25 novembre 2017, page 5

Il était temps que nous en venions à l’objet même de ce Voyage, à Rêves et à ses bénévoles, à ces noms qui sont devenus des visages ce jour-là.

Nous avions rendez-vous à 14 h, à l’école Rockefeller, à Lyon. C’est Pastelle qui nous y a conduites, pour nous éviter le trajet en métro.

L’occasion de constater que les travaux lyonnais sont peut-être aussi nombreux que les parisiens. 🙂

Nous étions à l’heure, même légèrement en avance. Les responsables de l’association étaient dans les derniers préparatifs, tout le monde s’activait. Une ruche bourdonnante d’abeilles souriantes. Je sentais le bonheur qu’ils éprouvaient à se retrouver, venus de toute la France.

Olivier Bererd, Josianne Gonnot, Liza Fournier… ceux que je ne connaissais qu’à travers les courriels échangés ou une voix au téléphone.

Savez-vous que ça fait du bien de mettre des visages sur des noms ?

Ils auraient pu ne pas nous inviter. Après tout, c’était l’assemblée générale de l’association, ils avaient tant à se dire, surtout au sujet de la reconnaissance d’utilité publique, toute récente.

Pourtant, leur invitation, leur accueil, tout nous montrait que notre action depuis 2011 avait été appréciée, qu’ils avaient hâte d’en savoir davantage, de partager avec d’autres nos résultats.

Vous vous souvenez ? Notre Voyage était en grand sur l’écran, tout en bas du grand amphithéâtre où nous nous tenions.

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Je remontais le temps… en novembre d’une autre année, j’assistais pour la première fois à une conférence à l’université de Cergy. J’étais alors simple auditrice, je fus intervenante trois années plus tard. Et je peux vous assurer que c’est impressionnant.

Ici, l’amphi était un peu plus petit que celui de la salle de conférence… mais l’impression était la même.

Curieusement, je me suis toujours sentie dans une arène, les auditeurs se trouvant en surplomb, nous obligeant à lever les yeux d’une page qui serait salvatrice en cas de trou de mémoire.

Ici, je ne voyais que des visages attentifs, des sourires encourageants. J’ai posé mes feuilles de notes sur la table et j’ai parlé.

J’ai présenté Polly, Pastelle, j’ai évoqué les auteurs qui étaient réunis sur nos Anthologies, nous sommes plus de 200 à avoir déposé un petit peu de nous sur l’une ou l’autre de nos pages, à avoir notre prénom ou notre pseudonyme parmi les noms d’auteurs sur un ou plusieurs de nos livres. et j’ai parlé de Solyzaan.

J’ai essayé de ne rien oublier, de montrer que tout ce que nous faisions l’était pour Rêves, que nous ne gardions rien des sommes récoltées. J’ai ajouté que les souscripteurs étaient généreux, qu’ils achetaient souvent les livres avec un petit – ou un grand – “plus” pour l’association. J’ai parlé de l’aide apportée et de l’efficacité de notre éditeur. J’ai parlé des “petites mains” aussi, qui participent sans rien demander en retour.

J’ai félicité l’association, les bénévoles, tous ceux dont le travail aboutit à la réalisation de ces rêves qui aident les enfants malades à lutter contre leur maladie.

Et puis… pour terminer, parce que je voulais qu’ils aient envie d’en savoir davantage, qu’ils se penchent plus avant sur nos livres, j’ai lu l’histoire de Mijoty…

Vous en souvenez-vous ?

