Markus Zusak, La Voleuse de livres

Je l’avais promis à Polly, à Azalaïs aussi… Je vous en avais touché deux mots alors que j’évoquais pour vous André Maurois et Vercors.

Je me l’étais promis à moi…

Peut-être est-ce pour cela que j’écris ce billet, pour ne pas me décevoir, moi.

Lorsque ce livre m’a appelé, sur l’étal de ma librairie habituelle, j’ai, comme d’habitude, regardé ce que l’on disait en quatrième de couverture.

Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité.
Liesel Meminger y est parvenue.
Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s’est arrêtée.
Est-ce son destin d’orpheline dans l’Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? À moins que ce ne soit son secret… Celui qui l’a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres…

Mais ce n’est pas ce qui m’a fait l’acheter.

Le sous-titre m’intriguait.

« Quand la Mort vous raconte une histoire, vous avez tout intérêt à l’écouter »

Ainsi, c’est la Mort qui racontait…
Comme lorsque Pierre-Louis fait parler Kronos ou l’Ankou ?
Ou peut-être autrement ?

Avais-je vraiment « intérêt » à l’écouter ?

J’ai commencé à lire… Comme vous pourriez lire en vous rendant sur le site de l’éditeur et en cliquant sur l’image.
Des mots en gras qui attirent l’œil et font oublier qu’il y en a d’autres.

Mort et chocolat

[…]

Un détail Vous allez mourir.

La narratrice surprend. Elle annonce la couleur dès les premières lignes, elle n’est pas « gentille ».
Elle se présente… Et je me suis interrogée sur la couleur du ciel lorsqu’elle viendrait me chercher à mon tour… Serait-il bleu – ma couleur – ou « chocolat », celle qu’elle préfère ?

La Mort, puisque c’est bien d’elle qu’il s’agit, m’a raconté une histoire, comme si nous étions assises toutes les deux sur le même banc, attendant qu’elle finisse, et sans aucune impatience de ma part.

Nous prenions le temps, Elle et moi.

Je l’écoutais et je me demandais : « Suis-je pour elle un survivant ? »

Je l’écoutais… et, peu à peu, j’entrais dans l’histoire.

Une simple histoire en fait, où il est question, notamment :

      • d’une fillette ;
      • De mots ;
      • D’un accordéoniste ;
      • D’Allemands fanatiques ;
      • D’un boxeur juif ;
      • Et d’un certain nombre de vols.

J’ai vu la voleuse de livres à trois reprises.

(p.14*)

À trois reprises ? Aurait-elle échappé trois fois à la mort ?
Je lisais… Je ne savais pas que ce livre serait de ceux que j’emporterais avec moi sur une île déserte si je n’en avais plus que sept à sauver.

– Sept ? Tu exagères ! La dernière fois, il y en avait moins !

C’est vrai… mais je crois que je vais devoir agrandir mon panier. Il y en a bien trop.
Je deviendrai aussi voleuse de livres, je les dissimulerai dans les endroits les plus fous pour pouvoir les garder, malgré tout.
Au pire, je les apprendrai par cœur… avant qu’on ne me les prenne.

Je lisais… et les mots prenaient sens. Ils se faisaient images, se mouvaient dans la neige près d’une voie ferrée.

[…]
J’étudiai le ciel d’une blancheur aveuglante qui se tenait à la fenêtre du train en marche. Je l’inhalai presque, mais j’hésitais encore. Je flanchais – je commençais à éprouver de l’intérêt. Pour la fillette. Finalement, la curiosité l’emporta et, me résignant à rester autant que mon planning le permettait, j’observai ce qui se passait.
Vingt-trois minutes plus tard, quand le train s’arrêta, je descendis avec eux.
J’avais une jeune âme dans les bras.
Je me tenais légèrement sur la droite.

Le dynamique duo de gardes revint vers la mère, la fillette, et le petit cadavre. Je me souviens que ce jour-là, ma respiration était bruyante. Je suis étonnée que les gardes n’aient pas remarqué ma présence en passant à côté de moi. Le monde pliait maintenant sous le poids de toute cette neige.
À une dizaine de mètres sur ma gauche se tenait la fillette, pâle, le ventre vide, transie de froid.
Ses lèvres tremblaient.
Elle avait croisé ses bras glacés.
Sur le visage de la voleuse de livres, les larmes avaient gelé.

(p.16-17)

Je vous dirais peut-être un jour… Non, tout de suite !

Les mots, parsemés de ma lecture, ceux que j’ai voulu garder, ceux qui resteront lorsque je penserai à Liesel Meminger.

Des images plus que des mots.

[…] L’avion toussait encore. De la fumée s’échappait de ses deux poumons.
En s’écrasant, il avait creusé trois profondes entailles dans le sol. Ses ailes étaient maintenant des bras sectionnés à la racine. Pour cet oiseau de métal, c’en était fini de voler.

