Photocopillage

Je réfléchissais… Vous allez trouver que je réfléchis beaucoup en ce moment…

Je vous entends déjà :

Ne réfléchis pas ! Lis !

Mais la lecture peut être sujet à (ou de) réflexion.

Il est tard, à l’heure où j’écris, nous sommes presque samedi. Demain il aurait peut-être fallu que je vous parle d’un tableau… D’ailleurs, C’est MP qui me demandait si j’avais un tableau pour lui montrer le sourire béat de don Quichotte

J’ai cherché… et je n’ai pas trouvé. Pas celui que je voyais… J’aurais pu demander à l’un de mes blogopotes de me le dessiner, parce qu’il y a parmi eux des personnes très douées.

…C’est vrai. Il suffit parfois que je demande et pfffff, d’un coup de baguette magique (ou plutôt de palette graphique, quelquefois), tout est là !

J’aurais pu, oui… mais vous savez, mes blogopotes, ils sont comme nous tous, ils manquent un peu de temps ! Il arrive qu’ils s’évadent… Ils se disent que ce sera plus facile pour eux de ne pas revenir… Il arrive qu’ils fassent comme moi, qu’ils s’arrêtent un jour ou deux… Qu’ils fassent comme Kinou, qu’ils publient un jour sur deux ou sur trois… comme Maître Po. … Il arrive qu’ils s’arrêtent plus longtemps… comme Alex Owl, le Hibou.

Alors, il me semble que leurs pages jaunissent, comme celles d’un vieux cahier. J’ai l’impression que les coins noircissent à force de les feuilleter. Inlassablement, je reviens à la même page, celle où je me sentais bien…

C’est comme ça… C’est comme dans la vie, nous avons tous des moments de faiblesse, des hauts et des bas.

Parfois, il arrive aussi, que sur un coup de cafard, un coup de rage ou de désespoir, on déchire son cahier… C’est si facile d’effacer ! Un clic ou deux de la souris, parfois davantage… et il ne reste rien de quelques mois ou bien d’années. Rien que quelques liens vides, rien que des commentaires sur des blogs amis, des commentaires qu’on croise au hasard d’une relecture…

Alors, moi, aujourd’hui, j’ai recréé un lien, un seul, vers ma page préférée d’un blog qui n’existe plus.

J’espère que Clerval me pardonnera, ce photocopillage, ce pillage de ses archives cachées dans Google… Elle n’est plus là… Elle était partie, elle est un jour revenue, comme Napoléon, lors des Cent Jours… puis ce fut son Waterloo … Il ne reste plus rien et,  voyez-vous, ce soir, je voulais qu’elle soit là.

L’image, elle me l’avait donnée… le texte, je le lui ai emprunté parce qu’il parle d’elle, et si vous cliquez sur l’image, vous trouverez, un peu plus loin, un autre de ses textes, celui que j’ai lu et relu tant de fois que mes doigts savent seuls où le trouver.

Clerval

 

Elle avait avec les mots un rapport quasi passionnel.

Elle s’en emparait, se les appropriait, vous les jetait à la face, ou bien les câlinait, les susurrait, les dégustait … Aucun ne lui résistait. Elle aimait les rugueux et les ardus.

Elle s’amusait de leur sonorité, se délectait de l’effet qu’ils produisaient. Quand elle se déchaînait, le charretier n’était pas son cousin, c’était elle. Quand elle s’alanguissait, elle ne craignait aucunement le ridicule.

Piments qui emportent la gueule ou berlingots suçotés, elle usait de tous avec délectation.

D’aucuns l’appelaient l’aboyeuse, quand d’autres la nommaient la noyeuse, tant elle savait noyer le poisson.

Vous dire que cela ne lui joua jamais aucun tour serait mentir ! Dame ! Quand on s’intéresse plus à la mélodie qu’aux paroles, on s’expose à ne pas être entendue !

Mais pour qui aime la musique, qu’importe le sens quand les mots sont beaux …. Et sa musique ne dit-elle pas quelque chose de cohérent, puisqu’elle parle d’elle ?

