Picasso

Dans une salle du musée Picasso, à Barcelone…

Un tableau, immense, sur le mur du fond.

Je m’approche. Je m’assieds sur le banc. Il est prévu pour ça.
Il accueille ceux qui brusquement font escale devant cette toile.

Quelques essais sur le mur de droite montrent qu’il s’agit là d’une œuvre
réfléchie,
aboutie.

Peut-on lire un tableau, lui donner des mots,
en faire une histoire à raconter ?

Sur un lit, une femme.
Déjà grise.
Pour elle le temps n’existe plus.
Ses doigts, si longs, se fondent, sur sa poitrine,
dans les plis du drap…
suaire.

À sa droite, un médecin barbu prend son pouls.
Le nez du médecin pend,
comme pendent les pans de sa redingote noire.
Comme l’autre main de la femme sur le lit.

La mère ne boira pas la boisson salvatrice que lui tend la religieuse…
Cornette ou sornette ?
à sa gauche…
Le cœur est là,
à gauche… mais bat-il encore ?

L’enfant le sait déjà…
Boucles de cheveux blonds
Mains qui s’accrochent à l’habit de la femme qui ne l’a pas porté
mais qui se venge ainsi de sa stérilité…

La religieuse esquisse un sourire.
Encourageant ?

Pour qui ?

© Quichottine, 2007

L’image est en couleur au musée… elle a un nom :

La Science et la Charité
(Picasso, 1897)
Pablo Picasso
(huile sur toile, 149 cm x 249,5 cm)

[Article publié précédemment à une autre de mes adresses]

Le tableau peut être vu en version originale sur le site officiel du Musée Picasso de Barcelone.

72 commentaires à propos de “Picasso”

    • Parfois, on reste sans rien dire, devant un tableau, c’est normal… merci de ta visite, Madam’Aga.

    • Oui, je connais… L’immeuble est magnifique ! je dirai que les deux musées que j’ai visités, à Paris et à Barcelone jouissaient d’un cadre exceptionnel. Il faut les voir…

  1. C’est bien, comme ça, je découvre tes anciens billets … 😉 Tu en fais une description très humaine mais néanmoins très clairvoyante …;-) Bon samedi Quichottine !

  2. picasso à 16 ans quand il peint se tableau et il maîtrise déja le clair obscure alors que certains peintre vont y travailler toutes leur vie….c’était vraiment un génie
    tilk
    j’ai visité le musée de la calle MONTCADA aumoins six fois la prochaine fois que je serais devant ce tableau je penserais à toi
    tilk

    • Merci Tilk. Regarde-le… en vrai il est immense et vraiment très beau… écrasant en fait, parce qu’il nous parle de trop de choses, trop vraies !

  3. je viens d passer quelques jours à barcelone et çà me rappelle que je ne suis plus en vacances ….. bouuuh !

    • Tu es allé au musée Picasso ?

      Les vacances qui sont terminées, ça fait toujours un petit arrière-goût de « trop peu »… Courage pour ta reprise, Dany !

  4. Sais-tu pourquoi je  me suis arrêtée un long moment sur ce tableau, il m’a rappelé le seul et unique souvenir que j’ai de ma grand-mère, sur son lit, dans un coin de pièce comme ici, elle devait être très malade, car  je ne l’ai plus jamais revue,  je devais avoir l’âge de ce gamin…
    Passe une douce nuit Quichott’

    • Ce doit être la même chose pour moi, Kinou… le souvenir de choses trop proches…

      Que tes rêves soient doux 

  5. bonjour Quichottine, je ne vois pas de cezanne dans la bilbliothèque? le papa de l’art contemporain..  le chef de file du changement de regard, le sujet devient  prétexte pour étudier la lumière. A bientôt et bon dimanche :))

    • Cézanne… Tu as raison, je vais me pencher dessus et le prochain tableau sera pour toi… le prochain ou celui d’après.

      Tu sais, je fonctionne un peu à tâton, sur des coups de coeur, aussi bien pour les livres que pour les tableaux, alors toutes les suggestions sont les bienvenues. Lorsque je trouve un tableau qui me parle, je l’accroche sur les murs de ma bibliothèque, là, je vais en chercher.

      Merci.

      Passe une belle journée, Chrw.

  6. J’ai vu ce musée cet été. J’ai apprécié de voir ces oeuvres de Picasso, celle-ci notamment, mais aussi celui de la Première Communion, bien différentes de ce que l’on retient habituellement de lui.

