Rencontre autour d’un livre (2)

Si vous avez raté l’épisode précédent (clic) ne pas hésiter à le lire…

Dans la famille ‘Lagaffe », donnez-moi « Quichottine ». J’aurais pu commencer comme ça. Mais bon, il y a des histoires de copyright et je n’ai pas envie d’avoir des ennuis…

Simple rappel pour ceux qui ont lu et qui ont oublié : Quichottine vient de retrouver Nicole à la terrasse d’un café, elles vont parler de ce billet sur le livre de Pascal Quignard qui fut l’objet de bien des méprises.

Ici, c’est la suite…

•••

Quichottine se rend bien compte qu’elle a gaffé… Elle a une fâcheuse tendance à demander pardon… Même pour les fautes qu’elle n’a pas commises. Là, elle ravale ses mots et s’adosse plus confortablement. La conversation risque de durer. Elles ont commandé deux cafés.

— Tu sais…

Bien sûr que Nicole sait. Mais, elle attend, pour lui donner l’occasion de s’expliquer. Elle n’a pas aimé apprendre par écrit, dans la bibliothèque, que son amie n’avait pas aimé le livre qu’elle lui a offert. C’est normal, non ?

— Tu sais… je ne l’ai pas lu… j’ai seulement commencé.
—  Pourquoi ?
—  Eh bien, tu vois, j’en étais à la page 53… C’était dur… il y avait plein de mots en latin… des mots partout qui surgissaient et qui m’obligeaient à retrouver de vieux réflexes. Un bouclier à brandir pour ne pas me laisser envahir…
— Pourquoi ?

Elle l’énerve, Nicole, avec ses « pourquoi ? » ! On dirait un enfant tenace qui va le répeter encore tant qu’elle n’aura pas dévoilé ses complexes, ses préjugés.

Nicole sait qu’elle la pousse dans ses retranchements… Mais elle sait aussi qu’elle le doit. Ce n’est pas juste de laisser quelqu’un qui se dit « Bibliothécaire sur OB » démolir un livre de cette façon. Nicole est bibliothécaire, dans la réalité, ce que n’est pas Quichottine…

— Pourquoi ?

Nicole répète sa question. Quichottine n’a pas répondu. Comme si elle cherchait ses mots, comme si elle avait besoin de plus de temps.

— Pourquoi ?
— Eh bien, tu sais… C’est difficile…
— Qu’est-ce qui est difficile ?
— De passer de note en note, de mot latin en traduction, de se demander où l’on va… et de ne pas savoir qui est qui…
— Est-ce impossible ? Tu l’as fait lorsque tu lisais ces travaux… pour ta thèse. Il y en avait de bien plus compliqués. Là, tout est expliqué, il suffit de lire, de vouloir le faire. Tu y as mis de la mauvaise volonté !
— Ben… Tu comprends…
— Non, je ne peux pas comprendre. Je voulais que tu aies des explications avant ton voyage, sur cette civilisation, si riche qui a donné des merveilles… celles que tu verrais en visitant Herculanum et Pompéi, celles que tu as vues sans doute.
— C’est vrai. Des explications, il y en a plein ! Pascal Quignard explique, montre, nous conduit… et sans doute, et à tort, n’avais-je pas vraiment envie de le suivre.
— Pourquoi ?

Quichottine se tait, réfléchit.
Pourquoi s’est-elle arrêtée en chemin ? était-ce vraiment si compliqué ? Non, pas vraiment. Le livre se lit, pas tout à fait comme un roman, mais presque. Il suffit de faire ce que prônait Daniel Pennac. De savoir parfois ne pas tout lire… pour lire tout !

Quichottine réfléchit… elle prend sur la table le fameux livre, celui qui est l’objet de leur premier différend.

(à suivre)

66 commentaires à propos de “Rencontre autour d’un livre (2)”

  1. ça fait plaisir que la bibliothécaire Quichottine n’arrive pas à terminer un livre..Parce que ,moi,ça m’arrive aussi et ça m’agace

    • Une bibliothécaire, surtout sur OB, est quelqu’un comme tout le monde… Alors, pourquoi n’aurait-elle pas les mêmes faiblesses ?

