La fenêtre, avec Christiane Ubrecht

Je lisais un commentaire de Josette… nous parlions de poésie.

Comment ne pas aimer la poésie… c’est ne pas aimer la vie !
elle seule nous ouvre les yeux !
Je viens d’ouvrir « Enfin le royaume » de François Cheng et voilà la première page :
“Tu ouvres les volets, toute la nuit vient à toi,
Ses laves, ses geysers, et se mêlant à eux,
Le tout de toi-même, tes chagrins, tes émois,
Que fait résonner une très ancienne berceuse.”

J’avoue n’avoir lu de François Cheng que les passages cités ici ou là sur les blogs que je fréquente au cours de mes voyages immobiles, bien cachée derrière mon écran. Mais je l’ai écouté parler, parfois, et j’aime beaucoup ce qu’il dit. Je le lirai un jour, bientôt, sans aucun doute.

Ces mots m’ont fait penser qu’il y avait dans mon dossier d’images capturées chez vous de quoi ouvrir une nouvelle fenêtre, de quoi m’y pencher, d’un côté ou de l’autre.

Celle que j’ai conservée, pour plus tard, parce que je l’ai trouvée magnifique et que j’ai décidé de laisser mes lecteurs aller regarder l’autre chez Chrisimages, la voici :

180117_Chrisimages

C’est une très belle image, en noir et blanc, ombres et lumière y sont mis en valeur.

 Je peux rêver à ce que je verrais si je m’approchais, si j’osais franchir l’espace qui me sépare des secrets qu’elle cache.

Les volets sont ouverts, déjà, il fait grand soleil au jardin.

Mais si j’avançais un peu vers elle, entendrais-je la chanson qui accompagne la femme qui y vit ?

Une berceuse, peut-être, peut-être pas.

Le berceau délaissé a été rangé dans un grenier, dans l’attente du moment où il pourrait servir encore, malgré tout.

Mais la mélodie en appelle d’autres, la vie est là, dans tous les gestes du quotidien qui se moque bien des pensées roses ou bleues de celle qui attend.

Je peux la voir, malgré les rideaux, et, même si les volets étaient fermés, la maison me raconterait. Elle a tant accumulé, jour après jour, mois après mois, chaque nouvelle année chassant la précédente.

La vie, une vie simple qui s’écoulait, tellement simple que même un écrivain ne pourrait la raconter sans qu’on se demande pourquoi il l’a fait.

Rien à dire… comment confier les rêves, les désirs ?

La femme a terminé son ouvrage, celui que nul ne voit, qui sera demain à recommencer.

Alors, elle a tiré le fauteuil sous la fenêtre, parce que le soleil est la meilleure des lumières.

Elle a pris dans un tiroir le carré de toile fine sur lequel elle brode des images et des mots. Les fils de soie dont elle a besoin.

Elle les aime parce qu’ils attirent la lumière sur cette toile écrue.

Dans le jardin, elle sait que les oiseaux prennent leurs quartiers de printemps, elle les reconnaît toujours à leur chant. Elle saurait tous les nommer.

Elle brode, à petits points comptés.

Mais, parfois, elle lève la tête et son regard se pose sur les fleurs qui l’entourent.

Elle sourit, puis soupire.

Demain sera toujours un autre jour.

Merci à Chris pour son image. Je la lui ai empruntée sans permission. Je la retirerai sur simple demande de sa part.

Passez une douce journée. Merci à vous qui me lisez.

70 commentaires à propos de “La fenêtre, avec Christiane Ubrecht”

  1. Bonjour, ma quichottine
    Là, tu as vraiment beaucoup d’imagination !
    Inventer une vie derrière une simple fenêtre, il faut le faire …
    Mais j’aime quant tu te laisses emporter par tes ressentis et nous les communique.
    Bon jeudi, toujours dans le gris …
    Bisoux pluvio-venteux.

    • Il y a des images qui me parlent plus que d’autres… je crois que j’ai beaucoup été derrière ma fenêtre ces derniers temps. 🙂
      Mais je ne brode pas. 😉
      Bisous et douce journée ma Dom.

