Nos premières fois

Nous étions au mois de novembre de l’année 2007.

Kinou publiais alors sa Première fois.

Les plus anciens de mes visiteurs connaissent bien Kinou, même s’ils l’ont un peu oubliée. C’est quelqu’un qui ne publie plus sur son blog depuis longtemps, mais qui nous l’a conservé, comme un souvenir à ne pas effacer.

Moi, ce jour-là, je lui ai posté ce commentaire :

“Cette première fois… elle est encore plus belle, plus tendre, plus sincère… et ensuite… elle ne peut que donner suite à des journées d’amour, de tendresse… et de tant et tant de ce que nul ne compte… J’aime comment tu racontes…”

Et j’avais terminé par ce bisou heureux qu’Over-blog nous proposait dans sa page de « gifs » à ajouter à nos articles et commentaires. Je l’aimais beaucoup.

J’ignorais alors que cette première fois avait aussi été la dernière pour mon amie Kinou.

Mais je savais déjà que nous aurions, avec Emmanuelle, une multitude de premières fois qui nous conduiraient peu à peu à espérer finalement… une toute dernière fois.

Nous vivions déjà dans l’incertitude, et nous y vivons encore. Il y a des moments où je crois survivre, au rythme des battements du cœur de notre enfant, un enfant qui est devenu un adulte différent, incapable de vivre seul, incapable d’assumer la moindre tâche dans sa vie, incapable de communiquer si ce n’est que par des gémissements ou des cris qui remplacent désormais les rires qu’elle nous accordait parfois, autrefois.

Dans la nuit de ce dimanche, nous avons passé plusieurs heures à l’observer, de part et d’autre d’un lit d’hôpital. Je la regardais, et, ce faisant, j’avais en tête une autre photo de son album, la première, quatre jours après sa naissance.

Une machine lui apportait l’oxygène nécessaire à sa survie. Une autre contrôlait… l’écran montrait des courbes auxquelles je ne comprenais rien, des chiffres instables, que d’autres auraient su interpréter.

Nous étions debout près d’Emmanuelle.

Son père et moi tenions ses mains dans les nôtres. Lui, la gauche, celle qui peut encore sentir, toucher. Moi, la droite, celle à laquelle j’aurais aimé pouvoir rendre vie.

Je sais bien que c’était inutile, je le sais depuis longtemps, depuis la première fois, une autre, où j’ai vu Emmanuelle saisir de sa main gauche l’autre main, la mordre jusqu’au sang sans réagir.

Je te regarde, et, ce faisant, j’essaie de t’imaginer ailleurs, participant aux jeux de mes petits-enfants, riant avec tes sœurs, leur racontant tes propres rêves, tes désirs…

Mes pensées se contredisent.

La lutte que je mène depuis près de 39 ans avec moi-même est toujours là, plus terrible que jamais, plus désespérante aussi.

Tu restes mon enfant, mon bébé, ma bataille, mon espoir insensé, et c’est mon cœur à moi qui s’essouffle.

– “Tu étais toute blanche.”

Je suis assise dans le couloir des urgences, tout tourne autour de moi. Il est là, près de moi, mon compagnon de toujours, celui qui n’a jamais failli, celui qui sait plus que jamais combien j’ai besoin de lui.

Je voudrais pouvoir lui parler, mais je ne peux pas.

 

66 commentaires à propos de “Nos premières fois”

  1. A chaque fois que tu nous parles d’Emmanuelle, j’ai le coeur qui se serre, mais c’est au tien que je pense…

    • Présence et mots de réconfort… merci, eMmA.

  2. Je ne sais que te dire…. même dans la plus grande empathie, les mots ont ils encore un sens face aux maux ?
    Je t’admire de pouvoir ainsi t’exprimer face à ce qui peut nous habiter, nous remplir jusqu’à nous ronger.
    Alors simplement, je dépose mes pensées sincères…
    Bises amicales et je te souhaite une journée habillée de sourires.

    • Je n’en parle que lorsque tout déborde…
      Merci pour tes mots et ta présence, Pascale.

    • Merci Martine.
      Emmanuelle était rentrée lundi matin, elle est repartie à l’hôpital cette nuit et elle y est toujours.
      Ta présence hier m’a fait du bien.

