Les fantômes

Vous vous souvenez ? La dernière fois ?

Non, bien sûr ! Vous ne vous souvenez pas… Je savais bien qu’il ne fallait pas délaisser ainsi mon grand livre…

Vous avez tout oublié depuis ce temps ! J’ai parlé de tant d’autres choses, je vous ai tant éparpillés que maintenant  il va me falloir reprendre… depuis le début !

Hurlements dans la bibliothèque…
Les pompiers obéiens qui rappliquent, échevelés, livides au milieu des tempêtes * bloguesques…

Comment ? Je me trompe ? Il s’agit seulement de tempêtes quichottines **? Ah oui, c’est vrai. Il ne s’agit pas de vraie tempête, ni même de tempête de comédie, ni même d’un magnifique tableau… Il s’agit seulement de jouer avec les mots, comme le fait toujours Quichottine quand elle reprend son livre !

Bon, je vais vous croire sur parole… et je ne vais pas vous faire ici un résumé des dix-huit premiers chapitres…

Pour les nouveaux venus, il suffit seulement de prendre son courage à deux mains, comme l’ont fait Chana, Polly, Roland, Yvon et quelques autres, pour relire les cinquante-quatre billets qui précèdent celui-ci dans mon dossier « don Quichotte ».

– Cinquante-quatre billets pour dix-huit chapitres ? Tu fais fort, Quichottine, tu ne lis pas très vite ! Je suis sûre que ta petite-fille, la dernière, pourra te rattraper !
– Ah ? Je ne sais… Voyons, à raison de…

Forcément, si je me mets à digresser en essayant de calculer en combien de temps, à raison d’un article tous les dix jours, comme à présent, et de trois ou quatre articles par chapitre… Je vous laisse calculer !

Image de Davy Durand

Ma petite dernière aurait le temps de passer son baccalauréat.

Il faut cesser de plaisanter. Le chevalier m’attend. Il a ce regard un peu moqueur, du maître qui attend que son élève lui prouve qu’il peut le faire…

C’est vrai, vous savez ! Davy lui a même donné une badine pour qu’il puisse me montrer de quel bois il se chauffe !

(Pourtant, moi, je sais bien
qu’il ne me fera pas de mal…
Il attend, c’est tout,
il sait qu’il aura sa revanche,
à un autre moment,
dans la bibliothèque !)

Puisqu’il me faut passer aux choses sérieuses, reprenons notre chapitre dix-neuf où nous l’avions laissé.

La nuit est tombée. Nos deux héros sont à la recherche d’un abri et ils se contenteraient volontiers d’une auberge à défaut de château, d’une ribaude à défaut de princesse. Ils n’ont pas du tout envie de dormir à la belle étoile, surtout que la forêt n’est pas sûre et que s’ils n’y rencontrent pas de lutins ou de marmotte, ils risquent bien d’y croiser quelque fripon qui en voudrait à ce qui reste de leurs bagages !

Il manque là le « C’est alors… » qui dit que le décor est posé, que les personnages ont désormais assez devisé…

(Non, non, je n’utiliserai pas ici mon lexique personnel,
même si je connais un mot qui conviendrait
parfaitement en la circonstance !)

… bref, qu’il est temps de passer à l’action ! Je vous rappelle que nous sommes en 1605 et que Cervantès ne va pas dire « Et alors »… son traducteur non plus.

(D’ailleurs, Zorro ne pouvait pas arriver
puisqu’il ne naitrait que bien plus tard !)

Or donc, pendant qu’ils marchaient ainsi par la nuit noire, l’écuyer mourant de faim, et le chevalier avec grand appétit, voilà qu’ils aperçurent venir, sur le chemin qu’ils suivaient, une grande multitude de lumières qui semblaient autant d’étoiles mouvantes. À cette vue, Sancho perdit la carte, et son maître sentit un peu la chair de poule. L’un tira son âne par le licou, l’autre son bidet par la bride, et tous deux se tinrent cois, regardant avec grande attention ce que ce pouvait être. Ils virent que les lumières venaient droit de leur côté, et que plus elles s’approchaient, plus elles semblaient grandes.