  2. C’est une très belle photo et J’aime ce qu’elle évoque chez toi de si simple mais beau comme les petits plaisirs de la vie. Bisous

    • Merci, Martine. Je suis heureuse que ça te plaise.
      Bisous et douce journée.

  3. Toutes les fenêtres attirent les regards, qu’elles soient ouvertes sur l’intimité ou fermées sur une solitude supposée, un chagrin, une absence plus ou moins longue. S’y ajoutent parfois des volets. Fermés, ils peuvent être inquiétants, oppressants ou simplement protecteurs. Oui, les fenêtres, comme leurs amies les portes, font parler l’imaginaire. J’imagine cette femme qui, tout à l’heure, approchera son front du carreau pour regarder le jour s’évaporer dans la nuit.

    • Je sais que tu as raison…
      Merci pour tes mots, Galet.
      Passe une douce journée.

  4. La photo est superbe, j’aime ton imagination.
    Très belle journée, bises
    danièle

    • Merci !
      Bises et très belle journée à toi aussi.

  5. coucou – tu as beaucoup d’imagination je suis en admiration – je te souhaite une bonne semaine, ce matin le printemps semble arrivé – bisous Mamy Annick
    https://mondepsp.blogspot.fr/

    • Merci.
      J’espère aussi qu’il va finir par s’installer.
      Bisous et douce journée à toi.

  6. A Quichottine que cette fenêtre est parlante et ramène encore à la poésie… tu sais celle de Baudelaire dans ces petits poèmes en prose
    « Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. »…
    Je te souhaite une belle journée
    gros bisous

    • Merci pour cet extrait que j’aime beaucoup.
      Gros bisous et douce journée Josette.

  7. J’aime porte ou fenêtre dans le secret de ce qu’ells cachent ou préservent…. bien aimé ce que tu y as vu!
    Calme et sérénité….et le chant des oiseaux!
    Bises
    Dany

    • Merci, je suis heureuse que ça t’ait plu.
      Bises et douce journée Dany.

  8. Très belle photo, sur laquelle tu as encore su créer une très belle histoire
    bisous et bonne journée

    • Merci. 🙂
      Bisous et douce journée à toi aussi.

  9. Il y a des auteurs comme François Cheng qui sont essentiels. J’aime ton texte même si je ne partage pas tes émotions à rester immobile derrière une fenêtre, je dois trop fréquenter la maison de retraite de ma mère où tant de résidents sont contraints à rester immobiles dans leur fauteuil à regarder la vie qui file derrière leur fenêtre et dont l’expression favorite est « encore une journée de passée, on verra bien demain ». Bises et bonne journée

    • Je suis restée trop longtemps derrière cette fenêtre, je sais bien.
      Mais il y a des moments comme ça, de plus en plus nombreux, où je me demande ce que je fais là.
      Même si je ne brode pas, j’occupe mes mains… l’esprit erre ici ou là.
      Merci pour tout, Azalaïs.
      Bises et douce journée.

  10. Broder à petits points comptés sur une toile ancienne, à la lumière naturelle, le tout accompagné par le chant des oiseaux et les couleurs des fleurs n’est ce pas vivre son silence intérieur comme une passerelle entre le temps passé et le temps « avenir »?

    • Un aujourd’hui qui s’étire parfois dans le silence, c’est vrai.
      Merci pour tes mots, Jamadrou.
      Passe une douce journée.

    • Merci.
      Je suis heureuse que ça t’ait plu.
      Bisous et douce journée à toi.

  11. On peut imaginer plein de vies en regardant cette jolie photo, des vies simples aux plus compliquées. Tu nous en donne une et je l’aime bien

  12. Chris aimera peut-être la voir ainsi accompagnée, les fenêtres sont un beau sujet fort bien traité et me rappellent des souvenirs

    • Je ne sais pas, mais je l’espère.
      Merci pour tes mots, Domi.

  13. J’ai beaucoup aimé le prologue de F. Cheng à cette jolie histoire de derrière la fenêtre de Chris qui est si jolie…
    Bises
    Belle et douce journée au soleil retrouvé enfin

    • Merci. Je suis ravie que ça t’ait plu.
      Bises et douce journée Livia.

