Le Petit Prince

Il est arrivé de nulle part.

Sa venue était à la fois providentielle et opportune.

Les personnages sont connus de tous… et pourtant !

L’aviateur est en panne dans le désert. Il n’y a autour de lui que du sable. Le jour brûle. La nuit glace. Le temps lui manque. C’est alors qu’il survient, avec sa demande absurde et insistante.

« Dessine-moi un mouton »

Comme une litanie. C’est un enfant aux yeux bleus et aux cheveux dorés comme les blés…

Pourquoi dis-je aux yeux bleus ?

Ses yeux n’ont pas de couleur. Ils sont seulement « ronds« , comme sont « ronds d’étonnement » ceux du narrateur de l’histoire.

L’enfant veut un mouton, mais pas n’importe lequel. Il ne veut pas d’un mouton trop vieux, trop triste, ou trop malade. Il veut le mouton idéal, celui qu’il peut imaginer, là, dans la caisse que lui donne enfin l’aviateur, griffonnée sur une feuille de papier.

Le Petit Prince parle quand il en a envie, mais il fait comme tous les enfants, il interroge et ne veut pas attendre les réponses. Il faut répondre tout de suite, sans même prendre le temps de réfléchir un peu.

Alors, parfois, par agacement,
la réponse est sèche, inappropriée.
Elle fait mal.

Les grandes personnes n’ont pas toujours le temps d’écouter les enfants, c’est dommage, elles auraient beaucoup à en apprendre.

Alors, les enfants s’inventent des amis, des amours.

Le Petit Prince a un amour, une rose. Elle est arrivée également de nulle part. Elle a mis du temps pour se faire belle, elle est capricieuse comme toutes les fleurs. Mais le Petit Prince s’en moque. Il l’a choisie, peut-être parce qu’il n’avait pas le choix, mais il restera fidèle, même lorsqu’il apprendra qu’elle n’était pas unique, qu’il y avait d’autres roses, des milliers de roses, dans d’autres jardins.

Il faudra sans doute revenir un jour sur cette image de l’amour.

Le Petit Prince a un ami. Il a fait de multiples rencontres. Il cherchait un ami. Peut-on vraiment être en quête d’amitié ? Lui ne savait pas bien comment s’y prendre. C’est un enfant. L’ami qu’il va trouver est un renard.

Le renard, le serpent… les deux rencontres importantes de notre héros enfantin sont empreints de ruse et de traîtrise dans notre imaginaire adulte. Le renard, c’est celui qui trompe et qui vole. Le serpent, c’est l’avatar du démon, celui qui fit chasser Adam et Eve du paradis terrestre. Il fallait que le Petit Prince les rencontre. Il fallait qu’il s’en fît des amis.

Le Petit Prince apprivoise le renard, à moins que ce ne soit l’inverse. L’amitié est une fonction réciproque ou elle n’est pas. Ici, le renard donne à l’enfant le mode d’emploi, et il tombe dans son propre piège. Ils seront amis, et tous deux souffriront du départ, de l’absence.

Le serpent…

Enfin !

Je ne vais pas raconter toute l’histoire !

Je dirai simplement qu’il m’arrive de scruter le ciel, lorsque la nuit est étoilée, dans l’espoir d’y retrouver le petit, tout petit point lumineux, qui ferait tinter les autres, « comme cinq cents millions de grelots« .


Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince,
Gallimard, 1946.

55 commentaires à propos de “Le Petit Prince”

  1. Plein de souvenir… j’ai joué ce texte monté en pièce de théâtre lorsque j’avais 12 ans…

  2. Un jour, sur un blog que j’adorais, en commentaire d’un article sur l’utilité (ou non) de s’attacher, j’ai mis une citation du PP. Je me permets de la remettre ici 😉 Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut proche: -Ah ! dit le renard… je pleurerai. -C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise… -Bien sûr, dit le renard. -Mais tu vas pleurer! dit le petit prince. -Bien sûr, dit le renard. -Alors tu n’y gagnes rien ! -j’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.

    • Merci… Je suis allée voir ton blog. Je n’avais pas assez de temps pour tout voir. J’en ai volé un peu pour un article de plus. Je reviendrai.

  3. On peut donner ce livre à lire aux enfants . On peut être sûr qu’ils le garderont, et le reliront , plus tard . Et toujours , ils en retireront une leçon .