[…]

Le garçon arriva le premier, le souffle court, portant une boîte à outils. En émoi, il s’approcha du cockpit et observa le pilote, cherchant à savoir s’il était vivant. Il l’était encore. La voleuse de livres apparut trente secondes plus tard.
Des années avaient passé, mais je la reconnus.
Elle haletait.

De la boîte à outils, le garçon sortit un ours en peluche.
Il passa la main à travers le pare-brise éclaté et le déposa sur le torse du pilote. L’ours souriant resta niché contre l’homme ensanglanté. Au bout de quelques minutes, je saisis l’occasion. C’était le bon moment.
Je pénétrai dans l’épave, libérai l’âme de l’homme et l’emportai avec précaution.
Il ne restait plus que le corps, l’odeur de fumée persistante, et l’ours en peluche qui souriait.

(p. 18-19)

Un ours en peluche… un garçon dont on ne sait rien encore, et cette « voleuse de livres » qui vient, une seconde fois, de côtoyer la Mort.

Des couleurs… Le blanc, pour la première fois. Le noir pour la seconde… et le rouge, enfin, pour la troisième fois.

[…]

En quelques minutes, des monticules de terre et de béton s’accumulèrent. Les rues étaient des veines ouvertes. Le sang ruissela jusqu’à sécher sur la route et les corps restèrent coincés là, comme du bois flotté après une inondation.
Tous, jusqu’au dernier, étaient cloués au sol. Un paquet d’âmes.
Était-ce la destinée ?
La malchance ?
Qui les avait mis dans cet état ?
Bien sûr que non.
Ne soyons pas idiots.
C’était plutôt la faute des bombes, lâchées par des humains dissimulés dans les nuages.
Oui, le ciel était maintenant d’un rouge dévastateur. La petite ville allemande avait été déchirée une fois de plus. Des cendres floconneuses tombaient et c’était si joli qu’on avait envie de les goûter avec la langue. Sauf qu’elles vous auraient brûlé les lèvres et calciné la bouche.

Je le vois nettement.
J’allais partir lorsque je l’ai découverte, agenouillée.
Autour d’elle, comme un dessin, comme une écriture, se dressaient des montagnes de décombres. Elle serrait un livre dans sa main.

Ce que voulait avant tout la voleuse de livres, c’était regagner son sous-sol pour écrire, ou pour relire une dernière fois son histoire. Après coup, je me rends compte que cela se voyait sur son visage. Elle mourait d’envie de se retrouver dans ce lieu sûr, où elle se sentait chez elle, mais elle était incapable de bouger. Sans compter que le sous-sol n’existait plus. Il faisait maintenant partie de ce paysage ravagé.

Je vous demande une fois de plus de me croire.
J’avais envie de m’arrêter. De me coucher.
J’avais envie de dire :
« Je suis désolée, mon petit. »
Mais je n’en ai pas le droit.
Je ne me suis pas couchée. Je n’ai rien dit.
À la place, je l’ai observée un moment. Et quand elle a pu bouger, je l’ai suivie.

Elle a lâché le livre.
Elle est tombée à genoux.
La voleuse de livres a hurlé.

[…]

[Les couleurs] tombent les unes sur les autres. Le noir gribouillé sur le blanc global éblouissant, lui-même sur l’épaisse soupe rouge.
Oui, souvent, quelque chose vient me rappeler la fillette, et j’ai gardé son histoire dans l’une de mes nombreuses poches pour la raconter de nouveau. Elle fait partie de celles, aussi extraordinaires qu’innombrables, que je transporte. Chacune est une tentative, un effort gigantesque, pour me prouver que vous et votre existence humaine valez le coup.
La voici. Une parmi une poignée d’autres.
La voleuse de livres.
Venez avec moi, si ça vous tente. Je vais vous raconter une histoire.
Je vais vous montrer quelque chose.

(p.21-24)

La Mort raconte, et je l’écoute.

La Mort raconte, comme un journaliste. Des titres, des sous-titres, des encarts, des premières lignes qui doivent raconter le plus important, pour que le lecteur sache, mais qui doivent aussi donner envie de lire tout l’article…
La Mort se rit des unités de lieu, d’action, de temps… Je voyage, je m’installe, je regarde comme à travers un trou de serrure ce qu’elle veut bien me montrer.

Je découvre cette troisième fois, et je ne sais pas encore que lorsque je lis la fin du prologue, j’écoute aussi la fin de l’ouverture d’un opéra. Avez-vous déjà écouté ces morceaux qui comportent tous les thèmes que l’on retrouvera ensuite ?

Magie de cette composition… L’auteur nous dit tout, sans rien nous dire… il nous donne seulement envie d’aller plus loin. De savoir, de comprendre.