  3. Pour ton coeur qui s’essouffle, pour ta lutte, pour ton courage, je t’embrasse Quichottine.

  4. Que d’émotions et de souffrances au travers tes mots ma Quichottine. Ton coeur déborde, et tu as raison d’en parler, cela soulage. Je t’embrasse tendrement ma douce amie

  5. Que c’est triste, de tout coeur avec vous tous, tendre câlin virtuel pour te réconforter un peu
    Doux après-midi Quichottine
    Gros bisous de nous deux

  6. J’ai cliqué sur l’album, on ne peut pas laisser de commentaire, alors je te refais ici un autre calinou
    Gros bisous tendresse

  7. Bon courage, je vois que tu es entourée d’amis !

  8. je te lis avec tant de tristesse ! que de souffrance pour Emmanuel, pour vous sa famille.
    Je n’ai que de pauvres mots à vous offrir et mon amitié affectueuse et tout cela ne fait pas grand chose au regard de ce que vous traversez.
    Nous vous embrassons tous deux.

  9. Ne pas pouvoir parler à son enfant, ne pas savoir ce qu’il ressent…c’est vraiment éprouvant.
    Je suis de tout coeur avec toi…et merci de partager cette épreuve avec nous…Bisous ! je te serre dans mes bras

  10. Je suis tellement émue par tes mots que je ne peux rien dire (et ceux qui me connaissent savent à quel point c’est rare…). Je t’admire de pouvoir exprimer tout cela avec des mots si doux, c’est tellement triste de voir son enfant à l’hôpital quand on sait qu’on est impuissant à l’aider. Je t’embrasse

  11. Se tenir invisible auprès de toi et savoir que tout être a besoin d’amour… le vôtre est son rayon de vie, le sien est votre force d’espérance. Notre amitié est un modeste soutien.

  12. Que te dire, sinon que je comprends ta peine et y prends part. J’espère de tout cœur que les lignes que tu viens d’écrire, ainsi que nos réponses, te permettront de calmer, d’apaiser un peu ta douleur.
    Courage, Quichottine

  13. Je me sens proche de toi, je comprends tes mots.
    Tu es tellement courageuse ! et pudique tout à la fois.
    bises sincères.

  14. Les larmes viennent sans qu’on puisse même les retenir avec cet écrit…Dieu que cela doit être dur pour toi/vous alors que nous ne somme que lecteurs! Bisosu Quichottine doux mardi

  15. Salut
    Bon courage.
    On a un superbe temps avec un beau soleil qui a fait monter la température fraîche du matin jusqu’à 15°
    Bonne journée

  16. Mes plus affectueuses pensées Quichottine et un silence respectueux et ému devant ton courage de chaque instant .
    Bises tendresse.

  17. Il n’y a pas de mots pour calmer cette douleur. je le sais. J’ai juste l’espoir que l’amitié t’aide un peu.
    Je t’embrasse et te souhaite du courage.

  18. Que te répondre? Que te dire? Même les mots, mes mots, seraient bien dérisoire devant cet immense douleur que tu , que vous ressentez. Je ne peux que te serrer dans mes bras, comme le ferait une soeur, une mère…

  19. Beaucoup d’émotion en lisant tes mots Quichottine. Cette douleur que tu partages avec nous est terrible , que nos mots sont bien vains pour essayer d’apaiser ta souffrance .
    De tout coeur avec toi dans ce que tu traverses .
    Gros bisous

  20. Je te serre dans mes bras ma douce amie et je t’embrasse avec toute ma tendresse.
    J’embrasse aussi ton archange bien-aimé. Tu ne peux pas lui parler, il n’existe pas de mots, mais il sait, au fond de son coeur, ce que tu peux ressentir. Vous avez « votre » langage, celui qui s’est construit au fil de ces années de souffrance et que vous seuls pouvez comprendre.
    Je vous aime très fort .
    Cricri

  21. C’est terrible cette attente si longue dans l’espoir sans doute d’une délivrance pour vous et pour elle , dans l’espoir d’un regard , qui vous reconnaîtrait , d’un petit miracle .
    Je n’ose imaginer pareille souffrance;Il faut y passer pour savoir ce que c’est . Je pense à toi et à ton compagnon , à ce que vous traversez . Je t’embrasse très fort .