    • Tu as raison, Clerval. Mais tu vois, quand je le mets dans les « inclassables », c’est parce que je pense qu’il fanchit aisément toutes les frontières que les libraires, les enseignants et les critiques de toute sorte dressent entre les écrits.

  4. L’important, ce n’est pas le lire, ni s’en souvenir, l’important, c’est le VIVRE !!!!!

  5. Saint-Ex, j’aime pas trop – tu sais, on te fait ingurgiter ça à l’école – alors tu te dis "plus jamais ça".
    En revanche, Quichottine, tu me fais plaisir en me faisant penser par ricochet au plus beau conte écrit par Oscar Wilde : "Le Prince heureux" (1888).
    Chaque fois que je le lis je craque, et m’effondre en sanglots.
    Love on you jeune fille – je découvre ton blog, je vois partout des trucs à te dire. 
    C U soon.
    HARMONY and FAITH
    Terence

  6. hello !

    Aah le petite prince…j’ai vraiment eu  beaucoup de mal à le finir, non pas parce qu’il m’ennuyait mais parce qu’au contraire l’idée de le terminer m’angoissé tellement je l’adorais ! en plus c’est l’un des tout premier livre littéraire que j’ai lu.

  7. Un maître à penser ce petit prince.  Lu, relu et rerelu (il y a des livres comme ça , très peu, mais relus un nombre inculable de fois).

    • Il y a des livres comme ça, auxquels on s’attache et vers lesquels on revient…

      Je suis contente de te retrouver là. 😉

  8. comme c’était un récit que j’aimais je l’ai donné à lire à mes élèves un peu récalcitrants… ils ont aimé et ont posè bcp de quetions c’est ce que je voulais : les faire parler (j’enseigne u le fr L2)

    • Ah… c’est amusant, parce que j’ai toujours préféré parler des livres que j’aimais, même avec mes élèves ! Merci, Gaby, d’être passé par la bibliothèque ! Bonne continuation à toi…

  9. Le petit Prince semble laisser à tous ce même effet de fraîcheur et de richesse… On connaît tous un peu, ayant garder en mémoire tel ou tel image…  Mais, comme cela a été dit, je crois qu’il faut « y revenir » pour retrouver tout ce à côté de quoi on a pu passer…

    Tu dates dans ton article le Petit Prince de 1946… Tu fais référence à une « édition » je pense, mais le livre est sorti en 1943 je crois…
    Alors, ne faut-il pas relire les Baobabs maintenant, et ce demander si tous les matins, après sa toilette on a bien pris le temps de faire le ménage de sa planète…
    Peut-être serait elle plus respectueuse des « oranges » 😉

    Enfin, tu termines ton article en disant qu’il t’arrive de scruter le ciel, à la recherche d’un petit point lumineux…
    Pour ma part, il m’arrive de « dessiner des chapeaux » pour voir si je peux me faire des amis…

    • En ce qui concerne les dates d’édition, tu as raison. Le livre a été édité d’abord aux États Unis, en 1943. Il a été publié en France pour la première fois en 1945. Par contre, le copyright des éditions Gallimard date bien de 1946… En tout cas, merci pour cette précision, importante… Pour les baobabs et les leçons à en tirer, je crois qu’il le faudrait en effet ! … Pour ce qui est des chapeaux, je t’imagine assez, mais je crois que tu as trouvé un bien meilleur moyen. Venir parler ainsi entre nous, sur ceux que nous aimons ou non, faire connaissance, n’est-ce pas la meilleure solution ? Merci d’être avec moi, ici, Yvon !

  10. Le Petit Prince , un livre inoubliable! Depuis plusieurs années je fais un séjour près de Cap Juby, mais je ne l’ai pas encore rencontré, j’y reviendrai donc! Nicole

    • Merci… Je vois que tu t’attardes dans la bibliothèque. Je suis contente de voir que tu y as trouvé de quoi lire !

  11. Une histoire riche de découverte sur l’homme et ses relations au monde. A chaque fois que je le lit, j’ai l’impression d’y découvrir un nouveau sens.

    • Je suis d’accord avec toi, Valva…

      Chaque fois une nouvelle lecture. C’est pareil pour moi !