Qui est « la voleuse de livres » ? D’où vient-elle ? Où va-t-elle ? Pourquoi ces épisodes à peine esquissés, ces personnages qui apparaissent pour disparaître aussitôt ?

Je n’ai cité ici que des passages du prologue, on peut le lire en entier chez l’éditeur, en tournant les pages d’un livre virtuel.

Chez Polly, vous aurez d’autres mots.

Moi, j’ai envie de vous les laisser découvrir : Liesel (elle a neuf ans en 1939), Rudy, le presque frère, le presque fiancé (de huit mois son aîné), Hans et son accordéon, Rosa et ses jurons, tous ceux qui font partie de leur monde…

Et surtout Max. Il a vingt ans, il est juif.
Mais pas n’importe où, dans l’Allemagne nazie.
Il fuit, pour sauver sa vie.
Il fuit, avec pour tout sauf-conduit un livre. Mein Kampf. La profession de foi d’Adolphe Hitler.

Moi, j’ai aimé l’image, cette image d’un livre détourné, transformé, dont les pages peu à peu recouvertes de peinture vont accueillir d’autres mots… d’autres images.

Un livre, un livre dans le livre, et d’autres livres encore qui permettent à la Mort de raconter l’histoire, de toujours anticiper, de laisser pourtant d’autres choses à montrer, d’autres histoires à raconter.

Je l’emporterai avec moi, pour découvrir ce que la Mort m’a caché, alors que nous étions toutes les deux, assises sur un banc, là-bas.

Markus Zusak
La Voleuse de livres [The Book Thief]

Traduit de l’anglais par Marie France Girod, 2007
© Oh ! Éditions, 2005

(*Disponible en format de poche chez Pocket, n°1344
La pagination de mes citations correspond à cette édition)

C’est un roman pour adultes et adolescents.
L’avis de Ricochet, site spécialisé en littérature de jeunesse.

106 commentaires à propos de “Markus Zusak, La Voleuse de livres”

  1. Avec tous ces livres qu’on veut lire c’est une bonne raison de repousser la mort, si on veut avoir le temps de tout lire. très intéressant ton article. Bon vendredi.

    • Repousser la mort… je ne sais pas.

      J’aimerais qu’elle me prenne un jour en pleine lecture, ou dans un moment d’écriture…
      Pas au moment où je ne pourrai plus faire l’une ou l’autre.

      Merci, Solange. Passe une bonne soirée.

  2. bonjour Quichottine

    Ils sont poignants les extraits que nous fait découvrir
    J’aime le titre , la voleuse de livres
    Quels tristes souvenirs, ces bombes, ces personnes mutilées, des orphelins
    si nous pouvions rayer tous ces mots, ne plus connaitre ces horreurs, juste les remplacer par la paix

    Bisous et bonne journée

    • Tout le livre l’est… malgré quelques maladresses dues à la jeunesse de son auteur.

      La paix a besoin de se souvenir pour exister.

      Merci, Corinne. Passe une belle soirée.

  3. Je le lirai, ça c’est sûr. Cet époque fut la plus terrible du 20ème siècle pour l’ensemble de l’Humanité !

    Bonne journée, Quichottine, bises de nous deux.

    • C’est une lecture surprenante au début… alors, si tu lis ce livre, tu me diras ?

      Bonne soirée à toi, Patriarch. Bisous et bon anniversaire à Eliane !

  4. Je suis obligée de me l’acheter maintenant que je t’ai lu..La façon dont tu présentes ce livre me ravit

  5. Et encore un ! Comment peut-on résister à l’appel de sirène de Quichottine parlant d’un livre qu’elle aime ? Tu sais, j’aime cette idée d’apprendre des livres par coeur. De par le passé, et dans beaucoup d’endroits encore aujourd’hui, celà leur permettrait de se rire des autodafés. Bonne journée, blogueuse de la nuit !

    • Il faudrait que je les classe un jour… et que je fasse un hit parade.

      Mais je ne sais pas si je saurais le faire. Ceux que j’ai aime ne vous plairaient peut-être pas.

      Les autodafés… il y aurait tant à en dire !
      Mais apprendre par cœur… oui, ce serait la solution.

      Merci, Galet. Passe une belle soirée…

  6. c’est une super idée d’avoir pris comme narrateur la Mort! difficile mais d’après ce que tu nous en dis  intéressant… apprendre par coeur ? mais c’est comme ça que se sont transmises toutes les histoires depuis la Chanson de Roland …
    bises

    • La tradition orale existe aujourd’hui encore dans certains pays…

      Ce livre est difficile, c’est vrai… mais j’espère que ceux qui le liront ne seront pas déçus.
      C’est une belle histoire dans l’Histoire.