  7. De retour de mes quinze jours d’absence, je repasse chez toi Quichottine et à nouveau par ce tableau. La chanson de Berthe Sylva que ma mère chantait si bien étant jeune, m’a toujours fait pleurer à l’époque. Elle était si triste. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris pourquoi elle l’a chanté comme cela. C’est avec beaucoup d’émotion que je la retrouve ici. Amitiés.

  8. Je ne connaissais pas ce classique de Picasso.
    Un jour il me faudra aller à Barcelone.
    Tu as raison, elle est déjà loin, mais son dernier regard est sur l’enfant.
    Pourquoi la soeur sourit! Elle est énervante! Comme si de récupérer l’orphelin la réjouissait.
    Bisous Quichottine.

    • Si tu y vas… je suis sûre que tu ne regretteras pas ta visite.

      (Pour la religieuse, c’est un peu ce que j’avais ressenti)

  9. Et voilà…
    Parti doucement pour découvrir Don Quichotte, je découvre un Picasso, encore adolescent, qui se penche avec tout son génie sur ces deux mondes que tout sépare la Science et la Charité…
    Savoir, et Croire… Le savoir et l’Amour…
    L’un doute car toute sa science n’aura pas pu laisser une mère à cette enfant…
    L’autre sourit, car elle Croit que cet instant n’est qu’un passage et que là où la femme ira elle trouvera le bonheur qu’elle na peut être pas eu ici, et que symbolise l’enfant, qui reste et qui sera sa mémoire, sa trace…
    Tristesse de ce médecin et « son échec »,
    mais
    Gaité de la none qui est déjà dans un autre monde…
    A-t-il tord, a-t-elle raison, ou est-ce l’inverse…

    Je n’ai pas encore peur de la mort, c’est peut être ce qui me laisse penser qu’il a raison d’être triste qu’une vie s’arrête…

    • Tu es en train de remonter dans mes articles un à un…

      Je ne pouvais pas lire Don Quichotte tous les jours, sinon, je n’aurais intéressé qu’un tout petit groupe…

      Mon objectif, bien sûr, c’est de terminer ce livre… mais le plus tard possible.

      Je dois dire que j’aime beaucoup quand tu t’interroges devant une image…
      Tu sais, le tableau est immense, écrasant. Je suis restée assise devant, très longtemps, et je me suis posée un millier de questions !

      Merci… pour certaines de tes réponses !

  10. je suis aller au musé de pablo picasso a barcelone ce tableau c’est celui qui ma le plus plus  et la je l’ai choisie pour faire mon ewposer dessue

  11. tu as ete calle montcada ….genial….barcelone est une des plus belles villes du monde…et dire que je me suis assis sur la même banc que toi devant ce tableau que picasso a fait durant sa jeunesse alors qu’il était encore aux beaux arts tu imagine le genie a 18 ans il maitrise deja toutes les techniques …j’ai un peu vécu a barcelone dans la calle d’hospital une rue du barrio chino qui donne sur les ramblas…
    besos
    tilk

    • Oui, j’y suis allée… et j’ai été impressionnée.

      Je suis contente de voir que nous partageons les mêmes souvenirs…

  12. Bonsoir,
    Tu as fait le ménage…
    Je remonte, pour voir si je n’ai rien oublié…
    Et en passant sur cet article, je voudrais juste te dire que je le trouve encore plus beau…

    Bises

    • Parfois, il arrive que certaines choses semblent différentes, ça ne dépend parfois que de l’éclairage… ou de ce coup de chiffon à poussière que l’on y a donné.

      Merci, Yvon.

  13. J’aime bcp picasso aussi.
    Mais bien que je connaisse sa période rose et bleue, j’avoue que cette peinture m’impressionne.

    Picasso et ses formes géométriques.
    Comme quoi, même dans la peinture ont évolue.
    Enfin… je me reprends, on s’exprime différemment. 😉

  14. Merci de ton passage chez moi Quichottine pour mon anniversaire. C’est très gentil tous ces commentaires. Aujourd’hui,je choisis de m’arrêter sur tes tableaux. Celui-ci que j’ai aussi vu à Barcelone et qui m’a beaucoup interpellée. Je file voir les autres car ce week-end j’ai goûté au Musée d’Orsay de 10 h à 16 h. Un vrai bonheur.

