Autre lundi

C’était un lundi presque comme les autres, une journée qui s’écoulerait sans doute avec tous les « petits riens » qui font, la plupart du temps, notre quotidien.

Elle s’était levée les yeux tout engourdis de sommeil… Vous croyez que ça peut être engourdi, des yeux ?

Peu importe…

Elle avait ouvert ses volets, ses fenêtres, pour laisser entrer la lumière et l’air frais du matin. Elle frissonnait, et elle ne savait pas si c’était cette fraîcheur matinale ou la peur de l’avenir immédiat, de ce qui l’attendait lorsqu’elle aurait quitté ce cocon qu’elle avait patiemment construit au fil des années, son logis.

Elle se sentait bien, là, elle avait tout fait pour. Chaque couleur, chaque senteur, chacun des objets qu’elle avait cumulés, autant de souvenirs d’un jour, ou même d’un très court instant, de douceur, de joie… c’était son bonheur à elle, quelque chose de pas très compliqué en somme.

Par contre, là, dehors, c’était l’inconnu, les cris, la violence. Il fallait l’affronter, chaque jour.

Elle referma la fenêtre, fit ce qu’elle devait faire, comme toujours, calmement, sans gestes inutiles.

Pourtant, en rêve, elle paressait, elle se laissait vivre, au gré de tout ce qu’elle n’avait jamais osé. Elle dormait jusqu’à midi, elle se promenait les pieds nus, en riant devant l’air ébahi de ceux qu’elle croisait en osant enfin les regarder. Elle faisait des pieds de nez à ceux qui secouaient la tête… Elle était devenue autre.

Mais peut-on vraiment être un autre ?

C’est elle qui secoua la tête, le seul geste inutile, avant de fermer sa porte et de quitter son logis.

C’était un lundi, presque comme les autres…

Fleur de millepertuis, Photo de Quichottine
Fleur de millepertuis, Photo de Quichottine

28 commentaires à propos de “Autre lundi”

  1. Un petit lundi sans connection jusqu’à maintenant, que j’étais triste !
    En plus je découvre ton billet. Non, ce lundi n’est pas comme les autres ! A plus tard, amie Quichottine, je passe à la bibliothèque puis regarde si j’ai eu des visites… 

    • Ma mie Siratus… j’espère que je n’ai pas augmenté ta peine en quoi que ce soit…

      J’espère que ta connexion va s’arranger et que tu retrouveras tout ce dont tu as besoin. Je suis sûre que tu as eu des visites !!!

      Passe une belle nuit, Siratus, plein de bisous affectueux

  2. je rentre ds le jardin et je m’y installe..En fait,je pensais aller à la bibliothèque..Mais le hasard m’a conduit ds ce petit endroit…VITA

  3. Bonne nuit, Quichottine
    Vita le dit bien dans le com précédent; on ne peut pas vraiment être un autre.
    Affectueux gros bisous 

    • On ne peut pas être un autre, mais on peut essayer de vivre avec ce qu’on est.

      affectueux, Siratus…

  4. Et pourtant, tu as toi-meme trouvé le mot-clef : OSER  !!!
    Oser, ça s’apprend……..par la colère ou l’indignation, le courage de s’Imposer……..oser, je l’ai appris en peignant….si l’on  n’ose pas sur une toile, on ne communique rien du tout…….oser, je l’ai appris en écrivant parceque je voulais qu’on m’écoute…..oser, je l’ai appris en défendant mes enfants, mes chiens, mes convictions, en me défendant de la stupidité qui m’aurait bien anéantie….
    Oser, c’est sortir du terrible anonymat des foules et regarder les autres droit dans les yeux……c’est se sentir vraiment exister….
    C’est un peu comme manger les épinards de Popeye !!!!!
    Je t’en servirai une assiettée chaque jour !

    • Merci pour cette assiettée d’épinards à la mode d’Alphabeta.

      Alors je compte sur toi pour m’empêcher de laisser en friche ce jardin…

  5. Lorsque je suis venue ce matin, je pensais bien qu’il y avait autre chose derrière ce texte, en ouvrant ta bibliothèque je comprends mieux… ce n’était pas un lundi comme les autres… mais je t’en prie dis-moi que tu ne vas pas laisser ton jardin à l’abandon… pas ici… ce serait trop… tu me manquerais tellement

    • Il ne faut jamais laisser les mauvaises herbes envahir un jardin, et un jardin à l’abandon est bien triste… je vais réfléchir au moyen de tout concilier jusqu’au printemps…

      Au moins pour le jardin.

