C’est dimanche, là-bas, à Lalibela

Lalibela, je l’ai découverte grâce à Christian… Avec deux « L », c’est sans doute la huitième merveille du monde.

Ne soyez pas jaloux. Je crois qu’il est important de montrer les choses qu’on découvre, surtout lorsque c’est fait de si belle manière.

Christian et son épouse sont allés en Éthiopie et ils racontent leur voyage depuis déjà quelques semaines. Christian ne publie pas tous les jours, il a bien d’autres occupations. Mais j’aime sa façon de bloguer, et je l’avoue, j’aime aussi sa façon de lire en Quichottinie.

Christian aime les engagements, ce qui n’est pas facile du tout de nos jours.

Il s’engage, et, lorsqu’il voyage, c’est conformément à ce qu’il pense.

Voyager, c’est aller vers les autres, respecter leurs coutumes, essayer d’en savoir un peu plus sur eux et leur façon de vivre, sur ce qu’ils sont vraiment lorsqu’ils ne sont pas en représentation devant les touristes. Avant de partir, lui et sa femme s’y sont préparés : ils ont appris quelques mots de la langue… C’est important de pouvoir communiquer, même un tout petit peu. Savoir dire les mots essentiels… C’est du respect aussi. Il n’avance jamais en pays conquis.

J’aime cette approche de l’autre.

Donc, en le suivant sur son chemin de sable et de rochers, là-bas, j’ai croisé une, non deux images !

Vous me connaissez, je les lui ai empruntées, avec sa permission.

Aujourd’hui, c’est dimanche.

Je suis peut-être un peu là-bas.*

…..

.

Il y a très longtemps, c’était un jeune garçon aux pieds nus, au sourire éclatant, insouciant malgré la misère et le soleil.

Là-bas, il brille trop fort, il chauffe trop. L’eau manque.

Il a grandi avec la foi de ses parents, de ses ancêtres.

Il savait que Dieu pourvoirait au nécessaire puisqu’il ne pouvait offrir le superflu.

Yared aimait sa vie, la chaleur des sourires qui l’entouraient.

Les jeunes filles l’admiraient et baissaient soudainement les yeux lorsqu’il se mettait à les regarder à son tour. Il éclatait alors d’un grand éclat de rire sonore qui ressemblait à un chant d’oiseau.

Éden, elle, filait la laine des moutons, la mettait en grands écheveaux pour le tisserand.

Lorsqu’il lui arrivait de sortir, jamais seule, elle couvrait ses cheveux et un peu de son visage pour se protéger de la rudesse du soleil… Là-bas, il fait si chaud ! Même en fin d’après-midi le sable brûlait la peau.

Lorsque le vent se levait, elle marchait encore plus vite pour se mettre à l’abri, tout en serrant contre elle sa grande toge de drap blanc.

Elle n’avait jamais dû travailler dans les champs de caféiers. Mais elle allait porter là-bas de l’eau, parfois, quand d’autres manquaient.

C’est là qu’elle avait vu Yared, la première fois.

Et le temps avait passé.

Ils s’étaient mariés, beaucoup plus tard. Les deux familles avaient fait une grande fête, avec tous leurs amis. La vie leur avait pris deux fils, morts dans des combats inutiles… et une fille.

Éden avait toujours au cœur la blessure enfouie. Qui veillerait sur eux plus tard ?

Ce jour-là, dans l’église, comme toujours le dimanche, Yared priait.

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Il avait désormais besoin de lunettes… et d’une canne pour se mouvoir. Il n’avait plus le pas aussi sûr qu’autrefois. Mais, lorsqu’il priait, dans la lumière tamisée de l’église creusée dans la pierre, lorsqu’il lisait dans LE livre les mots, essayant d’y trouver la Parole de Dieu, la Vérité, il avait toujours le même visage. Elle y voyait la ferveur de celui qui avait, toute sa vie, cru que le monde était beau, le serait davantage si…

Et ce « si », le « si » des rêveurs et des poètes, le « si » des enfants face à leur avenir, n’était jamais empreint de regrets.