  7. Je reviens à ta « voleuse de livres »…J’aime bien le titre…Mais l’Allemagne nazie, je sature un peu et même beaucoup…J’ai lu « Le pianiste » il y a quelques mois, livre offert par mes enfants.  Je connaissais le film, qui m’a retourné l’âme, et j’aime lire les livres qui donnent ensuite naissance à un film.
    Peut-être qu’un jour je le lirai, celui-ci…On ne sait jamais que ça m’aiderait à apprivoiser la mort…C’est drôle, j’ai l’impression d’une suite, d’une réponse, d’un écho à ce dont je parlais hier chez moi…De caillou en caillou…
    Je t’embrasse, chère lectrice..

    • Tu vois, ça peut paraître paradoxal, mais je ne l’ai pas lu comme un livre sur l’Allemagne nazie.

      J’ai vu un pays en guerre, des hommes en souffrance, mais aussi tout ce qui pouvait faire le quotidien d’un enfant pris dans la tourmente…

      Tout cela aurait pu se passer autre part, dans un autre pays… à un autre moment. Quelques repères seulement nous reliait à cette époque dont on a beaucoup parlé…

      Mais il y en a tant d’autres, encore aujourd’hui.

      Je n’ai pas lu Le pianiste… J’en ai vu des extraits.

      Je ne crois pas que l’on puisse jamais apprivoiser la mort, mais on peut peut-être l’imaginer autrement.

      Je t’embrasse, Petit Poucet.
      Comme tu le dis, « de caillou en caillou…« 

      Passe une belle soirée.

  8. Je pense que Marie-France Girod devrait partager la couronne de lauriers avec Markus Zusak pour sa traduction extraordinaire en langue française du livre  » The Book Thief « . Ce livre pour adulte exclusivement est difficile à lire bien qu’il faudrait  que des enfants courageux s’en empreignent pour éviter de retomber dans les mêmes erreurs que leurs Grands-Parents. Je ne partage cependant pas tous les clichés de ces récits en noir, blanc, rouge et même citron. Comme par exemple le récit de la marche dans la ville de déportés juifs vers Dachau, où un vieillard trébuchant de faim se voit offrir un bout de pain par un enfant descendant de son trottoir. Évidement le garde qui a vu la scène arrache ce croûton des mains du vieillard et  le gifle ainsi que l’enfant. Un peu simplet ce récit. Dans la réalité quelques coups de crosse de Mauser auraient liquidé le vieillard. Comme aussi de faire entendre au lecteur que la plus-part des citoyens non concernés ignoraient les horreurs qui se passaient à leur voisinage. Ne voyaient-ils pas les les puantes fumées monter des camps vers le ciel ? Et de dénoncer les horreurs de la guerre avec le bombardement de Munich par exemple.( Dresden l’a vraiment vécu; mais Churchill voulait punir les allemands des V2 sur Londres) . J’espère surtout qu’aucun parallèle ou association d’idées,
    ( bien que la tentation soit grande) ne seront faits avec le Carnet d’Anna Frank, sa pureté est intouchable et son tragique destin un message d’amour pour la vie. Mais ce livre de Zusak sort de l’ordinaire des récits de la WWII car il est en fait un long poème dont les images de Liesel resteront, du moins quant à moi, profondément gravées comme ses pas dans la neige.
    Un grand merci d’avoir apporter ce livre dans votre bibliothèque et d’en avoir commenté des pages précieuses.

    • Je cite toujours le traducteur et le titre original lorsqu’il est mentionné, ce qui était le cas ici.

      Je ne crois pas que ce soit un livre « exclusivement » pour adulte. Il a reçu le prix « Millepages Jeunesse » (ce qui n’est pas forcément une référence, j’en conviens)… et je suis persuadée que les adolescents lisent des livres bien plus durs…

      Mais, vous avez raison. C’est une belle traduction. Elle se lit sans que rien ne choque, « n’accroche » ou ne « rape », ce qui n’est pas le cas pour toutes. On sent qu’elle a été polie… (« Vingt fois sur le métier… »)

      Ce que vous reprochez à ce livre, c’est ce qui fait qu’il peut être lu bien plus tôt.

      Dans la longue marche vers Dachau, c’est Hans – le père adoptif – qui donne le pain, et ils reçoivent l’un six coups de fouet, et l’autre quatre… C’est déjà beaucoup pour un imaginaire enfantin.
      On peut supposer que le soldat a eu peur de la réaction de la foule s’il allait plus loin, mais c’est la foule qui va détruire la charette de Hans et le traiter d’ami des juifs.

      Plus tard, Liesel et Rudy retenteront l’aventure, et Liesel aura seulement un coup de pied aux fesses… mais il n’y avait personne aux alentours, et le soldat avait peut-être aussi un « bon fond ».