  14. Je suis certaine que Chris va aimer ce que tu viens de broder autour de sa fenêtre. Qui ne l’aimerait pas? Excellente et douce journée, ma chère Quichottine et gros bisous

    • Je l’espère et je suis ravie que ça t’ait plu.
      Gros bisous et douce journée.

  15. J’aime les fenêtres aussi et tu as bien eu raison d’imaginer ce qui s’y passe ou a pu s’y passer. J’ai aussi écrit à partir d’une fenêtre dans un de mes recueils. Je rejoins aussi Azalaïs sur les personnes des maisons de retraite… ça me rappelle ma mère qui nous regardait partir , et à son départ vers un ailleurs d’où l’on ne revient pas, j’avais écrit un poème à ce sujet.
    Les fenêtres, ce sont des pages d’écriture et tu les écris si bien.
    Encore merci pour tout…

    • Merci à toi aussi pour tout, Marie.
      Le soleil brille à ma fenêtre aujourd’hui. 🙂

  16. Les fenêtres sont ouvertes ou fermées, et même fermées elles laissent vagabonder notre imaginaire.
    Je n’aime guère rester derrière le rideau et encore moins broder, lire peut-être, parfois… mais j’aime bien la douceur engendrée par tes mots de derrière la fenêtre.

    Tendresse ma Quichott’

    • Je t’imagine davantage sur tes chemins, c’est vrai.
      Les miens se réduisent de plus en plus.

      Tendresse, ma Polly. Prends bien soin de toi.

  17. Coucou Quichottine
    C’est toujours avec une belle inspiration que tu nous contes les choses .. j’aime beaucoup la tendresse qui se dégage de tes mots ..
    Bises Quichottine

    • Merci Claudine. Je suis toujours heureuse quand ça vous plaît.
      Bises et douce journée à toi.

  18. Une jolie fenêtre qui t’a inspirée merveilleusement!
    « Et dans ces gestes sans histoire
    Que rien n’avait laissé prévoir
    J’ai puisé la force d’ouvrir
    Ma fenêtre vers l’avenir »
    Y.Duteil

    • J’aime énormément Yves Duteil. Merci pour cette belle citation, Marie.

  19. Salut,
    En avril ne te découvre pas d’un fil qu’on dit.
    Ce matin froid et pluie.
    Cet après midi un beau soleil.
    Bonne journée

    • C’est vrai je crois… surtout en ce moment. 🙂
      Bonne journée Tiot.

  20. Bonsoir Quichottine,

    La fenêtre. Un sujet très intéressant car il ouvre sur tant de chemins. Autant de chemins que de lecteurs ( ou de spectateurs)
    J’aime la citation de François Cheng dans le com’ de Josette. Des mots qui me font rêver. Un auteur à découvrir pour moi.
    En attendant c’est toi qui me transporte dans ton monde merveilleux. Cette très jolie photo t’a inspirée un très beau texte. Merci Quichottine
    Bisous ensoleillées ce soir
    🙂

    • Merci pour tout, Martine.
      Je suis ravie que ça t’ait plu.
      Bisous et douce journée d’un matin ensoleillé. 🙂

  21. Quelle magnifique broderie de mots ma Quichottine.
    J’ai eu l’impression de vivre ce moment comme si j’étais devant cette fenêtre.
    Merci de nous permettre de rêver à « demain qui sera toujours un autre jour… »
    Douce fin d’après-midi et gros bisous.

    • Demain est un mystère, mais il est plein d’espoir.
      Merci pour tes mots, Marité.
      Gros bisous et douce journée.

  22. Je découvre François Scheng grâce à toi merci d’avoir ouvert cette porte de la poésie . Une invitation à nous plonger dans un univers de douceur avec cette image , j’aime beaucoup l’histoire que cette photo t’a inspirée.
    Bonne soirée
    Bisous

    • Merci, Jazzy.
      Je suis heureuse que ça te plaise.
      Bisous et douce journée.

