John Everett Millais

Il y a chez Maître Po une image…

Je lui dois un article, une histoire…  Sur un autre tableau !

Mais, comme Maître Po est le parrain de cette bibliothèque, son bienfaiteur en quelque sorte et que je n’ai pas encore mis de plaque… je choisis cette image pour le faire.

Sir John Everett Millais (1829-1896)
Mariana, 1851
(Huile sur bois, 59,7 x 49,5 cm)
Tate Gallery, Londres

Maître Po nous dit tout sur son histoire, la vraie… Mais, moi, comme d’habitude, je vais vous en narrer une autre, celle que le tableau m’a racontée !

Elle s’appelle Mariana, ça, c’est vrai. Elle vient de se relever après quelques heures de labeur. Sur la table, la tapisserie sur laquelle, jour après jour, elle se penche et qu’elle doit à tout prix terminer avant les premières neiges.

L’automne est là, déjà, comme l’attestent les feuilles mortes qui jonchent le parquet de sa chambrette. Mariana n’y fait plus attention.

Sur les vitraux de sa fenêtre, les « docteurs de l’Eglise » la rappellent à l’ordre.

« Fais ce que dois ! »

Mais elle… ce qu’elle doit faire ne l’intéresse pas, c’est ce qu’elle voudrait faire qui compte en cet instant précis. Tout en essayant de redresser son dos endolori, elle laisse son regard vagabonder dans le jardin du couvent où elle est enfermée. Elle voudrait pouvoir en franchir les barrières, aller bien au-delà des arbres fruitiers qui essaient désespérément  de lui dissimuler l’horizon !

Là-bas, un cavalier, tout de pourpre vêtu, passe de temps en temps. Il s’arrête. Il sait sans doute qu’elle le regarde. Elle est là, prisonnière, sur ordre de son père.

Si elle veut pouvoir échapper au couvent au printemps, elle devra avoir terminé son ouvrage, montré qu’elle peut s’atteler à la tâche. Mais il reste tant à faire !

La petite souris qui lui tient compagnie ne peut rien faire pour elle. La vie, Mariana le sait bien, n’a rien à voir avec les contes de fées… elle ne s’appelle pas Cendrillon… (et elle n’a pas été conçue dans les studios de Walt Disney !)

Mariana s’ennuie… Et le beau gentilhomme ne revient pas

Elle ferme les yeux pour que le vide qui l’entoure ne puisse pas pénétrer en elle.

Elle l’imagine.
Mais s’il était là, tout près d’elle ?
Que ferait-elle ?

Elle ne sait pas.

Sur la robe de velours bleu roi, la lumière tremble, telle les pensées de Mariana.

72 commentaires à propos de “John Everett Millais”

  1. Magnifique, ce tableau !….je ne le connaissais pas…..quelles teintes fabuleuses !

    Les femmes de cette époque m’inspirent toujours autant de compassion et de rage en meme temps !……je vais lui téléphoner pour lui dire de casser le vitrail ( dommage, mais tant pis), de relever sa jupe….d’enjamber la fenetre ……et de courir, très vite …..en faisant un bras…………aux bonnes soeurs !

    • C’est une bonne idée, Chris ! Elle pourra rejoindre le cavalier… ou non… et en faire à son idée, enfin !

  2. Tu racontes bien sa triste histoire imaginaire … Elle a encore du labeur en perspective cette pauvre femme … Bonne journée Quichottine ! Bises !

  3. Elle a un arbre dans sa chambre? Elle sembe avoir un sacré mal de mal et je parie que sa tête aussi lui fait mal. Mais tu ne parles pas de ses pieds?
    Amitiés
    Flo

    • C’est vrai… tu sais, derrière se fenêtre il y a des barreaux… Parfois elle ouvre quand même et le vent dépose à ses pieds ce qu’il peut transporter. Ici, il n’y avait que des feuilles mortes.

      Tout lui fait mal…

  4. Rêve de prince charmant …. Toutes nous avons rêvé….. nous avons aimé….. et i l faut une vie pour se dire qu’en cherchant le prince charmant on risque de passer à côté de l’amour. Bisous

  5. Si le beau cavalier tout de pourpre vê tu était à ses côtés, elle se laisserait aller contre sa poitrine, et pleurerait comme une enfant. Elle se révolterait contre cette injustice qui veut que étant la première née, elle doit entrer au couvent comme le veut la tradition de sa caste.
    Le beau cavalier la prendrait alors en croupe et ils se sauveraient tous deux…….

    • Et voilà… Après avoir reçu le billet que Muad lui avait envoyé, cassé le vitrail, comme le suggérait Chris, elle s’élance à travers le potager des nonnes, franchit les barrières qui la séparent de son prince charmant… et c’est toi qui écris la suite de l’histoire…

      Merci, Clo !