  22. bonsoir chère amie, c’est tellement triste ce genre de vie , pour elle, pour vous ses parents, sa famille, j’en parlais justement hier avec ma voisine de 92 ans !!!elle vient de rentrer chez elle après 3 mois d’hopital pour une fracture du fémur…! je suis tellement triste et de voir que ce genre de situation dure toujours, tu es si courageuse, merci d’en parler tu ne dois pas garder tout çà pour toi,
    les amies sont là pour toi, je t’embrasse, MIAOU !!!

  23. Je comprends que tu écrives ce qui te déchire. Nous sommes là pour te soutenir dans ces moments difficiles et tu as bien fait de nous en parler. Cela permet de supporter un peu la situation. Je t’embrasse.

  24. Coucou
    Je suis très touchée et j’ai envie de te dire que si tu as besoin un jour , je serais là …
    Gros bisous Quichottine

  25. Tendresse pour vous deux, d’épreuve en épreuve vous voilà serrer l’un contre l’autre comme toujours, seule consolation d’être deux à affronter l’inaffrontable. Les mots n’ont plus de sens dans cette situation…

    Je t’embrasse.

  26. C’est très émouvant Quichottine. On sent tellement ta détresse. Je ne peux que t’embrasser bien fort

  27. la vie n’est qu’une longue route emplie d’épreuves, chacun porte sa croix à sa manière. je t’embrasse et je pense à toi

  28. ..que te dire si ce n’est que mon coeur bat à l’unisson de toutes nos amies ici présentes pour toi, pour elle, pour vous!…
    Bises de Mireille du sablon

  29. Tu lui parles à ton compagnon de toujours, du bout des yeux, du bout du coeur, et ce langage entre vous deux vaut tous les discours du monde. Je ne peux que t’apporter mon amitié et mon soutien. Jet’embrasse fort.

  30. je t’embrasse très fort ; je sais qu’il n’est pas toujours simple de partager avec son compagnon au même moment, qu’il faut souvent attendre de se rejoindre, cela arrive, c’est sûr. Je sais les batailles menées et les escarmouches aussi. Ta fille est et sera toujours un ange. Bises.

  31. Que te dire sinon que je te comprends et que je suis de tout cœur avec toi.
    Je t’embrasse très fort Quichottine

  32. Ah là là, que dire ? Qu’à chaque fois que tu parles d’Emmanuelle, je suis peinée par l’immense douleur que tu ressens. Vous êtes, ton mari et toi, main dans la main avec Emmanuelle et c’est l’essentiel.

    Je t’embrasse bien fort Quichottine !

  33. Il est bouleversant de douleur et d’humanité profonde ce billet ,Quichottine. Tu évoques ta fille Emmanuelle et , tes mots sont si forts que je ne sais que dire face à tant d’émotion humaine et si bienveillante.

  34. Chère Quichottine,
    Je te lis régulièrement, mais sans laisser de traces…
    Aujourd’hui je ne peux rester silencieuse face à ta détresse.
    Même si les mots n’ont pas le pouvoir de changer les choses, je voudrais tenter de te donner courage et force dans cette nouvelle épreuve et te dire que je pense fort à toi.
    Je t’envoie plein de bises amicales.

  35. Il est déjà demain, et j’ai laissé filer le temps, sans en prélever quelques minutes aujourd’hui pour te lire, et je m’en veux, même si cela ne sert à rien, même si je ne peux rien faire pour toi que te lire et avoir une énorme boule sur le coeur. Puisse le tien s’apaiser un jour sans remords, puissiez-vous réussir, ton mari et toi, à extirper de vous ces mots qui vous minent. Je vous souhaite un surplus de cette force que vous usez à vouloir rester droits malgré votre peine, et je vous embrasse, très amicalement.

  36. Que dire devant cette souffrance que tu partages avec nous.. Vous vous parlez avec vos yeux avec votre cœur..
    Notre présence et virtuelle mais nous te soutenons dans ces moments difficiles.
    Je t’embrasse très fort.

  37. On est impuissant devant tant de douleur, je suis très émue.
    je t’embrasse
    danièle

  38. Que d’émotions dans tes mots, j’ai les yeux humides mais ce doit être la rosée du matin …
    Toujours en pause commentaires, je viens malgré tout voir les articles des aminautes et là, j’avais envie de laisser un petit mot pour te dire que je lis tous tes articles et ne me manifeste pas toujours, mais aujourd’hui, je n’ai pu m’en empêcher tellement je suis émue.
    Je te souhaite un bon mercredi.
    Bisoux doux, ma quichottine ♥

  39. Tes mots m’émeuvent et je vous imagine bien dans l’attente, tous les deux, complémentaires. Prenez soin aussi de vous. Vous lui avez offert toujours tout votre amour et votre tendresse, toute votre attention. Si j’étais une fée j’aimerais que vous puissiez communiquer avec elle et recevoir un signe d’elle, de son amour pour vous… Je t’embrasse très fort

  40. Il y a tant de maux sur cette terre que mes tiens en deviennent poignant. Ta toute petite souffre et toi et ton mati vous êtes encore et toujours penchés sur son berceau pour votre enfant de 39 ans.