  23. Superbe image, même en noir et blanc
    Merci pour cette découverte d’une vie simple et tranquille, un petit bout de femme discrète.
    Je t’embrasse

    • Merci à toi pour ta présence et tes mots.
      Je t’embrasse. Passe une douce journée.

    • Je suis ravie qu’elle te plaise.
      Merci pour tout, Solange. Passe une douce journée.

  24. Tu vois beaucoup de choses derrière cette fenêtre aux rideaux un peu vieillots …
    C’est une belle photo en effet.
    Je te souhaite une bonne nuit.Bisous

    • J’imagine… et l’image est vraiment très belle.
      Merci pour tout, Fanfan.
      Bisous et douce journée à toi.

  25. Une belle fenêtre qui t’a merveilleusement inspirée..Merci !

    • Merci à toi aussi pour tout, Gazou.
      Passe une douce journée.

  26. Derrière la fenêtre, une histoire prend naissance dans une sage indiscrétion …
    Tes mots ont la douceur du temps qui passe, on imagine fort bien un petit bout de vie à peine dissimulée derrière un rideau de feuillage …
    Cette photo est très belle, tout comme l’est la seconde sur le blog de ton amie … elles laissent la place à l’imagination, au rêve, à la curiosité aussi …
    Bisous Quichottine, et merci pour la découverte de ces vers de François Cheng …

    • Et merci à toi aussi pour tout, Kprice.
      Passe une douce journée. Bisous.

    • Merci !
      Je suis ravie que ça vous ait plu.
      Bises et douce journée Monique.

  27. Cette fenêtre est très belle et j’aime tes mots « brodés » tout autour. Ton imagination est fascinante mais tu vois, moi je crois que même en plein hiver il faudrait qu’à un moment donné cette fenêtre s’ouvre et que j’entende le chant des oiseaux autrement qu’à travers les vitres fermées…Bisous ma douce Quichottine passe une belle journée et ouvre la fenêtre surtout, le printemps arrive à grands pas

  28. La fenêtre est un magnifique sujet pour les écrivains , les poètes mais aussi les peintres..Voir à l’extérieur ou à l’intérieur, c’est s’interroger ou rêver.Pour ma part, j’aime bien ouvrir les volets et regarder le monde qui m’entoure. VITA

  29. Ta fenêtre c’est la porte qui s’ ouvre devant une page blanche.
    On ne sait ce que la plume va nous dire
    Il faut laisser vagabonder notre rêve.
    Je découvre comme toi tu découvres en regardant à travers cette fenêtre,
    Passe une jolie nuit pleine de beaux rêves.
    Bisous
    Maryse

  30. Que se cache-t-il derrière ces rideaux : un bel amour, une souffrance, une solitude, un appel à l’espoir ou à une belle rencontre ? Suffit-il d’ouvrir un peu la fenêtre pour que naisse un jour nouveau ?
    Je le souhaite de tout coeur à toutes ces solitudes, à tous ces regards qui n’ont pas pu aller au-delà .
    Merci Quichottine pour ce beau partage; belle soirée, bisous.

  31. Je ne connais pas bien la poésie de François Cheng : je vais combler ce vide. Merci
    Cette photo est superbe . Elle me fait penser à ce poème de Paul Eluard qui me parle beaucoup :
    La nuit n’est jamais complète.
    Il y a toujours puisque je le dis,
    Puisque je l’affirme,
    Au bout du chagrin,
    une fenêtre ouverte,
    une fenêtre éclairée.
    Il y a toujours un rêve qui veille,
    désir à combler,
    faim à satisfaire,
    un cœur généreux,
    une main tendue,
    une main ouverte,
    des yeux attentifs,
    une vie : la vie à se partager.
    Bises Quichottine

  32. Une superbe photo que tu as agrémentée à la perfection avec beaucoup de délicatesse.
    J’aime beaucoup François Cheng.
    Belle soirée, bises Quichottine

  33. Un magnifique texte autour de la fenêtre qui me touche beaucoup et je te remercie Quichottine d’avoir choisi celle-ci « permission accordée » pour faire danser tes mots autour de ce sujet pour lequel on peut raconter mille et une histoire…
    Belle journée à toi ! Bisous