Pendant ce temps, Sancho… (2)

Mais non, je ne me suis pas trompée de titre ! Je sais que je suis malade, mais ce n’est pas une raison…

Il y a quelques temps déjà, j’avais écrit un article sur Sancho… C’était au sujet de ce qu’il faisait pendant que don Quichotte combattait les moulins… je l’avais intitulé, « Pendant ce temps, Sancho… oui, je me souviens bien !

Ici, le chapitre va se terminer sur l’écuyer, sur ce qui lui arrive, à lui, pendant que don Quichotte se remet de ses émotions et de sa superbe réaction au baume de Fierabras !

Pendant que don Quichotte boit, vomit et dort…. qu’arrive-t-il  à Sancho ? Rien. Sancho a fait son devoir d’écuyer. Il était là pour assister son maître. En conséquence, il l’a aidé à préparer sa mixture, il l’a regardé boire et il y a de fortes chances pour qu’il ait aussi nettoyé les dégâts causés par son maître dans la mansarde.

Don Quichotte endormi, il ne restait plus à Sancho qu’à le veiller, pour empêcher qu’il n’ait d’autres soucis…

Mais, après…

Là, il va y avoir des événements terribles !

Sancho demande un peu de baume… il est aussi moulu que son maître et il ne voit pas pourquoi il devrait se passer de cette mixture qui semble tout guérir.
 

Sancho Panza, tenant aussi à miracle le soulagement de son maître, le pria de lui laisser prendre ce qui restait dans la marmite, et qui n’était pas une faible dose. Don Quichotte le lui abandonna, et Sancho, prenant le pot à deux anses de la meilleure foi du monde, comme de la meilleure grâce, s’en versa dans le gosier presque autant que son maître.

Or, il arriva que l’estomac du pauvre Sancho n’avait pas sans doute toute la délicatesse de celui de son seigneur ; car, avant de vomir, il fut tellement pris de sueurs froides, de nausées, d’angoisses et de haut-le-cœur, qu’il pensa bien véritablement que sa dernière heure était venue ; et, dans son affliction, il maudissait, non-seulement le baume, mais le gredin qui le lui avait fait prendre.

Et tout ce qui arrive n’a qu’une seule cause, selon les dires de Don Quichotte : Sancho n’est pas chevalier !

Vous vous souvenez ? C’est parce qu’il n’était pas chevalier que Sancho avait été sommé de se mettre en prière pendant que son maître affrontait les géants ! Il ne pouvait pas l’aider autrement…

« Je crois, Sancho, que tout ce mal te vient de ce que tu n’es pas armé chevalier, car j’ai l’opinion que cette liqueur ne doit pas servir à ceux qui ne le sont pas.

– Malédiction sur moi et sur toute ma race ! s’écria Sancho ; si Votre Grâce savait cela d’avance, pourquoi donc me l’a-t-elle seulement laissé goûter ? »

Il faut croire que Sancho n’a pas encore retenu la leçon. Il ne doit jamais essayer de suivre son maître sur les chemins de ses rêves. Sancho, c’est la réalité toute crue, celle qui n’est pas belle à voir, celle qui n’a que faire des simagrées. C’est comme ça ! Sancho n’a pas la foi de don Quichotte, cette foi qui lui permet d’avaler une boisson infecte comme si c’était une simple orangeade… Il se sent très mal… et alors là, l’illustration serait encore moins ragoûtante que la précédente et c’est pour ça que je vous laisserai l’imaginer seuls…

En ce moment, le breuvage fit enfin son opération, et le pauvre écuyer commença à se vider par les deux bouts, avec tant de hâte et si peu de relâche, que la natte de jonc sur laquelle il s’était recouché, et la couverture de toile à sac qui le couvrait furent à tout jamais mises hors de service. Il faisait, cependant, de tels efforts et souffrait de telles convulsions, que non-seulement lui, mais tous les assistants, crurent qu’il y laisserait la vie. Cette bourrasque et ce danger durèrent presque deux heures, au bout desquelles il ne se trouva pas soulagé comme son maître, mais, au contraire, si fatigué et si rompu, qu’il ne pouvait plus se soutenir.