  6. Pour certains, tous les jours sont des lundi, ou des mardi, ou tout autre jour de la semaine…
    Mais pour d’autres, chaque jour est juste un jour nouveau…
    Pour d’autre, chaque jour peut être un jour en plus, ou un jour en moins…
    Mais, dans tous les cas, il n’est nul besoin de se résigner ou de baisser la tête…
    Je pense qu’il n’est pas simple de faire face…
    Mais, pour moi, je n’ose imaginer ce que serait ce jour, si je ne savais pas déjà qu’il y aura demain !

    (c’est drôle, est-ce parce que je manque de mémoire, ou simplement de temps, mais je pense peu à hier)

    Bises

    • Je lisais ce message… je réfléchissais.

      Je me disais que c’est vrai. Il y en a qui comptent les jours qui les séparent de tel ou tel événement. J’ai aussi compté les jours parfois… dans les deux sens. Encore un de passé avant… ou il en reste encore un… et, selon le ton employé, ce pouvait être interpété en bien ou mal, en espoir ou en résignation.

      Tu penses qu’on ne doit pas se résigner. Je ne sais pas.

      Je crois que ce n’est pas toujours facile de lutter, de positiver, de se dire qu’il fera beau demain.

      Sans doute ai-je trop regardé en arrière, et pas assez vers l’avenir.

      Je vais y réfléchir…

  7. Nous avons en nous l’histoire de nos ancêtres, de nos parents, leur éducation, la société, l’école et ainsi apparaît un être « pas naturel » du tout tout a été « forgé », façonné…
    Pour trouver « l’autre » car il y a un autre celui qui peut « être » sans tout ceci en se débarrassant de certaines choses, en gardant ce qu’il souhaite, en faisant le tri pour devenir lui.
    Rare sont les personnes qui iront à sa recherche, qui iront jusqu’au bout et pourtant cela en vaut la peine.

    • Tu as répondu à ma réponse sans le savoir… C’est vrai, il faut trier.

      Tu vois, ce qui est amusant, c’est que tu me fais me relire aussi.

      Ce texte-là, je l’aime bien. Lorsque je l’ai écrit, j’avais besoin de « dire »… mais je ne sais toujours pas aujourd’hui « qui » est sorti ce jour-là.

      Moi, j’avais décidé de rester.

      C’est peut-être incompréhensible… je ne sais pas.

  8. Lire, relire, dire redire…et tu sauras mais il faut être aidée…seule difficile très

  9. Tu connais sans doute ceci: « Deviens ce que tu es. Fais ce que toi seul peut faire » -Friedrich Nietzsche-
    Tu vois ton histoire me fait penser un peu à celle de l’un de mes fils qui vient de s’envoler du nid, il y a quelques jours… La balle est dans son camp maintenant. Bonne journée.

  10. Je l ai fait tout cela , mais on n est pas forcement plus heureux apres ….
    Dans cette vie on fait ce que l on peut .

    • C’est vrai… on fait ce que l’on peut…

      Mais il arrive que l’on puisse concilier les deux : pouvoir et vouloir… alors, c’est mieux, c’est le mieux possible.

      Merci d’être là, Vagabond.

  11. Je relis et je souris … Pourtant le coeur n y est pas en ce moment .
    Le pouvoir des mots , le sens des mots …
    Voila qui me donne a reflechir .

    • Vagabond, je sais bien que tu as du mal en ce moment, mais s’il te plaît, n’arrête pas d’écrire ! Tes mots aussi sont importants !

  12. Ecrire , je n y arrive pas en ce moment . Je commence , mais les mots resistent , ils ne veulent tout simplement pas …
    Donc j attends , et je continue ma promenade dans ton jardin , repassant , pour mieux m en  impreigner , dans des allees que j avais deja empruntees .
    C est mon plaisir , et un privilege .
    Merci Quichottine .

    • Ils viendront… Les mots résistent parfois mais ils finissent toujours par se plier à nos exigences. Il suffit de le vouloir vraiment.

      Merci à toi d’être là.