Le petit sonneur de cloches, avec Durgalola

– Dis, tu l’as vu ?

– Qui ?… ou quoi, d’ailleurs…

– Lui ! M’enfin, ne fais pas l’autruche ou la sotte, je te parle de Lui !

– Ah… Lui…

– Mais tu es terrible, toi ! Ne fais pas semblant de chercher dans ta mémoire, tu viens de le voir chez Durgalola… et tu l’as tellement regardé que j’ai cru que tu ne pourrais pas refermer la fenêtre avant midi !

(Quichottine soupira… son ami ne manquait jamais de souligner ses incohérences… mais c’était sans doute une preuve d’amitié sincère.)

– D’accord… mais toi, ne le trouves-tu pas extraordinaire ?

(Le lutin bleu sourit… un vieux sourire fatigué, mais vous savez bien qu’il a tellement d’années d’existence qu’il pourrait vous raconter toute l’Histoire de France et une grande partie de l’Antiquité… Heureusement qu’il avait échappé aux dinosaures, je me demande ce qu’il en resterait s’il été né à cette période.)

– Tu ne dis rien ?

– Non, je suis sûr que tu sauras l’écrire mieux que moi… à ma façon, évidemment !

(C’était au tour de la Bibliothécaire d’être surprise. Aucun mot de pouvait plus sortir de sa bouche. Il semblerait que le silence devait s’installer pour un moment… à moins que…)

– Écoute ! Ne l’entends-tu pas ?

– Quoi ?

– La cloche… Tu ne peux pas ne pas l’entendre !

(Elle avait tapé du pied sans s’en rendre compte, comme un enfant capricieux, ce matin, elle avait l’âge des plus jeunes de ses petits-enfants.)

– Écoute ! Le son est grave, profond, il se prolonge jusqu’au fond du cœur, enfin, c’est ce que je ressens.

(Emmanuel, le bourdon de Notre Dame sonnait dans le lointain.)

– Là-bas..

On dit…
On dit que tout là-haut, si haut que plus personne ne peut désormais y grimper, il existe un petit sonneur de cloches qui a échappé à l’incendie.

Un petit Pinocchio au regard si triste qu’on ne peut s’empêcher d’avoir envie de le prendre dans ses bras, de le serrer très fort contre soi jusqu’à en avoir mal, rien que pour lui insuffler l’envie de continuer à vivre, à rêver.

Il sourit pourtant, un sourire hésitant. Il espère que ce sourire aidera le monde à essayer d’être meilleur.

Le glas qu’il sonne, ce n’est pas la fin du monde, ce n’est pas le tocsin. C’est une prière pour les disparus, pour ceux qui ont cru à ce qu’ils faisaient, qui ont continué sur leur route de montagne sans désespérer, jusqu’à l’épuisement.

Parfois, le petit sonneur s’arrête, il tend à son tour l’oreille, juste pour savoir si on lui répond.

Son sourire s’agrandit lorsqu’une toute petite clochette lance sa note cristalline, telle le trille d’un oiseau.

Il devient magnifique quand c’est tout un carillon qui lui chante sa chanson.

– Et alors ?

– Alors ? Alors… ce n’est pas si grave s’il joue avec le bourdon, s’il active l’immense cloche tout en haut des tours. Le plus important, c’est que toutes celles qui lui répondent emplissent nos cœurs de joie, comme lors d’un matin de Pâques, après des mois de tristesse, d’attente, de doutes.

On dit…
On dit qu’en haut, tout en haut des clochers, de la plus petite des églises jusqu’aux plus grandes cathédrales, de hameau en village, de ville en ville, de petits sonneurs de cloches nous invitent à écouter un message plein d’espoir et de sérénité.

© Quichottine, 8 janvier 2020 pour le texte
© Durgalola pour l’image, merci à elle.

49 commentaires à propos de “Le petit sonneur de cloches, avec Durgalola”

  1. Bonjour Quichottine… de nos jours automatisées, mais j’ai connu dans mon ancien village, sa corde à se pendre à l’entrée de la modeste église… charme d’antan, merci à Durgalola aussi ,-) que 2020 nous soit douce et sereine, avec le moins de glas possible, bises, JB

  2. Ici c’est souvent que nous entendons les cloches car tous les 500 m il y a une égllise … Mais je ne crois pas que ce soit le pope ou le bedaud qui les sonne … Ce doit être programmé pour moins de fatigue,..