Blottie dans un coin plus sombre, l’attendant comme chaque jour, les yeux si clairs d’avoir trop pleuré, mais confiante pourtant, comme à vingt ans, Éden espérait que ses prières pourraient être entendues.

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* Aller en Éthopie n’est pas un voyage facile, mais il est faisable en respectant les précautions d’usage rappelées sur le site du Ministère des affaires étrangères.

Bien sûr, les deux personnes photographiées par Christian ne s’appellent ni Yared ni Eden, prénoms usuels pourtant là-bas.

Cette histoire est une fiction… L’une de celles qu’aurait pu raconter mon Lutin bleu.

Merci, Christian, pour les images sans lesquelles le conte n’aurait pu voir le jour.

66 commentaires à propos de “C’est dimanche, là-bas, à Lalibela”

  1. C’est vrai qu’il faut beaucoup de respect et de sensibilité pour aller dans de tels pays. J’ai horeur de ces touristes qui y arrivent comme en pays conquis en faisant un déballage de leur pognon pour monayer des souvenirs à rapporter pour les « étaler » ! pfffff

    Bon dimanche ! Bisoux qui s’annoncent caniculaires …

    • Je pense pourtant que l’argent du tourisme leur est nécessaire… même si les comportements ne sont pas toujours ce qu’ils devraient être.

      Merci, Dom. Il fait effectivement très chaud. Passe un bon dimanche toi aussi. Bisous.

  2. Merci à toi pour le conte et à lui pour les photos.

     

    C’est vrai que pour bien connaître un pays et ses use et coutumes ou même l’une de nos régions, il vaut mieux l’apprendre avec un autochtone. Ce n’est d’ailleurs pas du tourisme ainsi mais l’amour de connaître les vraies « couleurs » du pays, l’âme de ceux qui y vivent. Tu apprends tout ce qu’un prospectus ne te dis pas.

    Ce fut aussi toujours, ma façon d’agir. De plus, tu passes des moments délicieux,qui te resterons toujours en mémoire avec ces personnes. Des moments que tu ne peux mettre en photo, mais bien emmagasinés en toi.

     

    Bon dimanche avec bises de nous deux !! (Il fait beau et ce matin, ce sera le parc!!)

    • Merci pour ce partage, Patriarch.

      J’aime bien savoir que tu voyageais aussi ainsi.

       

      Bisous et bonne journée à vous deux.

  3. Je viens juste de Lalibella, comme toi, grâce à  Christian, c’est un voyage magnifique et comme il sait bien nous le faire partager…C’est bien que tu en parles

  4. J’aime aussi ta façon de voyager…une image et tu pars et de plus tu nous emmènes tous avec toi !

     

    Bisous doux

  5. Merci pour tes voeux…pas difficile à voir si DOM à raison, ma date de naissance est affichée sur mon blog ;))

    bonne journée

    • Merci pour ce message… mais tu aurais pu me répondre chez toi, je lis toujours les réponses.

      N’ayant pas affiché ici ma date de naissance, je ne pense jamais à regarder les profils de ceux à qui je rends visite. Je sais, c’est un tort.

      Encore très bon anniversaire, Claude.

  6. Quand j’habitais Djibouti, tous les fruits et légumes arrivaient d’Ethiopie ; c’était un pays prospère   ;les guerres en ont fait un pays pauvre !

    je suis allée voir les photos chez Christian ; elles sont  très belles ;On sent le respect pour ces peuples si pauvres .

    Ton conte est déjà  palpitant … j’attends la suite ..

    Bisous

    • Le respect, oui, et beaucoup d’amour dans ses portraits. J’aime son regard sur la vie.

       

      Suite ? Non. Il faudra sans doute l’imaginer. Je n’ai fait qu’entrouvrir une porte… ou une fenêtre.

      Bisous, Fanfan. Merci.

  7. Un conte, c’est aussi un voyage …

    C’est très beau, ce que tu nous invites à lire, à voir, et à imaginer aussi.

    Merci, Quichottine. Je suis passée chez Christian, pour une balade à la fois envoûtante et vraie.

    Bises, en ce dimanche lourd de soleil.

    • Merci d’être allée là-bas, Midolu.