      Sois la bienvenue dans la bibliothèque…

  12. Ah, le Petit Prince… tellement belle histoire!
    s’il est vrai que je l’ai lu très jeune pour la première fois, je ne comprenais pas trop cette histoire et cela m’avait rebuté. Puis, je me suis rendue compte récemment que je n’y avais plus touché depuis des années et je l’ai relu… d’une traite! Il y a tant de choses dedans, humainement, il y a tant et tant! Je me suis dit que j’y ferai un article aussi, car je suis tellement d’accord avec tout ce que dit Saint-Exupéry.
    bisous, bonne nuit!

    • Tu as tout à fait raison, Zarbifa ! Je pense que ce livre peut être lu en partie pour et par les enfants, mais qu’on ne l’apprécie vraiment que bien plus tard… Là, tu es encore bien jeune, je suis sûre que tu trouveras encore bien d’autres choses à dire plus tard.

      … Mais j’attends ton billet à ce sujet avec impatience !

      Bonne nuit à toi aussi

  13. C’est vrai… Je n’y pensais plus ! Pourtant, j’étais déjà venue feuilleter ces pages dans ta bibliothèque !

    Bisous et bonne journée

  14. Ma plus jeune fille est en train de découvrir…émotion de l’entendre me raconter ce qui arrive à ce Petit Prince! Bises, Quichottine! J’arrête pour ce soir: il est déjà 2h  du mat, tout à l’heure, c’est Noël, il faut aller dormir.

    • Merci pour ta longue visite…

      Je ne sais jusqu’où tu liras, mais cette découverte de mes anciens billets m’a fait plaisir !

      Je te souhaite un très bon Noël, Hirondelle !

    • Merci ! C’est un livre que j’adore !…

      Je te prie de m’excuser pour le retard que j’ai pris dans mes réponses…

  15. j’adore » le petit prince » quand j’avais des élèves de CE2 nous avions fait une BD avec cette histoire ;on ne s’en lasse pas de  le lire et relire

  16. Un jour, sur un blog que j’adorais, en commentaire d’un article sur l’utilité (ou non) de s’attacher, j’ai mis une citation du PP. Je me permets de la remettre ici 😉 Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l’heure du départ fut proche: -Ah ! dit le renard… je pleurerai. -C’est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t’apprivoise… -Bien sûr, dit le renard. -Mais tu vas pleurer! dit le petit prince. -Bien sûr, dit le renard. -Alors tu n’y gagnes rien ! -j’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.

  17. comme c’était un récit que j’aimais je l’ai donné à lire à mes élèves un peu récalcitrants… ils ont aimé et ont posè bcp de quetions c’est ce que je voulais : les faire parler (j’enseigne u le fr L2)

  18. C’est vrai… Je n’y pensais plus ! Pourtant, j’étais déjà venue feuilleter ces pages dans ta bibliothèque !

    Bisous et bonne journée

  19. Ce livre là, il ne quitte jamais la pile qui accompagne mon chevet. Au delà de la poésie de l’écrit, quelle merveilleuse leçon d’humanité. Bises Penny

    • Poésie, sensibilité, et après lecture, bien plus que de simples mots… Merci pour ta visite. Je sais que je retournerai chez toi. J’y ai trouvé tout ce que j’aime.

  20. Ah le Petit Prince … je crois que tout le monde a lu ce bouquin, souvenir de notre enfance … je ne saurais dire à quel age j’ai découvert ce livre mais je dois dire que c’etait dans les premieres années de l’ecole primaire je crois !
    Une très très belle histoire … dessine moi un mouton 😉

    • Flûte : Je ne sais pas dessiner non plus… mais un mouton… si je te dessine une caisse, ça te va aussi ?

      Je plaisante… merci d’être passée, Lilou.

  21. Il y a peu je me suis apercue que je n’avais jamais lu « Le Petit Prince ». Je connais l’histoire bien sûr…il y a des extraits un peu partout…je me suis promise de le lire très bientôt

    Je te remercie pour ta visite et tes mots si sympathiques

    Bonne soirée

  22. Le Petit Prince…….
    Tu sais……Saint ex avait compris tant de choses, là haut c’est un peu plus facile bien sûr , on voit mieux.
    Mais je suis content de lire que je ne suis pas trop seul à le savoir…( on est trois )
    Bises
    Bill

  23. tu as dit l’essentiel, moi aussi je le cherche dans les étoiles.

  24. Il faut en lire d’autres Quichottine, j’ai dévoré St Ex, ses livres autobiographiques … quel bonheur cet homme. bisous