Trop

Aujourd’hui, c’est le jour de mon carnet secret…

Vous avez remarqué ?

J’essaie d’y revenir à intervalle régulier…Et même si je n’y arrive pas toujours, je fais des progrès !

En le feuilletant l’autre soir, je suis tombée sur une page,

un peu étrange

J’ai recopié le texte pour vous, rapidement, comme je l’avais lu, en essayant de respecter non pas les vers (il n’y en a pas), mais les groupes de souffle… pour que vous puissiez la lire, comme je l’ai lu, en essayant de poser votre voix au même endroit.

Un poème, parfois, ça n’a ni queue ni tête

 

 

Ici, il avait juste une musique, un impromptu de Schubert que je jouais à l’époque sur un vieux piano désaccordé.

 

 

Cette musique m’obsédait, avec ses moments de silence, de calme, puis de déraison.

(Comme un dialogue où chacun voudrait entraîner l’autre vers sa raison.)

L’impromptu de Schubert était en La majeur

Sur les pages de mon petit carnet,
dans le tiroir aux secrets,
il ne reste qu’un impromptu

en ré mineur, un poème
sans rime ni raison,
un hymne au « Monde du Trop ». 

 

 

Impromptu en ré mineur

 

 

C’est bien triste la vie…

…C’est tellement triste que j’en ris !

 
Tout n’est que contrastes écrasants.
Chacun sait,
pourtant sans le savoir,
des choses qu’on trouve
sans jamais découvrir…
On découvre l’amour
quand une fleur se fane
et l’on sait qu’on aimait
quand l’amour s’est enfui…

 

On sait que l’on a tort
mais l’on poursuit toujours
un rêve trop réel,
une mort inconcrète,
un infernal paradis…
C’est un bonheur trop malheureux,
des larmes trop joyeuses,
de trop célèbres inconnus,
qui parsèment notre vie
d’une trop triste joie…

 

C’est bien triste la vie…

…C’est tellement triste que j’en ris !

 

On joue à des jeux trop sérieux,
à des jeux qui ne sont pas d’enfant.
C’est le jeu du hasard
dans la main du destin.
On joue son âme
sur le tapis vert de la foi,
l’espérance en un dieu
qui peut-être est démon…

 

On joue son cœur au bridge
ou encore au poker.
Dame,
on cherche le Roi de cœur…
et c’est un as de pique
qui nous blesse en riant !

 

On sait que l’on a tort…
mais l’erreur est humaine !
Les anciens ont raison
les anciens sont des sages.
Alors on va toujours
vers un même mirage
en sachant
que ce ne sera jamais qu’un mirage !

 

Et le but de toute vie,
chacun le connaît.
Il est là où nous ne l’attendons pas souvent.
Il est là,
invisible,
au bout de cette vie
que l’on appelle vie,
et il s’appelle mort…

 

…C’est tellement triste que j’en ris !

 

La solitude ronge
ceux qui la fuient…
Dans de nocturnes journées
« rien » paraît « beaucoup trop » et tout n’est pas assez.
Le soleil est trop sombre
et la nuit bien trop claire !

 

On sait que l’on a tort…
mais des difficultés trop simples
nous ouvrent le chemin
d’un infini néant.
La voix se brise
de se taire
et notre prison est fantôme.

 

La nature est de fonte et d’acier,
de plastique et d’aggloméré !

 

C’est bien triste la vie…

…C’est tellement triste que j’en ris !

 

Mais oui, la vie, vous connaissez ?
C’est tellement triste que j’en vis !

 

Limoges, 22 novembre 1971

 

 

Post scriptum de l’après-midi…

Je sais qu’il n’est pas toujours facile de consacrer plus d’une minute à la lecture d’un message, mais, si vous avez le temps, cliquez sur le lien, pour écouter Victor Merzhanov jouer mon impromptu de Schubert. C’est important.

Il le joue comme je le sentais, comme je le sens toujours aujourd’hui alors que je ne sais plus le jouer. Il joue avec la retenue nécessaire, au début d’une amitié sincère, quand on ne sait pas encore… et puis, au bout de trois minutes trente-cinq, la parole se libère, tout se dit, tout coule… et après, il faudra sans doute revenir, expliquer.

54 commentaires à propos de “Trop”

  1. magnifique, la vie, si tu veux mon "à vie", c’est quelque chose de merveilleux , intensément fragile et bouleversant d’inoui, mais c’est aussi quelque chose de violent, de vide et d’horrible et dns ce ballotement, je vis ma vie avec "en vie" !