Clerval, Rien à voir, 3 août 2007, 9h40… Blog Orange

Voilà… Clerval était une magicienne des mots, elle en jouait comme de la musique qu’elle nous faisait écouter. Elle est partie depuis si longtemps que je doute qu’elle revienne à présent…

Mais qui sait ? Comme Roland attendait Bill, moi, je l’attends.
 abug_fck_fck

42 commentaires à propos de “Photocopillage”

  1. J’ai lu….
    Très belle poésie……c’est vrai!
    Mais, ce qui ne cessera de m’étonner, parmi tant de blogs de qualité, c’est ce désenchantement qui flotte……un peu comme si leurs auteurs attendaient quelque chose du blog…..quoi ?…….qui n’est pas advenu……
    Personnellement, je ne l’ai jamais vécu ainsi….c’est un plaisir que d’écrire, au gré du courant qui emporte, de lire les choses les plus inattendues, de rire, de provoquer, de tisser ces liens avec des personnalités si différentes….
    C’est un plaisir en soi….sans finalité particulière sinon celle d’une fete de l’esprit…
    Je pense qu’avoir un blog n’est pas écrire un livre ou proposer ses textes…..c’est faire un bout de voyage avec les amis…. et ce doit etre terrible de se retrouver tout seul sur le chemin….
    …..à moins d’avoir des problemes de la vie……ou bien d’etre particulièrement aride et draconnien….et déçu….

    • Je pense que chacun voit son blog à sa façon et qu’il n’y a pas qu’un seul mode d’emploi…

      Une fête de l’esprit, je crois, oui, que tu la réussis chez toi.

      Faire un bout de chemin avec des amis, c’est ce que je fais ici. Mais je le fais en proposant de partager ce que j’aime, ce peut être mes lectures ou des moments particuliers.

      Aujourd’hui, j’évoquais quelqu’un qui comptait beaucoup. Je crois que lorsque qu’on a « rencontré » un autre imaginaire, qu’on l’a apprécié, qu’on a pu échanger longtemps, c’est difficile de l’oublier.

      Passe une belle soirée, Chris.

  2. Quel bel hommage à Clerval que je n’ai jamais visitée. Il est trop tard.

    Nos blogs sont parfois aussi nos cache-misère, nos béquilles. 

    Ne plus en avoir besoin peut être une preuve de guérison….. mais ce peut être aussi un « suicide » de supprimer la plus belle partie de soi….

    Bises

    • Tu as raison, Martine. Je n’avais pas pensé à ça. Ce peut être une preuve de guérison.

      Je crois que j’ai toujours un peu de mal à « effacer ».

      Quand on efface son blog, on efface non seulement ses textes mais ceux de ceux qui sont passés. Il faut y réfléchir.

      C’est une question que je me pose en ce moment.

  3. Les hommes et femmes sur la toile, dans les orangeraies, sur l’au-delà-blog, sont comme dans la vraie vie, de passage. Ils passent, déposent par ci et par là des morceaux de leur vie, codés ou pas, à lire ou à écouter. Lorsque ces morceaux nous touchent, sont aussi beaux que ce texte de Clerval, on regrette que leurs auteurs ne soient plus présents. Sont-ils absents pour autant ? Ne sont-ils pas partis enrichir d’autres lecteurs, d’autres lieux ? N’est-ce pas ce flot en mouvement qui fait la richesse du net ? N’est-ce pas l’eternel renouvellement qui fait la richesse d’une société ?
    Bien-sûr, nous préférons que les personnes les plus interessantes, les plus enrichissantes ne nous quittent pas, un peu d’égoîsme bénéfique. Bien sûr que ces personnes pourraient continuer à nous emmerveiller, tout en voyagant. Mais ces mêmes personnes, découvrent, s’emerveillent elles-même devant d’autres et finissent par être happés par ce doux courant qui a fait croitre les Hommes sur toute la face de la Terre, et qui continue sur cette toile virtuelle. En espérant bien entendu que rien de fâcheux ne lui soit arrivé, je préfére croire qu’il ou elle a eu l’audace de lacher ses amarres et s’est laissé porter par le Doux Courant.

    • Tu as raison, Madame Yoyo. Tout est possible.

      Merci pour cette belle leçon d’optimisme… Un Doux Courant ? Pourquoi pas ? Ce serait bien !

  4. Je ne me souviens pas d’ être allée sur le blog de Clerval, mais  je sens que cette absence te manque….
    J’ ai lu ce texte. Que de cache-poussières et de cache-misère n’ utilisons pas pour masquer nos faiblesses et nos travers.
    Bisous ma Quichottine

    • Clerval avait peu de visiteurs, mais c’étaient des fidèles. Elle n’est pas restée assez longtemps. peut-être lui avons-nous mis trop de pression.

