Papa a dit…

« Papa a dit qu’il fallait boire, alors, allez ! Hop ! Tu boiras quand même ! Coquine ! »…

Je sais bien qu’elle boira quand même, à la petite cuillère puisqu’elle refuse de saisir le verre, reste obstinément lèvres fermées.

Je sais qu’elle boira, parce qu’il est important, ce verre plein de ses médicaments du matin.

Il a un goût infect mais elle devrait y être habituée, depuis le temps qu’on le lui propose ainsi, chaque jour.

Comme chaque matin son père répète les mêmes paroles, comme si cela pouvait changer quelque chose. Et moi, comme chaque matin, j’ai fui.

Comme chaque matin, je sais qu’il a raison, mais, comme chaque matin j’appréhende le moment où la cuillerée de liquide va prendre la mauvaise route et où elle va se mettre à tousser.

Mais Papa a dit… Cela ne servirait à rien de résister…

Elle devrait le savoir, depuis presque trente ans que cela dure.

Alors, elle râle, de ce râle qui fait mal, qui me broie le cœur, comme chaque matin.

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22 commentaires à propos de “Papa a dit…”

  1. Tu fuis les jours où c’est plus difficile pour toi, c’est humain ma douce amie. Papa aura pris le relais, vous êtes deux avec elle…Elle est là, embrasse la pour moi, même si elle ne me connait pas, j’ai envie de lui faire un petit signe de tendresse.

    Prends soin de toi surtout.

    Je t’embrasse très fort.

    • C’est humain, mais ce n’est pas forcément le mieux que je puisse faire…

      Oui, elle est là, depuis un peu plus d’une semaine et encore pour la semaine. Ne t’en fais pas, je l’embrasserai pour toi.

       

      Je sais qu’il y a des moments où ça déborde, mais vous êtes là. Merci.

       

      Je t’embrasse très fort aussi, Sophie.

  2. Heureusement papa est là, ma Quichott’.

    Je comprends ta détresse, j’ai un peu la même pour d’autres raisons, et papa n’est pas là.

    Je me remets lentement du suicide d’un ancien élève que je voyais encore car il fréquentait mon dernier fils. Ça tourne en boucle dans ma tête.

    Mais je vais aller dans les chemins trouver fleurs et senteurs et regarder le ciel qui fait aujourd’hui des circonvolutions inventives.

     

    Je t’embrasse ma Quichott’, tendrement.

    • Oui, heureusement qu’il est là…

      Tu te souviens ? J’avais dit qu’il était l’arbre et que j’étais l’oiseau. Il est enraciné et il résiste… J’aime penser qu’il m’empêche aussi de sombrer.

      J’imagine ta douleur, tes craintes… Je ne sais comment te remercier pour ce partage et ta présence.

       

      Je sais que le suicide d’un ado est difficile pour ses proches… Prends soin de toi, ma Polly.

      Je t’embrasse très, très fort. Prends soin de toi.

  3. papa dit, en maman dira parce que c’est une belle maman courageuse qui finira par prendre sur elle pour seconder papa…et ces deux là : ils sont bien courageux, c’est moi qui vous le dit. bisoux de nous deux pour vous deux.

    • Merci, Pat… Je crois que nous faisons ce que nous pouvons, au jour le jour, et sans doute ai-je auprès de moi un archange qui est solide comme le roc sur lequel il terrasse toujours son dragon…Heureusement pour moi.

       

      Bisous de nous deux à vous deux.

  4. Pas une fuite, un relais indispensable … Et tu reviendras, aimante et courageuse, pour votre fleur.

    Tendresse et bisous, Quichottine

  5. Je comprends, j’ai fait la même chose avec mon petit-fils mais au lieu de mon mari, c’était ma fille.

    Je pouvais tout faire sauf lui donner ce médicament infect sensé lui faire du bien et qui le faisait devenir bleuir d’étouffement.

    Je te serre dans mes bras façon boa

    Enormes bisous ma sœurette chérie

     

    • Tu sais, il y a des mots qui font du bien.
      Je crois que même si j’ai pensé souvent fermer le jardin, je ne le ferai pas.

       

      J’aime vous y retrouver quand je ne vais pas bien. Vous ne m’y jugez pas, votre affection m’est chère et les mots que vous y déposez sont un baume dont je ne saurais me passer.

       

      Je t’embrasse très très fort, ma Clo chérie. Je sais que tu me comprends et ce partage me touche infiniment.

  6. Il ne faut jamais fermer la soupape de sécurité de la cocotte-minute, sinon elle explose

    Enormes bisous ma tite sœur !!!!!!

    • Tu as raison… Je crois que c’est important.

      Merci pour ta tendre amitié, Clo. Je t’embrasse fort.

  7. On a beau comprendre qu’il faille ce médicament, mais entendre râler ou pleurer son enfant, c’est tellement difficile dans les entrailles d’une mère. Tant que papa dira, le laisser dire. Ce n’est pas une fuite pour moi, c’est une protection saine de quelque chose de souffrant. Pensées douce Quichottine

  8. Les conseils paternels sont souvent justes … mais si c’est pas bon, suivons!

    Bisous Quichottine

  9. Non, tu n’as pas fui… Tu as juste fermé les yeux quelques minutes pour ne pas voir sa souffrance. Chacun de vous deux est là pour épauler l’autre à sa façon.

    Bisous.

    • Merci de le penser… et merci pour tes mots et ta présence.

      Lorsque je viens au jardin, il m’arrive d’avoir vraiment besoin de vous y trouver. C’était le cas ce jour-là.

  10. c’est cela l’importance et la chance d’être deux…pouvoir se reposer sur lautre quand c’est trop dur, mais je sais que les jours où il ne serait pas là, tu serais assez forte pour pallier à cela , pour elle!!

    Bisous Quichottine

    • C’est ma grande question…

      Mais je sais que si je veux pouvoir accepter le présent, il ne faut surtout pas que je me projette dans l’avenir.

       

      Bisous, Mahina. Merci d’être là.