      … Cela m’agace aussi !

  2. tu évites la réponse évidente : « parce que ! « .

    le livre est un objet-sujet qui, s’il ne séduit pas immédiatement, doit à tout le moins susciter la curiosité. Si la tienne ne s’est pas éveillée, inutile de te couvrir ma tête de cendres… l’auteur ne t’a pas touchée c’est tout…

    ciao à toi 

    • Seuls les enfants et les adolescents peuvent répondre « parce-que », surtout à une amie. :?

      Tu auras bientôt la solution, Zaq.

      Merci

  3. on a hâte de lire la suite…j’aime ta façon de nous raconter ça..ce dilemme cette gêne…donc je viendrai lire la suite avec plaisir…finalement ce livre peut-être as-tu fini par l’aimer ?…bisous…

  4. Je suis comme toi, j’aime bien me faire une opinion personnel. Quand tu as lu un livre sur ces lieux que tu visites, tu le fais un peu inconsciemment en pensant à ce que tu as lu !!

    Bonne journée. Bises..

  5. Que de difficultés avec les langues « mortes » … qu’elles soient latines ou grecques ! C’est souvent pour cela qu’on s’en détourne … au profit de langues bien vivantes pour en faire la thèse, l’antithèse et la synthèse. Bref, un tour d’horizon complet ! Nul doute qu’un passage dans la rome antique peut être complétée par une vision de ses restes antiques … pourquoi pas en Turquie ?

    • C’est vrai… Toi qui la connais bien !

      Les langues dites mortes ne sont pas plus difficiles que d’autres bien vivantes. Mais il est vrai que parfois je suis un peu paresseuse :$

      Merci pour tes encouragements…

  6. Au cours de ma vie 3 livres m’ont rebutée, j’ai repris l’un deux
    à tête reposée et j’ai été surprise de me sentir entraînée jusqu’au bout.Mon approche etait mauvaise. Les deux autres en sont restés au même point, pas d’atomes crochus avec l’auteur peut-être

    • Trois seulement ?

      J’en ai peut-être eu davantage, mais ils m’ont posés moins de problèmes.

      Feuilleter un livre à la bibliothèque, comme je le fais parfois, le reposer, parce que tout compte fait il ne nous attire pas, ce n’est pas tout à fait la même chose…

      Merci, Florence, d’être là.

  7. he_u je vais dire une grosse betise, mais est on obligé d’aller au bout d’un livre où l’on ne se sent pas bien ? fut un temps par égard pour l’auteur, j’allais au bout, maintenant il m’arrive de faire l’impasse, z’ai même pas honte

    • Non, je ne crois pas que ce soit une bêtise… ni grosse ni même petite ! :)

      Je crois que nul n’est obligé d’aller au bout de sa lecture quand elle lui pèse. Mais là, c’était le livre de mon amie, je le lui devais, en quelque sorte !

      C’était un livre différent des autres, puisque c’était un cadeau.

      Merci, Isabelle

  8. Mmm… tous les avis sont importants. J’aime l’Italie et Pascal Quignard. Mais ce livre, à mon humble avis de lectrice, est à lire pour rêver ou au retour, pour retrouver le chemin des émotions brutes ressenties à la découverte des lieux commentés.
    J’attends la suite 😀

  9. il m’est arrivé qq fois de ne jamais arriver à lire un livre, il ne me captivait pas, ne m’impregnait pas 🙁 pourquoi?… avec le temps on y revient parfois 🙂
    big bisous

    • Avec le temps… c’est vrai.

      Certains livres que je n’avais pas aumé autrefois sont devenus plus importants pour moi aujourd’hui que d’autres.