       

      J’ai beaucoup aimé ce qu’il a montré de ce voyage.

      Je suis contente de voir que ça vous a plu aussi.

       

      Bises, Midolu. Douce nuit, peut-être un peu moins chaude.

  8. Un si joli conte ne pouvait qu’être écrit par le lutin bleu.

    Merci Quichottine pour cet instant .

    Bisous de dame Sophie.

    • Merci à toi… J’aime quand tu viens écouter les histoires qu’il raconte.

      Bisous, Dame Sophie. Passe une douce nuit.

  9. De très belles photos qui t’ont inspiré une belle histoire Quichottine.
    Je connais l’Ethiopie car j’ai un membre de ma famille qui est d’Ethiopie et qui me raconte son pays, c’est assez sombre d’ailleurs et on est bien loin d’imaginer la vie réelle de ces habitants même en suivant les actualités. 

    • Merci, Santounette, pour tout..

      Ce partage me touche beaucoup, tu t’en doutes.

       

      J’espère qu’un jour ils vivront en paix.

  10. Un voyageur engagé qui relate les faits et montre les gens tels qu’ils vivent, tels qu’ils sont. Quoi de mieux ? Rien ! Infiniment merci pour ce récit

  11. Quelle belle façon de voyager! J’aime bien aussi rencontrer les autochtones. Voir les pays avec leurs vrais visages, pas avec celui des touristes. Mais ça m’arrive aussi, évidemment… Et quelle belle fiction, comme toujours.

    Bonne nuit Quichottine..

  12. Il y a ceux qui : « Coucou »

    Il y a ceux qui : « Habitude »

    Il y a ceux qui : « Rendent

    et puis… il y a ceux qui : « Aiment  » et le contenu et l’auteur.

  13. Un copain est parti en Ethiopie l’an dernier. Il est revenu ébloui ! Ce pays a l’air magnifique…

     

    • Il l’est… mais dévasté par les luttes fratricides, le manque d’eau… La misère y est grande.

      Merci pour cette visite, Marie.

  14. oui, c’est pas chose facile de s’y rendre… et d’en revenir!!!

    doux et frais bisou d’été… pour accompagner cette chaude soirée dominicale

    j’espère que ta pause profite à tout ton être

    • Ma pause profite surtout à mon entourage…

      Mes deux vies (virtuelle et réelle) on un peu de mal parfois à cohabiter.

      Passe une belle journée, Mamalilou. Merci pour ces messages…

  15. Merci de me faire découvrir cette 8ème merveille du monde…J’ai été voir et lu que ce site avait été classé « Patrimoine de l’humanité » par l’Unesco…Toutes ces églises dans le roc, cela doit être très émouvant…

  16. Comme tu sais si bien de mettre dans la peau des personnes croisés sur une photo …tes contes sont si magiques par celà

     Bon dimanche Quichottine

    • Il y a de beaux moments pour moi… celui-ci en fait partie.

       

      Bon dimanche à toi aussi, Kri. Merci pour tout.

  17. J’ai bien aimé aussi ce chemin là…. ce soir à la fraîche je marcherais sur ses traces ethiopiennes.

    Bises

    Dany

  18. Que c’est beau… ce conte est magistralement representé par ces deux très belles photos

    merci Quichottine

    bises

  19. J’ai beaucoup aimé suivre les pas de Christian  sous le soleil chauffé à blanc, là où l’eau est  si précieuse, si rare et qu’il faut  la recueillir et la transporter jusque chez soi en travaillant dur, très dur. Et cette tâche est réservée principalement aux femmes. J’ai beaucoup aimé suivre Christian  dans ce pays meurtri par une guerre civile qui sévit depuis si longtemps, Je ne sais donc pas si les hommes  peuvent y vivre dans l’insouciance.

    • Je ne sais pas s’ils le peuvent… mais j’ai eu envie d’imaginer qu’ils le pouvaient…

       

      Christian est un voyageur merveilleux. Il sait raconter, en soulignant ce qui doit l’être, en toute humanité.

  20. En 1974 j’avais obtenu, enfin, mon changement pour l’Afrique.

    J’ai reçu ma mutation non pour le Mali que je convoitais mais pour l’Ethiopie.