Croyez-vous que le chevalier va s’apitoyer sur le sort de son écuyer ? Point du tout !
Il se sent si bien, si frais, si parfaitement prêt à vivre de nouvelles aventures qu’il va lui-même seller son cheval et l’âne de Sancho, pour pouvoir quitter au plus tôt le château… enfin, l’auberge… mais, lui, l’ignore !

Croyez-vous que leur sortie sera si simple ? Que tous viendront le saluer comme il se doit ?

Vous le saurez lundi… Mais les paris sont ouverts…

58 commentaires à propos de “Pendant ce temps, Sancho… (2)”

  1. Mais si il le savait sancho que ce remède ne pouvait pas marcher sur lui et c’est pour cela que cela n’a pas marché….. Cela marche sur don quichotte parce que tout marche sur lui et il le sait. Même un simple verre d’eau pourrait faire l’affaire;……. Effet placebo
    Bises Quichottine

    • Je crois que Sancho a plutôt besoin qu’on lui répète plus souvent les choses pour les assimiler…

      Mais c’est sûr que l’effet placebo ne peut pas marcher avec lui !

  2. Coucou Quichottine. On dirait que tu as essayé avec succès la potion de chevalier. Bon rétablissement. Bises.

    • Avec succès, pas encore, mais je m’y emploie !

      merci pour tes bons voeux. Encore quelques jours et il n’y paraîtra plus !

    • Mais celui-là marche… il a seulement des effets secondaires désastreux !

      merci d’être passée !

  3. Fichier hébergé par Archive-Host.comBen zut alors il n’est pas sympa le don Quichotte…je voudrais bien le voir moi malade comme un chien sur un cheval….A propos.. »chevaleresque » a été utilisé dans mon modeste texte qui est en ligne…merci pour ta participation…gros bisous..;bonne journée…

    • Oui, j’ai vu pour « chevaleresque »… Tu as écrit un texte magnifique… J’espère qu’il aura une suite !

      Bonne journée à toi aussi

  4. Pour nos yeux modernes du 21eme siecle la belle image du chevalier est sacrément écornée mais était-ce une caricature aussi exagérée lorsque Cervantes a écrit ce texte ? J’ai idée que pour beaucoup, à l’époque, le chevalier navigait dans des sphères hors de portée des simples gens. 
    Je me demande si il n’y avait pas un peu de bave de bigorneau dans la marmite…

    • Je ne sais pas répondre à ta question, Ruegy. Je pense que lorsque Cervantès écrit son roman, il est déjà bien tard pour la chevalerie errante… C’est à un moment où tout change dans la société espagnole, et pas seulement.

      Pour avoir une réponse, si ça t’intéresse, il faudrait lire l’essai de Jean Canavaggio, Don Quichotte, du livre au mythe, quatre siècles d’errance (Fayard, 2005). C’est un condensé de tout ce qui peut être dit sur le roman et son créateur, écrit pour tout public, ce qui n’est pas le cas de tous les livres sortis à l’occasion du quatrième centenaire. Canavaggio est l’un des spécialistes du Quichotte, difficilement contestable, il a passé de nombreuses année à travailler dessus.

      Pour la bave de bigorneau… qui sait ? Il est possible qu’il y en ait eu un peu ! (morte de rire !)

  5. bon quichottine, je viens juste de rentrer d’une réunion et je passe te faire un petit coucou, j’ai lu le feuilleton, demain en rentrant de nouveau de réunion, je lis la suite de l’episode
    bisous

  6. Les voies du seigneurs sont impénétrables, celles de Sancho l’ont bougrement mises à contribution … Il y a voie et voix  et finalement ce qu’on voit après coup …
    Don qui rote…   s’en sort bien, le moulin mêm si le moulin bas de laine (adule ciné… )
    Et Sang chaud qui ne pensa point mais qui panse a… s’épancha …
    Moralité voilà à quoi la viscère  quand l’écuyer se ramasse à la petite cuillère …

    Farfanchau du col de chemise …

    • Lucquiaud, tu es absolument génial… J’adore tes commentaires, revient quand tu veux !