« Il était une fois… »
Assise dans son atelier, Solyzaan réfléchissait : « Que se passerait-il si son histoire commençait autrement ? »
Elle était entourée d’une foule d’objets divers. Parmi eux, du papier, de la colle et des ciseaux. Rien que de très normal puisqu’elle passait son temps à découper et à coller.
Elle aimait les papiers, tous les papiers. Ceux qui brillent dans la nuit, ceux qui bruissent doucement quand on les prend sans même avoir à les froisser, ceux qui griffent, ceux qui caressent, ceux qui collent, ceux qui transportent avec eux des odeurs, des saveurs, sucrées ou salées. Elle en possédait de toutes textures et toutes couleurs, unis et à motifs. Le moindre emballage la ravissait. Elle les rangeait avec méthode afin de mieux les retrouver.
Depuis leur étagère, au-dessus de la table de travail, de petites bougies colorées projetaient, sur les murs de l’atelier, des ombres tremblantes qui semblaient vouloir s’échapper par la fenêtre entrouverte.
« Il était une fois… »
La suite ne venait pas. Solyzaan griffonna sur sa page blanche, à grands traits de feutre noir, un nouveau personnage.
Une petite sorcière avec les accessoires indispensables. Un chapeau pointu, un balai, l’araignée du matin qui apporte le chagrin, et même l’araignée du soir, tapie au fond de son chaudron.
Mais que cachaient les yeux baissés de la sorcière ? Serait-elle aussi friponne qu’elle en avait l’air ? Que lui réservait-elle ?
Solyzaan hésitait.
Elle avait déjà peuplé son atelier de lutins et de princesses, d’animaux fantastiques, de ceux qui hantent le cœur de nos forêts à la tombée de la nuit, qui vivent sous terre dans de grandes cavernes, qui se rassemblent dans les profondeurs de l’océan, ou qui parcourent le ciel à la recherche d’un nuage égaré…
Cette sorcière-là ne leur ressemblait pas.
« Que nous mijotes-tu ? » demanda doucement, un peu inquiète, l’artiste aux ciseaux de fée. « Comment faut-il que je t’habille ? »
« Mijote, mijote… »
Solyzaan chantonnait en regardant la sorcière et son chaudron. « Si tu n’arrêtes pas de mijoter, je t’appellerai Mijoty » et elle nota ce nom dans un coin de la page où sa création gisait, inerte.
« Mijoty, Mijoty, que nous mijotes-tu ? »
La chanson l’accompagna tandis qu’elle nettoyait ses pinceaux et les rangeait en pensant que « demain » serait bien assez tôt pour donner meilleure apparence à « sa » sorcière.
Elle souffla les bougies, rendant ainsi la liberté aux ombres qui l’entouraient, quitta la pièce, sur la pointe des pieds, et s’échappa enfin de notre histoire, tout en battant des ailes, comme toutes les fées.
C’est alors que Mijoty ralluma la lumière…”

© Quichottine, La Bibliothèque de Quichottine,
in “Le tiroir aux secrets”, 1er avril 2011

Ce texte, je l’ai écrit, il y a bien longtemps, un jour où je rendais visite à une amie à l’hôpital. Je la fis rêver au roman que nous pourrions écrire, à deux, celui qui raconterait la “véritable” histoire de Mijoty. Il n’est pas dans l’anthologie, mais il permet d’imaginer que la petite sorcière existe, qu’elle a quitté l’Atelier pour rendre visite à tous ceux qui ont besoin d’elle.

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Je ne le leur ai pas dit… mais j’ai achevé le conte en montrant sur  l’écran de l’amphithéâtre l’image où la montgolfière de Solyzaan apportait à tous un peu de lumière.

“… et depuis, Mijoty Voyage…”

(À suivre)

42 commentaires à propos de “25 novembre 2017, page 5”

  1. Chouette Quichottine, je ne doute pas que prendre la parole en public est intimidant, quand pas tribun, mais tu le fis bien pour défendre « nos bébés », merci encore, bonne nuit, bises

  2. Comme cela doit être impressionnant de prendre la parole dans un amphi, un très grand merci
    à toi tu es une ambassadrice de choix.
    très belle journée, bises