  6. Nymphea a raison, je n’ai pas présenté Mariana dans mon article sur Millais parce qu’il était vertical alors que je ne parlais que de tableaux horizontaux.
    (because mon cartésianisme primaire 😉

    Mais crois bien que je le regrette, il y a tellement à dire sur ce tableau…

    • Mais oui, je suis d’accord avec vous deux…

      (Et je tenais à dire que ma maladresse verbale me désole.)

      Je l’ai découverte dans tes réponses… et je suis tombée immédiatement amoureuse de ce tableau que je n’avais jamais vu !

      Alors, je te dis un grand merci pour cette découverte que j’ai faite, encore une fois grâce à toi ! 😉

  7. Coucou quichottine,

    C’est la première fois (je suis une assez récente visiteuse sur ton blog !) que je lit un de tes tableaux… Et je lis peu de texte sur les blogs… (j’aime mieux les images… comme une gosse ! – faute avouée est à demie pardonnée n’est-ce pas !!!! lol). Mais franchement, j’ai été impresionnée… Parce qu’après avoir lu ton texte, j’ai regardé le tableau très différemment… La souris, les feuilles mortes, je ne les avais pas vu ! ça va peut être me réconcilier avec la lecture à l’écran !!! lol
    Merci

  8. Et bien il n’y a pas que sur la tapisserie que l’on brode !….
    Mais un tableau ça raconte toute une histoire . Si on l’observe bien dans le détail , c’est source d’une saga .
    Jolie façon pour l’animer .
    Bises des Farfadets

  9. Que de jolies choses trouvées à travers une toiles si magnifiquement peinte. Quelle valeur elle a sous tes commentaires. L’imagination est un vrai trésor mental, lorsqu’on a la possibilité d’aller tirer des histoires qui s’imposent au fur et à mesure de nos coups de plume…
    Je dois de nouveau quitter ton petit monde magique…
    Le temps file trop vite.
    Merci et à bientôt ma chère Qutichottine
    Bisous

    • Je suis heureuse que tu sois restée encore une fois un bon moment avec moi. Tu sais combien tes visites à ma bibliothèque me font plaisir !
      A bientôt donc, Sonja.

  10. elle s’ennuie,cette interminable tapisserie,ce jardin qui se dépouille maintenant,cette lassitude..elle se lève et passe ses mains sur son dos endolori…La douceur du velours,comme une caresse…Sa taille est fine,elle ferme un peu les yeux…..VITA

  11. Il y a une magnifique expo des tableaux de Millais au Van Gogh Museum en ce moment vous pouvez voir en vrai cette femme en bleu si lasse de sa solitude.
    Merci Quichottine …
    Cette nuit j’ai lu un livre de l’ auteur néerlandais Bernlef : Buiten is het maandag (Dehors est-ce lundi). Il faut que je recherche s’il est traduit en français. Bonne journée à toi.

  12. Bonjour Quichottine,
    Au réveil je lis ton message et je pars te rendre visite. Cézanne attire mon attention et au fil des liens je me retrouve sur ce tableau magnifique. Mariana, tout comme moi, brode…Heusement elle a cette passion sinon ne sombrerait-elle pas?
    J’ai terminé le coeur blanc qui dpot terminer en coussin au salon, je te le montrerai bientôt sur le site mais je n’ai pas encore trouvé le courage de continuer. J’ai besoin de nature, de gratter la terre, de me fatiguer physiquement et de profiter du soleil!
    Hier soir j’ai oublié mon mobile sur la terrasse, bien entendu, après l’orage il est hors service (les malheurs de Sophie…)
    Belle journée à toi, à bientôt.
    Je t’embrasse fort
    Sophie

    • Il faut avoir des passions… et la broderie, j’en suis sûre, ne pouvait que sauver celles qui passaient leurs journées enfermées dans des salles trop silencieuses, comme Mariana…

      Heureusement que tu n’as pas oublié ton ordinateur sur la terrasse… Tu imagines ? Il aurait été dans le même état et tu n’aurais pas pu lire tes messages…

      Je souris… je voudrais parfois récrire Les Malheurs de Sophie et en faire de simples anecdotes dans des journées roses et bleues, pleines de sourires…

      Je t’embrasse fort… et je te souhaite une belle journée !

  13. J’aime bien l’histoire que tu as brodé sur ce tableau. On dirait que je l’apprécie encore plus.

    • Merci, Solange… Vous êtes peu à vous promener ainsi sur mon blog et cela me touche beaucoup.

      Passe un bon weekend.

  14. Revoir Mariana ici, quel plaisir 😉
    Ton cavalier ne ressemblerait-il pas à ça ?

    Ferdinand charmé par Ariel (Millais aussi 😉

    Ah non, celui-là n’est pas tout de pourpre vêtu…

    • Magnifique tableau, encore une fois, Maître Po !

