L’adieu du lutin bleu

Il était une fois, au cœur de la forêt, dans un soin reculé du Pays des Merveilles, un petit lutin qui n’avait pas encore de couleur.

Il n’avait pas suffisamment grandi pour savoir ce qu’il ferait de sa vie… Les lutins de toutes les couleurs s’agitaient autour de lui. Il était tout petit, malhabile… et surtout, il n’avait aucune confiance en lui !

Un jour qu’il se promenait, l’œil aux aguets, l’esprit un peu inquiet, comme toujours, il découvrit l’entrée d’un monde un peu bizarre, où il suffisait d’ouvrir une fenêtre pour créer un lien.

Il observa… longtemps. Il se disait qu’il ne fallait pas qu’il y entre, parce qu’il aurait ensuite du mal à ressortir de cette toile où tout semblait pourtant si parfait.

Il observa… longtemps. Le temps d’apercevoir de si jolies images, d’entendre de si parfaites mélodies, qu’il se dit qu’il ne risquerait rien à essayer d’y faire un tour… De fenêtre en fenêtre, il fit de merveilleux voyages.

Il se dit qu’il pouvait s’installer, que ce serait désormais son pays. Il y bâtit sa maison. Il mit des fleurs aux fenêtres, il accrocha des tableaux sur les murs afin de rendre son salon agréable pour les visiteurs…

Il y avait toujours un petit mot gentil, une image, qui l’attendait, lorsque le facteur déposait de nouveaux messages dans le vieil arbre creux.

Le petit lutin se sentit bien. Il crut que tout serait parfait désormais. Il baissa un peu la garde, il se fit des amis. Il était si heureux !

Il pensait qu’il suffisait de décider que le monde était beau pour qu’il le fût. Qu’il suffisait d’ouvrir son cœur pour que d’autres aient envie de partager ses découvertes…

Il constata qu’il était temps de choisir sa couleur.

Il opta pour le bleu, à cause du ciel et de la mer, et de ces petites fleurs, si petites, qui poussaient au bord des chemins.

Il fut heureux. Il racontait des histoires à ceux qui voulaient les entendre. Il jouait avec les mots, ceux qu’il avait trouvés au cœur de la forêt, ceux qui peuplaient les autres mondes où il s’aventurait désormais de plus en plus loin, plus souvent.

Et puis, parce que c’est ainsi, il rentra un jour et se rendit compte qu’il avait un accroc dans son bel habit bleu. Pas grand chose… mais quand même, ça l’ennuyait un peu.

Il essaya vainement de le raccommoder. Chaque nouvelle sortie élargissait la déchirure.

Il devenait, jour après jour, l’égal de ces lutins rapiécés dont on ne sait même plus qu’ils ont été lutins un jour, qui errent sans logis, sans endroit pour se régénérer.

Les lutins ne meurent jamais… Mais, s’ils n’arrivent pas à d’épanouir, ils se recroquevillent, se rabougrissent et finissent par disparaître…

Un soir, au coucher du soleil, alors que tous les lutins devaient se rendre à la fête, on chercha vainement le lutin bleu.

Dans la forêt aujourd’hui, plus personne ne parle de lui.

Tout se passe comme s’il n’avait jamais existé.
Il ne reste que quelques fleurs pour le pleurer…

Photos de Quichottine, 2007
Photos de Quichottine, 2007

16 commentaires à propos de “L’adieu du lutin bleu”

  1. c’est une très jolie histoire que j’ai lu avec plaisir..un peu tristounette, ou fataliste je ne sais pas….un conte au couleur de la vie ? ^^

    bonne soirée Quuichottine 😉

  2. elle est triste ton histoire quichottine, moi j’aime bien les lutins et ce petit lutin me plaisait beaucoup
    bises

    • Je suis d’accord avec toi, Oursonne, elle est un peu triste, mon histoire…

      Il y a d’autres lutins, ne te fais pas de souci !

  3. Le début est extraordinaire. On l’aime ton lutin, avant même de le connaître et l’on rit avec lui de ses découvertes. Pourtant, d’un seul coup, tout dérape et j’aime beaucoup moins la fin, je préfère te le dire. Moi, dès que ça finit pas en happy end, j’aime pas.

    Et puis, en réfléchissant, j’ai fini par comprendre ce qui lui arrivait : Ses accrocs étaient au moral, il avait juste un petit coup de blues ! Mais dans son cas, rien que de très naturel… puisqu’il est bleu 😉

    • Aimer avant de connaître… il est vrai que ça peut arriver. Surtout lorsqu’il s’agit d’un petit lutin bleu. Dans ce cas, ce n’est pas dangereux.

      Merci pour cette explication… Tu as certainement raison. Tu crois que ça pourrait passer avec un peu de musique douce ? Ou une belle histoire, peut-être ?

      Passe une belle nuit, Maître Po. 😉

  4. Si j’avais eu la baguette magique de la petite fée d’Eolina, j’aurais rapiécé les accrocs du bel habit bleu avec des paillettes d’étoiles.

  5. Quelle histoire !… tel un conte qui nous embarque dans un ailleurs magique. Je suis restée un petit moment sur « quelques fleurs pour le pleurer » un adieu d’un bleu nacré que tu as su mettre en image. J’aime cette fin angélique…

  6. Il était une fois, au pays des korrigans,
    des phares, des îles et des tempêtes,  une fée…
    C’est du moins ce qu’on disait d’elle….
    Les fées, ça donne du bonheur, ça fait rêver.
    Une fée, ça n’est pas triste,
    Ça ne pleure pas
    Et ça ne fait pas pleurer.
    Une fée, ça raconte de belles histoires.
    Mais la fée que je connais
    Est une fée triste.
    Toutes ses fêtes,
    Au clair de lune
    Au clair de terre aussi,
    sont tristes.
    Et pourtant ses histoires
    sont teintées
    de lumière,
    d’étoiles,
    de chevaux qui se baladent
    dans la voix lactée.
    Voilà qu’ un jour
    elle rencontre un lutin bleu.
    Bleu comme le ciel
    Bleu comme la mer
    Bleu comme la petite fleur sauvage
    Qui pousse dans le fossé.
    Le lutin l’a écoutée.
    Longtemps! longtemps!
    Elle était heureuse.
    Le lutin bleu aussi.
    Mais un voile de tristesse
    masquait toujours son bonheur.
    Alors elle décide brusquement de s’en aller,
    comme elle était venue.
    Timidement sur la pointe des pieds.
    Et le lutin a perdu ses couleurs.
    La fée est toujours aussi triste.
    Mais les histoires qu’elle raconte
    maintenant, allument  des étoiles
    dans les yeux des enfants
    et de  ceux qui veulent rester enfants…
    Eternellement.
    Et elle espère que le lutin
    tout de bleu paré,
     deviendra arc-en-ciel .
    Car, après la pluie…
    Le beau temps.

    Bisous au petit lutin, d’une fée qui n’en est pas une….

  7. PS-N’hésite pas à effacer si tu trouves ça nul…

    • Je n’effacerais ces commentaires pour rien au monde.

      C’est loin d’être « nul », Eolina !

      Que tes rêves soient doux.