Le double vert (Paraboles)

Vous vous souvenez des deux lutins de Koulou ?

Les lutins de Koulou (http://lemondedekoulou.over-blog.com/article-14067324.html)

Je les lui avais empruntés, comme je le fais souvent lorsqu’une image me plaît.
Je lui avais dit : « Tu me les prêtes ?« … et, comme il m’aime bien, il l’avait fait.

Il ne m’avait même pas demandé pourquoi je les voulais…

C’est bien simple, vous allez comprendre tout de suite.

Pour que mon lutin bleu puisse exister vraiment, il lui fallait un double vert ! C’est vrai… C’est du moins ce que je racontais, lorsque je m’appelais Clément et que j’allais…

– Chut ! Quichottine !
Ça, tu nous l’as déjà dit !

Nous savons que tu as été troubadour, il y a si longtemps que même les arbres de la forêt ne s’en souviennent plus !

La forêt… C’est vrai…

Il faut que je vous la raconte, cette Parabole

Le petit lutin bleu de la forêt avait déjà plus de mille ans… mais il était encore très jeune. Il n’avait pas encore rencontré son double vert.

(Ah ! Je le savais ! Vous allez encore me dire que je commence mon histoire à l’envers. Je vous parle de double vert sans vous expliquer ce que c’est…)

Dans la forêt, il y a les lutins bleus, il y a aussi des lutins roses… Ils sont très jolis, les lutins roses, ils jouent à ramasser les fleurs fanées, à en tresser des guirlandes qu’ils accrochent aux vieilles souches qui paressent le long des ruisseaux. Au contact de l’eau pure, les fleurs trouvent un regain de fraîcheur, une nouvelle jeunesse. Alors, on trouve au bord de l’eau des buissons multicolores un peu bizarres, composés de fleurs qui ne devraient pas être ensemble, parce qu’elles ne sont pas nées au même endroit. Mais cela ne fait rien. Elles ont ressuscité le même jour, au même endroit et elles se moquent bien de ce qu’il y avait avant ! Elles savent seulement que l’eau est douce et fraîche à la fois, comme le baiser que l’on échange après une ballade sur la neige.

(Tout cela est bien gentil… mais l’histoire de ce soir ne devait pas vous raconter les lutins roses… c’est … une digression.)

Les lutins bleus ont chacun un double, un petit lutin vert qui vit dans la montagne. Pour pouvoir devenir adulte un jour, il faut qu’ils se rencontrent, c’est absolument nécessaire, indispensable… sinon ils restent des enfants !

Le petit lutin dont je vous parle n’avait pas rencontré son double… Il était sûr d’ailleurs de ne jamais le rencontrer, parce qu’au bout de plus de mille ans, il avait perdu tout espoir. Vous auriez tenu mille ans vous ? Pas moi. Je n’ai pas autant de patience.

Lui, il avait tenu jusqu’à la mille et unième année… et là, il avait abandonné tout espoir, il était devenu morose.

(Non, non, vous avez mal compris, pas rose ! MO-RO-SE !… et il avait commencé à broyer du noir toute la journée.)

Lorsqu’un lutin bleu broie du noir, cela fait plein de nuages dans le ciel au dessus des villes. Cela fait aussi beaucoup de problèmes au fond de la mer… parce que les pieuvres et les calamars doivent écouler beaucoup trop d’encre…

(Le seul à être content, c’est l’écrivain du village, parce qu’il trouve brusquement de jolis poèmes dont il couvre des ramettes entières de papier.)

Ce qu’il fallait, c’était donner au lutin bleu l’idée d’aller à la montagne… ou au lutin vert l’idée d’aller dans la forêt ! Comment faire ? Au pays des lutins, il n’y a pas de chemin de fer… il y a seulement de grands radeaux qui prennent un peu l’eau si l’on n’y prend pas garde, il est vraiment très facile de les faire chavirer.

La petite fée de l’automne était très triste, parce qu’elle savait, elle, qu’il y avait quelque part un lutin bleu et un lutin vert qui ne s’étaient pas trouvés… et que ça durait depuis si longtemps que les dents poussaient aux poules.

Elle décida d’organiser un petit goûter de Noël auxquels tous les lutins étaient conviés, ceux de la forêt, ceux de la montagne et aussi ceux qui jouent à longueur d’année sur les plages du Pacifique. Elle savait bien qu’ils étaient gourmands !

C’est ainsi que notre lutin bleu a rencontré son double vert.

© Quichottine, Paraboles, avril 2007

52 commentaires à propos de “Le double vert (Paraboles)”

  1. C’est intéressant ton idée de lutin qui doivent se rencontrer pour grandir. Et je pense que c’est vrai, on se cherche toujours, dès lorsqu’on quitte l’enfance. Et même si on a trouvé son lutin vert, on continue à avancer… car l’espoir, on a réussi à le trouver.
    bisous, bonne nuit!