      Bonne soirée, Clo. Merci pour ta lecture…

  5. Fichier hébergé par Archive-Host.comJ’ai du rater cette amie qui te manque, j’ai déjà croisé son nom mais je n’ai pas le souvenir de son blog…Il est curieux de constater à quel  point certains blogueurs ou blogueuses peuvent manquer quand ils décident de laisser leur blog…j’en ai fait la douloureuse expérience…Je crois que je n’oublierai jamais certains échanges, certains fou-rires..Je n’ai jamais retrouver le même genre de blog…c’était avant les élections et les débats faisaient rage, un rendez-vous incontournable de l’Orangeraie….Gros bisous Quichottine et qui sait , tu retrouveras peut-être Clerval et moi mon pote Hacair, grâce à qui j’ai fait la connaissance d’Alain-Julien qui lui aussi a été marqué par son départ;……Bisous…

  6. Je comprends que tu la regrettes,tu nous parles d’elle avec beaucoup de tendresse,a-t-elle dit pourquoi elle s’arrêtait ?As-tu compris ses raisons?Je regrette moi aussi de ne pas pouvoir la lire et merci de nous parler d’elle

    • Je crois que j’ai compris une partie de ses raisons… il y en avait tant ! Mais je voulais lui réserver une place ici… Je crois que c’était important pour moi, sans doute plus que pour elle.

      Je souhaite qu’elle ait réussi à partager avec d’autres la richesse de ses mots, ses images (il y en avait partout, y compris dans ses mots) et ses sentiments si vrais.

  7. Ce texte était beau et combien vrai. Je comprends ta tristesse Quichottine.

  8. J’avais, au fil des pages, croisé une ou deux fois le blog de Clerval, peut-être lors de son cours retour. Je crois même y avoir laissé un commentaire ou deux, restés sans réponse. J’avais trouvé ses textes très beaux mais également emprunts d’une grande tristesse et de beaucoup de mélancolie. J’espère comme toi que : « pas de nouvelle, bonne nouvelle ».
    Comme le dit très bien Cali, les blogs sont parfois (souvent, j’ai l’impression !) une sorte d’échapatoire à la vie réelle (plus encore pour certains que pour d’autres), le faire disparaître peut-être signe d’un bouleversement dans la vie, un bouleversement positif ? En tous cas, comme toi, je n’aime pas l’oubli…

    Bises et bonne soirée à toi, Quichottine !

    J’espère du fond du coeur, que tout va bien pour Clerval !

  9. C’est dommage de supprimer un blog. Mais c’est sûr, chacun fait ce qui lui plaît…
    Au moment où j’écris ces lignes, devine quel personnage je vois à la télé. 
    On en parle beaucoup en ce moment grâce au spectacle » Don Quichotte contre le seau (heu pardon) l’ange bleu!

  10. Je pense souvent à Clerval, c’est vrai que ses mots me manquent…
    sa façon bien à elle de pointer du doigt ce qui dérangait , ce que nous refusions souvent de voir.

    Mais ce cache-misère n’aura pas été sufisant pour elle… 
    elle qui a préféré fermer la porte, sans même nous laisser la possibilité de retourner lire ses textes  lorsque l’envie ou le besoin s’en fait sentir…

    Mais à chacun de choisir la façon dont il gère son blog, de décider  de le fermer ou non…

    Nous ne pouvons que nous incliner devant sa décision et devant cette porte close….

    Mais elle restera une des belles rencontres que j’ai faite dans cet  univers de blogs…

    Je pense à toi et te souhaite un bon dimanche Quichott’

    • C’est vrai, je crois qu’elle porte un regard acéré sur ce qui l’entoure.

      … et elle trouve les mots… Il y en avait tant ! J’ai eu la chance de les voir dans l’Orangeraie… et d’en voir quelques-uns sur OB. Certains étaient communs aux deux espaces, d’autres non.

      Nous sommes tous libres. Je m’interroge souvent sur ce que je ferais si…

      Merci Kinou… Vous êtes peu nombreux à avoir été là depuis le tout début… ou presque !