      (Je suis morte de rire, mais ça fait du bien. Toi, tu travailles magnifiquement sur ton blog…)

  7. La ptite-ptite-fillote a encore mis les points sur les i, en effet, précédement elle nous raconte que Hidalgo, vomit, que c’est horrible, avec photo de l’époque à l’appui. Ici, Sancho se retrouve à la limite animal. en effet, son estomac ne vaut en rien celui d’un Chevalier, il se maudit lui-même et sa famille (faut il comprendre la famille des serviteurs de chevaliers). Enfin pour couronner le tout, il se vide par les deux bouts, ce qu’un Noble n’aurait pas fait ! La ptite-ptite-fllote de Don Quichotte n’a aucun respect pour l’intimité de l’écuyer, tu aurais pu faire ll’impasse sur ce passage douloureux, par respect pour la paillasse…

    • Ben… snif !
      Tu as raison, en partie… j’aurais pu le sauter, mais je passe déjà tant de morceaux, que je ne voudrais pas qu’il en manquât d’importants.

      Ici, je crois que c’est important, malgré tout le bien que je pense de Sancho. Je crois que tout le début du roman est en fait l’apprentissage, l’initiation de Sancho. Don Quichotte a besoin de rencontrer un jour la réalité (moi, je crois qu’en fait il est toujours parmi nous, quelque part, partout où il y a des injustices à combattre, des torts à redresser) mais, Sancho doit, lui, rencontrer le rêve de don Quichotte, pour pouvoir le comprendre. Il se forme aussi. Il apprend peu à peu les erreurs à ne pas commettre.

      C’est vrai que je n’ai pas pensé à la paillasse…

      Merci à toi pour cette visite.

  8. Après m’être éloignée de l’overblogosphère (pour cause de retour au boulot et tout ce qui s’en suit) ainsi que de ta bibliothèque, je suis enfiIIInn de retour! J’espère avoir un peu plus de temps ce week end pour me poser et lire les quelques articles que tu as publié.

    J’espère que les vilains microbes te laissent chaque jours un peu plus tranquille et que tu vas de mieux en mieux.

    Je te souhaites une very très bonne soirée!

    A très bientôt

    ;O))

    • Elleiram !!! Je suis contente que tu sois là !

      … J’espère que ta reprise s’est bien passée ! Pour moi, tout va mieux et avec le retour de certains amis qui s’étaient absentés, tout va être parfait !

      Merci infiniment, et très bonne soirée à toi aussi !

  9. ah bah dis donc voilà l’écuyer encore moins frais que le vaillant chevalier 
    z’avait pas une gstro plutot ?
    rigolades d’Iris

    • Je suis morte de rire, merci, Iris !

      Une gastro, non, mais une indigestion, oui !

      Bonne journée, Iris

  10. Bonjour de Chine,malade mais toujours fidèle au poste, et de plus un article qui correspond à ta maladie ? bisous , bon jeudi ,亲吻和早晨好 bye
    • Pas de ma maladie à moi, mais, comme tout le monde est malade, ça tombe bien !

      Bon jeudi à toi, Dany !

  11. mdr
    Fierabras ou potions modernes, je suis certaine que tu bois tout comme du petit lait  😉
    Gros bisous de la nuit, amie Quichottine 

    • Je bois… tout, je ne sais pas, mais ce que j’ai à prendre, parce que tu vois, sinon je ne vais pas guérir… Trop prise !!!

      Merci pour tes bises de la nuit… Moi, ce seront plein de bisous chaleureux du matin !

  12. Si tu poses la question de la simplicité de leur sortie de l’auberge c’est qu’elle ne va pas se dérouler si simplement. J’attends de voir. En tout cas, merci de ne pas avoir mis d’image de Sancho malade car j’ai très bien imaginé toute seule  ! Lol.
    Bonne journée Quichottine. J’espère que tu te sens mieux. Apparemment, sur toi, le breuvage a fait des merveilles.

    • Pas encore tout à fait, mais il faut bien que je m’occupe un peu pendant que je suis dans mon lit. Vous retrouver me fait du bien je crois, alors, je ne vais pas m’en passer… à petite dose en attendant d’aller mieux.

      Et tu as raison… ça ne va pas être aussi simple !