      Je sais que je vais vous faire bondir (je le sais mais j’espère que vous ne m’en voudrez pas trop)… mais j’ai tant entendu de témoignages, tant vu d’images, tant lu, que je me dis qu’il pouvait y avoir des gens sincères, de part et d’autre, et qui auraient aimé que l’ignominie vécue n’existât pas.

      Ce dont on parle le plus souvent, pensez-y, dans les médias aujourd’hui, c’est ce qui est le plus violent, ou qui va faire réagir le plus violemment. Mais pour un meurtrier, combien d’innocents ? Pour un « casseur » des banlieues, combien de jeunes gens qui ne demanderaient qu’à pouvoir vivre en paix ?

      Ceux qui avaient aidé ceux que l’on recherchait existaient aussi. Pas tous ne fermaient les yeux, que ce soit en France ou en Allemagne… Pourtant je sais qu’il est sans doute plus facile de faire semblant de ne rien voir quand on a peur. La peur est une vraie plaie et les dictateurs le savent bien puisqu’ils l’utilisent encore aujourd’hui.

      Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est la possibilité qui est donnée de réfléchir sur les faits, sans les nier. La mort est là, la torture, la barbarie, l’endoctrinement des jeunes, l’utilisation des moyens de pression sur les adultes… mais la vie aussi, avec ce qu’elle peut apporter de douceur malgré tout, malgré la peur obsédante.

      Ce n’est pas un livre désespéré… même lorsque les mots nous arrachent le coeur.

      Je suis d’accord, c’est un long poème… une ode à quelque chose de plus profond, de plus important qu’une guerre parmi d’autres – ce n’était pas la dernière, vous le savez -.
      Je crois que tout ce que l’on pourrait reprocher à l’auteur, ce sont des maladresses qui sont dues, sans aucun doute, à sa jeunesse.

      Zusak est né en 1975… Devant ce qu’il écrit aujourd’hui, je me demande ce qu’il écrira plus tard, s’il poursuit l’aventure littéraire, ce dont je ne doute pas.

      Vous savez… je n’ai pas fait le parallèle avec Anne Frank. Je crois que c’était important. Liesel existe rien que pour elle, comme d’autres personnages de ce roman. Je pourrais en parler des heures.

      Je vais seulement vous rappeler quelques lignes des derniers mots de l’histoire… Vous en souvenez-vous ?

      « J’aurais aimé parler à la voleuse de livres de la violence et de la beauté, mais qu’aurais-je pu dire qu’elle ne sût déjà à ce sujet ? J’aurais aimé lui expliquer que je ne cesse de surestimer et de sous-estimer l’espèce humaine, et qu’il est rare que je l’estime tout simplement. J’aurais voulu lui demander comment la même chose pouvait être à la fois si laide et si magnifique, et ses mots et ses histoires si accablants et si étincelants.
      Rien de tel n’est sorti de ma bouche. »

      Je crois que si j’enseignais encore aujourd’hui, j’en aurais lu des extraits à mes élèves, juste pour les faire réfléchir et pouvoir ensuite en discuter. Ils étaient tous concernés par la violence… et ça aurait peut-être été l’occasion de montrer qu’elle peut mener trop loin et qu’il y a plus important que la couleur de la peau, la religion ou le sexe. Il y a la Vie, à défendre à tout prix, la Vie et ce qui peut la rendre précieuse : l’amitié, la fidélité, le respect, l’amour que l’on reçoit et que l’on peut rendre… (dans le désordre et de façon très incomplète).

      … J’ai peut-être tort… mais c’est aussi ce à quoi j’ai pensé en lisant ce livre.

      Pardon d’avoir été si longue à vous répondre.
      Merci pour votre indulgence.

  9. Comme tu sais si bien le faire, tu nous guides vers l’envie de lire, merveilleuse bibliothécaire… Je vais donc l’ajouter à la pile.
    Merci à toi amie. Prends soin de toi, je t’embrasse fort.
    Dame Sophie.

    • Je te dirai donc la même chose… Si tu le lis, tu me donneras ton avis ?

      Merci, Sophie. Je t’embrasse très fort aussi.

  10. Excellent! Parfois la présentation est si bonne qu’on est un peu déçu par le livre..
    Je blague on a bien envie de lire celui ci.
     » La mort est un manque de savoir vivre » P Dac

    • Alors, si tu le lis, j’espère que tu ne seras pas déçu…

      Merci pour ce joli compliment et pour la citation de Pierre Dac. J’aime beaucoup.

  11. Les extraits choisis, le texte du billet ….je le rajoute sur ma liste pour la prochaine fois que je vais en ville.

  12. Je me demande si ce n’ est pas ta meilleure présentationd de livre …..
    Encore un dans ma liste d’ achats.
    Si ça continue, je vais être obligée de louer un avion pour transporter mes livres !!!!
    Bisous ma Quich’ et bonne nuit

    • Je crois que c’est l’un des livres que j’ai préférés cette année… Alors, ça ne m’étonnerait pas.