      Bon dimanche à toi aussi… Merci

  11. Une lecture tres agreable , fluide et douce . J ai beaucoup apprecie , merci .

    • Merci, Vagabond… Tranches de vie ? c’est le nom de ton blog ? Tu n’as pas laissé d’adresse valide… mais j’ai cherché. Je ne suis pas sûre de ne pas me tromper de blog…

  12. Je ne connaissais pas Clerval mais ça me fait toujours quelque chose de voir un blogueur nous quitter parce qu’au fil du temps, des mots que nous déposons dans nos commentaires, qui s’échappent de nos blogs pour atterrir dans nos boîtes mails puis parfois sur MSN pour finir par être dits de vive voix, des liens se créent.
    D’un autre côté, si ce blog était une échappatoire, on ne peut que se réjouir de le voir disparaître, cela veut dire que la personne va mieux, si de véritables liens se sont créés, ils perdureront hors blog.
    Dans le cas contraire, on s’inquiète forcément ! J’espère que Clerval n’était pas de ceux-là et que tu n’as pas de raison de te faire du souci pour elle Quichottine.

    Bon week-end ma belle
    Bisous

    • Je vois que nous sommes plusieurs à penser de la même façon… c’est rassurant !

      Tu vois, je pensais qu’il y a des livres qui tombent dans l’oubli. De la même façon, il y a des textes qui n’ont fait que passer… Là, je rangeais mes étagères, en quelque sorte.

      J’espère que Clerval va bien, mais je voulais qu’on ne l’oublie pas.

      Merci, Cali, bon week-end à toi aussi

  13. C’est un très bel hommage (comme tu sais le faire) que tu rends à Clerval. Et grâce à toi, la magie de ses mots continuent à se diffuser.

    J’aurais envie de te dire « Ne sois pas (trop) triste qu’elle ne soit plus là mais réjouis-toi d’avoir pu échanger avec elle des mots magiques »

    Bon samedi et bon dimanche, Dame Quichottine.

    • Merci, Elleiram, tu as raison. Nous avons pu échanger, et qui sait ? Nous le pourrons peut-être encore.

      Bonne fin de semaine à toi aussi, Elleiram !

  14. JE SUIS HORS SUJET  je reviendrai …..je voulais t’inviter à la fête de l’ecole ……bises

  15. Je viens de lire …quelle tristesse! je crois qu’ici c’est comme dans la vie ,il ne faut pas trop s’attacher! facile à dire…… Ici , ce qui est pire c’est que les gens que l’on  aime peuvent disparaitre sans un mot ….bises

    • Je ne sais pas, Nymphea…. ou plutôt je suis d’accord avec toi lorsque tu dis « facile à dire ». Je crois qu’il y a des sentiments qu’on ne commande pas.

      … et c’est tout à fait ça. Ceux qu’on aime peuvent disparaître sans un mot… Un jour, tu cliques sur un lien, et il n’y a plus rien.

      Merci, Nymphea… Je crois que tu as très bien saisi… Merci

  16. C’est toujours exigeant un blog mais ça permet des rencontres extra … tu es une de mes rencontres les plus extras ! Gros bisous à toi Quichottine, bon dimanche

  17. Dans ce monde virtuel-ci, il est en effet très facile de disparaître. 3 petits clics et puis s’en va… Malheureusement bien sûr nos car nos cœurs sont bien a-virtuels, eux.


    Macache, la partie de cache-cache cachée dans le cache cachotier de Google est bien utile parfois.

     

    Beau tableau que cette mer et ce ciel bleutés rongés par l’ombre sombre de la côte. Me rappelle le Cap Nord. Brrr, j’ai pas chaud dans mon cachot, là… Tornado !!

     

    J’aime beaucoup ce texte car à peine caché derrière des considérations techniques sur la beauté du verbe, se dévoile un peu de toi, de tes sentiments profonds. « Inlassablement, je reviens à la même page, celle où je me sentais bien… » Joli. Merci.

    🙂
     
      Cavalier 

    • Oui… Mais tu vois, le cache de google est bien provisoire, il s’efface aussi, à la longue… et l’on n’y trouve plus rien.

      Lorsque j’avais commenté cette image, chez Clerval… j’avais parlé de la main d’un géant… C’est ce que les rochers évoquaient pour moi.

      Merci, Cavalier…

  18. Hommage bien amené. Je ne connaissais pas Clerval… Peut-être croisée, peut-être pas… qu’importe la vie est faite de recontres réussies et de non rencontres.  Une non rencontre avec l’Autre est souvent une rencontre avec soi-même… le début, ou la fin d’une histoire…