    • C’était ton anniversaire, Pivoine. Ce n’était pas le mien mais tu as fait de ce jour une vraie fête pour moi en visitant mes tableaux ! Merci infiniment !

      Tu étais au Musée d’Orsay… nous aurions pu nous y rencontrer !

      Tu as raison, c’est un vrai bonheur !

  15. C’est une magnifique peinture et tu la raconte si bien. Je te souhaite une belle fin de semaine.

    • Merci pour tes mots…

      Je dois dire que j’aime ce tableau, si différent des tableaux que l’on montre habituellement de Picasso.

      Belle fin de semaine à toi aussi, Solange

  16. Bonsoir La Douce , tu vois je me promène dans tes allées – De Picasso je ne connais presque rien – ce tableau est impressionnant – il va falloir que j’aille faire un tour au Musée dont tu donnes le lien – De Picasso , je retiens l’émotion si intense qui m’a saisie à la vue de   » Guernica  »  Je l’entendais hurler sa douleur ce tableau incroyable ! Picasso demeure un mystère pour moi – Je t’embrasse

    • Guernica… Tu as raison. C’est un tableau que j’ai vu en vrai et qui est immense, et très impressionnant.

       

      Merci d’être passée, Blanche. Je t’embrasse.

  17. Je dois aller à Barcelone en septembre je penserai à toi en voyant ce tableau

  18. Martine m’a posté ici un commentaire, mais, le texte cité se répétant à l’infini, j’ai dû supprimer ce commentaire, Pardonne moi, Martine.

    J’en laisse une trace ici… 

    « Ce tableau me fait penser à la chanson « les roses blanches » que ma maman chantait souvent :


    C’était un gamin, un gosse de Paris,
    Pour famille il n’avait qu’ sa mère
    Une pauvre fille aux grands yeux rougis,
    Par les chagrins et la misère
    Elle aimait les fleurs, les roses surtout,
    Et le cher bambin tous les dimanche
    Lui apportait de belles roses blanches,
    Au lieu d’acheter des joujoux
    La câlinant bien tendrement,
    Il disait en les lui donnant :

    « C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie maman
    Voici des roses blanches, toi qui les aime tant
    Va quand je serai grand, j’achèterai au marchand
    Toutes ses roses blanches, pour toi jolie maman »

    Au printemps dernier, le destin brutal,
    Vint frapper la blonde ouvrière
    Elle tomba malade et pour l’hôpital,
    Le gamin vit partir sa mère
    Un matin d’avril parmi les promeneurs
    N’ayant plus un sous dans sa poche
    Sur un marché tout tremblant le pauvre mioche,
    Furtivement vola des fleurs
    La marchande l’ayant surpris,
    En baissant la tête, il lui dit :

    « C’est aujourd’hui dimanche et j’allais voir maman
    J’ai pris ces roses blanches elle les aime tant
    Sur son petit lit blanc, là-bas elle m’attend
    J’ai pris ces roses blanches, pour ma jolie maman »

    La marchande émue, doucement lui dit,
    « Emporte-les je te les donne »
    Elle l’embrassa et l’enfant partit,
    Tout rayonnant qu’on le pardonne
    Puis à l’hôpital il vint en courant,
    Pour offrir les fleurs à sa mère
    Mais en le voyant, une infirmière,
    Tout bas lui dit « Tu n’as plus de maman »
    Et le gamin s’agenouillant dit,
    Devant le petit lit blanc :

    « C’est aujourd’hui dimanche, tiens ma jolie maman
    Voici des roses blanches, toi qui les aimais tant
    Et quand tu t’en iras, au grand jardin là-bas
    Toutes ces roses blanches, tu les emporteras »
    « 

    • Cette chanson est magnifique, je l’entends encore, chantée par Berthe Silva, sur le disque que ma mère écoutait !

      Marine me souhaitait aussi un bon WE… Merci Martine ! Bonne fin de semaine à toi aussi…

      Martine s’occupe d’un blog génial où je trouve un tas de renseignements sur la ville où je vis.

      http://www.cergyrama.com/

  19. La Mère Supérieure de l’ Ordre de la Charité est malade. Très malade. Peut-être mourra-t-elle, peut-être guérira-t-elle.
    Le médecin est pessimiste. Une soeur du couvent lui offre une tisane destinée à calmer ses douleurs. Elle ne la prendra pas. Elle sait qu’ elle n’ a plus besoin que d’ une chose : ce petit rayon de soleil accroché au cou de la soeur.Ce petit rayon de soleil trouvé un matin de décembre devant la porte du couvent. Ce petit rayon de soleil qui depuis, illumine sa vie et clle des soeurs.