  3. Une belle intervention le joli texte que tu as lu convenait tout à fait. Bon week-end. Bisous

  4. C’est toujours impressionnant de prendre la parole devant un auditoire, mais là, tu savais qu’il était toute ouïe et en parfait accord avec tout ce que tu disais.
    Pour moi, j’ai des souvenirs d’audits dans des entreprises où j’avais souvent, en face de moi, plus de la moitié des personnes qui n’en avaient rien à faire de ce que je tentais de leur expliquer.
    C’est encore plus difficile, mais je m’y suis faite et c’est peut-être pour ça que, maintenant, je fais toujours très attention à ce que je dis pour ne blesser personne … Même s’il y a toujours des grincheux qui prennent tout au premier degré ! 😉
    Allez, me voila encore partie à parler de moi ! Rha, la, la …
    Bonne fin de semaine … hivernale et bon début de mois !
    Bisoux doux, ma quichottine.

  5. Chère Quichottine,
    Ton engagement est magnifique, c’est un bonheur de voyager à tes côtés.
    Ce joli Voyage est sur mon bureau pour ne pas terminer dans un carton mais je n’ai toujours pas eu le temps de m’arrêter pour le savourer, j’en ai bien picoré deux trois nuages, pas assez cependant pour ne pas rester sur ma faim. J’ai hâte d’un peu de calme et de silence pour me laisser emporter sur ce tapis volant qui m’entrainera dans ces univers de cœurs variés et multicolores.
    Merci de tout ce que tu fais.
    Je t’embrasse

  6. Bravo Quichottine j’imagine le trac…prendre la parole en public est absolument impossible pour moi
    Je te souhaite une très belle journée

  7. Bonjour Quichottine
    Je ne doute pas un instant de l’impact de ta prestation sur les personnes présentes
    Merci à toi
    Gros bisous

  8. Quelle sympathique sorcière cette Mijoty !
    Je suis sûre que tous tes auditeurs ont dû être séduits !

  9. Cela m’est arrivée quelquefois_et j’ai encore mal au ventre en pensant à ce moment impressionnant où il faut prendre la parole devant un amphi plein à craquer. Tu es merveilleuse de l’avoir fait pour nous… Je ne connaissais pas la sorcière de Mijoty c’est une joie de la rencontrer aujourd’hui…en 2011 j’étais sur la blogo avec mes petits collégiens mais pas encore dans ma bulle, pourtant il me semble que je te connais depuis toujours. Merci encore pour tout ce que tu as fait. Dimanche je reparle de Voyage, encore une fois. Bisous et une douce journée

  10. oh la la que je n’aurai pas voulu être à ta place je serai morte de trouille !
    je t’en remercie encore plus d’avoir si bien défendu ce voyage et les anthologies !
    gros gros bisous

  11. « Fais ce que dois »… Ce pourrait être aussi ta devise, Dame Quichottine. Nous avons tous pris acte de ta représentation (dans le bon et grand sens du terme) et je suis certaine que, comme moi, beaucoup te sont reconnaissant d’avoir porté notre parole !

  12. Parler devant un amphy rempli, cela en effet devait être très intimidant, je ne sais si j’aurai pu le faire.
    Bises et belle journée

  13. Merci à toi Quichottine et Bravo, tu as eu beaucoup de courage
    je n’ai pris la parole qu’une seule fois devant un congrés de Psychologues pour présenter la toute première CLIS de France que mon inspectrice m’avait demandé d’ouvrir,j’avais un trac fou car ce n’est pas un public facile, c’est si loin tout ça!!!
    bises

  14. J’aime ta façon de raconter, je lis ton histoire vraie comme un conte. Et pusique Noël approche, je me dis que la magie était déjà là ce fameux samedi de novembre…

  15. Extraordinaire expérience que tu nous peins comme une belle histoire,
    un beau rêve, un beau voyage…
    Que la montgolfière de Solyzaan apporte à tous un peu de lumière.
    Et que s’envolent avec elle, les contes, les images, les poèmes
    pour apporter de la joie et des sourires…

    Merci

  16. Une belle expérience, le stress de la communication devant un public, mais pour une si belle histoire que tout cela en valait bien les peines, car le plaisir du succès en retour est tout de même une bonne récompense.
    Bises et bonne journée Quichottine

  17. J’ai lu le chapitre 4 et me suis un peu reposée après ces escaliers lyonnais 🙂
    C’est impressionnant de s’exprimer devant un auditoire important, mais je sais que tu n’as pas tremblé car tu sais dire les choses avec tellement de poésie et de conviction que tous ont dû être enchantés par ton discours.
    Douce journée et GROS BISOUS ma Quichottine !