  3. COUCOU autrefois on les appelait les marguilliers : ils étaient prêt du curé, ils l’aidaient dans les taches de l’église et ils sonnaient les cloches à différents heures
    lors de ma jeunesse ce sont les garçons de mon village qui ont repris cette fonction –
    et je précise avions un prêtre au Top, qui avait la façon de nous faire
    aimer l’Eglise
    d’ailleurs lorsque je me suis mariée avec Gérard qui n’était pas
    très croyant, le prêtre a su trouver le sujet qui l’intéressait lors
    des réunions avant le mariage (ils parlaient de basket……………….)

    maintenant tout est automatique …………………….
    Bisous Mamy Annick50
    https://mondepsp.blogspot.com/

  4. Quelle tendresse dans cette page émouvante! Ré écouter le bourdon de Notre Dame m’a fait monter les larmes aux yeux…

  5. Ce petit sonneur à un regard et un sourire qui est apaisant et communicatif, je ne m’étonne pas que tu y aies été sensible… Quand aux sons des cloches, elles m’ont toujours parlé à cœur ouvert, donc je te suis sans difficulté, en tendant l’oreille pour mieux les entendre carillonner.

  6. C’est un souvenir d’enfance qui revient : mon père et mon oncle décollant du sol à tour de rôle en rigolant comme des bossus (bien sûr !). Ils avaient eu la permission de faire carillonner les cloches de l’église d’un petit village de Normandie pour le baptême d’un petit cousin ! Le petit sonneur a dû bien rire, lui aussi, perché dans la charpente !

  7. Je me souviens au pays basque du bedeau qui tirait la corde avec force pour que le son atteigne les oreille de Saint André qu’il disait un peu sourd !
    J’aimai aussi quand mon fils était à Louvigny entendre les Angélus très musicaux
    il faut les écouter nos belles cloches
    Gros bisous Quichottine

  8. je te remercie d’avoir choisi ce personnage que dans mon coeur j’appelle Jean. Il fait partie de la crèche de Noël de la cathédrale de Metz. J’aurais pu choisir Marie et l’ange (car j’y étais au moment de l’annonciation) mais son visage était si intense.
    A la cathédrale, ils ont baptisé et installé une nouvelle cloche (l’histoire est intéressante, il s’agit d’une cloche ne pouvant pas être installée dans un clocher, car trop lourde, c’est un prêtre ou siménariste qui l’a offerte à la cathédrale).
    Bises

  9. ce Pinocchio t’as fournis un très joli texte qui tinte agréablement au oreilles….Bisous Quichottine très bonne année à toi et à ceux qui te sont cher.

  10. Il y a bien longtemps que je n’ai pas entendu de sons de cloches d’Église, il y a tellement d’Églises fermées maintenant et je dois dire qu’avec le temps je m’en suis éloignée aussi bel article en tout les cas merci bises et bonne fin de semaine

  11. Un bien joli conte d’après Noël! Merci de le faire tinter à nos oreilles !
    Je t’embrasse .

  12. A la campagne nous sommes en permanence à l’écoute de nos cloches . L’une d’entre elles vient d’être restaurée et c’est la même entreprise qui s’occupe des cloches de Notre Dame qui est venue la descendre et la remonter. Nous avons aussi une carillonneuse qui à Noël et à d’autres occasions fait résonner le carillon de ma grand-mère. Un hiver j’ai chanté en Occitan à ses pieds. C’est un son qui m’a toujours beaucoup émue ainsi que le son des sonnailles attachées au cou des animaux. J’ai cru reconnaître la petite route qui mène à Roncevaux avec les potocks qui saluent les pèlerins qui peinent avec pourtant la joie au cœur. Ce sont des joies simples et profondes que ne connaissent plus nos jeunes pendus aux sonneries sans âme des portables. Mais ici nous savons déchiffrer leurs discours, elle accompagnent même nos nuits. Ton texte est très émouvant. Bises et bonne soirée

  13. Coucou Quichottine,
    J’ai vu aussi cette adorable photo chez Andrée, et elle t’a vraiment bien inspirée.
    Un fort joli texte plein d’émotions comme toujours.
    Bises et bonne soirée

  14. Un très joli texte,
    l’église que je vois de chez moi sonne les heures et l’angélus matin midi et soir,
    hélas il n’y a plus de sonneur de cloches…

  15. Tu as été très inspirée par ce personnage au regard emprunt de douceur.
    Ici ce sont les cloches de la basilique que j’entends tous les jours car nous en sommes à 200 m à vol d’oiseau.
    Belle soirée, bisous !
    Cathy