    • Je suis contente que cela te plaise.

      Je crois que c’est un peu absurde mais il me semble que nous ne pouvons nous passer de l’autre pour franchir nos propres montagnes. Et je crois que nous avons tous quelque part quelqu’un qui peut jouer ce rôle mieux que tout autre.

      Et, je ne parle pas ici de prince charmant ! ;-)))

  2. Elle est très belle ta parabole. Il en est des humains comme des lutins. La fée futée a organisé un speed dating.
    On s’est vues hier sans le savoir, j’étais assise avec les journalistes en face du mer et de son adjoint à gauche. Tu avais un avantage sur moi. Tu as vu ma photo et pas moi….Bises

    • C’est tout à fait cela !

      Pour hier, je suis désolée. J’aurais dû mettre ma passoire… (sourire)
      Mais, maintenant que nous sommes décidées, il n’y a pas de raison de ne pas se rencontrer.

  3. Heureuse de retrouver tes lutins…la fée de l’automne ne pourrait-elle , de sa baguette magique, faire en sorte que le temps s’arrange ?…A ce rythme là je ne vais pas passer l’hiver malgré tout les lutins qui me trottent dans la tête et qui font pourtant ce qu’ils peuvent pour me changer les idées hihi ! ……Gros bisous Quichottine et bon dimanche

    • La fée de l’automne aime la pluie… tu n’as pas de chance !

      Mais ne t’inquiète pas, le temps finira bien par s’arranger. 😉

      Bonne journée à toi aussi

  4. Bondiou !!! J’ai bien aimé !! Peut-être n’ai-je pas encore rencontré mon lutin vert ? Et je ne tiens pas à le rencontrer, pour ne pas perdre mon âme d’enfant !!

    Bon dimanche avec bises.

    • Quel enthousiasme !

      J’adore ta jeunesse d’esprit, Patriarch ! Merci…

      Bonne journée à toi aussi

  5. Quand j’étais enfant, on me disait que chacun avait son double qqpart, ou qu’un ange gardien nous suivait partout.Maintenant, je sais qu’il faut rencontrer son lutin vert pour se réaliser totalement.Le pb , c’est qu’il y a des milliers de nuances de vert et que le choix est difficile.   VITA

  6. Tu nous proposes un billet délicieux comme je les aime avec les lutins, les fées. J’ai failli perdre le fil de l’histoire entre les lutins et les fées mais ouf je l’ai retrouvé grâce à la fée de l’automne.
    On dit que chaque individu à son double quelque part dans le monde et ta petite histoire me laisse sonjeuse…
    Bon dimanche 
    Gros bisous
    Santounette
     

    • Tu n’as pas trouvé le tien ?
      C’est vrai qu’il y a des milliards d’êtres humains sur terre… ce n’est pas facile !

      Merci d’être là, Santounette ! Bonne journée à toi aussi

  7. C’est un autre bon moment que je viens de passer avec tes lutins, je me sens rajeunie.

  8. Lecture très agréable…j’adore tes petits lutins..surtout en bleu! Biz& bon dimanche*~~

  9. Sympa ton conte . Mais quand tu ecris :
    La fée envoie toutes les marmottes dormir… parce qu’une marmotte qui appelle ses copines pour le goûter, ça fait du bruit ! 

    tu penses a quelqu’un en particulier quand tu évoques les « marmottes » ???
    je suis dans le doute . 

    • Morte de rire, Félix… Je ne pensais à personne en particulier.

      Pourtant, à y réfléchir, j’aurais pu !

      (Si ça peut te rassurer tout à fait, ce conte fait partie d’un ensemble qui a été écrit avant que je n’entre dans la blogosphère…)

      Tu ne doutes plus ?

      Merci d’être passé…

  10. C’est bientôt la fin de l’été, et cette bonne fée va arriver
    Elle va peut-être organiser, cette fois un autre goûter
    pour tout les humains esseulés, qui cherchent encore leur moitié.
  11. un lutin bleu qui broie du noir et une fée de l’automne aux mille couleurs, là pitié  mon imagination de pauvre daltonien fait grise  mine
    bonne journée

    • Je ris ! Merci, Pol … je suis sûre que les mots, eux, ne te font jamais défaut !

      Bonne journée à toi !

  12. Ah ! une histoire de lutins avec de jolies illustrations vite je m’installe… 

  13. Après un instant de plaisir passé parmis les Lutins et les Fées, je m’en vais au travail, en attendant ma douce moitié.

    Quelle belle histoire à lire à deux – sourire –

    Amicalement

    • Ah… tu n’as pas trouvé ton double vert ?

      Mais qui sait ? Peut-être resteras-tu enfant, même lorsque tu l’auras trouvé ?