  18. coucou, en effet j’ai du le faire une fois dans une AG d’association de parents d’élèves, dur dur
    lorsqu’on n’a jamais fait çà, alors là j’imagine…
    BRAVO !
    Belle journée à toi, MIAOU !!!!!

  19. Une belle histoire mijotée tous ensemble!
    Beau texte ! bravo
    Bises très enneigées
    Dany

  20. Je sais ( pour l’avoir expérimenté à plusieurs reprises) ce qu’est le trac de parler ou de jouer devant un public, j’en ai encore mal au ventre et pourtant, je recommence, je suis maso ( (rires ) Tu t’en ais bien sortie et puis l’auditoire t’étais déjà acquis vu que tu apportais un peu de rêves aux enfants malades . Bravo et merci

  21. Comme nous étions arrivées en avance j’avais l’impression qu’il n’y avait pas grand monde, et puis au fur et à mesure l’amphi s’est rempli et lorsque je me suis retournée juste avant que tu ne parles il y avait un monde fou et je me suis dis « Oups… ». Mais tous les visages étaient souriants et bienveillants, et ça s’est magnifiquement bien passé ! Surtout quand tu as posé tes petits papiers. Tu es super au naturel ! 🙂

  22. Le trac de la prise de parole en public en amphi ou autre , je connais aussi , un grand bravo pour l’avoir surmonté et avoir si bien présenté ce recueil . Je découvre Mijoty et ce superbe texte que tu as écrit , une excellente conclusion en effet pour Voyage , on ne peut rêver mieux .
    Bon week – end
    Bisous

  23. Même face à ce public qui impressionne, je ne doute pas que tu aies réalisé une belle prestation.
    D’ailleurs Pastelle confirme mes écrits. Tout a été « mijoté » si longtemps que le fumet ne pouvait être qu’agréable.
    Merci à toi Quichottine pour tout ce dévouement et les remerciements adressés à tous !
    Douce soirée et bonne fin de semaine ! Bises

  24. Tu l’as fait ! Un grand bravo.
    Je dirais bêtement : maintenant nous sommes reconnu(e)s.
    Merci.
    Bisous Quichottine. Fais une belle soirée maintenant que tu as l’esprit plus tranquille pour ce sujet.

  25. Merci Quichottine et bravo pour ta prestation pas facile!
    je ne doute pas que Mijoty les ait séduits et que notre Voyage va en faire autant .
    Bises .

  26. Bravo Quichottine ! Il faut du courage pour parler devant toute une assemblée !
    Bisous et bon week-end

  27. Bonsoir Quichottine , je t’imagine lire ce très beau texte avec ta voix toute douce , je suis certaine que chacun a été séduit par ta prestation !
    Un grand merci à toi pour nous avoir une fois de plus portés courageusement
    Gros bisous et très belle soirée à vous deux

  28. Merci ma Quichottine mais tout ce que tu as écrit aujourd’hui m’a beaucoup émue… Bravo. Nous pouvons être fiers de toi !
    Bon week-end. Gros bisous.

  29. J’imagine ton émotion sur cette estrade , devant tous ces gens attentifs. Ce texte que tu leur as lu à dû les émouvoir sans aucun doute . Merci pour ton dévouement. Bisous

  30. J’imagine quel stress tu as du éprouver à l’idée de parler dans cette grande salle.
    Il en faut du courage pour s’exprimer en public devant des personnes que l’on ne connait pas, je le sais pour l’avoir vécu.
    Je suis sûre que tu as du trouver les bons mots.