    • J’aime beaucoup ton « à vie » et ton « en vie » ! Je crois que nous sommes tous pareils, malmenés comme des marins par la mer, nous l’adorons quand même !

  2. La vie s’est pas toujours facile et c’est dingue les chemins qu’elle peut prendre selon les personnes!!
    Je me suis toujours demandé une chose : est ce que le destin existe? est ce que tout ce qui se passe dans notre vie même les pires choses, ont une raison d’être?? un pas pour mieux assurer l’autre?? A t-on un destin? ou est ce que notre vie, si elle est pourri (ca arrive malheureusement) est une punition pour une precedente qu’on a gachée? ou somme nous tous simplement maitre de notre vie sans être superieur pour nous orienter???
    voilà une question qu’elle est bonne non???

    • C’est une bonne question… Enfin, ce sont de bonnes questions. Moi, de plus en plus, je suis sûre que ce que nous devons vivre est écrit , quelque part, que c’est le destin qui place au départ ce que nous rencontrons sur notre route… mais je suis sûre aussi que nous seuls décidons de ce que nous ferons de tout cela. Nous seuls prenons les décisions qui feront de notre vie ce qu’elle est. Bon ou mauvais, notre choix nous permet d’avancer, jusqu’à la prochaine croisée des chemins où il faudra encore décider lequel prendre. Je crois que s’il y a une réincarnation, elle ne peut pas être assortie d’une punition ou d’une récompense. C’est comme un nouveau rôle à jouer, c’est tout. Pour voir si l’on fera mieux.. En fait, c’est ça. Je me dis que si, quelque part, quelqu’un tire les ficelles, il ne fait que créer des situations-problèmes qu’il nous faut résoudre, le mieux possible, mais sans qu’il s’en mêle. Il aurait trop à faire ! Je deviens trop philosophe là !!! A bientôt Aria !

  3. Oui, c’est bien joli tout de même, même triste, j’aurais peut-être donné un autre rythme à ton refrain et à ton envoi, mais parce que j’aime que ça coule, et toi, tu l’as probablement fait heurté pour empêcher que ça coule…
    En tout cas, c’est bien maîtrisé. Bises

    • Sans doute qu’aujourd’hui je l’écrirais autrement… Je ne sais pas, je ne me suis pas posé la question. Je le sentais comme ça lorsque je l’ai écrit, et c’est encore comme ça que je l’ai relu pour vous. C’est amusant de voir que certains écrits un peu anciens résistent à tout modification. Tu as raison aussi… Il ne coule pas. Il reste là.

    • Ben… Tout dépend. Mais le mieux c’est d’en rire. Bisous D@net, merci à toi aussi.

      Je viens de rajouter un PS…

  4. Bonjour, j’ai mis sur Clins d’oeil un lien vers ton blog afin de le retrouver plus facilement.

    • Que j’aime te retrouver enfin ici. D’accord, tu me prends par la main et nous nous envolerons toutes les deux vers le soleil, comme Icare. Mais nous, nous serons deux et nous ne nous brûlerons pas les ailes !

  5. au bout du 40ème com , je te lis toujours , mais faut pas trop demander quand même! 
    je bosse , lol
    bonne journée

  6. La Vie nous est ni donnée ni reprise … elle EST … et Nous Sommes avec
    La Vie n’est pas un don mais une Grâce de l’Esprit qui nous Anime …

    Paroles du soir d’un Farfadet

  7. La vie, c’est aussi se retourner de temps en temps et avoir le courage d’assumer tout ce que l’on a fait. Pas toujours facile… Mais dans le cas présent, quelle belle "re-trouvaille" ce poème qui ne s’est pas fané entre les pages du carnet !

  8. La vie n’est pas toujours drôle mais elle vaut la peine d’être vécue. Moi aussi j’ai joué du piano maintenant je n’ai plus le temps de pratiquer et c’est dommage de voir qu’on oublie si vite.

    • C’était un texte très ancien… Merci de me l’avoir fait relire.

      Bien sûr que la vie vaut la peine d’être vécue !

      … par contre, tu as raison. Sans entraînement quotidien, on oublie vite le piano, comme tous les instruments de musique. C’est regrettable.

      Je crois que c’est la seule chose qui pourrait m’éloigner de la blogosphère. Reprendre la musique… C’était si agréable aussi.