      Merci Fab

  10. Désoléede ne pas pouvoir passer plus souvent. J’espère avoir un peu plus de temps la semaine prochaine.
    Bises
     

  11. 3Savoir ne pas tout lire pour lire tout », excellent j’essaye de l’appliquer à un Umberto Eco (Le pendule de Foucault) que j’ai commencé à lire il y a bien 4 ans. Il est dans la portière de la voiture et je lis quelques morceaux de temps en temps; mais vraiment de temps…. en temps. Ce doit être mon Pascal QUignard à moi….
    A bientôt alors, pour la suite

    • Je n’ai jamais réussi avec Le Pendule… Je préfère d’autres livres d’Umberto ! ….

      Sourire… Il se peut que nous ayons chacun un livre « à lire » à petits pas…

      Merci, Alphomega !

  12.                                 

    Hello Quichottine alors comme ça tu t’appelles Lagaffe….sourire.
    Tu parles d’un nom, comme Gaston?
    Comment vas-tu? Il y avait bien longtemps que je n’étais pas venu trainer entre tes étagères, c’est toujour nickel ici pas de poussière sur les rayonnages je vois que les livres se sentent bien.
    Et toi ?
    Je te souhaite un très bon weekend
    Gros bisous
    Guthin

    • Oh, Guthin ! Cela fait si longtemps !

      Oui, comme Gaston… et ce n’est pas peu dire !

      Moi, je suis comme mes livres, il y a des hauts et des bas :)

      Merci, bon weekend à toi aussi !

  13. Moi, je veux bien essayer de lire ce livre quand tu nous diras que tu as été jusqu’à la fin… Dans l’immédiat, j’ai Gaston sous la main : quelques images, des gags subtils, une mouette rieuse, peu de texte,   😉
    ça me suffit !
    Gros bisous, Amielle. Doux rêves bleus.

  14. Je m’étais demandé si tu étais bibliothécaire Quichottine… j’avais vraiment cru que tu l’étais mais ce n’est qu’un détail, la grande bibliothèque où je me rends le plus souvent c’est ici !
    Et bien je m’en vais aller lire de ce pas la suite de votre discussion

  15. Il y avait « les mystères de la chambre jaune », ceux de Paris du vieux « Egard » et maintenant il y a « les secrets de non lecture complète » de Quichottine et ça, c’est pas simple à comprendre pas plus qu’à expliquer si j’en juge par ce que je viens de lire  …

    … mais ça mérite le suivi et même le poursuivi avec les bises

    Du Farfadet 😀

    • Merci d’être là aussi, Farfadets. Je savais que tu comprendrais quand même, même si ce n’est pas facile !

  16. Combien est-on à prendre le livre, le commencer, le délaisser, faut-il toujours expliquer lepourquoi des choses? je ne sais…
    Bisous Quichottine

  17. Moi je comprends Quichottine…. enfin j’entends par là si je n’entre pas d’emblai dans les pas de l’auteur…. je joue à la fée carabine!
    Je peux arriver au bout pour certains! pour d’autres ils tombent d’eux même de la chaise ou par terre!
    Une vraie calamity jane! non mais on va pas sa laisser…
    Bises
     Louise

  18. Ce que Pennac a écrit est très juste… mais parfois on peut tout lire, même si on ne comprend plus, qu’on perd le fil, cela n’a pas d’importance, il faut juste se laisser bercer par les mots et plus loin retrouver la phrase qui va nous guider plus loin. En fait un livre se visite aussi.

    • Je ne sais pas, Polly, si j’aurais pu le faire pour ce livre. Tu comprendras bientôt pourquoi.

      Un livre se visite aussi, c’est vrai. Tu vas faire partie de ma conférence de presse, toi !

  19. Je sais pas comment tu vas t’en sortir….je pense seulement que c’est merveilleux que tu sois venue à Pompéi avec moi et que tu te sois rempli les yeux et la cervelle d’impressions perso toutes perso , aidée par Flavia….

    • Tu seras là pour m’aider, comme toujours. Toi, tu étais avec moi, et, si j’ai pu aller là-bas, si j’ai vu ces merveilles, c’est grâce à toi et à Flavia, que je remercie de tout coeur !

