Dis-moi petit nuage… Pour toi Bigornette

Il y a des jours comme ça, des jours où tout va bien, évidemment, et aussi des jours où une nouvelle vous coupe un peu les ailes.

Je pensais venir vous faire partager un nouveau voyage chez mes blogamis, ou vous raconter une histoire où tout serait permis, comme toujours en Quichottinie.

J’étais à dix lieues de penser à autre chose qu’à ces rêves que nous partageons alors que ce n’est pas toujours si facile, je le reconnais volontiers.

… et puis, voilà.

Je ne vais pas disserter très longtemps, ou vous le faire perdre avec des mots qui vous conduiraient dans un ailleurs tout duveteux, léger et doux comme un nuage dans un ciel trop bleu.

Justement… j’avais rencontré, il y a longtemps, un tout petit nuage qui avait beaucoup à raconter.

Je l’avais laissé sur une étagère, je pensais avoir le temps.

Mais le temps passe, si vite ! Il fait tourner le monde, trop vite… Il y a plus d’un an que je l’ai reçu, une année à attendre que je veuille bien vous en parler. Vous l’aviez aperçu en compagnie d’autres livres ici.

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Marie-France Proutière, Dis-moi, petit nuage, chez TheBookEdition

Le petit nuage avait beaucoup à dire à ceux qui le liraient, c’est vrai. Pas forcément à tous de la même façon.

Mais il arrive que les mots prennent un autre sens, qu’ils brillent d’autres feux, qu’ils brûlent un peu la page d’où ils jaillissent soudain comme un reproche.

Marie-France, certains la connaissent sous le nom de Bigornette. Elle avait de grandes communautés qu’elle a cédées pour pouvoir gagner le temps nécessaire à sa réalité.

Moi, j’ai relu aujourd’hui…

Elle écrivait au dieu des araignées…

[…]

Elles sont parfois si belles
Au lever du soleil
Couvertes de rosée
Napperons de dentelles
Si joliment tissés
Que j’aimerais des fois
Pouvoir solidifier
Les fixer à jamais
Les unissant entre eux
En faire des rideaux
De beaux rideaux soyeux
Décorant les carreaux
Scintillants à Noël

[…]

Ce n’est qu’un passage, un extrait de la page 45… et j’ai pensé à ces araignées chagrines du matin, celles du soir, porteuses d’espoir…

J’ai pensé à la ronde, celle du temps qu’elle voulait figer, en page 15…

[…]

Ne bougez plus, ne respirez plus,
Faisons vite le cliché !
Ainsi doit continuer la ronde,
la ronde des humains

[…]

Et puis, je me suis laissé aller à la suivre dans sa balade sylvestre… à la page 35… et suivantes.

Les arbres se penchaient vers elle, la protégeaient peut-être ce jour-là, dans ce rêve où la forêt chantait encore.

Je l’ai écoutée se perdre avant de se retrouver, si bien…

[…]

Je n’ai compris qu’une chose :
Dieu que j’étais bien !
Ressourcée par la fraîcheur de son ombre,
Protégée des bruits et des ondes,
Devenue chef d’orchestre de ce concert discret,
Du tempo du silence,
De notes célestes émanant de quelques oiseaux,
Cherchant tout comme moi un peu de repos.
Moment suspendu dans ce monde repu,
Cherchant encore une fois, une grotte, un endroit,
Tel l’homme d’autrefois ne pensant qu’à son troc,
À ne pas avoir froid, et vivant dans ses lois…
Un bruit strident : la sonnerie d’un réveil !…
Ce n’était qu’un rêve, un très beau rêve…
Soudain j’avais très froid…
Soudain j’avais très peur…

(p. 37)

Marie-France a encore peur aujourd’hui, sûrement, elle qui doit se battre contre cette maladie qui vous ronge de l’intérieur. Mais, elle sera seule désormais pour l’affronter. Son compagnon n’est plus.

Je l’ai appris tout à l’heure en me rendant chez elle, comme souvent. C’était un Au revoir à Robinson.

Alors, peut-être parce qu’il est important d’avoir la foi pour guérir, de se sentir entouré pour avoir envie de se battre, et parce qu’elle a besoin de nous, même si elle ne peut pas forcément nous répondre tout de suite, même si ce sont ses proches qui lui liront vos messages…

Que penseriez vous d’un court moment pour lui dire seulement :

« Nous pensons à toi, Bibi…Prends bien soin de toi. »

Vous n’écrirez rien ici, mais rendez-vous là-bas, si vous pouvez.

Merci.