  13. J’ai reçu un message de Madame Yoyo, avec une photo que je vais mettre ici, avant de m’en servir bientôt !

    « Je te joins ma photo, prise en 2003, année de la terrible canicule, j’aurai aimé la mettre dans un com, mais je n’ai pas pu…je voulais y ajouter ce petit mot :
    Je l’ai rencontré, une fin de journée d’été, pas loin de Grenade.
    Ce n’est pas Don Quichotte que l’on voit là, non, ce n’est pas le Chevalier Errant que j’ai photographié.
    En effet, ce trait qui se détache c’est le sceau du roman. Quel autre roman peut on, par une simple silhouette, nommé le titre, l’auteur, et les deux principaux héros ?
    Cette silhouette, faite de deux hommes et de deux équidés, représente à elle seule, le roman de Cervantès. Il manque bien entendu d’autres protagonistes, La Dulcinée, la future Reine, les moulins, l’historien arabe.
    Dans notre mémoire, il ne reste rien de tous ces personnages, que ces deux là, juchés sur leurs montures et semblant ici n’en monter qu’une seule. »

    C’est magnifique ! et merci à toi pour cette photo !

    Image hébergée par servimg.com

    • Me répondre à moi-même ? Non lui répondre encore, comme je l’ai fait par mail.
      Notre rencontre fut sans doute le fruit du hasard, comme souvent dans notre blogosphère, mais je suis heureuse qu’elle ait eu lieu à travers des personnages que nous connaissons tous deux.

      Merci de ta chaleureuse lecture de mes articles, et donc, à lundi, sans doute !

  14. Quichottine, heureuse de voir que tu émerges le nez de sous la couette !!!!
    Heureux sont ceux qui avalent des placébos et se sentent tout à coups des lions rugissants !!!!
    L’auto-conviction possède des pouvoirs magiques…..mais, si tu permets, cette fois, je serai fan de ce pauvre Sancho !!!!!

    Remet -toi vite !!!!!!

    • Je fais ce que je peux… Tu le sais bien !
      Et c’est vrai que là il a fallu que je me range à l’avis de Sancho et que je ne me contente pas d’un placebo…

      J’ai émergé… mais je vais me dépêcher d’y retourner… Patience, ce n’est que reculer pour mieux sauter !

      Gros bisous… Merci pour tes voeux.

  15. Coucou Quichottine, si leur sortie se passait bien ça ne serait pas drôle… ‘(la pièce dont je t’ai parlé va sortir au théatre à Paris).
    C’est gentil de venir quand même venir nous voir (tu ne peux plus te passer de nous) et réciproquement… soignes toi bien.. et reprends des forces.
    Plein de gros bisous
    chantal

    • Chouette pour la pièce… Je vais me renseigner.
      Non, je ne peux plus me passer de vous… oui, je me soigne. mais je dors trop dans la journée…

      Merci pour les bisous, c’est le meilleur placebo que je connaisse… j’en use et abuse !

      :0010 à toi aussi !

  16. Un petit nettoyage à fond de temps en temps, c’ est bon pour la santé, n’ est-ce pas ?
    Je ne sais pas comment sera leur sortie, mais j’ imagine qu’ elle n’ aura rien d’ une marche triomphale !

  17. Je repasserai te lire plus tard ma chère Quichottine, j’ai eu une dure journée et c’est la deuxième fois cette semaine que je suis victime de migraine. Je t’envoie donc juste un baiser furtif ce soir
    A bientôt et bonne soirée

  18. Nous sommes prêts nous aussi à vivre de nouvelles aventures avec ton héros … Bonne soirée Quichottine !

  19. Juste un petit bonsoir Quichottine. J’espère que tu vas mieux.

  20. Bonsoir , MERCI à TOI! pour mon passage en privilège Bises!

  21. Faut pas lui en vouloir au pauvre Sancho. 

    Depuis le temps qu’il l’attendait son « baume ». Même si l’exemple de Don Quichotte aurait dû l’encourager à la prudence, il fallait qu’il l’essaie… Surtout que maintenant, il en connaît la recette.

    Aura-t-il compris cette fois ?