      Louer tout un avion… bonne idée ! Tu m’emmènes ensuite ?

  13. Te suivre même quand la mort raconte…je réfléchis…mais tu es, et elle est « tentante » c’est bien là le problème

    Je t’embrasse

    • Tu réfléchis… C’est bien, il ne faut jamais suivre les inconnus, même tentants.

      Je t’embrasse, Lmvie.

  14. Toujours aussi bien raconté et tu as le don de nous laisser sur notre faim …
    Bon week-end ! Bisoux.

  15. un petit passage, alors que toute la smala vient de partir.

    Bon dimanche à venir. Bises de nous deux.

    • Vous deviez être heureux, ainsi, tous ensemble…

      Très bon dimanche à vous deux. Bises affectueuses à vous partager.

  16. Voleuse de livres ! parfois devant toutes ces merveilles, je serais tentée; il m’est difficile de choisir , de différer ( budget oblige ) ….les bibliothèque c’est bien mais j’aime bien les garder, m’en entourer, les regarder, les relire tous ces voyages merveillleux !
    Bonne nuit Quichottine, j’entends la pluie qui commence à jouer

    • Tu pourrais déjà tester en bibliothèque pour voir si le livre te plaît à toi.

      Bonne nuit, Balaline.
      Merci pour ce partage.

  17. Oh oui, ma Quich’ !
    Je t’ emmène avec moi quand tu veux !!!!!!
    Gros bisous

    • J’espère qu’elle te plaira.

      J’aimerais bien que tu me dises ce que tu en penses.
      Je le verrai bien dans l’une de tes chroniques !

  18. La mort qui raconte; c’est assez oiginal pour nous donner envie d’aller écouter ce qu’elle  nous dit! J’ai vu que les critiques sont très bonnes  et que ce livre a reçu des prix;
    merci de nous faire découvrir ces petites merveilles! bisous

    • C’est un livre très original… mais il faut peut-être s’accrocher un peu au début. Le style peut déconcerter.

      Bisous, Fanfan.

  19. En lisant ton résumé et certaines de tes réponses, je me suis demandée pourquoi ce n’est pas la vie qui raconte. J’ai été attirée par le titre la voleuse de livres, le livre n’étant pas par définition un objet de première nécessité, il faut vraiment être passionné par la lecture pour en voler un. Mais tout ce qui fait référence à cette sombre période me bouleverse, j’ai lu tant de livres sur ce sujet, j’ai entendu tant de témoignages poignants des survivants des camps que j’ai désormais une certaine appréhension face à ce type de lecture.
     

    • Sans doute parce que c’est la Mort qui a le plus marqué l’époque où se situe le roman.

      Je ne crois pas que tu doives appréhender cette lecture. Du moins pour ce livre.
      Finalement, c’est une belle fresque qui se termine sur une note d’espoir.

      Les camps sont là, évidemment, mais ils sont en arrière plan.

      Je crois que c’est une vision légèrement différente… Mais, bon, c’est mon impression.

      Merci pour tout, Santounette. Bisous et bonne soirée.

    • Oh… il devrait te plaire, je crois. Mais, si tu le lis, et même si tu ne l’aimes pas, tu me diras ?

  20. tu vois , je suis revenue ici avec le temps dont j’avais besoin pour lire tout cet article et suivre tes liens.
    Intuile de te préciser que j’ai envie maintenant de le lire en entier.

    • Merci infiniment, Jeanne.

      Je serai très contente si tu as l’occasion de le lire et de me dire ce que tu en auras pensé.

  21. j’ai lu ce roman il y a quelques jours. Un coup de coeur !

    Ce livre réconcilie à la fois avec la vie et la mort. Tant qu’un souffle existe, l’existence est toujours pleine d’espoir. Finalement la mort n’est pas notre ennemie intime, mais seulement la plus vieille observatrice du monde. Elle se contente de recueillir les âmes une fois le spectacle terminé.

    Ta vie doit avoir été bien difficile pour que tu t’assimiles à une survivante. C’est peut-être ce qui fait ta force et te permet d’imaginer des mondes merveilleux et des personnages fantastiques.

    Quant à moi, j’ai surtout pensé à ma maman lorsque la Mort parle des survivants et des belles âmes.

    Bisous

    Marie

    • Ce livre remue beaucoup… mais je pense qu’il est merveilleux et je remercie Polly qui me l’a fait découvrir.

      Je pense que nous avons tous des moments difficiles… et aussi des moments où la vie est belle, très belle. Il faut savoir en profiter le mieux possible.

      Merci pour ce partage, Marie. que ta journée soit belle !