      Tu seras auprès de moi, lors de ma conférence de presse.

      Merci

  20. quel récit!
    inachevé encore, mais un incroyable récit, j’ai tout lu d’une traite et la façon tu racontes me subjugue à chaque fois, un telle fluidité et en même temps ce retrait de toi-même. Je m’explique Tu te fais narratrice de ton histoire personnelle sans pour autant te nommer!
    j’attends la suite avec impatience !
    au fait, est-ce pour cela que tu t’es faite remplacé par Don quichotte l’autre jour?
    bisous
    juju

    • Pour cela ? Oui, sans doute un peu. Je ne pouvais pas être là-bas et ici… Et puis, il raconte bien non ?

      Merci, Juju !

      (Tu as changé le nom de ton blog… j’aime bien ! Je vais aller y passer un moment tout à l’heure…)

  21. pourquoi chercher à se justifier? J’ai une belle soeur prof de Français qui passe son temps dans les repas de famille à cuisiner les gens sur leur lecture, à donner son avis très tranché sur tout, pas moyen de se défiler ni d’oser dire que l’on n’a pas aimé un livre qu’elle a jugé admirable! Du coup, je me sens toute petite!
    bon, la suite bientôt alors

  22. un  livre au sein de bien des mots a moins que ce ne soit des maux …
    pourquoi ne peut -on lire ou continuer un livre
    pour ma part je le sais des les 3 ^premières pages , parfois j’arrete car je sais déjà que ca ne me plaira pas
    personne ne peut aimer les mêmes livres , c’ets pouruoi la diversité enrichit , et on en peut faire plaisir aux autres si ca ne nous fait pas plaisir ,
    bisous d’iris

  23. Coucou Quichottine, tes articles à propos de ce livre de Pascal Quignard sont passionnants et j’aime la façon dont tu nous fais partager, sans concession, tes doutes et tes apréhensions vis à vis de ce livre.
    La couverture est pourtant si belle …
    Gros bisous et très bonne journée,

    • La couverture est magnifique… comme tout ce que j’ai vu là-bas, à Pompéi.

      Très bonne journée à toi aussi, Muad, mon ami.

  24. le droit des lecteurs selon Pennac… je l’utilise aussi parfois.

    • Je suis contente que tu les appliques. C’est ma seule loi lorsque je lis !

      Merci, Bulle, tu seras dans ma conférence, toi aussi

  25. On peut aussi ne pas avoir envie de prendre certains chemins, tracés par des mots sur de simples feuilles de papier … Même quand c’est une amie qui nous les a indiqués …
    Pourquoi devrions-nous aimer les mots des autres, le goût des autres ?
    On peut revenir aussi sur ces chemins délaissés, un autre jour, avec une autre vision …
    Ici, quand je viens, je n’aime pas tout, parfois je me tais, puis un autre jour je réessaie, et de nouveau j’aime , ou pas ..
    Est-ce si important après tout ?
    LIZAGRECE

    • Tu as raison, Liza. Nous ne sommes pas tenus d’aimer les mêmes choses.

      Je suis certaine que ce qui est important, c’est de faire ce que l’on aime, et d’en éprouver du plaisir… du moins dans le monde virtuel que nous bâtissons.

      Il y a assez de contraintes dans la vie pour ne pas s’en imposer davantage !

      (Euh… moi, j’aime bien quand tu reviens :) )

  26. Mais Nicole ne lache rien ^^

    Bon mise a part le fait que oui, peut être il aurait mieux valu qu’elle l’apprenne de par ta bouche que sur ton blog, je ne crois pas que cette discution devrait s’éterniser. pour ma part je n’aurai pas ta patience . et je crois que je serais passée à autre chose ;)

    De toute façon je deteste me justifier lol

    • La discussion ne va pas s’éterniser… Je crois que nous avons tous envie de passer à autre chose.

      … Mais, tu vois… contrairement à ce que l’on peut se demander maintenant, je sais où j’ai envie d’aboutir.

      Merci d’être là, Loralie !