Pour le coup, Sancho se mit à trembler de tous ses membres, comme un épileptique, et les cheveux se dressèrent sur la tête de don Quichotte, lequel, s’animant néanmoins un peu :

« -Voici sans doute, dit-il, une grande et périlleuse aventure, où il va falloir, Sancho, que je montre toute ma force et tout mon courage. »

[Don Quichotte, I, 19]

Si je vous dis que j’adore ce « Or donc » qui n’était pas dans la version originale, et qui n’est plus dans la dernière version de la Pléiade… où l’on peut lire « Alors qu’ils allaient de la sorte…« , vous me direz que ce n’est pas bien grave et que l’important est dans l’histoire que je dois vous raconter… Vous auriez raison, après tout, je vous ai fait venir avec ce titre alléchant : « Les fantômes« …

Mmmmm… Je vois… Vous vous régalez à l’avance, vous qui avez en tête toutes les séries, et des héroïnes qui ressemblent à Buffy

Eh bien ! Non…

Mon billet est déjà bien assez long. Je vous laisse savourer les réactions de don Quichotte et de Sancho Pança. Je vous laisse un peu de temps pour aller musarder chez vos amis…

(C’est vrai, ça, à force de vous enquichotter et de vous enquichottiner au fil des mots dans des histoires qui n’en finissent plus, vous allez manquer de temps pour quichottiner à l’aise, de blog en blog et pouvoir enfin saluer tous ceux qui vous manqueraient, et auxquels vous manquez en restant là !)


* ce vers appartient à Victor Hugo, comme chacun sait… Ce sont Caïn et ses enfants qui cheminaient ainsi… dans La Légende des siècles.

** quichottine : ici, employé comme adjectif qualificatif. Des tempêtes de salon, dont on peut parler sur un ton quichottin (léger, badin)

Pour les autres termes du même champ lexical, se référer au Petit Quichottin illustré…

50 commentaires à propos de “Les fantômes”

  1. Bonjour de Canton en Chine,repartie dans ton domaine de prédilection, c’est bien ça, mais j’ai pas le courage de retourner lire les autres articles,ce sera pour une prochaine fois, des bloggeurs m’attendent, ils sont nerveux, anxieux, mais pourquoi n’est il pas encore passé ?? est-ce OB ? ou les AUTRES qui le retiennent , petit coucou et bonne journée bye A bientôt sur http://dany.enchine.over-blog.com/

    • Tu n’en as pas besoin, Dany ! je ne pense pas que tu aies oublié le dernier épisode…

      Passe une belle journée…

  2. Hé hé, j’avoue que ce matin je n’ai pas le temps de lire ton long billet lol mais j’adore moi quand tu nous enquichotte lol.
    Bisous et bonne fin de semaine,
    Syl

    Ps : Je ne sais pas si je pourrais passer avant lundi mais je compte sur toi pour venir me faire un petit coucou pendant que je serais à Romans sur isère.

    • Il va y en avoir du monde à Romans ce weekend… Je penserai à vous… Bien sûr !

      Bon voyage à toi aussi

  3. Mais non tu ne m’enquichottines pas, au fil de ma lecture j’essaye de t’imaginer, tu restes un mystère, néanmoins je t’ai mis un visage et je publierai cette photo de quichottine telle que je me l’imagine à mon retour la semaine prochaîne dans Cergyrama, qu’on se le dise…. Je crois qu’elle est assez ressemblante…

    Je m’en vais ce soir à Romans retour dimanche soir faute d’ordinateur et d’internet au festival de l’internet (c’est un comble), je n’aurai pas le plaisir de venir ici. Je me rattraperai à mon retour. Cergyrama continue : 2 articles par jour programmés. Bises.et bon week-end.

    • Ah ? Un visage ?

      J’attends impatiemment… (et avec un peu de crainte tout de même ! Tu as trouvé quoi ?)

      Bon voyage à Romans, tu vas sans doute y rencontrer des Obéiens que j’aime bien…

      Je ne manquerais pas d’aller chez toi ! 

  4. A cette vitesse la on est pas rendu à l’épilogue… »or donc » j’aime beaucoup cette locution comme « que nenni » et « non point »… »tout de go »… »in petto »… »mais encore » c’est des petites choses qui marque un texte…gros bisous…Quichottine…

    • Il vaut mieux… Quand j’en serai à l’épilogue, j’avais envisagé la fermeture de la bibliothèque.

      Pour ces « petites choses qui marquent un texte », je suis entièrement d’accord avec toi !

      Merci pour ta visite…

  5. Il a les cheveux qui se dressent sur sa tête mais il a tte sa tête pour affronter ce qui vient,il a même l’air de s’en réjouir;Que serait-il sans ces rencontres???Il ne pourrait pas être vraiment lui-même.  VITA

    • Parce que tu n’as pas lu mon article sur L’Homme de La Mancha ….

      … à moins que ce ne soit pour une autre raison…

      Merci d’être là, Patriarch

  6. Oui, tu as encore raison… plus de temps pour butiner ! Juste un peu pour passer pour voir où en est le fantôme de Quichotte… Belle journée pour toi…

  7. Ah  voila notre Sancho et son bon maître, auraient ils peur de la  forêt de Boiscéliandre?  Où vivent en toutes quiètudes marmotte et Hibou  sans oubliè l’espiègle lutin Guthin .
    La forêt sera faire un accueil à ce personnage de marque et il n’y aura pas de Guthinerie ……..

