      Merci pour tout, Celiandra. Reste chez toi aussi.
      Bisous Madame la Fée.

  10. Cette lettre ouverte est poignante, je ne l’avais pas lue , ne lisant que chez Laura ses participations aux croqueurs et aux prénoms du mercredi . J’ai toujours voulu plus échanger avec elle mais les commentaires fermés ne facilitent pas les échanges . Il n’empêche que j’apprécie ce qu’elle écrit et que ce qu’elle vit doit être bien difficile . Merci pour le partage de ce poème et pour ce billet qui lui est consacré.
    Bonne fin de journée
    Bises

    • Elle a une façon bien particulière de concevoir les partages, mais je n’oublierai pas qu’elle a désiré participer à notre 6e anthologie.
      Merci à toi pour tes mots.
      Bises et douce soirée, Jazzy. J’espère que tu vas mieux et que ta fièvre est guérie.

  11. Coucou Quichottine,
    Je ne doute pas un instant que ce soit un très beau livre, touchant, poignant… mais je ne le lirai pas.
    J’ai perdu beaucoup de ceux que j’aimais ces dix dernières années, et j’avoue avoir bien assez à faire avec mes émotions.
    Bises et bonne fin de journée

    • Surtout ne t’oblige pas à le lire… je sais que rien n’est simple, surtout lorsque le deuil est encore si présent.
      Je ne crois d’ailleurs pas que l’on puisse tout oublier, je voudrais seulement que de poser des mots sur un écran ou une feuille de papier, de partager sa peine, aide, seulement un peu.
      Bises et douce soirée à toi aussi. Courage pour tout.

  12. Le départ d’un être aimé est difficile et inacceptable .Chacun le vit différemment .
    Tu décrit avec beaucoup de douceur et de délicatesse les pages de son livre. Je lui souhaite d’avoir trouvé la paix .
    Merci Quichottine pour ta générosité .
    Douce soirée, bises

  13. elle a perdu si brusquement son époux et ce livre est un bel hommage. C’est très gentil de nous parler de son livre.

    Bises

  14. Je ne me demande même pas ce que je deviendrais si je perdais thierry qui n’est pas mon mari mais mon binôme, comme je le dis souvent.
    Une chose est certaine, je partirais avec lui !
    Seule, je ne suis plus rien et tous ceux que j’aime le savent et l’ont compris …
    Bonne fin de semaine en profitant comme on peut du soleil …
    Soyons vigilants et gardons le moral même si ce n’est pas facile.
    Toujours pas de nouvelles de beau-papa, hospitalisé.
    Gros bisoux doux, ma quichottine ♥

  15. Que ce soit un décès ou une séparation chacun réagit différemment, perdre son double, sa moitié comme l’on dit c’est se perdre à moitié.
    Il faut énormément de courage pour affronter la réalité, affronter la vie, faire son deuil.
    Tout le monde n’a pas ce courage, tout le monde ne sait où le trouver, si à cela s’ajoute des problèmes autres, la vie ne devient plus.
    Ton amie, si j’ai bien compris, à perdu outre son compagnon, sa reconnaissance.
    Il l’avait reconnue comme écrivaine, maintenant plus personne ne lui dit que ce qu’elle écrit est beau, poétique …..
    Elle a l’impression de perdre son identité.
    Ta façon d’en parler est merveilleuse, à travers tes mots je ressens ta douleur pour d’autres pertes, tu es très courageuse ma Quichottine et je t’admire autant dans tes écrits que dans tes douleurs silencieuses.
    Merci de nous avoir parlé de ton amie avec de si jolis mots.
    Je t’embrasse très fort.
    Maryse

  16. Superbe billet pour nous présenter ce beau livre que Laura a écrit pour son mari défunt, auquel je suis sensible…
    Je comprends la douleur de Laura…
    Cela fera 4 ans le 11 avril que le mien m’a quittée… Le temps passe mais la blessure est toujours vive…
    Alors je suis émue…
    Bisous Quichottine

  17. J’ai la chance de vivre avec un homme aimant depuis près de 40 ans sans que nous soyons mariés . je suis terrorisée à l’idée qu’il parte avant moi.
    je t’embrasse fort

  18. Je ne sais comment réagir. J’ai la chance de vivre depuis bientôt 44 ans avec mon mari. Nous sommes de plus en plus complices au fil des ans et on se comprend dans les gestes au quotidien, parfois même sans besoin de paroles. Je n’ose imaginer sa perte et reporte toujours à plus loin sa probabilité. Ce sera une douleur insurmontable.
    Pour avoir plusieurs amies ayant perdu leur mari, je sais combien c’est difficile pour elles. L’absence est à surmonter au quotidien.
    Bon courage à Laura ! Je compatis à sa douleur.
    Je t’embrasse Quichottine !

  19. Tu as une façon très émouvante de parler de ce livre. Lorsqu’on est passée par là ,on peut comprendre ce que ressent Laura . Elle exprime sa souffrance et sa colère à travers ses poèmes .C’est très beau.. Bisous

  20. J’ai une amie qui a perdu son mari il y a quelques mois et qui ne s’en remet pas.
    Perdre un être cher c’est vraiment une terrible épreuve.
    Tu as fait un beau billet tout en sensibilité, on partage la peine de ton amie.
    Puisse le temps atténuer cette douleur.

  21. Bonsoir ma chère Quichottine,
    C’est vraiment par hasard que j’ai découvert cette page en fin d’après-midi et ma première réaction a été d’aller commander le livre de Laura. J’ai ressenti sa douleur, cette douleur indicible que je vis encore après bientôt 5 ans. Jamais elle ne s’apaisera. Malgré l’amour de mes enfants et de mes petits-enfants chaque matin il m’est difficile d’affronter la journée qui commence.
    Les mots de Laura, tes mots aussi, me touchent infiniment et j’ai besoin, mais pourquoi ?, de lire son livre. Je sais qu’ il tardera un peu car je n’ai reçu qu’aujourd’hui le magnifique recueil de Marie ( Francette) que j’ai feuilleté avec un grand plaisir. Il m’aidera, les difficiles matins, à affronter la journée qui commence.
    En ces jours de confinement c’est plus difficile encore….
    Je t’embrasse ma Quichottine et je vous souhaite à tous les deux une douce fin de semaine