Rêve

Abandonnée, rêveuse, elle attendait…
Depuis longtemps déjà.

Toute à la contemplation du paysage, elle en avait oublié que l’on pouvait aussi la voir.

Elle s’était perdue entre deux nuages, deux oiseaux qui planaient, tout juste un peu trop haut.

Un vertige l’avait prise, elle s’était confiée à ce fauteuil accueillant, tout juste un peu trop grand.

Elle s’était endormie.

Sommeil paisible,
souffle tranquille.

Éole, qui passait par là, s’arrêta un instant.
Il trouva qu’elle était jolie.

Il caressa des yeux son frais visage, son cou et, un peu plus bas, sa poitrine qu’il devinait si ferme sous son corsage.

D’un souffle léger il frôla doucement les pieds si fins et laissa ses mains remonter le long des jambes, soulevant de façon bien indiscrète le doux jupon de laine…

S’appelait-elle Hélène ? Madeleine ?
Qu’importait ?

Le vent jouait avec elle à des jeux interdits.

Elle dormait, souriait, à la pensée de l’amant qui l’éveillerait d’un baiser.

Giacomo Manzu, « Tebe in costume », 1982
Photographie © Yvon, Monaco, Octobre 2008

 

PS : La photographie fait partie d’un album chez Yvon. Un petit clic sur l’image permet de lire l’article correspondant….

18 commentaires à propos de “Rêve”

  1. J’aime imaginer cette rêveuse, heureuse, détendue, perdue dans son rêve, caressée par le soleil et par le vent… Et, pour rester dans sont rêve, elle semble vouloir tourner le dos à la vie, regardant « vers l’intérieur » et non pas vers la mer et son immensité, ou vers le port et ses futilités… Bises

    • Tu as raison… je n’y avais pas pris garde. En fait, elle n’a pris que ce qui lui permettait de rêver…

      La mer et son immensité, cela pourrait pourtant l’inciter à des rêves de voyage… Mais elle ne le veut sans doute pas. Est-elle heureuse d’attendre ? Je le suppose. Je crois qu’elle sait que son attente ne peut pas être vaine.

      Merci d’être là.

  2. le souffle du vent… si doux … hummm, j’aimerai le retrouver là haut…en tout cas, il joue là et fait bien, il emmène tes rêves en histoires pas si inventées que cela! je le vois! je t’assure!!

    • Je souris… Merci de tes mots, Mahina.

      Pas si inventées, non. Jamais.

  3. Coucou Nemo, merci pour cette magnifique rêveuse dans son écrin et surtout à toi pour ces mots qui lui donnent vie avec tant de charme. Je te souhaite un très bon dimanche. Gros bisous,

    • Coucou Muad ! Merci d’être là.

      Je savais que cette image d’Yvon te plairait.
      Il avait pensé à toi en visitant le « musée à ciel ouvert » de Monaco. 

      J’ai fait comme je le fais souvent chez toi… je lui ai seulement donné des mots. 

  4. oui, elle rêve, aux baisers interdits… douceur de tes mots, douceur du vent fripon qui lève les jupons.

    • Sourire…

      Merci pour ce vent fripon !

      Je savais qu’il te parlerait aussi !

  5. je crois que tu me donnes envie d’être souffle de vent….

    • Sourire… Cela ne m’étonne pas de toi !
      Disons que je vais prêter le fauteuil à celle qui partage ta vie…

      Bises à vous deux.

  6. Quelle sensualité…Je ne connaissais pas cet aspect de ton écriture. Je retrouve bien là ma Quichottine qui fait parler la nature, les objets, les personnages que l’on pourrait penser inanimés mais qui vivent bel et bien pour peu qu’on les regarde vraiment. Merci pour ce doux moment. Je t’embrasse très fort.

    • Ce texte ne pouvait être ni dans la bibliothèque, ni au jardin…
      Alors, ici, je vais pouvoir aussi dire autrement et ne pas forcément décevoir ceux qui sont là ?

      Merci.

      Je t’embrasse très fort, Chana.

  7. Eole est un coquin 😉 Un bien beau texte en tout cas, très doux et..très sensuel aussi ^^

    • Sourire…

      Merci Loralie. J’aime bien cette statue… Alors, tu vois, elle m’a parlé !

      C’est vrai que c’est un coquin. Tu n’as pas remarqué comme il adore soulever les jupes des filles dans la rue ?

      Passe une bonne soirée !

  8. Je veux bien m’installer là…. sur ce fauteuil géant et sourire au vent… il me parlera doucement de celui que j’aime…

    • Il sait parler d’amour, il a surpris tant de secrets !

      Ce fauteuil est aussi là pour recevoir tes rêves. Laisse-les t’y conduire.