  22. Je vais le rajouter à ma liste de livres à lire car ton enthousiaisme est communicatif. Biosus et bonne soirée !

    • J’espère qu’il te plaira… c’est l’un de mes coups de cœur de cette année.

      Bises et belle journée à toi.

  23. Je ne pense pas que je me procurerai ce livre maintenant même si tu l’as si bien décrit … J’ai besoin de lectures gaies en ce moment pour les vacances mais je mémorise….

    Nouvel article sur quaidesrimes : http://quaidesrimes.over-blog.com

    Bisous

    • J’ai mis longtemps entre le moment où je me le suis procurée et le moment où je l’ai lu.

      Je crois qu’il y a des moments comme ça, des livres qui demandent plus que du temps et celui-ci en est un.

      Tu sais… En te lisant, je pensais aux livres d’Annie Ernaux. Quand je la lis, il me faut aussi être « en forme »… je voulais la relire, là, pour vous parler des émotions ressenties. J’ai dû arrêter, ce n’était pas le bon moment. Plus tard, sans aucun doute, parce que c’est quelqu’un que j’admire, que j’aime.

      Pour Quai des rimes, tu sais, ce n’est pas la peine de m’avertir, je me suis abonnée.

      Je ne voulais pas risquer de rater l’un de tes billets… Alors, tu es entrée dans le cercle très fermé des blogs que je lis à chaque publication.

      Bisous.

  24. C’est un livre que j’avais acheté, sans grand espoir, parce que je n’avais rien à lire… Et je dois dire que ça a été une sacrée et grande surprise !
    Que d’émotions !
    Je viens d’ailleurs de publier mon avis sur ce livre sur mon blog…

    Joli articles, je reviendrais 😉
    Bonne continuation !!

  25. Toujours aussi bien raconté et tu as le don de nous laisser sur notre faim …
    Bon week-end ! Bisoux.

  26. OUFFFF…
    TU sais que la pile qui attend, je veux dire ma pile de livres à lire est déjà haute!!!
    Et toi, tu viens m’inoculer le virus du « encore »…
    Gros bisous à toi ma Quichottine 

    • Tu vois, il y a des livres comme ça… qui donnent envie de le relire !

      Gros bisous à toi, Renard. Merci.

  27. je crois que je vais me l’offrir… en parlant de dévoreuse de livres, Petite Lady est enfin sortie… sur mon blog aujourd’hui! Gros bisous

  28. Ah, déjà noté dans ma liste à lire ! 
    J’ai déjà lu de très bons avis sur ce livre, ton billet enthousiaste me confirme la nécessité de découvrir ce roman…
    Bonne journée !

  29. C’est certain que ces mots clés attirent…l’inconnu fait peur mais attire!
     Bonne fin de semaine Quichottine

  30. Tu me réjouit de bon matin.
    Ah! ce récit! J’en ai encore tant de souvenirs et tu me les rappelles avec tant de talent.
    Ce fut un moment si fort pour moi, des rencontres comme celle-là ne sont pas si fréquentes dans la littérature actuelle.
    Merci Quichott’ pour ce billet tendre et convaincant.

    Je t’embrasse très fort.

    • J’en suis heureuse…

      Merci à toi d’être venue me lire aujourd’hui.
      Je t’embrasse très fort aussi.

  31. Je reviens plus tard lire ton article en détail (j’ai horreur de les survoler). Mais aujourd’hui je suis pressée je pars à Athènes et j’ai un train à prendre. Je serai de retour Samedi soir. Donc je reprendrai ma lecture Dimanche Bises

  32. écouter la mort
    qui tremble dans son antre
    pourrait aussi faire trembler les cieux

    alors sans peur
    sans trouble sans partage
    la regarder dans les yeux
    pour ne pas en souffrir

    j’ai aimé

    bon w.e
    d’un paradis envolé……….

    • Merci, Iriwin…

      La regarder dans les yeux pour ne pas souffrir… j’aime aussi !

      Merci pour ces mots.

      Passe une bonne soirée et un bon dimanche.

  33. Cela donne envie de connaître le point de vue de « cette » mort.
    Parfois je suis tenté d’ajouter un 3ème personnage : le destin !

  34. Le titre est étonnant… et toi en tant que « dévoreuse » de livres, ça ne m’étonne pas que tu aies été attirée par ce titre…
    Un livre qui ne laisse personne indifférent tel que tu le racontes. A lire donc.
    Bonne jounée.
    Tu as laissé le vent breton derrière toi….

    • Sourire… je dévore moins depuis quelque temps, j’écris davantage.

      Si tu le lis, tu me diras ?

      Bonne soirée à toi, Petite Elfe.
      Ici, j’ai retrouvé la grisaille et la pluie.