    • Ils n’ont point peur, messire Guthin ! Pour les guthineries, nous aviserons en temps utile…

      Passe une belle soirée…

  8. Or donc voici voilà les aventures de notre héro qui recommencent.
    Aux prises avec des fantômes? Est-ce un peril plus grand que de se battre contre ces géants aux quatre bras?
    La cervelle lui fondra-t-elle de peur? Que nenni, il est un chevalier, or donc il ne connaît point la couardise… Et affrontera la suite de ses aventures quichottines sans faillir ni défaillir.

    • Qui sait ? Certainement toi, Alphomega… mais ne vends pas la mèche, s’il te plaît !

      … ceci dit, c’est vrai qu’il ne connaît point la couardise, et que donc il affrontera vaillamment ces cavaliers de l’au-delà !

      Grand’merci, Alphomega !

  9. Je suis comme l’enfant sagement assise sur son banc d’écolier et qui écoute béate la maîtresse qui lit son livre, et elle se secoue, parce que c’est l’heure de partir et elle languit demain quand le grand livre sera saisi par les mains expertes et qu’elle saura la suite de l’histoire.

  10. Sadique va !
    Tu nous attires, nous allèches… et puis : ben non, mais ça suffit pour aujourd’ hui……
    Allez bisous sans rancune lol

  11. J’adore ce parallèle entre les deux personnages … Pas de Quichottinage en vue mais un voyage qui m’attend 😉 Je te souhaite une belle de fin de semaine Quichottine !

  12. Aaaaaaaaaaaaaah! Il était temps !!! j’étais restée sur ma fin … faim … enfin … les revoilou !!! je laisse libre court à mon imagination …. et te laisse continuer ! Gros bisous… j’ai tendance à me paumer un chouia dans les liens mais ça va, je vais m’en sortir, Plume, discipline, discipline … Don Quichotte aurait peu ainsi parler en s’adressant à Sancho, hein ?

  13. Je découvre ton site grâce à Fancri et ses escaliers; il en fait des heureux. Malheureusement une journée ne dure que 24h en soustrayant le dodo, la quotidienneté de la vie….la lecture de tous les blogs enregistrés sur ma netvibes…combien me reste-t-il pour mon propre blog qui réclame sa pitance ???
    Tu fais un excellent travail, bvelle organisation. Je repasserai pour mieux étudier les pages.

    • Merci à Fancri, donc !

      Je découvre un nouveau mot. C’est quoi une « netvibes » ?

      C’est un grand problème… visiter, répondre à ses visiteurs… et écrire de nouveaux billets… ça fait beaucoup !

      Merci pour ton appréciation, et bienvenue dans la bibliothèque.

  14. Ses cheveux se dressent sur la tête! il y a donc de l’électricité dans l’air… ben oui…Les lumières…
    Au fait, tu es venue très vite chez moi (je ne sais pas comment tu fais ça d’ailleurs…) et je n’avais pas fini… J’étais sur le point de mettre une musique… Je suis sûre que tu connais… et merci de ton commentaire à Korrigane… qui est en manque d’inspiration… complètement. Mais c’est ainsi que je fonctionne. Bonne journée gentille Quichottine.

    • Korrigane a de très beaux écrits… il faut la laisser faire à son gré.

      Je reviendrai chez toi pour écouter ta musique.

      Bonne journée à toi aussi…

  15. ah non, alors là tu exagères ! je venais juste de me poser, une petite ricorée sur le bureau, mes pieds sur le tabouret et voilà ! rien, tu me laisses sur ma faim……
    bizzzz

  16. On se laisse prendre au  piège et on reste sur  sa faim !   bien  à  toi…

  17. Or donc, la bibliothécaire goûterait-elle les alambications textuelles ? A moins que, et je penche pour cette  seconde voie, c’est l’ancien style qu’elle aime.
    100% pour toi aussi et ta façon de prendre tout ton temps dans ta présentation de Ton livre. Après tout, t’es chez toi et tu fais ce que tu veux…
    Gros bisou.

    • C’est vrai que j’ai tendance à préférer le temps où l’on savait le prendre…

      Et puis… c’est vrai que j’adore certaines formules…
      Merci pour ces 100 % qui feront donc 200 % au total… (euh… c’est possible ça ?)

      Messire Roland, vous voici donc de retour… je crois que vous me manquiez ! (sourire)

      Gros bisous à toi aussi

  18. Continue de digresser, moi j’aime bien quand tu quichottines, quand tu t’enquichottes et quichottinises. L’un dans l’autre, l’on parvient à raccrocher les wagons avec Don Quichotte. Je t’embrasse.
    P.S : merci d’être si présente chez moi alors que je me fais rare
    P.S (re) : moi j’aime bien le « or donc ». Je préfère même.

    • Nous sommes très semblables, Chana… nous aimons lire et les mots sont nos amis… le plus souvent !

      Gros bisous à toi !