      Ainsi son prétendant a été retenu par Ariel… et c’est pour ça qu’il n’est pas là ?

      Tu nous avais bien dit qu’il fallait se méfier des hommes aux collants blancs ! 😉

  15. oh elle est belle ton histoire de tableau …cette dame elle a mal au dos comme moi …elle aime le bleu comme moi ….et elle imagine …comme moi …et a de la nostalgie comme moi…finalement elle aurait pu s’appeler Iris un jour comme aujourd’hui où parfois rien ne va …ou Catherine ou Monique , …même eu 20 ieme siecle nous pouvons être beaucoup à être prisonnières de quelque chose 
    bisous nostalgiques /IRIS

    • Elle est à notre image, un jour ou l’autre. Mais d’autres jeunes femmes parfois se chargent de nos rêves, de nos envies, de nos joies aussi. Un tableau, une photographie, même un texte, peuvent se charger de tant d’émotion que nous leur faisons brusquement confiance et que nous leur livrons un peu de notre âme.

      Bisous Iris Ne sois pas triste. Demain est un autre jour !

  16. coucou ! je te retrouve un peu….je suis abonnée, et depuis qqtemps c’est très compliqué de laisser un com…tu comprends pourquoi …là il n’y a que maitre po et tableau soulignés ,ça va ! d’autant que je connais ce richissime maitre et que j’y vais comme on va au museum du BEAU…..je trouve ton interprétation bien …etrange et conventionelle ….mais un convent !je sais qu’i y en avait pour les filles de « famille »…,je crois qu’elles étaient en habit …mais tu rêve alors ! !tout va bien…sauf que disney n’est pour rien dans l’histoire de cendrillon …je crois…..bisettes 
     (où explique t il cette dame , M PO ?  je reviendrai voir ta réponse…….

    • Je sais… Disney n’y est pour rien, mais il n’y a que dans son interprétation du conte (que Perrault et les frères Grimm ont raconté) que l’on trouve une armée de souris pour venir en aide à la belle…

      Pour retrouver le commentaire où il est question de ce tableau, tu cliques sur « image » dans le début de cet article, ou sur le lien ci-dessous.

      http://www.maitrepo.com/article-13326521-6.html#anchorComment

  17. Très belle histoire que tu racontes là, encore une fois avec beaucoup de talent… Rêveries… face à l’automne, au temps qui passe et qui ne revient pas, lui… hélas.
    Ta bibliothèque est toujours ouverte… Tu as du mal à  quitter le « bateau »… Tant mieux pour nous.

  18. Ah Quichottine, quel plaisir de te retrouver avec ce merveilleux portrait de Mariana cloîtrée dans sa chambre par un père autoritaire.
    Tout le long de ton récit, j’ai espéré qu’une pierre enveloppé d’un mouchoir de satin fasse voler en éclat l’une de ces petites fenêtres.
    Surprise, Mariana se serait penché vers l’objet du délit et la lettre cachée dans les replis de la pièce de satin aurait pu lui apporter un peu de réconfort …
    Je te souhaite une très bonne soirée,
    Je t’embrasse avant d’aller découvrir la véritable histoire de ce tableau chez Maître Po,

    • Muad… comme j’aime la suite que tu donnes à l’histoire… Ainsi, il n’était qu’en retard ?

      Il va arriver et lui envoyer le message qu’elle attend !

      Je t’embrasse, Muad, passe une belle soirée…

  19. tu es un peu blessante dona ! tu n’as pas lu mon com.je connais maitre po je te le dis ..et je sais faire clic..merci … ce que tu ne dis pas c’est qu’il en parle dans un com et qu’il y en a 18 ! …..pas très généreux …..ok pour disney …la souris! je lis trop vite moi aussi ,excuse moi, je ne voulais pas t’apprendre qqchose….c’était une remarque …  bises

    • Je suis navrée…

      Tu ne peux pas savoir à quel point… parce que je ne voulais surtout pas te blesser… 

      J’ai voulu te répondre très vite, trop vite ! en plus le lien que je te donnais au bas de ma réponse ne marche pas !

      Je suis vraiment nulle…

      Pardon. Je ferai plus attention désormais…

  20. tu es un peu blessante dona ! tu n’as pas lu mon com.je connais maitre po je te le dis ..et je sais faire clic..merci … ce que tu ne dis pas c’est qu’il en parle dans un com et qu’il y en a 18 ! …..pas très généreux …..ok pour disney …la souris! je lis trop vite moi aussi ,excuse moi, je ne voulais pas t’apprendre qqchose….c’était une remarque …  bises

    • Ton commentaire a été publié deux fois…

      Le destin le voulait sans doute, pour me montrer combien tu étais fâchée.