  35. Quel très beau billet, bravo ! Je vais le lire de toute urgence !!!!

  36. très beaux, très forts, les mots, les images qu’ils évoquent. merci

  37. Ce sont des lecture recommandées pour les jours à optimisme. Les thèmes sonr durs et surement sint-ils de bons romaons. Mais la mort y est si présente !
    Bisous ma Quichottine
    Nettoue

    • J’ai connu d’autres romans pires pour le moral…

      Mais tu as raison. La Mort est là, même si elle est si douce et humaine qu’elle surprend.

      Bisous à toi, Nettoue. Passe un beau dimanche.

  38. Bonjour Quichottine

    Ricochet le recommande à partir de 14ans seulement. Je crois que je vais attendre un peu avant de me lancer dans cette lecture qu’il dit exigeante. C’est ma période pré-noël où j’essaie de me mettre à la portée des derniers nés pour imaginer les cadeaux qui me plairait !

    D’autant plus que j’ ai trois livres en route: Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis, Madame Ba d’Erik Orsenna et un dont j’ai oublié le titre qui m’emmène en 1340 où un peintre court dans l’Europe à la suite des épidémies de peste pour peindre l’enfer au plafond d’une chapelle et arrive toujours trop tard !

    Le titre est accrocheur et ta présentation longue et soignée.  Tu dois y passer autant de temps que la lecture numéro 3 de ce roman.   Merci de la peine que tu donnes pour nous informer.

     
    Bonne soirée

    Bises du grillon

    • Je pense que Ricochet a raison… Alors, attends.

      Mais, si tu as un jour le temps, toi qui es si sage et qui aime tant la vie, la vie que l’on peut partager avec d’autres, j’aimerais que tu me racontes à ton tour ce que tu en auras pensé.

      Tu sais… j’aime parler de ce que j’ai aimé. C’est vrai que cette présentation est peut-être un peu trop longue pour une note de lecture… mais je crois que c’est un livre important.

      Merci à toi de l’avoir lue.

      Passe un beau dimanche. Bisous.

  39. Encore un livre à découvrir . L’histoir de Max est sans doute celle qui me touche le plus. Car comment sauver sa vie avec du « chiffon de papier »  comme sauf-conduit ? … C’est comme convier la Mort avec de faux papiers …
    Merci de savoir si bien parler des livres ???

    • Max m’a séduite… j’aimerais pouvoir te le raconter, mais je ne peux pas…

      Si un jour tu le lis, tu me diras ?
      Merci d’être revenue.

  40. Je ne peux, ne pourrais, plus jamais la côtoyer et la voir emporter une amie. C’est ainsi, elle restera seule et je continuerai, je continue depuis à vivre, respirer et aimer malgré le temps qui file à vive allure. Je ne peux donc m’y résoudre à feuilleter ce livre pourtant tu as titillé ma curiosité et j’ai aimé lire ta pensée du jour.

    • Je sais ce que tu peux ressentir… et je te comprends.

      Ne t’en fais pas. Le temps n’est pas encore venu pour toi de faire de la Mort ton amie.

      Mais ce livre est beau, même s’il semble un peu noir.
      Il finit bien.

  41. des passages lumineux dans ce texte mais je n’ai pas aimé ces allers et retours incessants qui brisent l’intéret du récit
    bises Quichottine, je vais bien mais pas envie du tout de passer mon temps devant l’ordi et puis je n’ai rien d’intéressant à raconter donc, place aux autres!

    • C’est un style un peu semblable à ceux que j’ai trouvé dans certains romans hispano-américains.

      Il faut prendre ses repères, et, ensuite, c’est mieux.

      Mais, tu as raison, au début, j’ai eu un peu de mal… mais après, j’ai lu d’une traite… j’ai beaucoup aimé.

      … Je l’aurais peut-être écrit autrement, mais je n’aurais certainement pas pu rendre la Mort aussi attachante.

      Merci d’être passée, Azalaïs. Cela me fait plaisir d’avoir de tes nouvelles.

  42. Bonsoir, chère Quichottine…
    je suis sous le choc
    un double enchantement…
    ta façon de présenter le livre,
    le livre lui-même…
    je vais aller le lire.
    merci
    bonne soirée
    bises amicales
    jean-marie

    • Bonsoir Jean-Marie

      Merci d’être passé et d’avoir laissé une trace sur cette note de lecture…

      Quand tu l’auras lu, tu me diras ?

      Bises amicales à toi et très bonne fin de soirée.

  43. Bon je ne suis pas sure que ce soit bon pour le moral ce livre si ? j’ai un doute. bises à toi Quichottine

    • Si tu n’as pas le moral, ce n’est pas le moment de le lire… et pourtant, vois-tu, j’en garde un très bon souvenir.

      Moments très forts, mais très beaux.

      Bisous, Katara. Passe une douce journée.