  16. Encore un bel article très émouvant sur cette belle photo …
    J’aime tes mots qui me touchent.
    Je penserais à toi toutes les demies-heures en entendant sonner les cloches du village qui ont conservé cette habitude dont certains se plaignent.
    Perso, ça ne me gêne pas, je ne les entends même plus …
    Une belle tradition avec aussi les mariages, baptèmes ou enterrements.
    Bonne fin de semaine, un peu en avance …
    Bisoux doux, ma quichottine ♥

  17. C’est une très belle histoire Quichottine j’ai adoré merci. C’est vrai qu’il a l’air triste mais tellement beau ♥
    Bisous et douce journée

  18. Selon le vent, j’entends les cloches sonner de chez moi alors que nous sommes à 5 km du village et bien entendu je ne pourrais plus les entendre sans penser à cette jolie histoire. Les sonneurs de cloches sont des poètes qu’il faut préserver bien entendu. Heureusement dans les campagnes, ils sont encore nombreux à nous jouer leur joli musique porteuse de ce joli message d’espoir et de sérénité mais aussi de paix. Bisous et une douce journée

  19. Repondre a un son de cloche par un autre, à un petit mot par un autre mot, à un sourire par un sourire. Les échos se propagent et rendent heureux.
    Bisous Quichott

  20. Bonjour Quichottine. Ce person,nage au regard triste m’a aussi touchée chez Durgalola mais je n’avais pas vu qu’il sonnait des clochres. Cela me fait plaisir de te lire. Bonne journée et bisous

  21. Mais oui tendons l’oreille et nous l’entendrons!
    Il y a toujours quelque part un petit personnage qui est présent, ne pas se fier à sa mine triste, il rayonne à l’intérieur…
    Bisous du jour
    Mireille du sablon

  22. Tu as su le mettre en valeur ce petit sonneur de cloches. Dans une région de Corse (en Balagne, ) une fois par an ,il y a un concours des sonneurs de cloches de plusieurs villages rapprochés . C’est très sympathique et émouvant de les faire vivre comme avant.
    Maintenant elles sont automatisés la plupart du temps mis leur son est toujours aussi beau .
    Bisous

  23. coucou c’est un joli texte
    nous habitons assez près d’une église mais , sans curé, les cloches n’attirent plus souvent les fidèles ;
    elles continuent cependant d’accueillir les grands évènements de la vie
    bisous

  24. Merci pour ce très beau texte , on a bien besoin de petits sonneurs de cloches ..tous les rêves sont permis …et je suis même sure qu’on pourrait en trouver un tu sais dans l’association « Reves « ..
    Bonne journée Quichottine
    Bises

  25. Très mignon ton petit sonneur de cloches, il est bien sympathique, et ton texte le rend encore plus émouvant.
    Puisse les cloches continuer encore longtemps à sonner
    Bisous et bonne journée

  26. Ce personnage est magnifique et j’aime beaucoup l’histoire qu’il t’a inspirée. Tous les dimanches les cloches de la cathédrale de Nantes sonnent, j’ouvre toujours ma fenêtre même l’hiver, pour mieux les écouter, la voix des cloches est en effet un son très apaisant et plein d’espoir.
    Bises et belle journée

  27. Personnellement j’aime entendre le son des cloches de mon église, même lorsqu’elles sonnent à 6 heures du matin.
    Ta petite histoire est adorable, tu sais comme j’aime rêver en te lisant, je vois passer le film.
    Contrairement au copines je ne lui trouve pas un regard triste, un regard pensif oui, un regard paisible, un regard qui attend une réponse?.
    Merci ma Quichottine pour ce gentil moment de rêve, garde ton âme d’enfant c’est ce qui nous aide à supporter les aléas de la vie.
    Je t’embrasse très fort.
    Maryse

  28. grâce à toi je sais qui il est ! je l’ai vu chez andrée en effet;
    ici la cloche sonne encore les heures, après restauration et remise avé l »électricité !
    j’aime bien avoir les heures chaque jour avec elle !
    belle journée à toi, j’espère que çà va, bises, MIAOU !!!