      Bonne soirée, Naufragé…

  14. C’est le soir que je devrais venir te lire … j’y penserai dorénavant cela fait écho en moi : une douce voix qui parlait tout bas

    • C’est vrai… et après tu prendrais ton doudou et tu ferais un gros dodo… (sourire)

      Merci infiniment, Plume

  15. iCI : GUERE DE LUTINS BLEUS QUI BROIENT DU NOIR …
    LE SOLEIL BRILLE PAR-DELA LES MONTAGNES …
    Merci pour cette belle hsitoire
    LIZAGRECE

    • De rien… Merci pour ces moments de pur plaisir que je prends en te rendant visite. Une orangeade qui m’attend et toujours des sourire.

  16. La fée de l’automne me plaît énormément, à cause de sa générsoité toute discrète. J’ai eu peur un moment, tu disgressais, tu digressais, j’ai même failli retourner sur les traces de Clément, mais il est revenu tout seul vers moi… ce lutin-là.
    Mais peut-être que le lutin bleu n’a pas trouvé son lutin vert parce qu’il ne savait pas où chercher, sa montagne paraissait trop abstraite, si difficile à atteindre. Il est des montagnes si secrètes qu’on ne les voit qu’avec beaucoup d’attention et si vraiment on les cherche sur des cartes perfectionnées et avec l’aide d’une fée de l’automne par exemple.

    Dis-moi, et le lutin vert? Etait-il aussi triste et morose dans sa montagne? ou attendait-il patiemment?

    • Je pensais bien qu’elle te plairait…

      Le lutin vert ?
      Un jour je te répondrai… Mais chut ! Pour l’instant, c’est trop tôt.

      Je t’embrasse fort, Polly !

  17. On ne peut pas lutter avec tes petits luntins, bleus ou verts !

    occupée mari hosto, je lutte avec lui pour le moment !

    mais …. je reviendrai je reviendrai !!!!

    • J’espère que tout ira bien, Melly. Je suis de tout coeur avec toi.

      Mes pensées t’accompagnent. Prends soin de vous…

  18. C’ est merveilleux ! Grêce à toi, je me suis revue toute petiote, assise aux pieds de mon arrière-grand-mère qui me racontait des histoires …. Je viens de revivre ces instants magiques. Pourquoi aujourd’ hui spécialement ? Je ne sais pas, mais j’ ai eu cette vision tout au long de cette parabole.
    Merci de tout cœur sœurette 🙂 

    • Je crois que j’aurais aimé ton grand-père, Clo.

      Je suis heureuse de voir que j’ai pu te ramener vers des moments magiques…

      Merci d’être ma soeur chérie !

  19. Les voilà qui filent vers leur parcours de vie adulte!!! Mais sans doute leur restera-t-il encore leur âme d’enfant!
    Gros bisous du dimanche Quichottine!

    • Le lutin bleu gardera toujours une part de rêve… Le lutin vert est sa part de réalité.

      Merci, Sylviane ! Bonne journée à toi aussi

  20. “Noche de misterios

    Luna de travesuras

    Biblioteca a solas

    Van y vienen

    Chiquititos y gentiles

    Los pequeños y juguetones

    Duendes

    de la señora Quichottine

    Dando saltos,

    Dando brincos

    De libro en libro

    Iluminan las palabras

    Despertando nuestro sueños

    Niños nos volvemos

    Y atrapados en cascadas de colores

    Viajamos en el tiempo y en el espacio

    Por Bosques , montañas y lagos

    ¡Qué algarabía  en la sala!

    A oscuras

    Azules, verdes

    Y algunos rosas

    Apenas perceptibles

    Se esparcen en los estantes

    De la biblioteca

    Chillan, cantan

    Y cuando la lámpara de arena se apaga

    y los ojos de la dueña se abren

    vuelven  galopando a su lugar

    contentos de las aventuras

    que  aparecerán

    En la bella historia

    Que mañana

     nuestra amiga

    Nos contará.”

    “Simplemente yo” (S.YO)  para ti sin pretensión

  21. c’est bon parfois de redevenir enfant, mais surtout, l’enfant que l’on aurait aimé être
    bises

    • Je suis d’accord avec toi, Azalaïs.
      Cela permet de se créer ses propres rêves, même lorsque l’enfant que l’on était n’en avait pas.

      Merci d’être là

  22. j’aime tes paraboles… qui m’entrainent si loin, jusque dans une foret aux mille couleurs….

  23. c’était peut être pas prévu, mais j’ai ri avec ton histoire….
    j’adore…. bizzzzzzzzzzz

  24. Encore un joli conte comme seul toi sait  les écrire 😉
    un brin d’humou, de fantaisie de rêve, tes fées saisons sont magnifiques 😉

    Bises ^^