    Les mots sont dérisoires face à la peine. Je trouve que tu exprimes tant d’amour dans tes écrits pour ton enfant différente mais tellement proche de vous.

    Courage.

    Je t’embrasse*

    EvaJoe

  41. Les mots sont vains face à ta douleur, ma Quichottine…
    Sache que je pense très fort à toi et que j’aimerais te redonner le courage qui t’est nécessaire…
    Je t’embrasse bien affectueusement.

  42. Ma douce Quichottine, quelle belle marque d’amitié que de nous confier ta douleur car comme tu le dis tout déborde.. Il n’y a aucun mots pour te consoler mais tu sais que nous sommes là, tout près de ton coeur qui pleure.
    Emmanuelle votre enfant vous a auprès d’elle. Ton billet est bouleversant, je t’envoie de tendres baisers amicaux et te serre contre mon coeur. Pose un doux baiser pour moi sur le front d’Emmanuelle.
    chatou

  43. Je te salue Quichottine, avec beaucoup de tendresse et avec beaucoup d’émotion.Ton texte m’a tordu les tripes.Franchement, je ne peux rien dire de plus qui ne paraisse dérisoire.
    Bises émues de ma part et une pensée sincère pour tes proches.

  44. L’émotion me gagne à chaque fois que tu parles de ta fille.
    Amicales pensées ma chère Quichottine
    Bises

  45. Une longue souffrance, pour toi, pour vous,
    marquée par tant de souvenirs et de « première fois »,
    mais aussi de « dernière fois »…
    Je pose ma main sur ton épaule, pour te donner juste un peu plus de force…
    Bises

  46. C’est ton enfant, ton bébé, elle le sera tjs mais tu as en toi une certaine culpabilité, celle de ne pas avoir pu et de ne pas pouvoir lui donner la même vie qu’à tes autres enfants.Tu ne peux l’accepter et tu en souffres. C’est, en effet terrible d’être impuissants. Tous les raisonnements et exhortations ne servent pas bcp, les explications non plus. Seul compte l’amour que tu donnes et reçois. C’est le seul salut.Je t’embrasse et te serre contre mon coeur. VITA

  47. Je suis si triste de savoir combien tu souffres , combien vous souffrez ! je ne peux que t’apporter mon réconfort et de tendres bises à partager avec l’homme de ta vie .
    Courage Quichottine , nous t’aimons très fort

  48. Affectueuses pensées Quichottine. Les mots sur la toile sont bien peu de choses dans ces moments difficiles. Je t’embrasse bien amicalement.

  49. Salut
    Un temps magnifique pour sortir mais la Tiotte a la sciatique alors…
    Après un petit travail au jardin je me lance sur le blog.
    Bonne journée

  50. Je reviens te dire que j’ai été très émue par ton texte…Emmanuelle a l’âge de mon fils aîné et c’est en allant gardé son petit garçon « pas tout à fait comme les autres que l’on s’est rencontré » et que tu m’as parlé d’Emmanuelle, je n’oublierai pas…

  51. C’est tellement bouleversant Quichottine, la vie est si difficile parfois, heureusement ton double est là pour te réconforter, j’en suis heureuse pour toi

  52. J’ai lu avec beaucoup de retard. Je ne dirai rien. Que sont les mots ?
    Je te serre dans mes bras.
    Tenez-vous l’un contre l’autre, ce sont les plus beaux mots qu’on peut échanger.
    Je t’embrasse

  53. Je suis profondément émue . L’Homme de ta vie est là près de toi , un réconfort essentiel et magnifique.
    Je pense beaucoup à vous .
    Je t’embrasse Quichottine

  54. Bcp d’amour pour vous, pour elle, pour l’Archange, pour toi…. De tout coeur avec vous tous… Merci de ta confiance
    Je vous embrasse de fond du coeur