    • C’est une magnifique histoire, Clo ! Merci….
      Je savais bien que quelqu’un pourrait rendre ce tableau moins triste !

  20. J’ai mis longtemps à apprécier Picasso. L’oeil s’est fait et maintenant, j’éprouve des émotions à contempler ce peintre. Bises Penny

  21. Je viens regarder les articles que je n’avais eu le temps de voir, tu publies beaucoup, je n’arrive plus à suivre ;-Þ
    Je ne savais pas que Picasso avait peint ce style de tableau, je le découvre aujourd’hui, mais qu’il est triste, même avec le petit rayon de soleil de Clo…
    Belle journée à toi Quichott’

    • Je pense changer de rythme de publication. Il faut se garder du temps pour la vie, celle qui existe hors de l’écran.

      Pour la tristesse de ce tableau, tu as raison. Moi, j’y ai vu beaucoup. J’ai eu de la chance, en vrai. Dans le musée Picasso, à Barcelone, il y a un banc devant le tableau. Je m’y suis assise… et je crois qu’en fait c’est la seule oeuvre que j’ai regardée, vraiment, en y passant presque tout le temps de la visite.

      Je l’avais vu en arrivant, j’ai fait le tour du musée (au pas de course) et j’y suis revenue. Il y a là toute la vie, l’amour, la mort, l’impuissance, le destin… Une certaine fatalité.

      Tu vois, c’était mon premier « tableau » ici. Merci de l’y être arrêtée.

      Passe une belle soirée, Kinou.

  22. Merci pour tes liens –
    intéressant ton site, Quichottine  !
    tu caches rien !

  23. un aspect classique de Picasso quelque peu oublié … Mais qels sont les artistes qui ont ainsi traversé 2 sicècles en une seule vie ? Il y en a peu ! Et Picasso a fait partie de cette exception là … Normal ! Il était exceptionnel !
    LIZAGRECE

  24. C’est beau, c’est triste… mais elle n’est pas seule pour partir.
    bisous tout plein
    chantal

  25. Je me pose , au hasard .
    J y reviens ; tolerance et respect seraient , il s agit la d un avis tres personnel , les pierres angulaires necessaires a… a ce qui reste pour moi , j allais dire « inimaginable » , mais ce n est pas vrai , j arrive parfairement a en rever (encore un gros mot …) , non , irrealisable , car toujours il y aura celui , celle , ceux pour qui ces « notions » ne sont que des symptomes , tu l as dit , de « faiblesse » et de tous ces maux de l esprit qui dans leur reflexion , pour elaboree qu elle soit , ne suggerent que mepris et peut etre …rien …
    Je relis cette phrase biscornue , et a nouveau je souris . Je sais que tu comprendras , je ne suis pas inquiet . 
    Tu sais , tu auras beau t evertuer , mais il n y a de pire sourd que celui qui ne veut (peut…) entendre .
    C est desesperant , juste deseperant … Mais , utopie quand tu nous tiens …
    je t embrasse .

    • Tu as raison, je comprends…

      Et tu as raison aussi en parlant de celui qui ne veut pas entendre. Ils sont nombreux.

      Mais, oui, je crois que pourtant rien n’empêche d’y rêver et, plus nous serons nombreux à y croire, plus nous aurons de chances de parvenir à en faire une réalité.

      Merci, Vaga…

  26. Les quatre personnages ont une expression différente.On n’ est pas accoutumé de voir des tableaux de cette facture chez Picasso, mais il est si jeune à ce moment.Quelle précocité et quelle richesse dans les détails des matériaux.Tu en parles bien.Moi qui suit gourmand, j’aurais bien imaginé une tasse de chocolat espagnol dans les mains de la soeur…
    Belle soirée et bon appétit puisque je parle de gourmandise.

    • Picasso est un mélange… mais j’avoue préférer ses débuts. Ses dernières oeuvres ne me plaisent pas vraiment, même si j’accepte volontiers de croire à son génie.

      Il faudra que je goûte au chocolat espagnol à mon prochain voyage…

      Belle soirée à toi aussi, merci.

  27. J’aime bien ta vision du tableau, j’ai envie d’aller m’assoir aussi sur ce banc et me perdre dans cette beauté !!!

    Marcelle