  29. Coucou ma douce Quichottine, quel joli récit et ce petit sonneur de cloche en bois sculpté je suppose est bien mignon, c’est vrai qu’on a envie de le prendre dans ses bras. Nous avons la chance dans notre village d’avoir des cloches et j’adore les entendre sonner les heures et les évènements heureux ou tristes. C’est la vie d’un village! mais bien sur plus de sonneur de cloche comme l’était mon parrain quand j’étais petite et qu’il fallait remonter la pendule de l’église.
    Merci pour tes mots..
    je t’embrasse et te souhaite une bonne fin de semaine
    chatou

  30. IL a un regard plein de douceur et il te permet de nous offrir un très joli conte, un grand merci.
    C’est dommage que tout soit automatisé maintenant!
    bonne journée, bises

  31. J’aime ce conte au parfum d’antan .. les cloches ne sonnent que très peu par chez nous désormais mais je me souviens étant enfant du sonneur qui se « pendait » à la corde et s’envolait parfois avant les messes et vêpres ! très belle la photo !
    Belle soirée Quichottine !
    Nicole

  32. Quel charmant petit sonneur.
    J’ai toujours aimé entendre les cloches sonner…
    Je t’embrasse Quichottine

  33. Nous n’avons pas la chance d’entendre les cloches automatisées de notre Eglise, notre lotissement se trouvant trop loin du centre du village,
    mais par contre, j’ai eu le privilège de sonner régulièrement celles de 2 petites Chapelles du village pendant tout mes 10 années de sacristine, et c’était tjrs une joie intense…
    Quelle émotion que d’écouter le bourdon de notre Dame !
    Merci Quichottine de ton magnifique billet…
    Bcp de bisous

  34. Comme il sonne bien avec le coeur, ce petit sonneur!
    Et comme sous ta plume les mots tintinnabulent avec vigueur, élégance et intensité…
    Un grand bravo et un merci des plus chaleureux pour ce récit, c’est très réussi
    Merci également à Durgalola
    Gros bisous, doux week-end Quichottine
    Cendrine

  35. Chez nous, dans notre village, on entend les cloches mais elles sont automatisées…E telles s’arrêtent la nuit…J’aime bien les entendre

  36. Qu’il est sympathique, ce petit sonneur de cloche ! C’est vrai que d’entendre des réponses de ci de là par des petites clochettes doit être bien rassurant. Magnifique photo avec une gentil sourire ! Bravo à Durgalola !
    Un récit plein de tendresse et d’espoir.
    Bises et à Plus Quichottine !

  37. Lutin bleu merci à toi t’inciter Madame la Bibliothécaire à nous raconter de si jolies et émouvantes histoires. Lorsque les cloches de Saint Michel sonneront, je sais maintenant qu’il me faut les écouter autrement, et surtout pas, d’une façon distraite.
    Bonne fin de journée à toi Lutin Bleu et embrasse bien fort Mme La Bibliothécaire , sauf si elle s’est assoupie, dans ce cas du fait ça par petits baisers légers comme des papillons.

  38. Un coucou au sonneur de cloches, un coucou de St Jean Pied de Port

  39. Peu ou presque plus de sonneurs de cloches et pourtant… Ton récit est très émouvant, ma chère Quichottine et c’est vrai qu’il est beau, mais tout triste le petiot. De gros bisous s’envolent vers toi. ♥

  40. L’espoir et la sérénité sont bien loin de nous et le sonneur le sait très bien, c’est pourquoi, il est si triste. Un très joli conte , continue d’écrire c’est un grand plaisir de te lire surtout lorsque tu fais parler le lutin bleu

  41. Bonjour Quichottine , il est mignon ce petit sonneur ! Ta belle histoire m’a fait revivre dans mon village d’autrefois où les cloches me berçaient . Je suis allée écouter la vidéo du bourdon , je ne savais pas qu’elle se nommait Emmanuelle .
    Merci à toi et ton lutin bleu ! Gros gros bisous et bon week-end à vous deux ♥

  42. Les petits sonneurs de cloche, réels ou imaginaires, ont une mission essentielles dans nos vies de pauvres humaines : nous rappeler que le temps passe, que certains sont partis, qu’ils restent à jamais dans nos coeur, afin que nos pensées s’envolent vers eux comme ce carillon qui s’élance dans le ciel en espérant que d’autres l’accompagneront par dessus les toits, les prairies et les champs d’un monde où ils n’ont plus beaucoup de place.

  43. Qu’il est charmant ce petit sonneur! Je comprends qu’il t’ait inspiré une si jolie histoire.
    j’aime écouter les cloches. C’est un peu le cœur du village qui bat. J’aimais aussi écouter la nuit les heures accompagnant mon insomnie.
    Merci Quichottine
    Bises

  44. Y en a-t-il encore des petits sonneurs de cloches capables de dégourdir si finement la plumes de joyeux lutins ? un beau texte Quichottine où tu retrouves le chemin de ces savoureux dialogues … bises