    Trois semaines après, l’Inspection Académique m’avertissait (moi et les autres instits mutés en Etiopie) que devant les « évènements » toute mutation était annulée par l’ Education Nationale.

    J’aime la façon de voyager intelligente de Christian.

    Il n’ y a pas de prise de possession de territoire et de sous-estimation ostensible des autochtones.

    Les touristes (et Dieu sait si j’en vois dans mon Ottomanie !!!) qui se comportent comme dans un zoo m’exaspèrent au plus haut point.

    Je suis allée chez lui ….. C’est un homme bien …..

    Merci pour ce partage et la belle histoire que ses photos t’ont inspirée 🙂

    Gros bisous dominicaux sous l’orage

    • Je suis contente que tu aies aimé sa façon de voyager…

      J’ai aimé, beaucoup.

      Merci, ma Clo, pour ce partage.

      Ici, l’orage attendra un peu sans doute, mais la chaleur si soudaine après le froid de la semaine dernière est étouffante.

      Je t’embrasse très fort. Passe une bonne nuit.

       

  21. Bonjour Quichottine

    Si ton conte n’était pas envoutant, je t’aurais gourmandé d’essayer de me mettre en avant. Tu sais, les grillons sont des animaux de l’ombre, et j’espère que tes lecteurs retiendront surtout Yared et Eden, que tu fais vivre comme s’ils faisaient partie de ta famille.

     

    Bises du grillon

    • Ce sont des animaux de l’ombre… mais ils chantent bien.

       

      Certains de mes lecteurs ne sont pas allés jusqu’à l’histoire. Mais ceux qui l’ont lue, je crois, ne les oublieront pas.

      Je sais bien que ce n’est pas l’histoire vraie des personnes que tu as photographiées… Mais c’est ce que tes portraits m’ont raconté.

       

      Merci d’être venu me lire, avec toujours autant de gentillesse et d’attention.

      Bises à toi.

  22. Coucou !

    Christian ta donné un bon sujet pour faire un joli conte autour de ses photos , une   histoire triste mais cela doit être courrant  dans ce pays les drames dans les familles . Non je n’ai pas été mise à l’eau , j’y suis allée avant les envolées , réponse à ta question sur ton com de ma note du jour .

    Bonne soirée bizoux Françoise !

     

     

    • Christian fait de superbes photos, et je dois dire que ces deux portraits m’ont plu au premier regard…

       

      Cela m’arrive parfois, qu’une image me « parle ». Merci à lui de me les avoir prétées ainsi.

       

      Merci à toi pour ta réponse… je me demandais comment ça s’était passé.

      Bonne fin de journée à toi aussi. Bisous.

  23. Tu sais faire vivre les photos Quichottine…..

    Je t’avais dit que je n’ecrirai pas ici avant d’être allée chez Christian, pauvre de lui, il a du me croire perdu dans mes montagnes, depuis le temps…. et j’ai remonté le temps chez lui, j’ai marché à l’envers mais qu’importe, chez lui, je voyage, je regarde avec ses yeux, je souris quand ils dit des galéjades, je suis le grillon et sa grillonnette avec tant de plaisir… , je savoure ses photos, et celles-ci que tu as fais vivre autrement….

    • Le Grillon me ravit aussi et je ne saurais te remercier assez de me l’avoir fait découvrir.

      J’adore le suivre dans ses voyages.

      Je crois qu’il ne nous en veut pas de « lire à l’envers ». Il sait que chacun fait ce qu’il peut, et je crois qu’il est content de nous voir venir, même tard.

      Merci d’être là, Mahina.

  24. Nouvelle publication ce jour, en date du 22/03/2012

    • Ces images, juste pour me souvenir que j’ai aimé « broder » sur ce que je trouvais ici ou là, chez mes blogamis.

  25. et… tu le fais… tu le faisais à merveille Cariña!
    Estoy un poquito desconsolada….

    • Lo haré de nuevo, Cariña.

      No seas triste… Bientôt, tu auras d’autres pages à lire.

      Passe une douce nuit.