      Je n’ai plus qu’à te renouveler mes excuses.

      Pardon.

  21. Je suis venue sur ton blog pour te dire que tes articles me manquaient et oh! surprise… Je découvre un nouvel article dans ta bibliothèque! 
    Un de tes articles dont tu as le secret…
    Une belle histoire qui nous donne à rêver et à réfléchir…

    A bientôt!

    • Je crois qu’il faut que je réfléchisse davantage. Moi aussi.

      Tu vois, Val’r, je suis contente de te voir ici. Merci pour tes mots…

  22. é bé ! j’ai lu ton com chez moi….je serais venue ici tu sais ! …bon ! mon blog a le même âge que le tiens et je suis loin de savoir tout ce que tu sais techniquement ! tu m’épates …! ce que je voulais dire c’est quetu n’avais pas lu , .et que ,me remettre les liens était un peu ………? . étrange. j’espère que celà s’arrêtera là ,ça ne mérite pas plus..tu ne crois pas ? BISES….

    • Merci, Nymphea, ton indulgence à mon égard me touche beaucoup.

      Pour compléter ce que tu disais au sujet du lieu où l’on trouvait ce tableau chez mon maître, il faut aller voir le commentaire n°8 et aussi le commentaire n°13 car c’est dans leurs réponses que j’ai trouvé ce tableau et son histoire.

      http://www.maitrepo.com/article-13326521-6.html#anchorComment

      PS… Si je remets les liens ici, c’est à l’intention des éventuels lecteurs… parce que je sais que tu as trouvé l’article et le tableau, mais d’autres auront peut-être besoin de précisions (moi, pour le retrouver plus tard…)

  23. Depuis la parution de ton article, je ne rêve pas à ce tableau car tu racontes si bien…Je le vois s’animer  😉
    Gros bisous, amie Quichottine 

  24. Belle histoire à la sauce Quichottine, comme d’habitude. Bravo ! Je t’embrasse et te souhaite une bonne journée. Ravie de te voir de retour.

  25. J’ai découvert Millais chez ce Cher Maître et petit à petit, je vais voir d’autres tableaux de cette période… je suis sûre que certains te toucheraient et que tu nous raconterais leur belle histoire…

    Dans son article « prétérition » le regard de Sophie m’a émue…
    Passe une belle journée Quichott’ malgré ce temps maussade…

    • Grand merci, Kinou ! je crois qu’il y aurait beaucoup encore à dire et à montrer… Quelle belle toile !

      Il fera meilleur demain. Belle soirée à toi…

  26. J’aime beaucoup cette histoire. D’ailleurs j’aime les histoires d’amour. Bises Penny

  27. superbe bleu cette robe effectivement , d’allieurs les couleurs

    de l’ensemble du tableau  sont assez moderne finalement , 

    j’aimes bien !

    bonne nuit QUICHOTTINE  !! 😉 bise

    • Bonne nuit, Gari ! C’est amusant, tu vois, j’avais eu un véritable coup de foudre pour ce tableau que je ne connaissais pas… en le découvrant chez Maître Po, dans l’une de ses réponses à un commentaire. Les rencontres ont toujours été importantes pour moi.

      Merci d’être passé, aujourd’hui, et d’avoir visité d’anciens articles.

  28. Mea culpa…. je ne me souvenais plus de l’ avoir vue chez toi…..
    Bisous et félicitations pour cette seconde petite-fille.
    Petit poisson, bienvenue dans l’ océan de la vie .

  29. Beau portrait que celui de Marianna, j’aime bien te voir vagabonder dans l’esprit des personnages, comme avec Marcelle.

  30. je viens là, parce que je suis un peu comme elle.
    Tu sais cet ouvrage sans cesse recommencé, est-ce bien raisonnable. non je ne m’ennuie pas, pas encore à vrai dire, mais je voudrais me poser un peu pour penser à tous les ailleurs possibles.
    passe uen bonne journée Quichottine.
    je t’embrasse.

    • Je souris… Que de fois, en regardant ce tableau, j’ai pensé à ces ouvrages sans cesse recommencés…

      Il y a tant d’ailleurs possibles, mais c’est ici et maintenant qu’il faut vivre.

      Parfois, c’est un peu dur… parfois non.

      Je suis heureuse que tu sois là.

      Je t’embrasse très fort, Martine. Merci d’être là.

  31. Comme c’est beau ce conte et le tableau me parle aussi. Belle et jeune courageuse femme toute de bleue vêtue. bisous Quichottine. belle journée à toi

    • Je trouve ce tableau magique… peut-être est-ce pour cela que le conte m’a semblé si évident à écrire…

      Bisous et douce soirée, Katara.