  9. Bonsoir Quichottine,
    Je viens de voyager à travers tes pages et là je m’arrête. Cet Impromptu de Schubert est un délice, il faut avoir en son âme l’artiste pour que toutes les notes soient l’expression donnée… Pas toujours facile, surtout du Schubert…
    J’ai pris le temps de cliquer et j’ai fermé les yeux…
    Quand à ton petit carnet, il est bon que tu les dépoussière, ta plume est vraiment ravissante oui…
    Je te souhaite une douce soirée, je repars sur la pointe des pieds avec Schubert…
    Bises amicales et à bientôt

    • Merci, Maïlyse. Je vois que tu as continué à parcourir mes pages… Cela me touche beaucoup.

      C’est un texte que j’aime bien.

      Bises amicales à toi aussi.

  10. je remonte dans le temps!J’ai lu ce beau texte  qui exprime beaucoup de choses et j’ai écouté l’Imprompu de Schubert. Moment très agréable !

    Bisous

  11. Allo Quichottine, quel texte! J’aurais aimé l’écrire. La grande dualité dans laquelle nous baignons et résistons souvent, puis acceptons en riant. Je dirais que c’est un texte lucide sur le fait de vivre chaque instants intensément, on voit alors tout passer.                             …On sait que l’on a tort… j’aime beaucoup ce paragraphe, ça disjoncte dans ma tête tant c’est vrai trop souvent. Merci belle âme sensible.. Gros bisous et un bon retour pausé, je te l’espère…

    • Je l’avais écrit il y a très longtemps… très longtemps.

       

      Mais je crois bien qu’il est toujours d’actualité. Merci de t’être arrêtée là, ma Dame de la Neige.

      Je sais que tu l’as compris.

       

      Je t’embrasse fort.

  12. Merci pour tes mots si réconfortants : le "sourire d’un enfant", le "soleil" …. Ta gentillesse me touche tant !!
    Merci aussi pour ce poème si vrai : je ris beaucoup de la vie et c’est ça qui me permet d’avancer !!!
    Je t’embrasse très fort , toi qui manie les mots avec émotion et gentillesse.

    • Je suis heureuse si mes mots ont pu t’apporter un peu de douceur. Je t’embrasse aussi, Maman, de tout mon cœur !

  13. La vie est peut être parfois triste mais elle vaut la peine d’être vécue. Une seule chance de pouvoir en profiter mais il faut savoir la respecter…
    Bien joli passage aujourd’hui chez toi qui me donne matière à penser pour la journée.

    Bises et merci.

    • La vie c’est quelque chose de merveilleux… J’en suis totalement convaincue ! Ne pense pas trop quand même, Rainette ! J’espère qu’il fait beau près de ta rivière… Passe une belle journée !

  14. La vie est facile si on se la rend facile. La vie pour nous occidentaux est belle en tout points ou presque; je veux bien que tout ne soit pas rose mais regardez bien la chance que nous avons de vivre en France, ragardez bien!

    • Je n’ai jamais dit que je regrettais de vivre, en France ou ailleurs. Ce texte à la fin de l’année 1971… il y a bien longtemps.La vie, c’est un cadeau que l’on m’a fait. Le destin aurait pu me faire naître ailleurs, je le sais bien. Merci pour votre visite.

  15. Quel plaisir de venir ici chaque jour! Tu avais déjà beaucoup de talent… Une  plume que tu manies avec encore plus de talent aujourd’hui. Un grand merci pour tous ces mots…
    PS Je ne pensais pas qu’en créant un blog, j’aurais pu rencontrer des personnes comme toi, ni même des personnes . .. "tout court.".. Le virtuel … Au plaisir de te lire.

  16. Il est vrai qu’il est plaisant de s’attarder sur ce bloc note! Je te met en lien!

  17. Je reviens. J’ai écouté l’impromptu. Très émouvant.

  18. Un p’tit coucou pour te faire part de ma visite sur ton blog.

  19. Tes mots à toi coulent aussi, comme ce morceau. Et ce poème est particulièrement beau. j’ai beaucoup aimé 😉

  20. Coucou Quichottine, je suis un profane en la matière mais j’aime beaucoup les vibrations suscitées par la lecture de ton poème.
    Je t’en remercie,
    Bonne soirée,

    • Tu n’es pas si profane… Toi, tu fais parler les images. J’ai dit que tous mes visiteurs étaient uniques, tu l’es, vraiment. Bonne soirée à toi aussi.

    • Je suis passée, brièvement. J’y retournerai, un peu plus tard… La présentation surprend. On ne peut pas mettre de commentaire… enfin, je regarderai mieux, peut-être est-ce possible à travers le livre d’or. Mais ce n’est pas pareil, ça ne permet pas de répondre à la photo qui a plu. J’ai aimé, dans ce que j’ai vu, un moulin à vent… (Tu lis bien ! il y avait un moulin…)